Au théâtre ce soir (Agatha Raisin enquête #25), de M. C. Beaton
Heureusement, ça reste sympa à écouter en livre audio - Françoise Carrière est géniale. L'histoire n'est plus qu'une énième version réchauffée d'une intrigue déjà lue. Ça devient lassant. Les personnages ne se renouvellent plus.
Du moins, j'espère qu'on finira sur un pacte coquin entre Agatha et Charles !
Description
Quelle mouche a piqué Agatha d'accepter la proposition de son amie Mrs Bloxby d'assister au spectacle de fin d'année de la troupe de théâtre locale ? La mouche tsé-tsé sans doute, car la mise en scène est si mauvaise qu'Agatha s'endort dès les cinq premières minutes.
Mais un cri retentissant la réveille : happé par une trappe, un des acteurs est retrouvé empalé quelques mètres plus bas ! Loin d'être une jeune première, Agatha monte aussitôt sur les planches pour mener l'enquête.
Entre chamailleries et querelles d'artistes, difficile de discerner le vrai du faux. Il y a pourtant urgence, car l'assassin est aux aguets, prêt à donner la réplique à Agatha...
Nota Bene
La vie sentimentale d'Agatha sera de nouveau florissante car notre anglaise s'estime pleinement heureuse dès qu'un mâle entre en orbite. Encore une fois, le casting s'avère plutôt cocasse !
- Lu par : Françoise Carrière
- Série : Agatha Raisin enquête, Volume 25
- Durée : 5 h 54
⭐⭐⭐
Meurtres et pépites de chocolat (Les enquêtes d'Hannah Swensen #1), de Joanne Fluke
Nouvelle lecture avec la parution du format audio.
J'avais précédemment lu les dix premiers chapitres et exprimé un avis dubitatif. Celui-ci n'a finalement guère évolué. Perplexe, encore perplexe (je suis).
Tout d'abord, la voix de la comédienne n'a hélas pas adouci le caractère de l'héroïne (pour moi, Hannah est caustique et arrogante). Je n'aime pas du tout. Elle joue les femmes fortes et indépendantes mais a parfois tendance à écraser les autres (sa mère qui veut la caser, sa sœur qui n'a pas la fibre maternelle et choisit de bosser pour améliorer leur confort, le dentiste qui se montre complaisant).
Et le coup du policier qui débarque de la grande ville pour s'installer dans leur patelin, lui qu'on nous vend avec un bagage émotionnel qui vaut son pesant d'or - BIM ! Le gars succombe au charme de la célibataire endurcie. Ils ont échangé quoi ? deux mots à tout casser.
Mais bien sûr. Ce détail de dernière minute qui fait lever les yeux au ciel, on adore. 😒
Dans ce roman, il y a aussi trop de clichés poussiéreux, ou qui ne sont plus dans l'air du temps. Soupire. En comparaison, Agatha Raisin est tellement plus rocknroll. Ici, le côté gnangnan de la petite ville proprette, avec ses habitants qui confient leurs secrets les plus enfouis à (vous savez qui), ça peut paraître chiant.
Par contre c'est un cosy crime pur jus : distrayant et léger. Ça se lit très vite même si l'histoire est plate et vraiment pas concevable. La police est transparente dans cette enquête ! C'est la reine des cookies qui mène la danse. Hello la Miss Marple des fourneaux. C'est un peu fort de café !
Finalement, j'en ai un peu soupé des aventures de cette chère Hannah. Si ce premier tome annonce la couleur - j'ai peur - je ne donnerai pas suite. Le prochain Meurtres et charlotte aux fraises est annoncé pour juin (audio).
©2021 Le Cherche Midi (P)2021 Audible Studios
- Lu par : Flora Brunier
- Série : Les enquêtes d'Hannah Swensen, Volume 1
- Durée : 10 h 24
- Je n'ai pas trouvé l'héroïne particulièrement sympathique, et la voix de la comédienne n'a pas adouci son caractère non plus (mêle-tout, caustique et arrogante). Bof pour moi.
Ce premier tome est suivi d'une courte nouvelle - Joyeux Noël, Candy. Une exclusivité Audible.
⭐⭐⭐
Rira bien qui rira le dernier (Hamish Macbeth #7), de M. C. Beaton
Une réunion familiale qui vire à la soupe à la grimace ? Rendez-vous chez les Trent qui s'attendaient à se recueillir auprès d'un vieil homme mourant et qui réalisent trop tard avoir été les dindons de la farce. Encore une fois. Andrew Trent est en effet connu pour ses vilaines blagues, sauf qu'elles ne font rire personne. Ses proches n'en peuvent plus. Surtout qu'ils s'imaginaient assister à son trépas puis à la lecture du testament. Bref. Cette déconfiture vient plomber tous les projets.
Heureusement un meurtre va mettre un peu de piment au séjour et Hamish Macbeth va débarquer avec ses gros sabots. Celui-ci va vite se rendre compte que les membres de cette famille sont tous cinglés et détestables. Nul n'est affligé par le drame qui se joue. Lui aussi est désarçonné par ce qu'il découvre - a priori l'enquête ressemble à un huis-clos rempli d'amertume et de rancœur - mais sa présence va aussi mettre un peu d'ordre au chaos.
Tiens donc, cette chère Priscilla est dans la place et prête une oreille attentive aux spéculations de son ami. Ouf ! Le malentendu sentimental entre eux semble dissiper. Hamish a admis qu'il n'était plus amoureux d'elle. Elle a digéré la pilule mais se montre un tantinet jalouse dès qu'une péronnelle s'approche trop près. Ça va, c'est de bonne guerre - l'ensemble de la lecture ayant été salutaire et très apprécié. J'aime bien cette série écossaise, son ambiance cosy et ses intrigues criminelles habilement troussées (je n'avais rien deviné). Hamish Macbeth est un bon bougre débonnaire et très sympa comme rencart.
©2020 Albin Michel (P)2020 Audible Studios
- Lu par : François Delaive
- Série : Hamish Macbeth, Volume 7
- Durée : 6 h 15
EXCELLENTE LECTURE AUDIO ! J'aime beaucoup le travail proposé par François Delaive - sans fausse note. Il ne ridiculise pas Hamish donc c'est bien. 🤭
⭐⭐⭐⭐
La mort au bord de l'étang (Mary Lester #3), par Jean Failler
Petite lecture récréative : La mort au bord de l'étang n'est ni renversant ni ébouriffant mais permet une détente appréciable dans une parfaite ambiance « old school » !
Au cours d'une partie de chasse, un homme est victime d'un accident. Son fusil vient de lui exploser en pleine face, sous les yeux de sa jeune épouse et d'un autre invité. Témoin de la scène à distance, Louis Boulois se précipite pour organiser les premiers secours et prévenir la gendarmerie. Nouvellement arrivée dans la région, le lieutenant Mary Lester épluche le dossier pour valider les conclusions mais va évidemment soulever un lièvre. La jeune enquêtrice, précédée de sa réputation, ne se laisse guère impressionnée par les notables de la ville. Elle peut également compter sur la bonhomie de Louis Boulois, un ancien fermier et vieil ami de la famille, qui lui raconte le déroulement des faits dans ses moindres détails.
Il se dégage un certain charme suranné dans cette série (entamée au cours de l'été 2016). C'est assez agréable et très reposant. L'intrigue se situe dans une petite ville en Cornouaille que l'auteur décrit tendrement au point de nous faire regretter ce parfum d'antan ! N'attendez pas d'enquête criminelle médusante, le déroulement est simple, d'ailleurs Mary Lester intervient assez tardivement. Et la solution coule de source. Visez davantage l'atmosphère, les paysages, les traditions paysannes, le vieux Louis et son chien Rodrigue... un bon petit « cosy crime » !
France Loisirs, 2016
Série : Mary Lester // Collection : Collection Piment
⭐⭐⭐
Mort sur le Nil, d'Agatha Christie & lu par Samuel Labarthe
Ce titre d'Agatha Christie est sans doute celui dont j'ai vu et revu le plus souvent l'adaptation TV, à tel point que l'histoire a fini par s'imprimer dans mes petites cellules grises. Je connais l'intrigue, je connais le dénouement, je connais les ruses, je connais les répliques... mais qu'importe. Je signe pour une nouvelle escapade et j'ai pris grand plaisir à voguer sur le Nil en compagnie de ces voyageurs crapuleux (la brochette de personnages est large et croustillante), en plus d'assister à un mélodrame de premier ordre, qui s'avère poignant jusqu'au bout.
Scandale dans la bonne société anglaise ! La belle et riche héritière, Linnet Ridgeway, vient d'épouser son régisseur, Simon Doyle, auparavant le fiancé de sa meilleure amie, Jacqueline de Bellefort. Le couple convole en justes noces en Égypte, avec l'extrême désagréable surprise de trouver l'amoureuse déchue à leurs trousses. Voilà une attitude fortement désobligeante. Jacqueline se défend d'être jalouse ou haineuse, mais son attitude prouve tout le contraire. Hercule Poirot, lui, est également troublé pour l'entêtement de la demoiselle, dont il avait déjà croisé le chemin à Londres, alors qu'elle se trouvait en galante compagnie et ne cachait rien de ses sentiments amoureux. Pour notre détective belge, c'était assurément une démonstration excessive et préoccupante. Alors que ce joli monde embarque à bord de la même croisière sur le Nil, l'ambiance est aussi lourde de sensualité que de cupidité autour de ce singulier trio. Et le danger gronde...
Un très, très grand roman, admirablement lu par Samuel Labarthe, connu en tant que commissaire Laurence dans Les Petits Meurtres d'Agatha Christie (ou voix française de George Clooney). C'est divinement bon. N'hésitez pas à publier d'autres romans de la Duchesse du crime en format audio SVP !
©1937 Agatha Christie Limited / Éditions du Masque / Éditions Lattès. Traduit par Elise Champon et Robert Nobret
(P)2016 Audiolib :
- Lu par : Samuel Labarthe
- Durée : 8 h
Les premières enquêtes de Miss Silver : Le Masque gris, de Patricia Wentworth
Fuyant une déception sentimentale, Charles Moray a longuement voyagé loin de son Angleterre natale, qu'il retrouve avec une pointe de nostalgie. Mais le soir où il se rend dans la grande demeure familiale, il surprend une réunion secrète dans la chambre de sa mère. Des individus complotent le meurtre d'une jeune héritière. Or, Charles reconnaît parmi eux la silhouette de Margaret Langton, son ancienne fiancée. Impossible pour lui de prévenir la police. Il parvient alors à la recontacter et la découvre en compagnie d'une jolie blonde, qui n'est autre que Margot Standing, la riche héritière qu'on cherche à éliminer. Sur les conseils de son ami Archie Millar, Charles embauche les services discrets de Miss Silver, “une petite personne, à la mine chiffonnée, aux traits insignifiants, aux cheveux grisonnants, soigneusement réunis en une lourde torsade sur la nuque”. Cette détective affable passe son temps à tricoter, tout en prêtant une oreille attentive aux confidences des uns et des autres. D'abord méfiant, Charles Moray va rapidement s'étonner de la vivacité d'esprit de cette étrange personne.
Miss Silver n'occupe toutefois pas le rôle clef de cette histoire, et même si elle est la contemporaine d'une certaine Miss Marple, notre héroïne est loin de l'égaler. Ceci dit, la lecture n'en reste pas moins charmante et pleine d'élégance ! L'intrigue policière se révèle habile et distrayante, avec ce soupçon de désuétude absolument ravissant, où l'on plonge avec délice dans une ambiance fin des années 20 - début des années 30, riche en insouciance et légèreté. Les personnages sont des caricatures frivoles et soupe au lait, mais inspirent aussi beaucoup de sympathie. En somme, c'est chic et sophistiqué. Pétillant comme une bulle de champagne.
La couverture signée Emmanuel Romeuf pour cette édition spéciale réunissant les trois premières enquêtes de Miss Maud Silver (Le masque gris, L'affaire est close, Le chemin de la falaise) vaut à elle seule la raison d'acquérir cet ouvrage !
10-18 collector, 2017, trad. Sophie Vincent pour Le Masque Gris (Grey Mask)
De l'arsenic pour le goûter, de Robin Stevens
Profitant des vacances loin de Deepdean, leur pensionnat, Hazel a été conviée par son amie Daisy à fêter son anniversaire à Fallingford, le domaine familial des Wells. Mais la jeune fille découvre bien vite une atmosphère étrange et pleine de mystères. Dans ce décor soucieux des apparences, il apparaît clairement que tous les invités ne sont pas les bienvenus, à commencer par cet insupportable Denis Curtis, ami de Lady Hastings, qui n'est autre qu'un escroc patenté. Seule la mère de Daisy est ensorcelée par ses belles paroles et ne comprend pas qu'elle est vertement abusée. Son époux, au-delà de son flegme britannique, bouscule donc la bienséance en manifestant son animosité. Et bim, un crime est commis à l'heure du thé. Sont désignés suspects tous les occupants du domaine - le majordome, la gouvernante, le camarade d'école, l'oncle, la grand-tante et même les parents de Daisy. Le club secret de détectives amateurs convoque d'urgence son assemblée pour une réunion au sommet.
Ohlàlà, comme j'ai aimé ce roman ! Avec son ambiance feutrée, son intrigue en huis-clos, ses personnages aux postures ampoulées et son inspiration vintage, j'avais la sensation de voyager dans le temps et de lire une énigme à la Agatha Christie. C'était divin, un cran au-dessus du précédent (cf. Un coupable presque parfait). J'ai donc suivi l'avancée de l'enquête avec fébrilité, ne voyant absolument rien venir du dénouement, j'ai pourtant partagé mes incertitudes et joué aux devinettes pour cerner chaque protagoniste. J'étais à fond dedans, tant l'ensemble est rondement ficelé, subtil et très habile. Absolutely fabulous, my dear. En un mot, je suis fan. Et là, on se rappelle la malédiction du tome 2 chez Flammarion Jeunesse, qui a pour mauvaise manie de ne jamais traduire les suites et d'arrêter les frais en plein vol - cf. Les incorrigibles enfants de la famille Ashton de Maryrose Wood, Avant minuit de Christopher Edge ou Les affreusement sombres histoires de Sinistreville de Christopher William Hill. La série Murder Most Unladylike Mysteries de Robin Stevens comptant six livres à ce jour, je me sens d'humeur chagrine. Ô les lois implacables de l'économie de marché. Ô toi, ami lecteur, ne passe surtout pas à côté de cette lecture au charme suranné. Ô enfer et damnation d'être une lectrice frustrée. ^.^ NDLR : Grande nouvelle. Le troisième tome est annoncé début mars - Un assassin de première classe. Chic ! ☺
Flammarion Jeunesse, 2017 - Trad. Faustina Fiore
La maison du péril, d'Agatha Christie
Hercule Poirot vient de prendre sa retraite et réchauffe ses vieux os dans la station balnéaire de St Loo, sur la côte de Cornouailles, en compagnie de son fidèle Hastings. Pas loin de sombrer dans la mélancolie, Poirot accorde finalement un vif intérêt à sa rencontre avec la fraîche et pétillante Nick Buckley.
Par son allure moderne et décalée, ses manières décomplexées, elle divertit notre ami en racontant, autour d'un cocktail, qu'elle vit dans une vieille bicoque hantée, autrement nommée “la maison du péril”. Bavarde et insouciante, elle leur explique avoir échappé par trois fois à d'étranges pépins - un tableau qui se décroche et tombe sur son lit, un rocher qui dévale une falaise pour s'écraser à deux pas, et les freins de sa voiture qui lâchent inopinément...
Quelle chance inouïe, songe Hercule Poirot, jusqu'à ce qu'il ramasse le feutre mou de la jeune femme, soufflé par le vent, et qu'il remarque un petit trou net et bien rond. La trace d'une balle perdue. Une fois encore, Nick vient d'échapper à la mort. Sous la moustache du détective.
Ses petites cellules grises sont dans tous leurs états. Il est temps pour Hercule de reprendre du service et de s'inviter dans cette symbolique maison !
Mise en scène impeccable, des personnages insondables, de l'élégance, du mystère et de l'enfumage... Je raffole des ambiances désuètes, encore plus lorsqu'elles sont au service d'une intrigue habilement troussée, à la tension psychologique avant-gardiste, à la construction complexe et au dénouement insoupçonné.
Un très bon Agatha Christie, dans lequel Hercule Poirot brille par son éternelle suffisance et par sa clairvoyance qu'il récupère in extremis ! Classique, inlassable.
Éditions du Masque / 2015 - Traduction (entièrement révisée) de Robert Nobret
Le joyau de l'Annam, de Patricia Wentworth
Un simple coup d'œil à la couverture a suffi pour attiser ma curiosité et anticiper le bonheur de ma lecture de ce nouveau roman de Patricia Wentworth. Je l'ai commencé en toute innocence, sans chercher à connaître son contenu, mais j'avais pressenti une promesse d'évasion à l'évocation de l'Annam (désormais le Viêt Nam)....
Peter Waring n'est qu'un enfant lorsqu'il se retrouve sans famille et sans le sou, mais il hérite malgré lui d'un lourd secret familial autour du célèbre joyau de l'Annam, devenant ainsi le maillon d'une chasse au trésor qui va soulever les foules et les convoitises.
Bien des années plus tôt, son père et deux acolytes sont partis à sa recherche, ont été en possession de l'objet, avant d'en subir la malédiction. Depuis, un mystère demeure autour de son existence et de son détenteur. L'entourage de Peter n'a eu de cesse de scruter le jeune orphelin, pesant le poids de ses souvenirs ou de ses connaissances. En vain.
Peter a ainsi grandi dans une ambiance lourde et sournoise, dont il a pu s'extirper en trouvant auprès de Rose (sa “sœur de cœur”) une relation pure et candide qui l'empêche de perdre pied dans son labyrinthe de coups fourrés.
Adolescent romantique, Peter va pourtant s'enticher de la ravissante Sylvia... laquelle joue le chaud et le froid avec ses sentiments, avant de comprendre qu'il pourrait lui être d'une aide précieuse dans la quête du joyau !
En effet, criblée de dettes, Sylvia a vendu son âme à un sombre individu, lui aussi déterminé à mettre la main sur cette pierre unique en son genre. Avec son charme et son culot, la jeune fille va subtilement duper son entourage pour parvenir à son but.
Toutefois, le chef d'orchestre de cette sombre histoire d'ambition dévorante demeure insaisissable. Les trublions surgissent sans crier gare, les tromperies se multiplient, ce qui ne manquera pas d'étourdir le lecteur, car toutes les cartes n'ont pas été jouées !
Dommage que tout ceci donne une sensation de fouillis au roman, me faisant osciller entre l'intérêt frétillant et l'ennui gonflant au fil des pages. J'ai certes été séduite par l'ambiance des années 20, mais peu conquise par l'intrigue générale...
Un rendez-vous en somme charmant, mais peu captivant.
10x18 Grands Détectives / Juillet 2017 / Trad. Pascale Haas
Une sale affaire, de Marco Vichi
Cette deuxième enquête du commissaire Bordelli va s'annoncer particulièrement houleuse et douloureuse. La verte campagne florentine est en effet souillée par la découverte de cadavres de fillettes de huit ans. Face aux mères effrondées, Bordelli promet d'arrêter ce dangereux maniaque mais se heurte à une enquête sans piste sans indice. La police piétine, la colère monte, la frustration gagne du terrain. Notre commissaire ronge son frein et ne cache pas son impuissance auprès de son amie Rosa, une ancienne prostituée qui a le cœur sur la main mais qui veille sur lui comme une mama possessive et jalouse. Lorsque Bordelli croise le chemin d'une jeune femme en mission secrète, les sens de notre enquêteur sont également tourneboulés. De nouvelles révélations entrent en collision, l'affaire des meurtres d'enfants prend un tour inattendu et notre histoire s'enrichit d'un contexte lourd, poignant et éternellement traumatisant. Nous sommes en 1964 et les souvenirs de la guerre sont encore vivaces. Bordelli lui-même ne trouve plus le sommeil à force de ressasser son passé. Cela donne à la lecture un goût saumâtre et une tonalité pleine d'amertume. C'est assez saisissant, mais heureusement la brochette des personnages est pittoresque et attachante - outre le commissaire, son amie Rosa, on compte aussi le jeune policier Piras, venu de Sardaigne pour apprendre le métier et se familiariser aux coutumes locales avec le même dévouement, sans oublier le médecin légiste Diotivede, seul capable de déjeuner sur son lieu de travail, ainsi que Toto, le cuisinier de la trattoria qui propose toujours des recettes “à son goût” ! Cet univers récurrent fait oublier la sensation de désarroi imposée par l'intrigue criminelle. Certes, l'enquête suit son cours sur un rythme nonchalant, elle avance à petits pas et ne verse jamais dans un tumulte inopiné. La lecture laisse cependant dans son sillage une note d'ironie douce-amère et un humour grinçant (Bordelli est un flic usé, au volant de sa Coccinelle, il parcourt la ville de Florence en quête d'un grand peut-être). C'est tout à la fois dépaysant, subtil et bouleversant. J'avais découvert, l'été dernier, Le commissaire Bordelli et j'avais été particulièrement séduite par cette approche. Toutefois ce deuxième épisode est plus dur, plus lent, plus dramatique. La série amorce un virage délicat. À voir si les prochains tomes seront traduits en VF (la série originale compte six titres).
10 X 18 - Domaine Policier - Janvier 2017
Traduit de l'italien par Nathalie Bauer [Una brutta faccenda]