21/09/17

L'indien blanc, de Craig Johnson

L'indien blancWalt Longmire abandonne temporairement ses plaines du Wyoming pour accompagner son ami Henry Standing Bear à une expo sur l'art indien, à Philadelphie, et ainsi rendre visite à sa fille Cady, qui travaille pour un prestigieux cabinet d'avocats. Débordée, celle-ci décline son invitation à souper et promet de le retrouver dans la soirée. Or, quelques heures plus tard, un agent de police lui annonce que Cady est à l'hôpital, plongée dans le coma suite à une agression. Walt est fou de douleur, fou de chagrin. La police de Philadelphie cherche également à canaliser sa fougue mais c'est sans compter sur la compassion de la famille Moretti, la mère et les frères de Vic, son adjointe, laquelle accourt aussitôt en apprenant la nouvelle.

Changement de décor pour notre shérif, qui s'éloigne de son comté d'Absaroka pour un milieu urbain dans lequel il se sent comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. Du bruit, des carcans, des faux-semblants et de la violence. Cette plongée en ville ne réussit pas à notre shérif, déboussolé. Et puis le drame vient le rattraper et fragiliser sa vieille carcasse de cowboy solitaire. Il se sent plus désemparé que jamais, à mener une vendetta personnelle dans un univers d'argent sale et de corruption. 

Le charme du Wyoming manque cruellement à l'appel, mais la lecture n'en reste pas moins fascinante et riche en prospections. On découvre un Walt Longmire sans son étoile de shérif, et néanmoins détective tenace à débroussailler une enquête menée de longue haleine. Malgré les longueurs, et l'enchevêtrement tarabiscoté des indices pour conduire au dénouement, on assiste avant tout à l'expédition d'un homme hors de son univers familier et on savoure ses interactions avec des personnages secondaires fort attachants. Un bon melting-pot, qui rappelle cependant que notre homme doit rentrer au bercail ! 

Jacques Frantz, le lecteur pour Sixtrid, est comme d'ordinaire excellent dans son rôle et nous régale de sa voix bourrue qui interprète un shérif mélancolique et égaré. On ne s'ennuie pas, cela s'écoute sans déplaisir, et on passe un bon moment. 

©2011 Éditions Gallmeister (P)2017 Sixtrid - Interprété par Jacques Frantz (9h 45)

Traduction : Sophie Aslanides 


06/09/16

Le Camp des morts, de Craig Johnson

Le camp des morts

La vieille Mari Baroja est retrouvée morte à la maison de retraite, où l'ancien shérif Connally séjourne également. Il prend la liberté de réclamer une autopsie et d'ouvrir une enquête auprès de son successeur, Walt Longmire. Il est en effet convaincu que la victime a été empoisonnée. Longmire chipote, mais fait confiance en l'instinct de son ancien chef. Certes, celui-ci avoue avoir été le premier grand amour de la vieille Mari et aurait connu une brève escapade amoureuse, laquelle a été écourtée par sa famille, des immigrants d'origine basque, qui ont privilégié un mariage de convenance pour étouffer le scandale. Longmire va ainsi se plonger dans le passé d'une communauté fermée aux autres et ouvrir une boîte de Pandore, avec des non-dits et des secrets bien enfouis. Plus il avance dans son enquête et rassemble les preuves, plus il se heurte à de nouveaux meurtres sanguinaires. Toutes les victimes ne sont pas non plus de saintes personnes, mais il n'empêche que notre affaire se complique. Pour Walt Longmire, ce travail de fourmi est comme un coup de pied aux fesses qui lui fait presque oublier ses propres fantômes. Et c'est bien pour ça que la lecture dégage autant de charme et d'attrait. On s'attache à ses personnages cabossés, à leur humour mordant, à leurs parcours jamais tracés en ligne droite, aux nouvelles rencontres, aux potes fidèles, au contexte de cette Amérique profonde, avec ses shérifs aux méthodes rustres et au cœur tendre, aux conditions météorologiques intransigeantes, le froid, la neige, les routes glissantes... Le pays des cowboys est une terre promise à conquérir par une volonté farouche et inflexible ! ^-^ L'intrigue criminelle ne prend donc pas toute la place et rend hommage aux figures qui la composent. C'est très, très bon. Super dépaysant. De plus, Jacques Frantz, le lecteur pour Sixtrid, nous embarque par la force de sa voix rauque dans cette contrée du bout du monde où chaque pièce du décor semble être sortie d'un tournage de cinéma. Cette lecture nous imprègne en moins de deux minutes, il n'y a qu'à fermer les yeux et croire en l'impossible, comme se téléporter dans les grandes plaines de solitude et contempler la beauté des environs... 

Texte interprétré par Jacques Frantz pour Sixtrid - durée : 11h 41 / Juin 2016

Traduit par Sophie Aslanides pour les éditions Gallmeister (Death Without Company)