Pêle-Mêle : Presque maintenant - Dept. H : Meurtre en grande profondeur
Anna, violoniste au conservatoire de Paris, fait la rencontre d'Alexis, étudiant en lettres et féru de Russie, et son colocataire Félix, un étudiant en biotechnologies qui rêve de sauver l'humanité.
Les trois jeunes gens deviennent inséparables. Ils s'aiment plus que des amis mais une frontière invisible semble s'être établie entre eux. Anna est le centre de leurs attentions, mais demeure inaccessible. Félix et Alexis ont conscience de cette sacralisation, sous peine de trahison.
Et finalement, un couple se forme. Le trio est dissous.
Le temps passe et Félix touche au but de sa vie : des Nanopills sont élaborées, conçues pour l'organisme humain et visant à améliorer l'espérance de vie. Sauf que cette quête de la perfection va vite virer à l'obsession... Pour Félix, pour Anna et pour Alexis, la vie est aspirée par un nouveau tourbillon.
Cette allusion à Jules & Jim n'est pas anodine car on y pense beaucoup au début de la lecture, pour finalement s'atténuer car la lecture se renferme sur le besoin tyrannique de gérer une hygiène de vie sans défaut, faisant exploser les limites du tolérable.
Peut-on tout contrôler et renoncer à la notion de désir ? Que vaut une vie, longue et lisse, si celle-ci n'est jalonnée que de privations (plus de vin, plus de glace, plus de voyage à New York, plus de plaisir) ? Peut-on réellement déjouer la mort ? Quels contrecoups subit le corps à force de tout verrouiller ?
Vieillir, oui... mais vivre vieux et en bonne santé en refusant de vivre. Pfiou... tordu ! En fait, Félix a été traumatisé par la perte de son père, depuis il a condamné son entourage à vivre dans une bulle sanitaire pour se préserver des risques.
Même si les émotions des personnages m'ont paru artificielles, la lecture est entraînante, dans un style graphique très séduisant. Une BD pleine d'élégance et qui évoque la vie, la jeunesse, l'amour et la mort.
Presque maintenant, de Cyril Bonin
Futuropolis (2018)
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Le docteur Hari Hardy a été assassiné dans sa station sous-marine, le Dept H. Bravant tous les risques, sa fille Mia se rend sur place et ouvre une enquête.
Ses premières conclusions sont terrifiantes : l'un des sept scientifiques est le coupable. Qui, parmi Lily, l'amie d'enfance rancunière depuis une dispute, Bob, l'expert en armes, Aaron et Jérôme, l'assistant et le directeur de recherches, Q. le chef de sécurité, son frère Raj et Roger, l'associé et meilleur ami de son père, a pu commettre ce crime odieux ? Mia les connaît tous et se trouve face à un casse-tête.
Mais la vie sous-marine recèle évidemment des mystères. Peu à peu, les caractères vont se révéler, le passé va remonter à la surface et les secrets viendront dévoiler d'autres vérités. Autre élément perturbant, le temps est compté à bord de la station où les incidents techniques se multiplient et où le risque d'une contamination bactériologique serait avérée. Après tout, sur quoi bossait son père ?
Entre récit d'espionnage et crime mystérieux dans un univers huis-clos, cette série en 4 tomes est juste bluffante ! Au départ, j'étais peu sensible au graphisme et aux illustrations... mais j'ai vite revu mon jugement. J'ai finalement été sous le charme des décors, de l'ambiance et du scénario à suspense. J'attends le dénouement avec impatience !
DEPT.H : Meurtre en grande profondeur, de Matt Kindt & Sharlene Kindt
Futuropolis (2018) - série en 4 tomes
La délicatesse, de Cyril Bonin - d'après le roman de David Foenkinos
Je n'avais jamais lu le roman de David Foenkinos, mais j'avais vu le film avec Audrey Tautou et François Damiens. J'y avais découvert une histoire attendrissante, malgré son entrée en matière assez agaçante car trop artificielle à mon goût. En vérité, je suis peu sensible à la prose de l'auteur, en dépit des nombreuses tentatives à vouloir lire ses romans (le dernier en date m'attend en livre audio) mais l'alchimie ne s'opère pas.
J'étais néanmoins curieuse de découvrir la bande dessinée de Cyril Bonin qui choisit d'adapter le roman à succès en y apportant sa sensibilité personnelle. Le résultat est très convaincant ! On y rencontre Nathalie, une jeune femme qui trouve le grand amour avant de le perdre brutalement. Désemparée par son veuvage, elle va se glisser dans une existence routinière sans plus éprouver la moindre étincelle d'envie. Jusqu'au jour où elle croise au bureau un collègue quelconque, au physique peu avantageux et aux manières rustres... Markus est cependant une belle personne, une âme pure. Un simple baiser volé va lui retourner la tête et chambouler sa vie... mais pas de façon confortable non plus. Car Markus souffre de cette passion subite, qu'il préfère contenir pour ne pas souffrir.
Et ainsi va le monde, l'amour, la quête, le désespoir, l'envie, le manque... La délicatesse est une histoire d'amour et de perte, de seconde chance et de renouveau, de doute et d'espoir. C'est assez joliment exprimé, mis en scène sans chichis, juste avec pudeur, mais aussi avec humour et tendresse. Il est vrai que je trouve, parfois, que les légendes ou les dialogues retombent souvent dans leurs petits travers (trop gourmés ou affectés) mais cela reste une appréciation personnelle.
Cette nouvelle approche de l'œuvre ne manque ni de charme ni d'élégance. Le style de Cyril Bonin est empreint de fraîcheur, de poésie et de délicatesse, aussi bien dans son graphisme, ses couleurs et son scénario. L'effet d'ensemble est séduisant et permet à la lecture de s'offrir un nouveau souffle.
VISUELS DISPONIBLES EN CLIQUANT SUR Planches
FUTUROPOLIS Novembre 2016
« Il passait par là, elle l’avait embrassé sans réfléchir. Maintenant elle se demande si elle a bien fait. C’est l’histoire d’une femme qui va être surprise par un homme. Réellement surprise. »