Les Aventures de Kamo, de Daniel Pennac
Avec une préface de Quentin Blake !
« Kamo, c'est l'école métamorphosée en rêve d'école, ou en école de rêve. »
Kamo est le meilleur ami du narrateur (« moi », tout simplement). Un jour, il propose à leur maître d'école de les aider à mieux préparer leur rentrée en sixième en jouant le rôle de plusieurs professeurs qui auraient différents caractères : un prof de français grincheux, un prof de maths dynamique, un prof d'anglais branché, un prof d'histoire assez cool, etc. Mais voilà, à force de subir ce tourbillon incessant, les élèves se sentent paumés et ne reconnaissent plus leur maître préféré. Il a sans doute pété un boulon, toutes ses personnalités ont fait fondre ses neurones, c'est devenu l'enfer en classe, les enfants réclament un dernier trimestre revenu à la normale...
L'histoire surprendra encore plus le lecteur en introduisant une notion romantique très chabadaba. J'en ai gloussé d'incrédulité, mais c'est tellement mignon dans le fond. Pourquoi s'en priver ? Et puis, ça fait rêver : un jeune homme au cœur d'artichaut, une belle désabusée, un petit mot doux égaré et bim bam boum la rencontre éclatante de promesses. Cela se savoure, tout de même.
La suite des aventures est tout aussi insolite, notamment Kamo et sa fameuse correspondante. Tout commence par un coup de colère. La mère de Kamo lui donne trois mois pour apprendre l'anglais (son 3/20 lui reste en travers de la gorge). Grâce à l'agence Babel, il entre en contact avec une certaine Catherine Earnshaw, une jeune fille au caractère bien trempé, mais qui révèle aussi une nature sensible et mélancolique. Aussitôt, Kamo tombe sous le charme, se confie à elle et perd tout sens commun dès lors qu'il est question de la petite anglaise. Une enquête s'impose !
Point de surprise derrière cette histoire, mais j'ai savouré la supercherie littéraire. De toute façon, chaque histoire a été un rendez-vous cocasse, ponctué de rires et de trouvailles originales. Daniel Pennac est un vrai raconteur d'histoires. On l'écoute, on le lit et on plonge illico. Ces histoires de collégiens, assez banales par principe, s'accompagnent d'une pointe d'excentricité qui frôle parfois le fantastique. Il n'est pas rare de déborder du cadre et de voyager dans le temps ou le récit même. C'est captivant, intelligent, bref incontournable.
Gallimard jeunesse, coll. Bibliothèque « Les Chefs d'œuvre vivants de la littérature pour la jeunesse », octobre 2012 ♦ L'ouvrage regroupe : L'idée du siècle, Kamo et moi, L'agence Babel, L'évasion de Kamo.
Teaser Tuesday #49
Il était une fois deux mondes, celui des ours et celui des souris. Deux univers qui s'évitent, se toisent avec méfiance, mais ne peuvent vivre l'un sans l'autre.
Ernest est affamé et manque d'avaler Célestine, qui était coincée dans une poubelle. Celle-ci est bien embêtée car elle n'a pas atteint son quota de dents au cours de sa tournée. Tous deux concluent un pacte : elle montre à Ernest le passage pour se glisser dans la confiserie et avaler toutes les sucreries, en échange il aide Célestine à porter son gros sac de dents chipées chez le dentiste d'en face.
Dès lors, leurs ennuis ne font que commencer. Obligés de fuir la police et la justice, ils se réfugient dans la maison d'Ernest, dans la forêt, font ami-ami et vivent heureux, à l'écart des autres. Célestine est une rêveuse, elle passe son temps à dessiner. Ernest est un saltimbanque, il adore aussi jouer du piano. C'est ainsi que leur petite vie à deux ressemble à un beau tableau aux couleurs harmonieuses, bercé par la musique, des rires et des chants.
Daniel Pennac a apporté sa tendresse et sa facétie pour raconter l'histoire d'Ernest et Célestine : une histoire d'amitié sur fond de tolérance et de liberté. L'effet est magique, indescriptible. C'est apaisant, vraiment charmant. Et drôle aussi. L'auteur ne manque pas non plus de rendre un bel hommage à Gabrielle Vincent...
Le roman d'Ernest et Célestine, par Daniel Pennac (Casterman Poche, septembre 2013)
-) Ce roman est le scénario du film, la novellisation de la célèbre série de Gabrielle Vincent.
Le verbe lire ne supporte pas l'impératif. Aversion qu'il partage avec quelques autres : le verbe « aimer », le verbe « rêver »…
Un joyeux imaginaire aux éditions Gallimard jeunesse ! Pour leurs 40 ans, édition spéciale de cet ouvrage qui s'adresse à tous les lecteurs et non-lecteurs : les célèbres dix droits du lecteur, selon Daniel Pennac et mis en scène par Gérard Lo Monaco.
« Dix droits et un seul devoir : ne vous moquez jamais de ceux qui ne lisent pas, si vous voulez qu'ils lisent un jour ! »
Une précision, concernant les illustrations, ne vous attendez pas à une interprétation des dix droits du lecteur, voyez-les plutôt comme un hymne aux plus belles oeuvres littéraires, car ce sont autant de magnifiques plongées dans des univers qui rappellent les romans d'aventures, les voyages, les tragédies grecques, les mondes sous-marins, la magie du cirque, l'émerveillement des jouets, la découverte des animaux, etc.
Avec effet pop-up pour vous éblouir tout ce qu'il faut !
Les dix droits du lecteur, par Daniel Pennac et Gérard Lo Monaco
Gallimard jeunesse, Hors série, 2012
1 - Le droit de ne pas lire
4 - Le droit de relire
6 - Le droit au Bovarysme
8 - Le droit de grappiller
10 - Le droit de se taire
La nuit tombe alors dans l'oeil du loup. Elle brouille d'abord les couleurs, puis elle efface les images.
Cette version grand format de L'oeil du loup par Daniel Pennac est un rendez-vous enchanteur ! La lecture est faite par l'auteur lui-même, l'ambiance musicale est parfaite et les illustrations de Catherine Reisser ont su prolonger ce plaisir.
C'est l'histoire d'une rencontre entre un loup et un garçon, tous deux sont orphelins et ont des histoires similaires concernant la séparation et l'arrachement à leur famille, en plus de la désillusion face au monde qui change. Loup Bleu est enfermé dans une cage d'un parc zoologique. C'est un animal blessé et amer, en signe de résistance il conserve toujours un oeil fermé. Afrique, le garçon, va se positionner tous les jours devant lui, silencieux et observateur. Il cherche à percer le mystère de ce loup, à son tour il va fermer un oeil, et insidieusement un fil va se tisser entre eux.
Par communion de pensée, ils vont se raconter leur incroyable parcours. Tandis que Loup Bleu est résigné sur son sort, Afrique a puisé dans son optimisme la volonté de se construire une famille en refusant la fatalité. De plus, le garçon possède le don précieux de raconter des histoires, il n'espère pas seulement amadouer le loup, il veut le comprendre, entendre sa voix et ressentir ses émotions pour lui rendre le goût de vivre.
Ce livre oppose donc deux regards sans complaisance sur notre monde et notre société. Deux regards qui cherchent à toucher et faire naître une prise de conscience. Je recommande cette version lue par Daniel Pennac, dont la très belle voix de conteur vous transporte aussitôt en Alaska puis en Afrique (Jaune, Grise, Verte)... Une lecture enchanteresse !
L'oeil du loup, par Daniel Pennac
illustré par Catherine Reisser - mis en musique par Karol Beffa - avec l'orchestre de chambre de Paris
Gallimard jeunesse musique, 2012