Hector et les plantes espionivores, de Danny Wallace
Rien ne va plus à Starkley - pourtant connue pour être la quatrième ville la plus ennuyeuse au monde ! La commission royale de l'Orgueil des Territoires vient de rendre son rapport et a décidé de rayer des cartes cette ville jugée trop imprévisible. Starkley est en effet devenu le théâtre d'étranges phénomènes inexplicables, dont tout dernièrement le hoquet gravitationnel. En un battement de cils, la population et les objets se mettent à léviter avant de retrouver contenance dans un bazar indescriptible. S'ensuit une pluie de graines noires impossibles à déloger... Et c'en est assez pour faire tourner en bourrique Débilda Stylé, l'agent du COT. Hector et ses camarades ont rapidement compris qu'ils devaient reprendre du service, car d'horribles plantes espionivores sont en train de faire leur nid à Starkley. Le monde est devenu fou - sauf pour les membres du FSP. Cette avalanche d'acronymes vous rend sans doute chèvre ? Sauf si vous êtes un lecteur assidu de cette série de Danny Wallace, introduite avec Les pétrifieurs de temps. C'est une découverte absolument géniale, dans le sens où le ton est humoristique sans négliger l'action et les rebondissements qui font parfois dresser les poils sur les bras. Même les illustrations de Jamie Littler viennent mettre leur grain de sel pour créer une atmosphère décalée. On prend ainsi vite conscience que le ton est peut-être à la rigolade mais que les événements secouant la ville de Starkley sont assez graves et effrayants. On trouve, tout naturellement, des créatures monstrueuses et du danger à chaque coin de rue (et de pages). Ne vous méprenez pas, ils n'ont pas été convoqués pour faire de la simple figuration. La tension est donc perceptible, les jeunes héros sont mouillés jusqu'au cou face à des ennemis impitoyables... heureusement c'est raconté sous forme de boutades, donc le mélange rend la lecture légère et distrayante. En gros, on vit de fortes émotions mais c'est franchement délirant ! À tenter, dès 9-10 ans.
Gallimard jeunesse, 2018 - traduit par Marie Leymarie
illustrations par Jamie Littler
Nouveautés Folio Junior : Le Club des super-héros - Le mystère Dédale - Hector et les Pétrifieurs de temps
Nouvel élève à l'académie Ducard, Bruce Wayne constate rapidement les nombreux dysfonctionnements de l'établissement - le personnel enseignant encourage la compétition, la triche et l'ambition dévorante, les étudiants sont tous plus idiots les uns que les autres, ils portent des masques de clown, font les 400 coups sans peur des représailles et multiplient les blagues humiliantes. Bruce est convaincu d'être tombé dans un traquenard. Il arrive à convaincre deux autres camarades, Clark Kent et Diana Prince, de rejoindre son club secret qui consiste à jouer les espions pour percer le mystère de Ducard. Qui est réellement son directeur ? Nul ne le connaît. À la place, le conseiller pédagogique Hugo Strange filtre chaque tentative d'entrer en contact avec celui-ci. Plus nos jeunes gens fouillent, plus la pression devient suffocante et les traîtrises apparaissent. Bruce découvre ainsi que Clark et Diana sont eux aussi des énigmes ambulantes et n'ont pas tout dévoilé de leurs origines.
Vous imaginez un collège réunissant Batman, Superman et Wonderwoman, avec à la barre des savants fous visant à recruter de jeunes disciples pour la ligue des assassins ? Eh bien, ne cherchez plus. Cela se passe ici. Nos apprentis super-héros font déjà l'amère expérience de la lutte contre les forces du mal en redoutant d'accorder leur confiance pour préserver leur nature, leur identité, leur mission, etc. Le format du livre se compose de rapports administratifs, de mails, d'articles de la gazette de l'école, d'extraits de carnet de notes ou du journal intime de Bruce. Tout est en noir et blanc. C'est sombre, assez brouillon et en même temps le scénario se veut classique mais complice, en servant de bonnes séquences burlesques, du suspense et des clins d'œil qui plairont aux amateurs de comics (le majordome Alfred, le Joker, les chauve-souris, Smallville, la Kryptonite, Lex Luthor, la lignée royale de Diana...).
Derek Fridolfs et Dustin Nguyen baignent dans le milieu en toute aisance, pour avoir déjà écrit d'autres aventures de super-héros (dont Li'l Gotham) et acquis une certaine notoriété. Ils confortent cette fois leur savoir-faire en s'adressant à un public plus jeune et visiblement ouvert à toute contamination.
Le Club des super-héros, de Derek Fridolfs & Dustin Nguyen
Folio Junior, 2018. Trad. Marie Leymarie. À partir de 9 ans
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Le corps du célèbre sculpteur Dédale est retrouvé mort dans un petit village en Afrique. Hermès se rend sur place pour mener son enquête. Faisant halte au royaume des enfers, il intercepte suffisamment tôt le passage sur le Styx, mais au moment d'interroger la victime, une créature sournoise surgit des entrailles du fleuve pour s'emparer du corps. Hermès est de plus en plus intrigué et se rend auprès des membres de sa famille (Aphrodite, Héphaïstos, Apollon...) pour constater leurs réactions à l'annonce du décès de Dédale (celui-ci n'avait visiblement pas que des amis). Il embarque avec lui le jeune Éros et part en Crète pour cerner le mystère de cet homme traqué et visiblement aux abois.
J'ai beaucoup aimé l'idée du dieu Hermès dans le rôle d'enquêteur à la Hercule Poirot, en train de fureter auprès de son illustre lignage pour connaître tous leurs petits secrets et percer leurs mensonges. On plonge dans l'intimité des dieux en toute impunité, le suspense est entier et les légendes s'épanouissent. La lecture prend rapidement un cap original, qui ne laisse rien filtrer du dénouement (j'étais bien en peine de deviner le fin mot de l'histoire). Le pari est donc réussi pour l'auteur, également professeur de lettres classiques, qui parvient à transmettre sa passion pour la mythologie avec cette série captivante et riche en rebondissements. Apprendre tout en s'amusant !
Le mystère Dédale, de Richard Normandon
Folio junior, 2018. Dès 10 ans.
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Hector Obel a 10 ans et vit à Starkley, décrite comme étant la quatrième ville la plus ennuyeuse d'Angleterre, car il ne se passe jamais rien de palpitant. Jusqu'au jour où Hector, en train de se morfondre en classe, surprend son professeur et ses camarades figés sur place. Comme si le temps s'était arrêté net. Tout rentre finalement dans l'ordre au bout de quelques minutes. Le garçon n'a pas l'éternité devant lui, pour y réfléchir, que la situation se répète déjà, mais cette fois il a décidé de chronométrer la durée de la Pause. Sept minutes et sept secondes. Au lieu de se retourner le cerveau, Hector choisit de tirer profit de la situation et va s'amuser à parcourir la ville avec une Vespa flambant neuve, se venger de ses tortionnaires ou se rendre dans la boutique de bonbons pour faire des emplettes. La propriétaire, Mme CouCous, lui en a interdit l'accès sur un coup de tête. Une attitude qui lui rappelle que plusieurs adultes de Starkley se comportent désormais de façon très étrange, voire méchante. Est-ce que cela aurait un lien avec les Pauses ? Au bout de 100 pages, l'étau se resserre quand le garçon surprend des créatures affreuses, les Terribles, se faufiler dans la ville pour kidnapper ses habitants pétrifiés... L'heure est grave. L'histoire n'est plus à la rigolade. Hector doit agir, vite. Trouver des forces alliées (oui ! ... ça va arriver), sauver sa petite ville de cette invasion sournoise et se convaincre que son père disparu fait aussi partie du lot.
Pour son intronisation dans la littérature jeunesse, Danny Wallace sort les grands moyens (univers déjanté, monstres terrifiants, péripéties à rebondissements, sur un ton sans cesse désopilant). Et c'est clair que le livre vise haut et fort. Au départ, l'histoire semble déjà écrite et préfigure les thèmes du genre : Hector est un gamin sensible, maltraité par des grosses brutes, et qui porte en lui le départ de son père comme un poids lourd insurmontable, sa mère bosse comme une dingue et son frère est devenu un ado renfrogné. Et puis, tout bascule vers une aventure délirante, fantastique et même de plus en plus sombre et inquiétante. Il faut le lire pour le croire. Les méchants ne font pas semblant, les enfants entrent en résistance et montent une association de Transpauseurs. On découvre alors une intrigue complètement loufoque, mais non dénuée d'action, d'émotion et de danger. C'est efficace, raconté de façon hilarante et néanmoins détachée. Nul doute que cette dose d'énergie bouillonnante plaira aux plus jeunes (dès 9 ans pour les bons lecteurs, le livre largement illustré fait 300 pages). Jamie Littler a contribué par sa touche d'encre à une atmosphère décalée et fascinante. À tester, pour le fun et l'atmosphère frissonnante.
Hector et les Pétrifieurs de temps, par Danny Wallace
Folio Junior, 2018 - Trad. Marie Leymarie.
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Hector et les Hypnobots, de Danny Wallace
Suite aux invraisemblables événements rapportés dans Hector et les Pétrifieurs de temps, nous retrouvons nos intrépides jeunes gens dans leur routine, si ce n'est que Hector et ses amis sont désormais traités en héros, pour avoir sauvé la petite ville de Starkley. Le Premier Ministre en personne a fait le chemin depuis Londres pour saluer le courage des enfants, seulement au cours de la cérémonie, le politicien perd soudain la boule et se met à gambader en slip devant toutes les caméras en proclamant un discours inintelligible. Son assistant personnel, Mysterio, invite Hector à les rejoindre quelques jours plus tard au 10, Downing Street. La situation sera de nouveau sous contrôle. En attendant, le garçon et son amie Alice en restent éberlués. Quelle mouche a piqué le chef du gouvernement ? Alice voit là un signe du destin, depuis le temps qu'ils ont eu connaissance d'une adresse à Londres pouvant expliquer la mystérieuse disparition du père d'Hector. Mais le garçon traîne des pieds, curieux ou craintif des découvertes à venir. Il n'a pas tort, car la suite de l'histoire réserve encore d'étonnants rebondissements. Et c'est ce qui rend cette série bigrement pétillante, enthousiasmante et attachante. L'auteur combine humour, aventure et espièglerie en quelques pages et bidouille une intrigue passionnante, où se mêlent des créatures affreuses, des dimensions parallèles, des alter ego qui fonctionnent selon un mode on/off. C'est stupéfiant. Parcourir les rues de Londres dans le taxi vert pomme de Léon Bannister devient aussi une vraie partie de plaisir, entre le traditionnel circuit touristique ou la plongée dans un univers plus flou et troublant, nos repères sont vite mis sens dessus dessous. Que de richesse au programme ! Il va sans dire que la série peaufine son originalité, son ton et son mystère par de judicieux tours de passe-passe qui vont surprendre le jeune lecteur. Il y a une franche et belle énergie dans l'histoire, c'est exubérant et contagieux à la fois. Je suis définitivement friande de cette frénésie ambiante, sans sous-estimer la tension nerveuse qui s'immisce chez nos vaillants membres des Forces Spéciales... J'apprécie également le soin délicat apporté dans l'esthétisme de l'ouvrage - illustrations, couleurs, police de caractère... On note ainsi que chaque détail a son importance et procure à l'ensemble une dynamique épatante, qui rend la lecture encore plus excitante ! Vivement le prochain volume. ☺
Gallimard Jeunesse, 2017 - Trad. Marie Leymarie [Hamish And The Neverpeople]
Hector et les Pétrifieurs de temps, de Danny Wallace
Hector Obel a 10 ans et vit à Starkley, décrite comme étant la quatrième ville la plus ennuyeuse d'Angleterre, car il ne se passe jamais rien de palpitant. Jusqu'au jour où Hector, en train de se morfondre en classe, surprend son professeur et ses camarades figés sur place. Comme si le temps s'était arrêté net. Tout rentre finalement dans l'ordre au bout de quelques minutes. Le garçon n'a pas l'éternité devant lui, pour y réfléchir, que la situation se répète déjà, mais cette fois il a décidé de chronométrer la durée de la Pause. Sept minutes et sept secondes. Au lieu de se retourner le cerveau, Hector choisit de tirer profit de la situation et va s'amuser à parcourir la ville avec une Vespa flambant neuve, se venger de ses tortionnaires ou se rendre dans la boutique de bonbons pour faire des emplettes. La propriétaire, Mme Cou Cous, lui en a interdit l'accès sur un coup de tête. Hector a d'ailleurs remarqué que plusieurs adultes de Starkley se comportaient de façon très étrange, de plus en plus mauvaise et méchante. Est-ce que cela aurait un lien avec les Pauses ? Et puis, au bout de 100 pages, l'étau se resserre quand le garçon surprend des créatures affreuses, les Terribles, se faufiler dans la ville pour kidnapper ses habitants pétrifiés... L'heure est grave. L'histoire n'est plus à la rigolade. Hector doit agir, vite. Trouver des forces alliées (oui ! ... ça va arriver), sauver sa petite ville de cette invasion sournoise et se convaincre que son père disparu fait aussi partie du lot.
Pour son intronisation dans la littérature jeunesse, Danny Wallace sort les grands moyens (univers déjanté, monstres terrifiants, péripéties à rebondissements, sur un ton sans cesse désopilant). Et c'est clair que le livre vise haut et fort. Au départ, l'histoire semble déjà écrite et préfigure les thèmes du genre : Hector est un gamin sensible, maltraité par des grosses brutes, et qui porte en lui le départ de son père comme un poids lourd insurmontable, sa mère bosse comme une dingue et son frère est devenu un ado renfrogné. Et puis, tout bascule vers une aventure délirante, fantastique et même de plus en plus sombre et inquiétante. Il faut le lire pour le croire. Les méchants ne font pas semblant, les enfants entrent en résistance et montent une association de Transpauseurs. On découvre alors une intrigue complètement loufoque, mais où règnent l'action, l'émotion et le danger. C'est efficace, raconté de façon hilarante et néanmoins détachée. Nul doute que cette dose d'énergie bouillonnante plaira aux plus jeunes (dès 9 ans pour les bons lecteurs, le livre fait 300 pages et est largement illustré). Jamie Littler a contribué par sa touche d'encre à une atmosphère décalée et fascinante. À tester, pour le fun et l'atmosphère frissonnante.
Gallimard Jeunesse / Février 2016 ♦
Traduit par Marie Leymarie (Hamish and the Worldstoppers) ♦ Illustrations de Jamie Littler
"I love London. I love everything about it."
Ce qui caractérise ce roman, c'est son humour, très pince-sans-rire. Le narrateur s'appelle Jason Priestley, comme l'acteur de la série Beverly Hills, il a 32 ans, il est journaliste free-lance après avoir arrêté sa carrière de prof, il vit avec son meilleur pote, Dev, qui vend des jeux vidéo et porte des t-shirts ringards, il a vécu quatre ans avec une fille, Sarah, qui a fini par le quitter et qui vient d'annoncer sur Facebook qu'elle se fiançait avec *Gary*. Lui, Jason, se contente d'avaler une soupe, il se sent seul, minable et se défoule en postant des commentaires insultants sur le mur de son ex. C'est le premier déclic signalant qu'il est temps de se bouger.
Un jour, dans la rue, il croise une jeune femme en train de monter à bord d'un taxi. Il lui vient en aide avec tous ses paquets, puis remarque qu'elle a oublié son appareil photo jetable. Et là, Jason est cloué sur place. Il reste totalement inactif. En fait, il vient d'avoir le coup de foudre. Son pote Dev prend alors les choses en main en faisant développer les clichés. C'est un peu la stupéfaction lorsqu'ils vont les découvrir, mais une autre sonnette d'alarme résonne dans la tête de Jason : sur l'une des photos, il se reconnaît, en train de lire un journal, dans un café. Bingo ! Plus motivé que jamais, il va donc remuer tout Londres pour retrouver cette belle inconnue.
L'aventure n'est pas avare en pitreries, ni en rebondissements, l'ensemble ressemble d'ailleurs à une comédie britannique dans toute sa superbe, dans la veine de Notting Hill (on y pense souvent et très fort !), les situations cocasses se succèdent, les rencontres improbables surviennent, servies par des personnages hauts en couleur. C'est particulièrement jouissif. Bien entendu, ce côté farfelu peut déconcerter, parfois c'est excessif et un peu usant, mais il y a une telle volonté de bien faire, de donner le sentiment que tout est possible, finalement on a très envie d'y croire jusqu'au bout et on accompagne Jason dans sa quête absolue de sa moitié, avec une joie non simulée. Au bout de 492 pages, on a encore la tête qui tourne, mais le sourire aux lèvres, et on se dit que ce roman fait un bien fou !
C'est elle !, par Danny Wallace
Presses de la Cité, 2012 - traduit par Christine Barbaste
Et parce que tous les titres de chansons en tête de chapitres sont de Hall & Oates,