22/05/19

Du haut de mon cerisier, de Paola Peretti

J01377Cette lecture ne m'aurait jamais interpellée sans un coup de coude opportun m'invitant à m'y pencher. Imaginez l'histoire d'une fillette de dix ans, atteinte d'une maladie rare aux yeux qui la condamne peu à peu à la cécité. Brrr... un thème vraiment peu avenant.
Je n'ai pas non plus succombé aux premières pages. L'histoire ne me semblait toujours pas une évidence. J'étais assez sceptique et néanmoins curieuse. Car la petite Mafalda est surprenante dans son genre. Elle raconte les choses à sa façon. Et sa façon est unique. Il faut ainsi accepter de lire une histoire vue à travers ses émotions, avec ses mots, sa routine, ses pas comptés, ses lubies, son imagination, ses rêves et sa candeur. Autour d'elle, également, se forme un noyau de tendresse qui va finalement briser toutes mes réserves. Yep. C'est venu d'un coup. Sans comprendre. J'ai succombé tout doucement. J'ai pris le risque de m'attacher et de mettre à mal mon petit cœur tout mou. C'était fichu, j'avais besoin de faire partie de la vie de Mafalda.
J'ai donc appris à connaître ses parents, sa maison, son cerisier, son école, son chat au terrible nom d'Ottimo Turcaret, son amie la gardienne roumaine, son pote un peu fou (Filippo ♥ trop mignon). J'ai évolué avec elle et j'ai appris à voir le monde autrement. J'ai absorbé sa poésie, son courage et son chagrin. C'est drôlement touchant mais jamais déprimant. Il y a même de l'espoir derrière tout ça - Mafalda est « une vraie Amazone, une petite princesse perchée et la fille secrète de Cherlocolme ». En vrai, ça m'a fait sourire et je n'ai surtout pas regretté d'avoir osé m'y aventurer. Ce petit roman - sans être un coup de cœur - est tout de même vibrant de sensations. C'est très fort !

Gallimard Jeunesse (2019) - Traduit de l'italien par Diane Ménard / Illustré par Carolina Rabei

Paola Peretti est née en 1986 dans la province de Vérone. Elle est diplômée en édition et en journalisme et travaille comme enseignante tout en écrivant des articles pour le journal local. Elle vit avec une maladie génétique rare qui provoque une perte progressive de la vision. Il n'existe pas de remède connu à ce jour. Elle parle de sa maladie à travers l'histoire de Mafalda. 

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16/11/18

Dans la gueule du loup, de Michael Morpurgo & Barroux

dans la gueule du loupCe roman de Michael Morpurgo n'est pas un énième roman sur la guerre, mais plutôt un bel hommage rendu à ses oncles. Francis et Pieter Cammaerts appartiennent désormais à l'Histoire. Et c'est une belle histoire que nous offre l'écrivain entre ces pages.
Derniers nés d'une famille comptant déjà quatre filles, Francis et Pieter ont grandi en creusant leurs différences. Très tôt, l'un a préféré les études et l'enseignement, tandis que l'autre rêvait de devenir comédien. L'un était d'un tempérament discret, l'autre passionné. Dès la déclaration de la guerre, leurs opinions étaient également tranchées. Pieter s'engage pour combattre la tyrannie, Francis prône un discours plus pacifique. Il devient objecteur de conscience et est envoyé dans une ferme dans le nord du pays.
Mais la mort de son frère va bouleverser son destin. Malgré ses convictions et ses idéaux, Francis va s'enrôler pour rejoindre la résistance et partir en France.
Son parcours nous est alors rapporté dans les grandes lignes. L'homme vient de fêter son 90ème anniversaire, entouré de toute sa famille. Il se sent fatigué mais conserve une excellente mémoire au moment de convoquer les héros de ses jeunes années. Il raconte ainsi leur courage et leur peur, les routes de France, les planques, les missions, les arrestations et les fusillades.
C'est un récit pudique et néanmoins admirable, qui fait vibrer la corde sensible quand on songe que tous les personnages ont bien existé. C'est sans doute le roman le plus personnel, pour Michael Morpurgo, et c'est ce qui le rend encore plus attachant. Barroux y met son grain de sel, avec ses illustrations dont la force évocatrice n'est plus à démontrer.
Très beau roman, vraiment.

Gallimard jeunesse (2018) - illustrations de Barroux

traduction de Diane Ménard

 

 

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21/06/18

La Chanson d’Orphée, de David Almond

La chanson d'Orphée

David Almond est un enchanteur. Il peut me raconter toutes les histoires du monde, je suis bouche bée, yeux écarquillés, incrédule et fascinée. C'est dit. Dans ce roman, nous faisons connaissance avec Claire, 17 ans, son amie Ella et leur bande de potes avides de croquer la vie à pleines dents. « Nous étions libres, sans attaches, sûrs de ne jamais devenir vieux ni ennuyeux. » 
Pendant les vacances de Pâques, le groupe part camper dans le Northumberland et fait la rencontre d'un étrange garçon, très beau, en train de jouer de la lyre. Sa chanson les ensorcelle, si bien que Claire téléphone à son amie Ella, restée à la maison, pour partager cet instant de grâce. À l'autre bout de la ligne, la jeune fille a le coup de foudre. Dès leur retour, Ella est intarissable. Il lui faut Orphée. Elle brûle d'envie de le rencontrer, elle pressent une grande, une belle, une puissante histoire d'amour, un lien fort et inaltérable. Et bim, Orphée débarque en ville. Ella tombe dans ses bras. Spectatrice envieuse et jalouse, Claire raconte cette passion foudroyante.
La lecture nous emporte loin dans un univers lyrique et follement romantique, où les mots fusent et font des claquettes sur la route de brique jaune. C'est magnifique. David Almond m'ensorcelle avec son style, son imaginaire et sa précision d'orfèvre. On plonge dans une histoire fabuleuse, aux inspirations très prononcées, mais qui se déroule dans une Angleterre actuelle. Cette aventure fait aussi la part belle à la jeunesse, à la musique et à la littérature. Les passions sont disproportionnées, les émotions fortes, les chants poignants et les sacrifices bouleversants. Cela peut se lire comme un conte, moderne et poétique, ou comme un formidable hommage à l'amour.
La qualité esthétique est également au rendez-vous : quand Orphée se rend en Enfer, les pages deviennent alors toutes noires et la police de caractères se met à danser et projeter des ombres sur les murs. C'est surprenant, impeccable. Parfait pour une lecture unique en son genre. 

Gallimard jeunesse (2018) - traduit par Diane Ménard 

#moisanglais_2018

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David Almond a d'abord été postier, vendeur de balais, éditeur et enseignant. Un beau jour, il quitte son travail, vend sa maison et rejoint une communauté d'artistes pour se consacrer entièrement à l'écriture. Skellig, son premier roman pour la jeunesse, remporte un grand succès et reçoit la Carnegie Medal. Le style de David Almond consiste à allier réalité et imaginaire, créant un mélange excitant et original, composé de drames humains, d'allégories et d'épisodes surréalistes. Il est l'un des écrivains préférés de J. K. Rowling et a reçu le prix Hans Christian Andersen (surnommé le petit prix Nobel de littérature) à Bologne en 2010.

 

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16/01/18

La boutique Vif-Argent : Une valise d'étoiles, de Pierdomenico Baccalario

La boutique Vif Argent Une valise étoilesREPRISE EN FOLIO JUNIOR D'UNE SÉRIE DÉBORDANTE DE CHARME, DE MAGIE ET DE MYSTÈRE !

Puni pour avoir fait l'école buissonnière et récolté des notes catastrophiques, Finley McPhee doit bosser tout l'été et remplacer le facteur dans sa tournée. Une aubaine pour notre garçon vif comme l'éclair et qui aime gambader dans la campagne avec son chien Chiffon. Mais au hasard de sa distribution, Finley découvre l'existence d'une maison rouge habitée par la famille Lily.
Témoin malgré lui d'étranges événements (des enveloppes écrites à l'encre d'or, un pantalon qui marche tout seul, une araignée mécanique etc.), le garçon a le sentiment d'être continuellement épié et veut percer le mystère derrière la vitrine de la Boutique Vif-Argent, quitte à se faufiler en pleine nuit dans le cimetière et trembler d'effroi devant ce qu'il l'attend !


Fidèle à sa réputation, Pierdomenico Baccalario, auteur des séries à succès comme Century & Ulysse Moore, a concocté un univers fabuleux, étrange et magique. On y adhère très vite et avec aisance, grâce au choix judicieux de l'assaisonnement : un rythme assez lent pour distiller le suspense, un jeune héros sympathique, une intrigue bien ficelée autour de vieilles légendes et des secrets enfouis...
La suite est inutile à raconter. Poussez la porte de la boutique Vif-Argent et plongez dans une aventure étourdissante ! Ce petit village d'Applecross, en Écosse, vous réserve encore de bien belles surprises !

Les illustrations élégantes de Iacopo Bruno viennent compléter le tableau et apporter une touche de raffinement à cette lecture agréable et distrayante. N'attendez plus d'y faire halte. ☺

Collection: Folio Junior - N°1806

Traduit (italien) par Diane Ménard

Parution : 2018 /  Dès 9-12 ans.

Le garçon qui nageait avec les piranhas, de David Almond

Le garçon qui nageait avec les piranhasPARUTION CHEZ FOLIO JUNIOR D'UN ROMAN FORMIDABLE !

C'est l'histoire d'un jeune garçon, Stanley Potts, qui vit heureux chez son oncle et sa tante. Suite à la fermeture du chantier naval, Oncle Ernie perd son boulot mais entreprend de transformer leur maison en une conserverie de sardines, maquereaux et pilchards. La manufacture prend toute la place, le travail est colossal, heureusement le succès est au rendez-vous.
Oncle Ernie est néanmoins obsédé par le rendement et en oublie de célébrer l'anniversaire de son neveu ! Pour se consoler, Stanley se rend à la fête foraine installée en ville et découvre le stand de la pêche miraculeuse avec ses misérables petits poissons rouges. Touché par leur détresse, le garçon négocie avec le forain pour lui acheter son stock, en échange il accepte quelques corvées pour payer la note.
Malheureusement, au cours de la nuit, Oncle Ernie est frappé d'un nouveau coup de folie. Le réveil est cauchemardesque pour Stanley, qui quitte aussitôt la maison pour rejoindre la caravane Dostoïevski et poursuivre la tournée en leur compagnie. 

S'ensuit le début d'une chouette aventure qui va entraîner notre jeune héros à la découverte du monde et de ses possibilités. Stanley Potts est un grand sensible, avec un cœur d'or, si bien qu'il attendrit quiconque le croise sur son chemin. Même Nitasha, la fille du forain, grincheuse et renfrognée depuis le départ de sa mère, va retrouver le sourire à son contact ! Appelé à accomplir de grands exploits, Stanley Potts va notamment rencontrer la légende vivante, Pancho Pirelli, l'homme qui nage avec les piranhas. Le destin de l'enfant va de nouveau être bouleversé, sous nos yeux ébahis et rêveurs.

J'ai tout bonnement adoré ce petit roman. Il est à la fois étonnant, gai, joyeux, fou et adorable. L'histoire aussi est lumineuse, drôle et attachante, surtout grâce à son personnage central, Stanley Potts, un garçon remarquable pour sa simplicité, sa générosité et son courage. La lecture peut sembler naïve mais elle est surtout éblouissante et nous émerveille de page en page en nous tirant des sourires ! À découvrir. ♥

Couverture illustrée par Oliver Jeffers, qui invite à elle seule de plonger dans un univers fabuleux et savourer une lecture hors du commun. Promesse tenue. 

Collection Folio Junior - N°1807
Traduit (anglais) par
 Diane Ménard
Parution 2018

 

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06/04/17

La Boutique Vif-Argent, Tome 3 : La Carte des passages, de P.D. Baccalario

Ce roman fait suite à Une Valise d'étoiles (tome 1) et La Boussole des rêves (tome 2).

La carte des passagesLa mort de la vieille Koumail a plongé la communauté d'Applecross dans un profond désarroi. Pour la première fois, le jeune Finley est convié à participer au cérémonial des funérailles en compagnie de son père et des hommes du village. L'arrivée inopportune d'Aiby Lily, soutien de son père, provoque cependant des remous. C'est indécent, révoltant. L'équilibre des mondes est désormais fragilisé. Il convient à chacun de prendre ses responsabilités. Que de théâtralité, que de non-dits ! Pour Finley, cette soirée sur la falaise, à allumer des feux en procession, est un instant mémorable mais angoissant. Les jours suivants confirmeront son appréhension. Aiby et lui vont se lancer sur la piste de l'assassin de la vieille dame, partir en quête d'objets magiques et fouiller sans doute au-delà du possible en tombant dans le piège tendu par Semuel Askell. La tension monte vite d'un cran quand Finley réalise sa solitude au moment de sauver son amie, ses proches, la boutique Vif Argent, tous les secrets ancestraux... L'histoire nous surprend alors avec un montage judicieux des éléments et des rebondissements qui vont orchestrer la lecture et nous entraîner dans un tourbillon d'action et d'émotion. C'est clairement palpitant. Finley McPhee n'est certes pas le garçon le plus courageux de la planète, mais c'est un môme rusé et avisé. Il affronte l'adversité avec un certain aplomb et beaucoup d'intelligence ! Sa jeune camarade Aiby est toujours aussi intrépide, vive d'esprit et probablement trop impulsive, ce qui fait néanmoins tout son charme ! Cette merveilleuse série a su de loin me combler, m'enchanter, m'épater. Elle a su offrir un bel échantillon de mystère, de magie et d'aventure dans un univers très sophistiqué et dans un écrin fabuleux. Car l'emballage est en effet très beau, avec des illustrations soignées, une couverture cartonnée et des ornementations raffinées. C'est assez rare pour le souligner, même si l'auteur italien, P.D. Baccalario, veille souvent à fignoler ses présentations qui tapent dans l'œil et donnent envie d'en découvrir plus. Une opération séduction très efficace, au vu de cette série merveilleuse et très divertissante ! 

Gallimard Jeunesse, 2016 - Trad. de l'italien par Diane Ménard

17/02/17

Le garçon qui nageait avec les piranhas, de David Almond

Le garçon qui nageait avec les piranhasDéjà séduite par la couverture illustrée par Oliver Jeffers, j'étais vivement intriguée par cette histoire de garçon et de piranhas. Avisant également le nom de l'auteur, David Almond, j'étais frétillante de joie à l'idée de plonger dans un univers fabuleux et de savourer une lecture hors du commun.
Eh bien j'avais raison d'espérer. Le résultat a été renversant, enchanteur et déjanté. Le roman raconte l'histoire d'un jeune garçon, Stanley Potts, qui vit heureux chez son oncle et sa tante. Suite à la fermeture du chantier naval, Oncle Ernie perd son boulot mais entreprend de transformer leur maison en une conserverie de sardines, maquereaux et pilchards. La manufacture prend toute la place, le travail est colossal, heureusement le succès est au rendez-vous. Oncle Ernie est néanmoins obsédé par le rendement et en oublie de célébrer l'anniversaire de son neveu ! Pour se consoler, Stanley se rend à la fête foraine installée en ville et découvre le stand de la pêche miraculeuse avec ses misérables petits poissons rouges. Touché par leur détresse, le garçon négocie avec le forain pour lui acheter son stock, en échange il accepte quelques corvées pour payer la note. Mais au cours de la nuit, Oncle Ernie est frappé d'un nouveau coup de folie. Le réveil est cauchemardesque, Stanley quitte la maison pour rejoindre la caravane Dostoïevski et poursuivre la tournée en leur compagnie.
C'est le début d'une chouette aventure qui entraîne notre jeune héros à la découverte du monde et de ses possibilités. Le garçon est un grand sensible, avec un cœur d'or, si bien qu'il attendrit quiconque le croise sur son chemin. Même Nitasha, la fille du forain, grincheuse et renfrognée depuis le départ de sa mère, va retrouver le sourire. Appelé à accomplir de grands exploits, Stanley Potts rencontre la légende vivante, Pancho Pirelli, l'homme qui nage avec les piranhas. Le destin de l'enfant va de nouveau être bouleversé, sous nos yeux ébahis et rêveurs. Franchement, j'ai adoré ce petit roman. Il est à la fois étonnant, gai, joyeux, fou et adorable. L'histoire aussi est lumineuse, drôle et attachante, surtout grâce à son personnage central, Stanley Potts, un garçon remarquable pour sa simplicité, sa générosité et son courage. La lecture peut sembler naïve mais elle est surtout éblouissante et nous émerveille de page en page en nous tirant des sourires ! 

Traduit par Diane Ménard pour les éditions Gallimard Jeunesse - Octobre 2015

Illustrations d'Oliver Jeffers ♥

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07/02/17

La Boutique Vif-Argent, Tome 2 : La Boussole des rêves, de P.D. Baccalario

La Boussole des rêvesL'heure est venue de rattraper mon retard dans mes séries ! J'avais beaucoup apprécié l'univers étrange et fabuleux du premier tome de La Boutique Vif-Argent (cf. Une valise d'étoiles). L'histoire se passe dans une petite contrée écossaise, à Applecross, où le jeune Finley McPhee s'embarque dans des aventures qui souvent le dépassent. C'est d'ailleurs suite à sa rencontre avec l'impertinente Aiby Lily, fille du propriétaire de la Boutique d'objets magiques, qu'il a connu autant de chamboulements dans son quotidien.
Puni pour ses mauvais résultats scolaires, notre cancre a d'abord remplacé le facteur pendant sa tournée puis est devenu le premier essayeur de plages pour un guide touristique. Il découvre ainsi que plusieurs fermiers et pêcheurs se plaignent de fâcheux incidents, comme des disparitions de moutons ou des filets saccagés. Une vieille dame vient aussi de passer l'arme à gauche, alors qu'elle pétait la flamme et s'était inscrite pour le prochain marathon. C'est très étrange, mais Finley a bien du mal de croiser son amie Aiby pour lui en causer. Celle-ci semble lui préférer la compagnie de son frère Doug, peut-être parce qu'il est capable de lire l'Ensorcelant, cette langue rare qui figure dans tous les ouvrages magiques. Finley ronge son frein, refusant d'admettre qu'il est jaloux, car Doug est plus grand, plus intelligent et a avoué en pincer pour Aiby. Cette situation agace prodigieusement notre jeune héros.
Mais trêve d'enfantillages. Le duo se reforme pour enquêter sur le terrain. Leur but : dégoter une précieuse Boussole et mettre des bâtons dans les roues d'un sinistre individu, autrement dit l'Homme Vert, qui s'amuse à jouer aux cartes avec l'âme des gens. La situation est tendue, le contexte fascinant de mystères et l'action survoltée. J'ai beaucoup aimé avancer dans l'histoire parmi ce cadre charmant et sur un ton aussi alerte et enjoué. La combinaison est réussie, dans un esprit bon enfant et surtout empreint d'élégance par son esthétisme. Je poursuis mon exploration, avec La Carte des Passages

Traduit par Diane Ménard pour les éditions Gallimard Jeunesse - Octobre 2015

Illustrations de Iacopo Bruno

15/12/16

Un aigle dans la neige, de Michael Morpurgo & illus. par Michael Foreman

Un aigle dans la neige

Fuyant Londres et ses bombardements incessants, Barney et sa mère croisent dans le train un individu qui va leur confier l'histoire étonnante de son vieil ami Billy Byron.
Soldat durant la Première Guerre Mondiale, celui-ci a fait preuve d'une bravoure remarquable, largement récompensée par les médailles et les honneurs. Tout à sa modestie, Billy se défendait d'être un héros. Il avait la guerre en horreur mais la saisissait à bras-le-corps pour y mettre un terme au plus vite. Le jeune homme n'était pas inconscient, pas plus courageux ou intrépide, simplement il était déterminé à abréger le carnage, à épargner la population et les soldats sacrifiés. 
Mais au cours d'une bataille acharnée à Marcoing, dans le Nord, Billy et son bataillon sortent vainqueurs et rassemblent leurs prisonniers, lorsque un allemand hagard surgit de nulle part, le fusil à la main. Ses camarades le mettent en joue, mais Billy réclame la clémence générale et laisse ce soldat repartir. 
Après la guerre, Billy aspire à retrouver une vie tranquille, tout en songeant longuement à une petite fille, Christine, qu'il avait sauvée et conduite à l'hôpital. Il n'aura de cesse de la retrouver... pour finalement l'épouser ! La folie des hommes étant une source intarissable, Billy en subira de nouveau le poids en découvrant un film de propagande nazie. Là, s'affichant sur l'écran de cinéma, un énergumène au regard haineux et aux discours enflammés. Billy reconnaît aussitôt le soldat épargné à Marcoing sous les traits du Führer.
Cette vision va le plonger dans un gouffre sans fond de dépression et de culpabilité. Malgré le coup de fil du Premier Ministre Chamberlain, assurant qu'il avait participé au maintien de la paix en secourant Hitler, Billy va amèrement se reprocher sa charité. N'en pouvant plus, Billy part donc en Allemagne et ne touche mot à personne de son projet d'assassiner le dictateur. 

Ce récit romancé a été inspirée par l'histoire vraie du soldat Henry Tandey, « celui qui n'a pas tiré sur Hitler ». Anecdote authentique ou fabulée, elle a donné matière à Morpurgo d'écrire une histoire romanesque et poignante. Avec un art consommé du suspense et de la mise en scène, la lecture se révèle captivante ! On y plonge le cœur battant et on absorbe aussitôt l'angoisse ambiante, à s'imaginer aux côtés de Barney et sa maman, coincés dans leur train qui se planque dans un tunnel pour échapper aux raids aériens. La rencontre avec l'ami d'enfance de Billy va ouvrir la porte aux souvenirs et faire revivre le passé et le parcours du soldat Byron. En dépit des doutes et des interrogations, on ressent une vive émotion à l'évocation des actes manqués du soldat, qui aurait pu changer la face du monde et le cours du destin. Morpurgo et Foreman ont, comme de coutume, uni leurs talents pour recomposer l'injustice de la guerre à travers une intensité dramatique palpable et émouvante. Très bon roman.

Traduit par Diane Ménard pour les éditions Gallimard Jeunesse - Octobre 2016


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15/02/16

Pinocchio raconte Pinocchio, de Michael Morpurgo & ill. par Emma Chichester Clark

Pinocchio raconte Pinocchio

Pinocchio est loin d'être mon conte préféré, pourtant il m'a été impossible de résister à cette adaptation de Michael Morpurgo. Parce que, Michael Morpurgo. En duo avec Emma Chichester Clark, dont les illustrations pleines de charme ont su apporter de la fraîcheur à cette histoire d'un grand classicisme. Un vent de folie souffle donc sur cette version, et ça fait du bien.

C'est donc l'histoire d'un petit bout de bois, sculpté pour en faire un pantin, que quelques larmes de détresse ont su animer par magie. Ainsi naquit Pinocchio. Ses parents, fous de joie, se plient en quatre pour combler tous ses désirs, à tel point que ce fils trop gâté agit souvent sans réfléchir et leur cause beaucoup de chagrin. Pinocchio a soif de liberté, d'aventure et de découverte, aussi court-il droit devant, sans s'arrêter, zigouillant sans vergogne un Grillon Parlant, avant d'être rongé de remords, ou suivant naïvement un duo improbable, constitué d'un renard boîteux et d'un chat aveugle, avec la promesse d'une future grande fortune. Pinocchio est un benêt, mais un benêt attachant. Après tout, « grandir est une période passionnante et difficile ». Son apprentissage est une mise à l'épreuve de chaque instant, une série de tentations, un lot de souffrances, une suite de dangers et de catastrophes, d'erreurs et de malheurs, d'espoir et de bonheur. De vraies montagnes russes. Cette lecture pleine de dynamisme est ainsi touchante dans son approche, en donnant la parole à Pinocchio lui-même, qui livre sa propre version de son histoire légendaire. Morpurgo a puisé l'inspiration dans l'œuvre de Carlo Collodi, mais en apportant sa touche personnelle, beaucoup plus actuelle. Le roman n'en est que plus innocent et malicieux, surprenant et drôle.

Gallimard Jeunesse / Octobre 2015 ♦ Traduit par Diane Ménard (Pinocchio)

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SOURCE : Emma Chichester Clark

 

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Et pour les amateurs du genre, n'hésitez pas à vous pencher sur le roman de Gilles Barraqué, Fantoccio (L'École des Loisirs, 2015) dans cette version tout aussi originale et inattendue. 

Fantoccio par Barraqué

Une nuit, dans la campagne de Toscane, sur la table d'une demeure crasseuse, un grand pantin de bois s'éveille à la vie, aidé par de puissantes incantations de sorcellerie. Fantoccio, doté des facultés de penser, de ressentir et d'agir, conçoit aussitôt sa naissance comme un vrai miracle. Geppetto, son maître marionnettiste, a de grands projets pour lui mais ce destin tout tracé va de moins en moins enchanter notre créature, qui ne supporte plus les faux-semblants. Sa rencontre avec la jolie Livia, dont il tombe amoureux, lui donnera aussi l'envie de voir plus loin, de briser ses chaînes et de satisfaire ses rêves insensés.

C'est un douloureux apprentissage de la vie, raconté avec beaucoup de tendresse et d'émotion. Le personnage de Fantoccio rappelle évidemment celui de Pinocchio dans sa perception naïve des choses et la grande désillusion qui succède ses découvertes, sauf que le héros de Gilles Barraqué est davantage un adolescent, qui porte sur son entourage un avis teinté d'amertume et de déception (j'ai parfois pensé au mythe de Prométhée & Frankenstein). Fantoccio est un garçon avec des pulsions et des interrogations, et tout ça fait que ça grouille dans sa tête, au risque de déborder. Il n'accepte plus d'être une “marionnette” entre les mains de son créateur et aspire à s'émanciper. Ce saut dans le vide fait écho au passage à l'âge adulte, un cap délicat, qui ne se déroule pas sans heurt. Ce roman d'une grande sensibilité n'est pas à mettre entre toutes les mains, d'autant plus que son style abattu est à mille lieux de la plume poétique et enchanteresse que j'avais savourée dans Au Ventre du Monde. Une impression plus mitigée, donc.