29/04/14

Esprit d'hiver, de Laura Kasischke

Le matin de Noël, Holly se réveille en retard, voit son époux partir en catastrophe chercher ses parents à l'aéroport, leur fille Tatiana est d'humeur grincheuse. D'abord, elle ne quitte pas sa chambre, ne répond pas quand on l'appelle, refuse de manger, se moque de sa mère, ne cesse de changer de toilettes, s'emporte pour des broutilles... Holly est inquiète.

Dehors, le blizzard s'est levé, les routes sont impraticables, les invités pour le déjeuner se décommandent les uns après les autres, Holly est tour à tour déprimée, en colère, impuissante, nostalgique, soucieuse et énervée. Elle n'en peut plus du mutisme de sa fille, de ses sautes d'humeur, rumine son désespoir et répète constamment « Quelque chose les avait suivis depuis la Russie jusque chez eux »...

De là, ses souvenirs s'évadent jusqu'au jour où le couple est allé en Sibérie pour adopter la petite Tatiana. Holly a aussitôt eu la sensation d'accueillir la huitième merveille du monde et de la sauver d'un univers sordide et sans avenir. Aujourd'hui, face à son adolescente de 15 ans, devenue une étrangère, elle se sent rejetée et déboussolée.

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Ce qui ressort de ce roman, construit à la manière d'un roman noir, c'est son ambiance mystérieuse et inquiétante à laquelle j'ai d'abord été très sensible, avant de finir par me lasser. En effet, plus on avance dans l'histoire, dont on a envie de cerner le fin mot, et plus on ressent le poids écrasant du climat lourd et malsain.

L'ensemble m'est alors apparu long, divaguant, confus, parsemé de nombreuses pistes qui ne mènent à nulle part. Car au final, il n'y en a que pour le personnage de Holly, poétesse en manque de reconnaissance, mère dévouée se sentant dépassée, femme privée de sa féminité et de son droit à la maternité, du fait d'une mutation génétique héréditaire... On la sent vite désabusée, perdue, sur la corde raide.

Et à force d'avoir lu les autres avis des lecteurs qui annonçaient une fin de roman particulièrement glaçante, je n'ai plus du tout été surprise par la fameuse révélation !! Pour moi, cette lecture n'aura pas su répondre à mon attente, tant dans son dénouement, que par la relation conflictuelle entre la mère et la fille (toutes deux très agaçantes). J'ai probablement surestimé le potentiel (certain) du livre, de même que l'interprétation d'Irène Jacob - pour l'Audiolib - m'a semblé parfois surfaite. Une rencontre en demi-teinte, dommage.

Audiolib, avril 2014 ♦ texte intégral lu par Irène Jacob (durée : 7h 57) ♦ traduit par Aurélie Tronchet pour Christian Bourgois éditeur


02/02/12

“Is it better to have had a good thing and lost it, or never to have had it?”

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Hadley vient de louper son avion, à quatre minutes près. Elle doit à tout prix rejoindre son père à Londres, assister à son (re) mariage. Or, il apparaît très clairement que Hadley en veut énormément à son père de les avoir abandonnées, sa mère et elle. La jeune fille tente de se raccrocher à ses souvenirs d'enfance, à se rappeler tous les bons moments partagés ensemble, mais viennent -hélas- tous les instants plus compliqués, teintés de reproches muets, que l'adolescente a infligés à ses parents depuis leur séparation.

Dépitée, Hadley patiente donc pour le prochain vol et c'est ainsi qu'elle fait la rencontre d'Oliver, vêtu d'une chemise bleue saupoudrée de sucre. Il est de souche anglaise, il a un charme irrésistible, et un humour dont les anglais ont le mystère. Tous les deux vont engager la conversation, prendre le même avion et papoter, papoter... des heures durant. C'est évident qu'il se passe un truc entre eux, le lecteur en a bien conscience mais doit prendre son mal en patience. Et ce n'est pas plus mal, car finalement le roman n'est pas du tout ce qu'il prétend être !

En effet, ce roman m'a très sincèrement surprise ! Moi qui m'attendais à une romance gentille et adorable, j'ai finalement découvert une histoire plus profonde, plus attachante et plus bouleversante. De quoi me déconcerter au début de ma lecture. C'est seulement dans la deuxième partie où je me suis totalement sentie à l'aise, où j'ai adoré les répliques et les pensées des personnages, où j'ai été touchée par leur histoire aussi. Et cela ne se résume pas à  une simple rencontre dans un aéroport, cela parle plus précisément de nos liens avec nos familles, nos sentiments enfouis et nos rancunes tenaces, si difficiles à exprimer. Bref, ce livre prouve qu'il faut lâcher prise et savourer chaque seconde de la vie !

La probabilité statistique de l'amour au premier regard, par Jennifer E. Smith
Hachette jeunesse, 2012. Traduction de Frédérique Le Boucher. 

“Hadley grabs the laminated safety instructions from the seat pocket in front of her and frowns at the cartoon men and women who seem weirdly delighted to be bailing out of a series of cartoon planes. Beside her, Oliver stifles a laugh, and she glances up again. 
“What?” 
“I’ve just never seen anyone actually read one of those things before,” 
“Well,” she says, “then you’re very lucky to be sitting next to me.” 
“Just in general?” 
She grins. “Well, particularly in case of an emergency.” 
“Right,” he says. “I feel incredibly safe. When I’m knocked unconscious by my tray table during some sort of emergency landing, I can’t wait to see all five-foot-nothing of you carry me out of here.”

30/12/11

Getting weirder. But not in a bad way.

"What, no balloons?' Billi asked drily. 
'You want balloons, join the circus."

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A quinze ans seulement, Billi est la plus jeune des chevaliers de l'Ordre du Temple. Elle doit ce privilège à son papa, Arthur SanGreal, mais a sacrifié l'insouciance de sa jeunesse. Car en fait, tout ce qu'elle rêverait d'avoir, c'est une existence ordinaire, aller au lycée, sortir entre filles et avoir un petit copain, en gros ne plus laisser son père dicter sa vie ! 
Le sort en a décidé autrement, et Billi doit prendre les armes, se battre contre les forces du mal et protéger l'humanité en jouant les martyrs. Comme sa mère. C'est qu'on ne se marre pas du tout dans ce livre ! Et puis les évènements s'enchaînent, surtout dès le chapitre 14, et plus le temps de souffler, d'espérer, de croire qu'on va ingurgiter un petit bouquin sympa, avec des références historiques et religieuses bien brossées, pour porter une héroïne en crise et en quête identitaire. Bah naaaan. C'est plus dur, plus féroce et plus strict. Et puis c'est triiiiste, bon sang. C'est comme une grosse coulée d'amertume qui vous fond dessus. Bouh.
En gros, voilà une lecture qui change un peu de la donne actuelle. C'est très peu sentimental, cela propose des choses intéressantes, mais ça se cherche aussi. J'ai néanmoins eu l'avantage d'être surprise, parce que je ne m'attendais pas du tout à ça en entamant ce livre.

Devil's Kiss - Sarwat Chadda
Published May 2009 by Puffin 

LUENVOLu en VO - 51

- disponible en VF chez Pocket jeunesse (jolie couverture) : devilskiss

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28/12/11

You are my winter

Nos lectures du soir, 

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Ogres, brigands et compagnie par Tomi Ungerer (Ecole des Loisirs, 2011). Cette édition comprend Les trois brigands (à voir la couverture, on s'en doutait !), Jean de la Lune, Le Géant de Zeralda et Zloty. Une édition spéciale pour fêter les 80 ans de l'auteur.
Contes choisis des frères Grimm, illustrés par Adolf Born (Seuil jeunesse, 2011). Vingt contes sélectionnés, parmi lesquels : Le loup et les sept chevreaux, Les trois fileuses, Hansel et Grethel, Les musiciens de la ville de Brême, Le roi grenouille ou Henri de fer...
A déguster !  

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24/11/11

Lucky T

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Carrie est une adolescente américaine, à qui tout sourit, elle est blonde, grande et mince, a une forte poitrine (oui c'est précisé), elle a un petit copain avec lequel elle sort depuis un an, une meilleure amie qui la comprend et lui pardonne tous ses caprices, car Carrie est une adolescente superstitieuse, attachée à des détails ridicules, comme ce tshirt porte-bonheur, offert par son père, et qu'elle jure doté d'un bon karma. 
Or, le jour où son tshirt fétiche a été donné accidentellement à une association caritative, elle décide aussitôt de s'envoler pour l'Inde afin de le récupérer ! Sur place, cette gourde n'en loupe pas une (elle se comporte comme une princesse, ne sait rien faire de ses dix doigts et renverse même une boîte de clous sur du béton tout frais), pas étonnant qu'elle s'attire les foudres de ses camarades... Bien fait, me dis-je. 
Vexée comme un pou, elle décide de s'échapper de son enfer et rencontre alors Dee. Ce garçon, très sexy, fait preuve de charme et d'intelligence, lui propose aussi de rejoindre son association qui s'occupe d'orphelins. Le coeur de Carrie bat à cent à l'heure, c'est un signe du destin. Et l'affaire du tshirt ? Il n'est pas oublié, d'ailleurs Dee va découvrir l'autre aspect de la personnalité de Carrie (une fille égoïste et intéressée) et se montrera trèèès déçu et meurtri par sa trahison. 
La morale de l'histoire voudra que Carrie apprenne de ses erreurs (elle va mûrir un peu, en s'apercevant que d'autres ont réellement moins de chance qu'elle). Elle va aussi réaliser que son tshirt masquait son besoin de vouloir partager plus de temps avec son père, depuis le divorce de ses parents. C'est loin d'être une lecture profonde et originale, mais sa recette est efficace auprès des jeunes filles qui en apprécieront l'humour, pardonneront la futilité de l'héroïne et swooneront sur la jolie romance très fleur bleue.

Lucky T, par Kate Brian
Pocket jeunesse, 2011. Traduit de l'américain par Florence Budon.

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