Origine, de Dan Brown & lu par François d'Aubigny
Invité à participer à la grande conférence donnée par Edmond Kirsch, son ancien élève devenu un éminent futurologue, le professeur Robert Langdon débarque au musée Guggenheim de Bilbao, où règne une véritable effervescence, chacun débattant avec excitation sur les révélations promises. Ce soir-là, pourtant, la cérémonie tourne en eau de boudin. Kirsch est assassiné sur scène. Langdon est aux premières loges. C'est la panique générale. Comme toujours, notre ami Robert prend la situation en charge et s'isole avec Ambra Vidal, la directrice du musée, proche amie d'Edmond et récemment fiancée au prince héritier. Tous deux vont alors partir en croisade et mener le projet d'Edmond Kirsch jusqu'au bout, même si cette initiative n'est pas au goût de tous, entre l'église, le palais royal, les adeptes du complot et un ancien amiral recruté pour la sale besogne... Bref, Robert et Ambra sont lancés sur une piste parsemée d'embûches et suivent à l'aveugle les conseils avisés de Winston, une intelligence artificielle créée par Kirsch et dédiée à le suppléer.
Quand je pense à Dan Brown, j'imagine toujours une histoire pleine de péripéties et de rebondissements extraordinaires, une lecture vouée à la distraction et puis basta. Avec “Origine”, étonnamment, le rythme est plus mou et l'intrigue diluée. Il faut dire aussi que l'action se concentre sur 24 heures et se déroule intra-muros, d'où cette sensation de calme plat. Même les révélations finales, qu'on se languissait de découvrir, ont un effet de gaz éventé. Tout est vu, revu et convenu. On a pourtant les mêmes schémas narratifs, les sempiternels spectres complotistes, le super Robert en charmante compagnie, l'Église déterminée à préserver ses mystères, sans oublier les concepts arbitraires et les idées exubérantes sur l'humanité... Tout paraît si familier, sans doute trop, car la lecture m'a semblé ordinaire.
Aucune déception quant au format audio et ce, grâce au lecteur. Non mais quelle classe, ce François d'Aubigny ! Dès les premières notes, j'ai eu un instant de flottement car j'ai aussitôt pensé à Nicolas Le Floch (série de Jean-François Parot) dont il est aussi le lecteur récurrent. J'aime beaucoup sa voix grave, aux intonations nobles, avec beaucoup de caractère et de prestance. Cela me donne envie de replonger dans un JF Parot ! ☺
©2017 Éditions Jean-Claude Lattès. Traduction française par Dominique Defert et Carole Delporte.
(P)2017 Audiolib. Texte lu par François d'Aubigny. Durée : 15h env.
La chimiste, de Stephenie Meyer
Alors qu'elle terminait ses études de médecine, Alex - de son vrai nom Juliana Fortis - a été recrutée par une agence désireuse d'exploiter ses talents de biochimiste. En vrai, son travail consistait à “torturer” en douceur des individus pour leur tirer des informations et mettre des réseaux criminels en déroute. Ses armes : des seringues, des sérums, des perfusions. Le kit parfait d'une jeune prodige en chimie. Et puis tout a dérapé le jour où Alex a compris qu'elle en savait trop et qu'on cherchait à lui faire la peau. Après avoir mis en scène sa disparition, elle a choisi de mener une existence précaire, solitaire et clandestine, fuyant les moindres points d'ancrage, les contacts et les relations avec autrui. Lorsque son ancien patron la recontacte pour faire table rase du passé, Alex se méfie du dernier service à rendre - cibler un professeur d'histoire et de littérature, Daniel Beach, le neutraliser et le cuisiner comme à son habitude. Mais l'affaire se corse, lorsqu'un G.I. Joe déboule dans son labo improvisé et met un terme à ses opérations. Prenant conscience d'avoir été manipulée, Alex change de camp et traque ses anciens employeurs, eux-mêmes décidés à éliminer ces nouveaux témoins gênants.
S'ensuit une histoire semblant souffrir de hoquet. Je m'explique, grosso modo, c'est long, c'est lent, c'est creux, ça s'excite un chouïa, puis l'électro-cardiogramme retombe au calme plat, une vraie mer d'huile, ça traîne et rebelote. Au final, c'est une lecture hyper décevante. L'ensemble est inabouti, immature et bourré de clichés. Les personnages sont fades, les dialogues risibles et les brefs élans romantiques sont d'une niaiserie abyssale. Ce roman était supposé annoncer “le grand retour de la célèbre Stephenie Meyer” sur la scène littéraire, car rappelons qu'elle n'a rien publié depuis 8 ans, mais ce comeback fait un flop ! L'histoire ne tient pas la route, le sujet est survolé et il ne se passe absolument rien pour tenir en haleine le lecteur. L'espèce de romance ne vaut pas un clou non plus. L'auteur a vraisemblablement oublié qu'elle jouait dans la cour des grands, elle nous pond un truc bâclé et improbable (je ne suis pas particulièrement friande des scènes sexuelles dans les bouquins, mais là... franchement, sa pudibonderie légendaire était dispensable). Elle a carrément zappé que ses personnages sont des trentenaires aguerris, qu'ils ont des tueurs à leurs trousses et qu'il faut élaborer des plans plus complexes pour se sortir de la mouise. Pff... J'ai supporté avec ennui et lassitude cette invraisemblable péripétie peu surprenante, peu excitante. Et je reconnais que si ce roman n'avait pas été de la main de Stephenie Meyer, j'aurais sans aucun doute passé mon chemin.
Techniquement, je pense que le choix de Pulchérie Gadmer n'a pas été opportun pour ce titre - non pas que cette comédienne ne possède pas les qualités requises, car j'avais beaucoup apprécié son interprétation dans L'île des oubliés - mais il se trouve que sa voix douce et posée pêche un peu dans le registre du roman d'action ou d'espionnage (j'hésite à coller une étiquette au roman en question, car il ne correspond pas aux standards du genre). Il manque du punch à sa façon de jouer le rôle de la chimiste Alex. C'est trop lisse, trop doux pour les voix masculines, ça coince et ça manque parfois de naturel. Ce n'était donc pas le mieux indiqué pour un tel contexte, contrairement à la lecture de détente qui lui convient mieux. ☺
Texte lu par Pulchérie Gadmer pour les éditions Audiolib (durée : 17h 18) - Février 2017
Traduit par Dominique Defert et Carole Delporte pour les éditions JC Lattès
L'Ombre de Gray mountain, de John Grisham
L'été dernier, j'avais pris grand plaisir à me plonger dans le roman de John Grisham, L'Allée du sycomore en l'occurrence, et imaginais renouveler cette sensation avec son nouveau titre. Or, L'Ombre de Gray Mountain s'est avéré décevant, long et lassant.
L'histoire se passe à New York, en 2008. La crise financière s'invite à la fête et brise en plein envol la brillante carrière d'avocate de Samantha Kofer. Placée en congé sans solde, elle accepte de suivre un stage dans un centre d'aide juridique dans les Appalaches. Sitôt débarquée à Brady, une petite ville de Virginie, Samantha y découvre une existence assez terne et souffreteuse. La communauté dépend totalement des grandes compagnies minières, lesquelles polluent la région par leurs extractions intempestives. Tout le monde se tait. Tout le monde ploie l'échine. Seul Jeff Gray a choisi de s'élever contre les méchants pour protéger sa ville, ses habitants et leurs traditions.
Je pensais que l'histoire m'emporterait vite dans les coulisses des affaires judiciaires, à élaborer des stratégies et monter des dossiers qui tiennent la route. Au lieu de ça, l'histoire m'a d'abord fait la visite des lieux et enchaîné un panel de « cas » peu croustillants (des femmes bafouées, des foyers sans le sou, des maris violents). La misère sociale selon J. Grisham, décryptée en plusieurs chapitres fastidieux. J'ai senti poindre l'ennui. Survient alors la collaboration entre Samantha et Jeff - la promesse d'une immersion plus grisante et cernée de dangers. À ce stade, j'étais dans les starting-blocks. Avant de faire chou blanc.
Ce livre m'aura franchement déçue. Nous sommes loin du genre thriller ou intrigue judiciaire, en fait l'auteur semble vouloir sensibiliser son lecteur à la cause écologique et rappeler qu'être avocat consiste avant tout à aider « les vraies gens ayant de vrais problèmes ». C'est la décision qui devrait s'imposer à Samantha, à la fin du roman. Et encore ? Honnêtement, j'ai trouvé ce roman surfait.
Audiolib / Juillet 2015 ♦ Texte lu par Ingrid Donnadieu (durée : 12h 30) ♦ Traduit par Dominique Defert pour les éditions JC Lattès