Fugitive parce que reine, de Violaine Huisman
Quel beau roman... qui m'a d'ailleurs fait penser aux films de Diane Kurys et au roman de Gwendoline Hamon, Les dieux sont vaches. Des univers profonds, qui puisent dans l'intimité et l'authenticité, tout en titillant notre corde sensible. Ça peut effrayer, lasser, exaspérer - moi, ça m'a bien plu.
Dans ce roman, Violaine Huisman évoque sa maman, Catherine, une femme très belle et farouche, qui se voulait libre d'aimer sans la moindre attache. Par contre, c'était aussi une femme fragile, exigeante envers les hommes et tyrannique avec ses filles. Elle buvait trop, fumait comme un pompier, était malade, n'avait aucune convenance sociale. Honteuse de ses origines modestes et de son manque d'éducation, elle avait mis l'accent sur son charme, sa sensualité, son aura. Toute sa vie, Catherine a ainsi tracé son chemin sans tergiverser, se donnant sans retenue mais griffant comme une tigresse à la moins incartade.
Ce portrait de femme est raconté à travers les yeux de sa fille qui déballe son enfance tumultueuse, ses chagrins, ses frustrations, ses lacunes, ses désirs... avec toujours son besoin désespéré d'attirer l'attention de celle-ci, de crier son amour et d'en recevoir autant. C'est assez violent et sans concession (d'où l'étalage de sexe et d'obscénités... pas top !). Mis à part ce détail, le roman est envoûtant et touche au cœur de la cible (quand tu es en plein chaos affectif ou quand tu lis tout ce qui touche à la famille ou avec des mères sur la corde raide). C'est tout bon !
©2018 Éditions Gallimard (P)2019 Éditions Gallimard
- Lu par : Violaine Huisman
- Durée : 7 h 30 env.
- Version abrégée
Ce premier roman raconte l'amour inconditionnel liant une mère à ses filles, malgré ses fêlures et sa défaillance. Mais l'écriture poétique et sulfureuse de Violaine Huisman porte aussi la voix déchirante d'une femme, une femme avant tout, qui n'a jamais cessé d'affirmer son droit à une vie rêvée, à la liberté.
Violaine Huisman met en voix ses propres mots et livre une déclaration d'amour bouleversante. Une lecture d'une rare intensité. Note de moi-même : excellente perfomance ! Car il est rare qu'un auteur soit aussi bon lecteur... hé oui.
Disponible en collection Folio (n° 6631)
PRIX LITTÉRAIRE DE L'ENS CACHAN 2019
PRIX FRANÇOISE-SAGAN 2018
PRIX MARIE CLAIRE DU ROMAN FÉMININ 2018
Ça peut pas faire de mal : Les femmes écrivains, lu et commenté par Guillaume Gallienne
Cette émission radio, diffusée sur France Inter, est excellente ! Elle m'accompagne souvent sur les routes des vacances et offre à découvrir un large panel de lectures et d'univers littéraires.
Cette fois, ce sont les femmes écrivains qui sont à l'honneur. De grandes dames comme Marguerite Duras, Annie Ernaux, Simone de Beauvoir et Marguerite Yourcenar. Comme le souligne Leïla Slimani en préface, il n'existe pas d'écriture féminine mais il y a une urgence pour les femmes à raconter leur histoire. « À lever le voile sur des expériences, des émotions, des combats qui ont été trop longtemps passés sous silence. L'avortement. Le viol. L'érotisme. La maternité. La domination sociale et le combat pour la liberté. »
Toutes ont aussi puisé dans les livres une émancipation, une échappatoire. Elles ont bouleversé l'ordre, changé de classe sociale, affronté le regard des autres, bousculé la pudeur. Elles ont ainsi fait preuve de courage, de lucidité ou de tendresse à raconter leur parcours. Leurs romans évoquent des femmes qui s'affranchissent, qui font des études, qui aiment librement, qui se détournent du patriarcat. Tous les quatre nous touchent à leur façon et pourraient encore éveiller des consciences endormies. Hé-ho, ça se passe ici et ça peut pas faire de mal !
J'ai donc passé deux heures trente fabuleuses à me bercer de mots, de musique d'ambiance et d'extraits de romans où l'on respire un parfum quelque peu suranné... j'aime beaucoup !
"C'est un drôle de truc, l'écriture."
Marguerite Duras
"Être femme, c'est le résultat d'une histoire."
Simone de Beauvoir
"Il est des livres qu'on ne doit pas oser avant d'avoir dépassé quarante ans. On risque avant cet âge de méconnaître l’existence des grandes frontières naturelles qui séparent l'infinie variété des êtres."
Marguerite Yourcenar
"Il n’y a pas de vraie mémoire de soi."
Annie Ernaux
©2018 France Inter (P)2019 Editions Gallimard
- Lu par : Guillaume Gallienne
- Série : Ça peut pas faire de mal, Volume 5
- Durée : 2 h 30 env.
Guillaume Gallienne rend hommage avec délice à quatre grandes écrivaines, accompagné au piano par Philippe Dubosson et au violoncelle par Ernesto Insam. L’écoute en classe de ce CD est autorisée par l’éditeur.
Voix off, de Denis Podalydès
Voilà un journal qui trouve admirablement écho en l'amoureuse des mots et des livres audio que je suis ! ...
Denis Podalydès est un personnage attachant dont j'ai apprécié le portrait profond et émouvant qu'il dévoile. Sans aucun narcissisme, mais avec un soupçon de philanthropie et beaucoup de pudeur.
L'homme se raconte à travers ses proches, sa famille, son enfance, ses cicatrices, ses débuts au théâtre, les hommes politiques, les acteurs admirés, les auteurs lus et aimés. Un vrai bouillon de culture.
Lorsque le comédien se livre pour la première fois à l'exercice du livre audio, il en sort mécontent et frustré. Pourquoi cette voix ? d'où vient-elle ? comment l'enrichir ... même si elle est déjà riche d'un héritage foisonnant, elle cache un homme et révèle une âme, non ?
Quelle belle réflexion qui amène à une lecture plus large et passionnante. J'ai été transportée dans ces bribes de vie aux accents nostalgiques, mais également drôles et sans mièvrerie.
©2008 Mercure de France (P)2019 Éditions Gallimard
- Lu par : Denis Podalydès
- Durée : 5 h 40 env.
« Est-il, pour moi, lieu plus épargné, abri plus sûr, retraite plus paisible, qu'un studio d'enregistrement ? Enfermé de toutes parts, en capitonné, assis devant le seul micro, à voix haute - sans effort de projection, dans le médium -, deux ou trois heures durant, je lis les pages d'un livre. Le monde est alors celui de ce livre. Le monde est dans le livre. Le monde est le livre. Je confie à la voix le soin de me représenter tout entier. Les mots écrits et lus me tiennent lieu de parfaite existence. Alors d'autres voix encore se font entendre, dans la mienne. »
Les Fiancés de l'hiver (La Passe-Miroir 1), de Christelle Dabos
Ce n'est pas faute d'avoir été prévenue : ce roman, tu verras, exhale un charme hypnotique contre lequel tu ne pourras guère résister. Au-delà de la magnifique couverture, c'est tout un monde, tout un univers qui s'ouvre à toi. Et c'est grandiose.
L'histoire, en quelques mots... Rien ne prédestinait Ophélie à quitter le cocon douillet de son enfance... si ce n'est ses fiançailles avec un inconnu (Thorn) et l'obligation de vivre loin de chez elle, auprès de sinistres individus qui la méprisent ou veulent lui faire la misère. Ophélie est une demoiselle très discrète, qui parle peu ou juste en murmurant. On dirait une petite souris grise, planquée dans son écharpe et derrière sa paire de lunettes, toujours le nez dans des livres. Peu aguerrie aux enjeux politiques et aux ambitions dévorantes, la demoiselle se trouve soudainement propulsée au cœur d'une arène froide et dangereuse...
Mais l'histoire n'a pas tout dit... des dons cachés, des dons singuliers, des pouvoirs convoités, des clans alliés et des clans ennemis, des contacts rapprochés, des discussions franches et des aveux d'indifférence... tout ça, tu le sauras en te procurant ce roman.
Vrai de vrai, cette lecture est imprégnée d'une aura fabuleuse et envoûtante. À peine les premiers mots collés sur le papier, ils nous aspirent et nous emprisonnent. Comme un enchantement magique : on n'a plus envie d'aller voir ailleurs et on se surprend à y penser jour et nuit. J'ignorais totalement dans quoi j'embarquais - j'ignorais tout de l'histoire de La Passe-Miroir - une véritable prouesse depuis le temps que la série rôde autour de moi avec des yeux aguicheurs - et pourtant j'ai résisté vaillamment car je refusais de souffrir l'attente des parutions.
L'annonce du dernier tome approchant, j'ai donc profité de la découverte en livre audio pour plonger dans cet imaginaire extraordinaire. C'est indescriptible à raconter. Tous ceux qui avaient déjà succombé m'avaient averti que ce roman avait un pouvoir magnétique.
Ils avaient raison.
Donc je n'en dévoile pas davantage : juste cédez à la tentation !
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©2013 Éditions Gallimard Jeunesse. Couverture illustrée par Laurent Gapaillard (P)2019 Éditions Gallimard Jeunesse
- Lu par : Clotilde Seille
- Durée : 14 h env.
Alors, cette version audio ?
Il y a du bon et du moins bon : l'interprétation est élégante mais peu enjouée... Le ton est grave, assez pesant. Et parfois cela plombe l'ambiance. Par contre cela n'a pas été rédhibitoire non plus. Certes, je n'aurais probablement pas imaginé la voix des personnages de cette façon... mais cette impression (mitigée) se dissipe au fil du temps.
En tout cas, c'est un livre audio parfaitement exécuté pour une série qui était fortement attendue !!! Merci.
Pour info : le livre 2 sort en format audio courant JANVIER 2020. ♥
La Passe-miroir est le lauréat du concours du premier roman jeunesse
organisé par Gallimard Jeunesse, RTL et Télérama.
Venise n'est pas en Italie, par Ivan Calbérac
Émile, quinze ans, craque pour Pauline, musicienne et passionnée de cinéma. Il a suffi d'une simple balle de ping-pong pour lui mettre la tête à l'envers. Depuis, il ne cherche qu'à lui plaire et attirer son attention. La patience aidant, le garçon est invité à l'accompagner pour un concert à Venise.
Son cœur manque d'exploser dans sa poitrine. Ne reste plus qu'à convaincre ses parents pour acheter le billet de train, et alors... en avant la dolce vita ! Seulement, rien ne va se passer comme prévu. Mouise après mouise, Émile croit sa chance lui échapper. Mais il va s'accrocher - il n'est pas prêt de renoncer à son rêve - et s'embarque pour une aventure pleine d'émotions.
Au programme, l'histoire réserve pas mal de dérision et de tendresse. Elle croque surtout le portrait d'une famille haute en couleurs - les Chamodot sont des gens extraordinaires aux apparences terriblement ordinaires. Pour Émile, la cohabitation n'est pas simple. Il faut dire que le garçon a un peu honte des siens tandis que Pauline est habituée au velours, au faste et au grand luxe.
Très peu pour la famille d'Émile, qui vit en caravane sur un terrain embourbé et qui s'imagine qu'on peut teindre les cheveux en blond pour paraître différent. Ça peut sembler saugrenu - et parfois on atteint les limites du cocasse - mais l'émotion n'est jamais loin pour révéler la vérité derrière les faux-semblants.
Et je ne regrette absolument pas d'avoir découvert ce roman en format audio - le comédien est franchement top. Son interprétation est enjouée, propre au fatalisme des adolescents, elle incarne le désarroi amoureux, les affres du premier amour, l'espoir et les désillusions en vrac. C'est pertinent, entraînant. Sûr que ce voyage entre Montargis et Venise surprend mais l'expérience est pleinement revigorante. Très, très chouette lecture !
©2015 Flammarion (P)2017 Éditions Gallimard
- Lu par : Thomas Solivérès
- Durée : 7 h env.
Fahrenheit 451, de Ray Bradbury
Guy Montag mène une vie tout à fait ordinaire, il est marié à Mildred depuis dix ans, une union sans accroc et sans peps. Il est aussi pompier, mais attention, son métier ne consiste pas à éteindre les incendies, c'est tout le contraire. Jour après jour, il part en mission avec son équipe et met le feu aux livres ! Puis il rentre chez lui, avec le sentiment du devoir accompli.
C'est après sa rencontre avec sa jeune voisine de 17 ans suivie de l'opération de trop (chez une vieille dame vivant seule parmi ses montagnes de livres) qu'il va peu à peu prendre conscience de son existence en dérive. Après tout, que renferment les livres ? quel pouvoir possèdent-ils pour nécessiter des mesures radicales ? Montag songe pour la première fois à y réfléchir plus longuement. Un choix non sans conséquence.
Grand classique de la littérature, paru en 1953, Fahrenheit 451 ne vieillit pas. Son message est même hélas toujours d'actualité : le désamour du public envers les livres au profit de technologies plus modernes. Oui, mais à force d'ôter à la société une diversité de réflexion, d'évasion et d'imagination, ne va-t-on pas vers une vision étriquée de notre existence ? des cerveaux éteints ou lobotomisés par une somme d'informations artificielles et peu subversives ? D'où le risque de tirer profit d'une société rendue docile et malléable...
Tout ça, Montag l'analysera à force de pousser les murs, de croiser des rêveurs, d'interroger des philosophes. Ainsi, notre homme va glisser incidemment vers la résistance et la clandestinité, devenir son propre ennemi et être la nouvelle cible de ses collègues. Cette lecture fait franchement froid dans le dos. Elle produit aussi un effet hypnotique qui conduit le lecteur à écouter cette voix sentencieuse. J'ai été fascinée par Christophe Montenez, par son énergie, par sa gravité, par sa condamnation muette. Par contre, c'est vrai que je m'attendais à un récit plus dynamique ou au rythme plus soutenu. La portée du texte est renversante, mais c'est aussi une lecture un poil exigeante et qui aurait pu devenir fastidieuse si elle avait été plus longue. En bref, j'ai été charmée par le livre audio, l'interprétation est extraordinaire, bouleversante et percutante. C'est le format qui me convenait. En plus, je suis contente d'avoir enfin percé le mystère de cette œuvre souvent citée en exemple en littérature, il existe d'ailleurs pas mal d'ouvrages qui s'en sont inspirés comme La Brigade l'œil de G. Guéraud (que je recommande).
©1995 Éditions Denoël. Traduit par Jacques Chambon et Henri Robillot (P)2018 Éditions Gallimard, coll. Écoutez Lire
- Lu par : Christophe Montenez
- Durée : 5 h env.
J'ai encore menti ! de Gilles Legardinier
Laura chute de son poney lors d'une banale randonnée. Elle se réveille sur un lit d'hôpital, la mémoire en vrac. D'abord, elle se prend pour une reine de l'Antiquité puis réalise qu'elle se comporte comme une fillette face à la vie dont elle a égaré le mode d'emploi.
Finalement, ce nouveau départ lui donne l'occasion de revoir son existence de A à Z car rien de reluisant n'en découlait jusqu'alors (boulot, famille, amour... total flop). Laura replonge donc dans un apprentissage en mode accéléré et nous fait partager ses expériences particulièrement cocasses.
Malheureusement, les situations sonnent également éculées : l'humour de l'auteur est réchauffé et pèse lourd dans la balance. En fait, j'avais un sourire crispé à l'écoute de cette aventure qui n'offrait rien de neuf, rien de pétillant. Que du déjà lu. Pour la première fois, je trouvais que ça coinçait.
Le résultat m'a semblé vite bancal : l'histoire est lente et longue à démarrer. On s'attarde sur une Laura en mode reset et confrontée aux vicissitudes du monde moderne (l'électricité ou l'imprimante). À vrai dire, ça m'a semblé ridicule et poussif.
Je ne vais d'ailleurs pas être tendre avec le personnage de Laura, tellement niaise et agaçante. Lors d'une soirée de vieux camarades d'école, elle est accostée dans le noir par un admirateur secret. Entre nous, j'ai trouvé ça flippant et limite psychopathe. Dès lors, Laura aussi va s'interroger sur son entourage et imaginer un traqueur obsessionnel à ses trousses !
Je sais bien que l'optique de Gilles Legardinier est d'offrir une lecture sans prétention et qui met du baume au cœur. Je suis habituellement une lectrice comblée, d'où ma joie de découvrir chaque nouveau roman, promesse d'évasion et de folie douce. Or, cette fois, l'entreprise a échoué. On croirait davantage une grosse farce idiote et insensée. J'ai totalement bloqué.
Quelle déception. Encore un rendez-vous loupé... qui s'ajoute aux précédentes déconfitures, cf. Une fois dans ma vie et Le premier miracle (je ne parle même pas de Comme une ombre sorti opportunément des tiroirs). Ouhlàlà.
Le format audio proposé par la collection Écoutez Lire chez Gallimard manque également de fantaisie (aucune réalisation sonore) : la voix de Céline Espérin n'est pas désagréable mais résonne dans le vide, ce qui inspire une sensation déconcertante.
Chassons cette amertume et espérons de prochaines retrouvailles plus convaincantes !
©2018 Flammarion (P)2018 Éditions Gallimard. Collection Écoutez Lire
- Lu par : Céline Espérin
- Durée : 11 h 30 env.
Vers la beauté, de David Foenkinos
Antoine Duris était professeur aux Beaux-Arts de Lyon quand il a décidé de tout plaquer pour devenir gardien au Musée d'Orsay. Rupture amoureuse difficile ? L'homme ne laisse rien transparaître. Lui semble se satisfaire d'être “au plus près de la beauté”. Il pourrait en effet contempler des heures les œuvres de Modigliani, quitte à mettre son grain de sel dans les exposés de son collègue... qui voit rouge. Ceci n'est pourtant qu'une mascarade. Car Antoine porte en lui le souvenir d'une étudiante au destin tragique. Camille avait seize ans, c'était une jeune fille brillante et passionnée par la peinture. Mais du jour au lendemain, son monde a chaviré. Son humeur s'est terni. Camille était prisonnière d'un drame qu'elle ne pouvait confier à personne.
Un matin, Antoine décide de kidnapper sa directrice, Mathilde Mattel, et se rend dans un cimetière pour alléger son fardeau. L'heure de vérité va enfin sonner. Malheureusement, je sors de cette lecture mi-figue mi-raisin. Au départ, cela ressemble totalement à un roman de David Foenkinos : primesautier, parisien, élégant, galant... Ce n'est pas ce que j'affectionne, mais cela reste un domaine familier donc tout à fait confortable. Vient ensuite l'histoire de Camille... comme un prolongement de Charlotte, son précédent succès littéraire. Ambiance plus lourde, plus sombre, plus pesante. On plonge dans le cauchemar de l'adolescente. Tellement douloureux et dévastateur. On vit sa descente en enfer, la spirale infernale de son traumatisme. Dur, dur.
L'heure est au recueillement, hélas j'avais hâte d'en sortir même si la lecture est courte (5h environ). Le texte est lu par Xavier Béja (très bon) dont l'empathie est sincère et transparente. On ressent comme lui de la compassion, du dégoût, du désœuvrement. C'était au final une expérience déconcertante mais, je le crains, peu amène et enthousiasmante. Le chagrin qui colle à ce roman est trop profond, trop grave. Ce n'était pas idéal en cette saison.
©2018 Éditions Gallimard (P)2018 Éditions Gallimard, coll. Écoutez Lire
- Lu par : Xavier Béja
- Durée : 5 h env.
L'intérêt de l'enfant, de Ian McEwan & lu par Marie-Christine Barrault
Juge aux affaires familiales, Fiona Maye mène une carrière exemplaire. Elle ne compte pas ses heures ni son dévouement face aux cas les plus conflictuels. Elle a pleinement conscience de paraître distante et froide, et est souvent décrite comme étant “divinement hautaine, diaboliquement intelligente”. Mais son ambition a également fragilisé sa vie de couple, actuellement dans l'impasse depuis que son mari a exprimé sa lassitude et son désir d'une aventure extraconjugale. Fiona tombe des nues et ne cache pas sa colère. Elle n'aura pas trop le temps de s'appesantir car déjà un dossier urgent réclame son attention : Adam Henry, 17 ans, atteint de leucémie. Les parents sont témoins de Jéhovah et refusent tout traitement sanguin, au nom de leurs croyances. Les médecins ont saisi la justice et Fiona décide de rencontrer le jeune malade. Là, elle découvre avec surprise un garçon sensé et sensible, amoureux des mots et de musique. Une longue discussion s'engage, en attendant le verdict.
Indéniablement, le roman questionne et interpelle. Il évoque aussi bien l'intérêt de l'enfant que la valeur des libertés individuelles, la responsabilité humaine, celle du juge ou des parents, la volonté personnelle ou celle de la communauté... Autant dire que c'est extrêmement pointilleux (presque assommant). Et dans ce registre, la voix grave de Marie-Christine Barrault en impose !
Au bout du compte, l'histoire n'a pas une grande portée émotionnelle. Les personnages sont apathiques et l'affaire Adam Henry n'est finalement qu'un diablotin surgissant de sa boîte pour chiffonner la belle image d'une magistrate trop brillante. L'auteur tire concrètement son épingle du jeu en tissant une ambiance particulière et étrange (ou particulièrement étrange), et qui inspire des sentiments contradictoires. La lecture proposée par Marie-Christine Barrault est impeccable : justesse, sobriété et dignité.
Trad. de l'anglais par France Camus-Pichon
Collection Écoutez lire, Gallimard (2018)
Comme une ombre, de Pascale & Gilles Legardinier
Je n'ignorais pas que ce roman avait été écrit sur commande à une époque où Gilles Legardinier galérait pour se faire éditer. L'homme se gaussait des romances à la Barbara Cartland et avait fait le pari de proposer à son tour une aventure sentimentale. Voici donc le fruit de son labeur - version revue et corrigée aux goûts du jour - mais c'est tout de même très éloigné des romans qui ont depuis fait son succès. Je ne vous cache pas ma déception...
Alexandra est une belle jeune femme qui aime parcourir le monde sur les sites archéologiques, mais son millionnaire de père tremble pour sa sécurité et l'oblige à voyager avec un cerbère. Notre demoiselle rebelle supporte mal cette surveillance constante et s'amuse à faire tourner en bourrique chaque garde du corps.
C'en est trop pour son père, qui embauche finalement un vrai mercenaire - promu à assurer la sécurité du président américain - sans rien dire à sa fifille. Tom Drake entre alors en scène. Décrit en des termes de killer - mâchoire carrée, voix grave et yeux de braise - on frémit d'avance...
Entre la belle et son garde du corps, bien sûr le courant ne passe pas. Ils ont tous deux ont des caractères de chameau et aucun ne veut céder à l'autre une part de raison. Alexandra se comporte comme une enfant gâtée (même si elle se sent blessée d'être prise pour une bécasse sans cervelle). Tom veut montrer qu'il est seul maître à bord (mais comprend tardivement que c'est un gros lourdaud aux jugements hâtifs).
On tombe vite dans les rouages d'une romance classique et saupoudrée d'action avec un kidnapping interminable (à lire pour le plaisir des scènes nunuches et les clichés à la pelle). Les personnages sont risibles ou aveugles ou nigauds ou grotesques (au choix). Je ne confierai certainement pas ma vie à ce Tom Drake - qu'est-ce qu'il est long à la détente ! Sérieusement, j'aime beaucoup Gilles Legardinier donc je vais fermer les yeux mais je le préfère dans un autre registre. Moi je veux de l'humour, de l'humour et encore de l'humour.
J'ai ainsi été agréablement surprise par la nouvelle qui clôt cette lecture : « Mange le dessert d'abord » se déguste en une bouchée tout à fait digestive. Cela m'a d'ailleurs fait oublier tout le reste ! Car le reste est tout à fait dispensable.
Gallimard coll. Écoutez Lire (2018) - Lu par Anatole de Bodinat
Anatole de Bodinat nous entraîne dans le périple d’une jeune fille téméraire et intrépide. L’homme qui la suivra comme son ombre n’est pas au bout de ses surprises... (résumé de l'éditeur)