Écoutez lire : Les Minuscules, de Roald Dahl
#Challenge Halloween - Étape 1 : Le 5 octobre 2015
Il est minuit : en route ! Un chemin sinistre et perdu dans la lande vous attend. A moins que vous ne décidiez de vous aventurer dans la Forêt des Damnés. A vous de choisir !
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Malgré les nombreuses tentatives de sa mère, qui cherche à l'éloigner de la forêt en lui racontant les pires légendes, Petit Louis rêve d'échapper à sa surveillance pour explorer les lieux interdits. Imaginez donc une contrée hantée par des Griffomings, des Ecornouflons, des Tarloubards ou des Kpoux vermicieux... C'est trop tentant. Notre petit garçon intrépide cède à la tentation et franchit la limite. Et l'aventure l'attend au tournant - une créature, l’Engoulesang, le poursuit en formant « deux énormes nuages de fumée rouge orangée » suivis du « SHWAOUSH ! VRAOUSH ! » terrifiant. L'enfant se rue dans le premier arbre venu et fait alors la rencontre du peuple des Minuscules.
Ce conte est magique et fascinant. Il distille juste ce qu'il faut de suspense et de peur pour impressionner un enfant en créant un véritable imaginaire autour de la forêt et ses occupants. La lecture s'écoute en seulement 40 minutes, dans une ambiance neutre (pas de réalisation sonore - quel dommage !). Mais Roald Dahl impressionne par sa maîtrise de tenir en haleine et de nous enchanter par sa fantaisie et son univers merveilleux. Une belle découverte pour une lecture à découvrir à tous les âges.
« C’est sûrement l’ Engoulesang ! cria l’enfant. Maman m’a dit qu’il crache de la fumée quand il poursuit quelqu’un. C’est l’horrible Engoulesang Casse-Moloch Ecrase-Roc Il va m’attraper, me sucer le sang, me casser le Moloch, m’écraser le Roc et me tailler en petits morceaux ; et puis il me recrachera comme de la fumée et ce sera fini de moi ! »
Gallimard jeunesse / coll. Écoutez Lire ♦ Septembre 2015 ♦ Lu par Christian Gonon de la comédie-française ♦ Traduction de Marie Saint-Dizier
Écoutez lire : Le Camembert volant, de Jean-Philippe Arrou-Vignod
Se languir des vacances & patienter en retrouvant la fabuleuse famille des Jean Quelque-Chose... ♥
Je ne me lasserai jamais des aventures de cette famille comptant six garçons, tous baptisés Jean, classés par ordre alphabétique, et dont l'entente ressemble à celle des grandes fratries : chamaillerie incessante, mais complicité à toutes épreuves.
Cette fois, la famille doit déménager de Cherbourg pour Toulon. En attendant, les enfants sont envoyés à la campagne, chez Papy Jean, où les attendent de belles parties de pêche ou de Monopoly. Cela transpire l'insouciance, l'inventivité et la rigolade, avec au programme : les jeux de plein air, les batailles de polochon, les douches froides dans le cabanon, les lampes de poche sous la couverture pour lire le soir, le front commun contre les cousins vantards... Et rire de plaisir, parce que Jean-A « s'écrase comme un yaourt nature sur la descente de lit » ou parce que Jean-C est pelotonné dans l'armoire embarquée par les déménageurs et ne s'arrête plus de compter.
Quelle péripétie ! Toutes ces anecdotes sont galvanisantes, sources de bonne humeur et rallument instinctivement de bons vieux souvenirs. C'est autant pour l'humour, la tendresse et la nostalgie qu'elle inspire que j'apprécie cette série. Et l'énergie prodiguée par Laurent Stocker, notre lecteur, sert avec bonheur et émotion cette chronique familiale, également le keepsake de l'auteur, où forcément on retrouve un peu de notre propre vécu ! ;-)
Gallimard jeunesse, coll. Écoutez Lire / mai 2015 ♦ Illustrations de Dominique Corbasson ♦ Texte lu par Laurent Stocker de la Comédie Française (env. 2h 30)
Écoutez Lire : Cucu la praline, de Fanny Joly
Crever de chaud & se désaltérer en écoutant les aventures d'Angèle Chambar, 8 ans.
Notre mistinguette a pour son malheur deux grands frères, Victor et JM, qui prennent plaisir à la taquiner du sobriquet de Cucu la praline. Elle déteste ça. Aussi, redouble-t-elle de malice pour se venger de leur bêtise légendaire !
Angèle est une héroïne astucieuse et espiègle, qu'on adore soutenir dans sa guérilla contre ses aînés (cf. le piège des bonbons, ah ah !). Cela vous transporte aussi dans le quotidien ordinaire d'une famille (qui cherche à mettre les petits plats dans les grands pour séduire le responsable d'un comité floral, au cours d'une soirée mémorable !).
Et ce sont ainsi 3 histoires courtes à lire ou écouter, au son de la voix de Fanny Joly, l'auteur de cette série délicieuse. La saison est propice aux livres audio (plage, transport, farniente, soleil). Je ne répèterai jamais assez la praticité d'un tel format à adopter sans rechigner ! ;-)
Gallimard jeunesse, coll. Écoutez Lire / mars 2015 ♦ Illustrations de Ronan Badel
Les Années, par Annie Ernaux
Le récit s'ouvre sur un album-photos que consulte l'auteur, comme pour se souvenir ou se raconter une histoire. Celle d'une fillette qui grandit au lendemain de la guerre, dans la petite ville d'Yvetot, adolescente engoncée, élève brillante, jeune femme impatiente, entre la Normandie et Paris...
Mais le tableau ne s'attache à aucun point, le regard survole et s'échappe de toute ébauche autobiographique pour se focaliser sur l'époque et livrer une rétrospective globale.
C'est alors un drôle de récit qu'on écoute, au son de la belle voix de Marina Moncade, un récit sur les années écoulées, au rythme du chamboulement politique, économique et social des quatre dernières décennies, un récit qui nous rappelle notre enfance, celle de nos parents ou grands-parents, et qui mêle aussi le parcours de l'auteur. Touchant, sans être attachant. Sensible, mais pas nostalgique.
On retient de ce diaporama des bribes d'anecdotes plus ou moins intéressantes, débitées sur un ton volontairement neutre et impersonnel. Et hélas trop distant. On attend simplement du lecteur d'être attentif mais peu impliqué, inutile d'envisager de se fondre ou d'écouter d'une traite ce récit au déroulement assez glaçant.
Je ne sais pas si cette absence d'émotion est liée à l'écoute, ou si la lecture impose tout simplement des barrières. Toujours est-il qu'une découverte par petites bouchées serait mieux indiquée.
Gallimard / Écoutez Lire ♦ avril 2015 ♦ texte lu par Marina Moncade (durée : env. 7 h)
L'écoute en classe du CD est autorisée par l'éditeur.
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« Sauver quelque chose du temps où l'on ne sera plus jamais. »
Réparer les vivants, de Maylis de Kerangal
« Le cœur de Simon migrait dans un autre endroit du pays, ses reins, son foie et ses poumons gagnaient d'autres provinces, ils filaient vers d'autres corps. Que subsistera-t-il, dans cet éclatement, de l'unité de son fils ? Comment raccorder sa mémoire singulière à ce corps diffracté ? Qu'en sera-t-il de sa présence, de son reflet sur Terre, de son fantôme ? Ces questions tournoient autour d'elle comme des cerceaux bouillants puis le visage de Simon se forme devant ses yeux, intact et unique. Il est irréductible, c'est lui. Elle ressent un calme profond. »
J'étais curieuse de lire ce livre, plus pour la notoriété de l'auteur, dont j'apprécie beaucoup la couleur littéraire, mais le sujet ne m’attirait pas plus que cela. Certes, M. de Kerangal aborde un sujet essentiel (le don d'organes) mais ne fait preuve d'aucun sentimentalisme en martelant son texte d'un ton réaliste, dur et implacable, assez perturbant.
On suit Simon avant son accident, puis on se retrouve à l'hôpital, au service Réa, avec l'équipe médicale, et enfin la famille abasourdie et sonnée par la nouvelle. Pour le coup, on se croit littéralement dans un film, la caméra est en mouvement perpétuel, elle zoome sur un plan, puis alterne les séquences, jongle avec les flashbacks ou s'évade vers d'autres horizons. Cette mise en scène stylée participe beaucoup au “spectaculaire” du livre, dont l'intensité dramatique est prégnante du début à la fin. Qu'on ne s'y trompe pas non plus, ce n'est jamais racoleur, jamais larmoyant, même si le contexte est éprouvant et vous retourne les tripes.
Malgré quelques longueurs et digressions plutôt décevantes, j'ai finalement tourné la dernière page en restant sans voix. Prise dans un tourbillon d'émotions, entre la tristesse, la conviction d'avoir fait le bon choix et la peur de n'avoir jamais à subir ça. La lecture est saisissante, tout en puissance et en subtilité.
Folio / avril 2015
Lu par l'auteur @ Écoutez Lire (durée : 7h 20)
La Dernière fugitive, de Tracy Chevalier
Honor Bright et sa sœur Grace quittent l'Angleterre pour rejoindre la nouvelle communauté de Quakers à Faithwell en Ohio. Las, après un long voyage éprouvant, Honor perd tragiquement sa sœur, emportée par la fièvre jaune. Elle poursuit donc seule son chemin, est recueillie chez Belle Mills, une modiste qui va mettre à profit les talents de brodeuse et de couturière de la jeune fille, et rencontre son frère Donovan, un redoutable chasseur d'esclaves.
Et de plonger ainsi dans une aventure basée au cœur de l'Amérique profonde de 1850, où l'on se croirait dans un western, avec ses bourgades à peine sorties de terre, ses cowboys chevauchant la poussière, ses fermiers trimant comme des dingues, ses préceptes moraux et dogmatiques, qui n'empêcheront pourtant pas notre héroïne d'affirmer une volonté farouche dès qu'il sera question de défendre ses idées. (Le “Chemin de fer clandestin”, emprunté par les esclaves en fuite, et la passivité de ses Amis la pousseront ainsi à braver les interdits.)
Cette lecture romanesque et passionnante est racontée en toute simplicité par Benjamin Jungers & Sarah Stern (qui lit les parties épistolaires), sans chichi, ni sentimentalisme exacerbé, en mêlant avec intelligence et dans un style élégant la fiction à un chapitre de l'histoire des États-Unis. Je me suis sentie naturellement transportée et suis tombée sous le charme, encore une fois, de la plume de T. Chevalier. Le texte audio a été abrégé en collaboration avec l'auteur (durée d'écoute : 8 h 30) pour un récit plus captivant et pleinement enthousiasmant.
Gallimard, coll. Écoutez Lire ♦ Février 2015 ♦ Traduit par Anouk Neuhoff [The Last Runaway]
Texte abrégé en collaboration avec l'auteur ♦ Lu par Benjamin Jungers & Sarah Stern ♦ Durée d'écoute : 8 h 30
Les Souvenirs, de David Foenkinos
« Comment puis-je laisser cette femme qui m'a tant aimé, qui m'a consolé, qui m'a fait des soupes et des moussakas, comment puis-je la laisser là ? »
J'ai beaucoup aimé le début du récit, qui évoque avec tendresse et mélancolie, la famille, les souvenirs d'enfance, la vie conjugale, la vieillesse, le deuil etc. Après la mort de son grand-père, le narrateur tente d'adoucir le quotidien de sa grand-mère en lui rendant visite dans sa maison de retraite. Un jour, elle se fait la belle et lui adresse une carte postale énigmatique, l'invitant à partir à sa recherche.
Toute la première partie est un vrai régal à lire et raconte une histoire universelle qui touche et fait réfléchir. J'étais enchantée et émue d'y trouver des bribes de souvenirs plus personnels. Malheureusement mon enthousiasme a été douché avec l'apparition de Louise. Le grand amour du narrateur. Et l'auteur de basculer dans ce qu'il affectionne tant, la vie de couple, sa banalité et son échec. À partir de là, je me suis beaucoup ennuyée.
Au micro, Loïc Corbery tente une approche compatissante, d'une voix posée, sans emphase. Cela peut sembler fastidieux pendant 8 heures d'écoute, sauf si l'on considère que ce récit s'écoute par petites touches pour en apprécier pleinement l'impact émotionnel. La deuxième moitié du récit n'échappe malheureusement pas au sentiment de vide et de niaiserie que m'a inspiré la relation amoureuse. Dommage d'avoir bouclé ce tour de piste sur une note aussi amère et désabusée...
Gallimard, coll. Écoutez Lire, janvier 2015 ♦ texte lu par Loïc Corbery, de la Comédie-Française (env. 8 h)
À noter aussi que Jean-Paul Rouve vient d'adapter le roman en une comédie vraisemblablement enjouée et pleine de sensibilité, d'après la bande-annonce.
Charlotte, de David Foenkinos
« Charlotte a appris à lire son prénom sur une tombe. »
David Foenkinos retrace la vie de Charlotte Salomon, une artiste peintre juive, née à Berlin, réfugiée dans le sud de la France pour fuir la montée du nazisme, et déportée en 43 à Auschwitz où elle trouvera la mort à seulement 26 ans. Jeune femme au tempérament fragile et morose (le suicide était une récurrence dans son histoire familiale), elle avait trouvé dans la peinture un exutoire à ses crises d'angoisse et de désespoir.
Et c'est bien là le problème, car j'ai trouvé la lecture très, très déprimante. Le style, sans fioriture, n'est pas plus passionnant qu'une note biographique piochée dans une encyclopédie. On discerne la quête obsessionnelle de l'auteur dans son désir de comprendre l'artiste et de nous faire partager ses mystères, sans jamais chercher à supplanter la véritable héroïne, Charlotte. Sa posture reste en retrait, et c'est tout à son honneur.
Malgré les bonnes intentions de l'auteur, le récit m'a semblé sans vie, sans flamme, sans passion. La voix du comédien est calme et posée, proposant une écoute pleine de retenue mais assez plate. Résultat, le portrait de cette jeune femme douée, tétanisée par les spectres de la mort, et qui connaîtra une destinée tragique, ne m'a pas touchée outre mesure, du fait de l'exécution clinique et froide du récit. Je suis assez déçue.
Gallimard, coll. Écoutez Lire, janvier 2015 ♦ Lu par Yves Heck (durée : 5 h 15) ♦ L'écoute en classe de ce CD est autorisée par l'éditeur.
La Garçonnière, d'Hélène Grémillon
Le psychiatre Vittorio Puig est accusé du meurtre de sa femme (la belle Lisandra a été retrouvée morte défenestrée, au pied de son immeuble). Eva Maria, une de ses patientes, cherche à le disculper en menant sa propre enquête. Pour cela, elle doit fouiller le passé de la victime, mais aussi écouter toutes les séances de psy enregistrées sur cassette, à l'insu des patients. Or, ses découvertes vont mettre à mal ses convictions et réveiller ses vieux démons.
L'histoire réserve de nombreux tours de passe-passe où se mêlent des hommes et des femmes aux parcours traumatisants. Nous sommes à Buenos Aires, en 1987. Le pays se sent encore lourd des séquelles laissées par la dictature militaire, les familles pleurent leurs disparus, bourreaux et victimes n'ont pas tourné la page. Ce livre est un trou béant de détresse, que vivent des mères et des épouses, mais pas seulement. C'est assez tendu comme ambiance.
Et l'auteur de jongler entre cet héritage historique et le mystère de Lisandra, supputant les théories les plus folles. Héroïne tragique ou maîtresse de son sort ? L'histoire ne dit pas tout et cultive les zones d'ombre à la façon d'un polar. Suspense à foison, pistes multiples et compliquées, embrouillamini de versions pour une seule et même vérité (et encore ?). On gobe tout. J'émets, toutefois, une petite réserve sur la révélation finale, assez perturbante et plutôt mal venue... mais cela n'altère pas mon enthousiasme général.
Cette lecture bénéficie aussi d'une interprétation talentueuse grâce à un casting exceptionnel (Elsa Lepoivre, Danièle Lebrun, Jennifer Decker, Thierry Hancisse, Michel Favory et Thierry Frémont). C'est comme voir une pièce de théâtre se jouer sous notre nez, pour une exécution enlevée et parfaitement maîtrisée, qui pousse l'auditeur à zigzaguer entre soupçons et mensonges, traquant le moindre indice, en vain. Une lecture brillante et captivante !
Gallimard, coll. Écoutez Lire, janvier 2015 ♦ Lu par Elsa Lepoivre, Danièle Lebrun, Jennifer Decker, Thierry Hancisse, Michel Favory et Thierry Frémont (durée d'écoute : 7 h 30)
La Sorcière dans les airs, de Julia Donaldson & Axel Scheffler
C'est l'histoire d'une sorcière rousse, avec une longue tresse, un chapeau noir très haut et un chat plein d'adresse, qui aime voler sur son balai magique. Mais quand la brise capricieuse vient la décoiffer, dénouer sa tresse ou lui chiper sa baguette, il faut alors retourner sur terre, mettre la main sur l'objet perdu et reprendre son envol.
À tour de rôle, un chien, une grenouille et un oiseau viennent à sa rescousse et sont embarqués illico sur son balai pour une virée dans les airs. Gare au dragon dévoreur de sorcière, au délicieux goût des pommes frites ! Il en crache de bonheur et se pourlèche les babines. D'effroi, la sorcière culbute les quatre fers en l'air, suivie par sa joyeuse troupe.
Le repas est servi !
L'histoire ainsi nous transporte dans un univers coloré et attendrissant, dont l'action se base sur le comique de répétition, et bénéficie d'une narration en vers, qui roule sur le langue et fait papillonner de bonheur le lecteur, petit ou grand, le plaisir est partagé. Le livre est accompagné d'un CD audio de 15 minutes, avec une histoire racontée par Raphaëlle Goupilleau, agrémentée de jeux d'écoute.
Existe aussi un court-métrage de Max Lang.
Gallimard jeunesse, coll. L'Heure des histoires, février 2015