Luis, il a une langue d'oiseau...
Au départ, je n'ai pas été particulièrement interpellée par la couverture de cet album. C'est en glissant un coup d'oeil sur l'histoire et les illustrations que le coup de coeur a réellement eu lieu.
C'est l'histoire d'un garçon de six ans et de son grand-père. Luis est d'origine espagnole, il a tout quitté pour s'installer dans un nouveau pays dont il ne connaissait pas la langue. Il a gagné sa croûte, il n'a pas eu d'enfance heureuse, et non il ne sait ni lire ni écrire. A la place, il connaît les plantes sauvages et les oiseaux des bois. Il sait aussi dessiner, comme le Douanier Rousseau. C'est un homme fort, courageux et admirable. L'été, il aime jouer de la guitare sous le cerisier en poussant la chansonnette. Et lorsque son petit-fils lui fait la lecture d'une double page d'une poésie de Prévert, le pépé à son tour lui fait cadeau d'une guitare rien que pour lui.
C'est un texte à savourer en toute simplicité pour en apprécier toute la sérénité. Il y a aussi beaucoup de poésie derrière la tendresse manifestée entre l'enfant et l'adulte. Ce dernier maltraite la langue française, à sa façon, mais peut-on lui reprocher de mettre les poings sur les îles au lieu des i ? Non, assurément pas. Et quelle beauté derrière les illustrations de Violeta Lopiz ! N'hésitez pas à découvrir son univers : http://violetalopiz.blogspot.com/
Les poings sur les îles, par Elise Fontenaille et Violeta Lopiz (Rouergue jeunesse, 2011)
Pêle-Mêle Clarabel
La reine des chats ~ Elise Fontenaille
Nina porte un amour fou pour son chat Mina. Depuis la naissance de son petit frère, suivi par le déménagement dans un appartement sans jardin, la fillette a perdu ses repères et se console auprès de son animal et des deux chatons qu'elle vient de mettre bas. Et puis le petit frère tombe malade, les médecins informent les parents qu'il est allergique aux poils de chats et qu'il faut se séparer de Mina et ses petits. Nina ne l'accepte pas et préfère fuguer. Elle se réfugie dans un parc où elle rencontre une princesse gothique, qui l'emmène chez elle, dans sa maison biscornue où vivent déjà sept chats !
C'est une histoire inspirée d'une expérience personnelle, raconte l'auteur à la fin du roman. Mais au lieu d'être triste et injuste, son histoire se veut plus optimiste car tout se termine bien. Moi qui aime la collection ZigZag parce qu'il y a beaucoup de fraîcheur dans ses livres, je n'ai pas été déçue par ce titre, pas transportée non plus, car j'ai trouvé que c'était un titre - et c'est normal - plutôt enfantin. Par contre, je suis tombée en admiration devant les illustrations de Céline Le Gouail, tellement expressives, tendres et attachantes, elles réinventeraient presque le livre à elles toutes seules (enfin, ne minimisons pas le travail d'Elise Fontenaille non plus !).
Pour les jeunes lecteurs, notamment ceux qui adorent les chats ou qui ont un animal de compagnie à la maison, ils seront comblés par cette histoire riche en émotions !
Coll. ZigZag du Rouergue (février 2010) - 6,50€
L'été à Pékin ~ Elise Fontenaille
La meilleure amie de Valentine, Nikita, vient de partir en Chine avec son père pour une durée de deux ans. Valentine est malheureuse comme les pierres, elle se sent seule et abandonnée. Même les liens de l'internet peinent à raccomoder le fil détendu, la demoiselle n'a plus le moral.
Pris de compassion, ses parents lui proposent de lui payer un voyage à Pékin si Valentine parvient à faire augmenter sa moyenne en maths. Le pari est risqué mais tous les moyens sont bons pour décrocher la timballe. Valentine va se réconcilier avec une ancienne copine, ensemble elles vont réviser comme des malades, d'un autre côté Valentine commence à apprendre le chinois et prendre des cours de calligraphie, bref c'est l'effervescence !
L'enthousiasme de Valentine fait plaisir à lire, le roman ne s'attache à aucune réelle difficulté, même les soucis d'argent sont réglés en un claquement de doigts, tout paraît surréaliste, et pourtant les jeunes lecteurs n'en voudront pas à cet excès de bonne humeur pour s'embarquer dans cette aventure. Le ton est léger, le propos intelligent, avec une fenêtre ouverte sur la culture chinoise. C'est simple, efficace, à conseiller pour les 9-10 ans.
Coll. Dacodac du Rouergue (avril 2010) - 5€
Le sourire de maman ~ Isabelle Rossignol
La vie de Chloé n'est pas rose. Sa maman et elle ont un secret. De l'extérieur, c'est une grande actrice, en pleine préparation pour son prochain spectacle. De l'intérieur, il n'y a que du pain de mie à manger le soir, plus d'argent pour régler la cantine, un trou dans la botte de Chloé, des hommes qui viennent prendre leurs affaires pour payer les factures. Face au monde, Chloé et sa maman gardent la tête haute et affichent un sourire forcé. Mais de plus en plus, la petite fille se crispe, elle s'isole et elle a honte si jamais l'école apprend toute la vérité.
Un soir, le directeur les convoque et propose un marché. La maman de Chloé accepte sans conviction, les petites camarades de Chloé se gaussent. Et pourtant, c'est la réalité du chômage, même si le texte n'emploie jamais le mot, et il n'y a pas de déshonneur à ne pas avoir de travail et encore moins à accepter le premier poste venu pour payer son toit et pour manger.
L'histoire est vécue d'après le ressenti de Chloé, une petite fille déboussolée, tantôt en colère, tantôt malheureuse. Isabelle Rossignol a évité de tomber dans le pathos ou le misérabilisme, elle raconte une histoire qui, hélas, concerne beaucoup d'enfants de nos jours, montrant ainsi qu'ils préfèrent se taire sous le poids de la honte. Les copines de l'école ne sont pas toujours compréhensives, trop jeunes, trop bêtes, trop attachées aux apparences. A sa façon, Chloé aussi se défend, arrondit les angles et triche mais c'est pour mieux se protéger.
Ici, l'histoire connaît un happy end qui suit la logique de l'intrigue : courage, espoir et confiance font donc bon ménage. C'est un petit texte qui sait ouvrir les yeux et dire les choses vraies en toute simplicité.
Mouche de l'école des loisirs (avril 2010) - 8,00€
illustrations d'Audrey Poussier
La boîte à pleurs ~ Dorothée de Monfreid
Hmm, étrange petit roman. Charmant, mais déconcertant. Qu'on ne me demande pas son explication, je n'en sais strictement rien ! A croire que c'est simplement un livre à prendre pour soi, pour son plaisir de lire. Chacun, ensuite, interprète ce qu'il a envie.
C'est l'histoire de Pépita qui est née en éclatant de rire. Depuis, elle ne cesse de consoler ses amis, d'écouter leurs malheurs, d'offrir son sourire et les aide à guérir leurs chagrins. En fait, en cachette de ses proches, Pépita a une boîte sous son lit qui lui sert pour recueillir toutes ses larmes. Car Pépita pleure loin du regard des autres, jusqu'au jour où elle craque. Elle se met à pleurer dans la forêt, elle ne se contrôle plus, sa boîte à pleurs déborde et c'est le déluge dans sa chambre. Un raz-de-marée de larmes. Pépita se réfugie dans sa boîte, y fait la connaissance de Boubou et ensemble ils vont vivre sur une île déserte. Le retour sur Terre signera la fin de sa tristesse et le bonheur de retrouver les siens.
Le propos de l'histoire me laisse perplexe, mais c'est merveilleusement illustré, avec des couleurs chatoyantes. Cela illumine le texte, renforce la poésie et le côté imaginaire. Il est bon de pleurer, lâchez-vous et cessez de vous cacher ! Les amis sont là aussi pour les coups de blues et pour vous soutenir en séchant vos grosses larmes.
Mouche de l'école des loisirs (avril 2010) - 6,50€
Tu veux être ma copine ? ~ Susie Morgenstern
Les parents d'Hedwige ont quitté Paris pour vivre à la campagne où ils ont décroché un nouveau poste. La fillette entend souvent parler du directeur des ressources humaines et comprend que sa mission est de dégoter le meilleur candidat pour le poste à pourvoir.
Cela lui donne une idée. A l'école, où elle se sent seule et malheureuse, Hedwige rédige un questionnaire qu'elle fait passer à ses camarades. Son but : découvrir qui pourrait devenir sa meilleure copine. Hélas, les réponses obtenues ne la satisfont pas du tout. Hedwige est dure en affaires ! Dépitée, elle cherche à approfondir le casse-tête des ressources humaines quand ses parents lui expliquent qu'il faut parfois un peu de souplesse pour obtenir ce qu'on cherche.
De fil en aiguille, Hedwige va donc comprendre qu'en amitié, il ne faut rien brusquer, juste attendre le coup d'amitié, comme le coup de foudre en amour. Selon elle, c'est un peu la même chose, ça te tombe dessus, boum ! " On ne pose pas de questions à l'amitié, c'est l'amitié qui donne des réponses ! "
Ce qui frappe au premier coup d'oeil dans ce livre, ce sont les illustrations ravissantes de Claude K. Dubois. L'histoire, ensuite, est mignonne et intelligente. L'auteur n'est pas tombée dans le piège du discours bêtifiant, même si son sujet paraît simple et pas follement original. Le jeune lecteur, lui, apprécie et y trouve son plaisir. Que demander de plus ?
Mouche de l'école des loisirs (mars 2010) - 7,50€
illustrations de Claude K. Dubois
Talam ~ Walter Spock
T1. L'énigme du tigre (Jean-Michel Payet)
T2. L'envol de l'aigle (Cécile Roumiguière)
Sous le pseudonyme de Walter Spock, se cachent Jean-Michel Payet, Cécile Roumiguière, Maryvonne Rippert et Sigrid Baffert. Oui, la même équipe complice de la série des Blue Cerises. Ils ont remis ça, en écrivant à quatre mains une série qui s'adresse pour les plus jeunes lecteurs (dès 8 ans) et qui s'intitule Talam.
Dans le premier tome, on fait la connaissance de Tennessee qui, sur le chemin de l'école, découvre un drôle de tag sur un mur. Il s'agit bien sûr de TALAM. D'autres coincidences vont la poursuivre et c'est en discutant avec sa grand-mère qu'elle apprend l'existence d'un poème, reçu alors qu'elle n'avait que sept ans, et qui aujourd'hui prend toute sa signification, ou du moins, qui commence à avoir son utilité. Ce poème parle d'un tigre, d'un lièvre, d'un aigle, des douze ans et de cinq pouvoirs. Ce n'est pas très clair, d'autant plus qu'un chat noir ne cesse de la suivre, qu'un cirque avec un lama vient de s'installer en ville, qu'à l'école elle se métamorphe en tigresse car elle ne supporte plus les moqueries des autres filles.
Etrange, très étrange ?
Dans le deuxième tome, L'envol de l'aigle, les explications se font encore désirer. Anton est nul au tennis et cartonne aux jeux vidéo et en maths. Ses parents décident de l'inscrire dans une école de cirque où il retrouve Tennessee. Lui aussi a reçu un poème à l'âge de ses sept ans, au sujet de Talam, mais il ignore ce que cela cache. Depuis quelques temps, il est sujet à des visions mais n'ose en parler à personne, de peur d'être ridicule. Au cirque, Mariposa Butterfly n'est pas une jeune femme quelconque et semble attendre beaucoup des enfants, lesquels, pour l'instant, pataugent encore dans la semoule.
C'est une série entraînante, auréolée de mystères, avec des personnages attachants, qui laisse peu à peu entrevoir ses trésors, en ne livrant qu'au compte-gouttes ses chères révélations. L'histoire se met en place lentement. Livre après livre, le mystère ne désépaissit pas. Le lecteur, de son côté, est bigrement intrigué et souhaite poursuivre sur sa belle lancée !
A suivre : T3. Skate toujours (Maryvonne Rippert - T4. L'homme-termite (Sigrid Baffert)
Milan poche cadet aventure (mai 2010) - 5,90€
illustrations de Benoît Perroud
Un koala dans la tête ~ Elise Fontenaille
dacOdac du Rouergue, 2009 - 45 pages - 5€
Nous poursuivons la découverte de la nouvelle collection dacOdac avec ce petit roman d'Elise Fontenaille au titre enchanteur : Un koala dans la tête.
C'est l'histoire de Charlotte, élève au collège, pas très consciencieuse dans son travail, souvent perdue dans ses rêveries, comme elle dit. Elle avoue être paresseuse par facilité et pour ne pas faire face aux trouilles qui font leur nid dans sa tête et son ventre. Son professeur principal en a cependant ras-le-bol et souhaite la bousculer en lui imposant un devoir oral - exposé au sujet libre. La demoiselle est bien embêtée et se confie à son père, qui va lui mettre entre les mains des livres en plus d'une photo trouvée par hasard dans ses affaires.
Un type qui ressemble à son père pose avec un koala sur la tête, le sourire éclatant. Qui est-il ? Son père est orphelin, n'a plus de famille, il vit séparé de la mère de Charlotte.
L'Australie et le koala font ainsi leur entrée dans la vie de la jeune fille.
Encore une belle lecture, faite de finesse et d'intelligence. J'ai beaucoup apprécié, entre le chemin qu'emprunte la narratrice et son portrait en douceur, j'avais mille raisons d'être séduite. Charlotte est un personnage atypique, rêveur, qui aime les livres et les récits de voyage. Elle s'amourache d'un pays aux antipodes de son paysage familier par la grâce d'une photographie, en plus de se découvrir une histoire de famille avec ses tiroirs secrets, et bien évidemment un tremplin dans la vie (scolaire) plus gratifiant que sa manie d'être 'caillou' (ne rien faire, se rouler en boule et attendre que le temps passe).
Jolie découverte, par l'auteur de Chasseur d'orages (disponible en doAdo).
A également été lu et apprécié par Bauchette qui s'interroge sur l'impact des couvertures.
(A titre personnel, j'aime beaucoup ce vert du Koala dans la tête.)
Chasseur d'orages - Elise Fontenaille
Après quinze années passées aux côtés de son extraordinaire grand-père, John, photographe des phénomènes orageux, qui vient de mourir d'une crise cardiaque en pleine mission, Herb doit retourner vivre avec son père, un 'logger', qui habite le quartier le plus chic de Vancouver. L'adolescent se sent mal, inadapté, encombrant. Il n'a qu'un but : partir, et dans le même temps il en profitera pour répandre les cendres de son grand-père sur le site des Lightning Fields à Santa Fe. En chemin, il rencontre trois étudiants des Beaux-Arts, la brunette Mina, la voluptueuse Blondie et l'irrascible Moon.
Leur voyage réunit toutes les particularités d'un guide du routard de la côte ouest américaine, en plus d'être un roman à la gloire d'une Amérique métissée, écolo et décontractée. On y parle musique, on y parle art, on y parle nature, on y parle liberté et indépendance. En clin d'oeil à Kerouac, l'histoire se passe sur la route, à bord d'un van, on traverse des paysages splendides, comme le parc des Joshua Trees (et oui, ce n'est pas seulement le nom d'un album !).
Par cette perpétuelle soif de découvertes, d'informations et d'appréciations, le livre se déguste. Le seul souci, en ce qui me concerne, c'est la trop grande facilité dans certains détails - tout coule de source, tout devient une évidence, tout paraît inévitable, écrit quelque part, fait exprès pour la rencontre. Aucun effort vain, d'ailleurs aucun véritable effort, à mon sens. Cette dégoulinade de providence peut agacer, mais après tout c'est loin d'être de la pure complaisance aussi. Les coincidences sont ici pour nourrir une intrigue facile, qui séduira le lectorat adolescent, par ailleurs fortement conquis par l'ambiance rock'n roll du roman. Une histoire passionnante, sans aucun doute.
Rouergue, coll. doAdo, 2009 - 96 pages - 6,50€
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bah oui, les voilà ... et avec eux, dans le fond, le parc national des Joshua Trees !
en ce temps-là, U2 était pour moi LE groupe, mais depuis l'écoute, très ennuyeuse, de leur dernier album, je suis déçue !!!!!!