Un(e)secte, de Maxime Chattam
Au fond je suis un peu déçue car j'avais gardé un excellent souvenir de ma lecture (Le Signal) l'an dernier et j'imaginais perdre à nouveau tous mes repères et flipper comme une malade en écoutant cette histoire.
Malheureusement j'ai lu l'ensemble plus ou moins distraitement. Non pas que j'ai trouvé ça mauvais mais je n'ai juste pas été transportée. Pourtant ça démarre plutôt fort avec un prologue qui file une bonne chair de poule (des petites bébêtes viennent se repaître des grosses bêtes). Berk. On rencontre ensuite un inspecteur de police qui flaire le sordide de l'enquête et sera bientôt rejoint par une détective privée engagée à retrouver la fille d'une cliente.
Leurs deux affaires sont liées mais entrent en collision tardivement. De toute façon les deux personnages ne sont pas très inspirants. Atticus et Kat ont en commun d'être émotionnellement éteints et brisés par leurs parcours de vie. On a fait plus glamour mais ce n'est pas un problème non plus. Après tout, on veut du sang, des larmes, de la sueur dans ce livre ! Ainsi donc leurs enquêtes respectives progressent et ménagent peu de suspense.
Le résultat manque clairement de surprise : scénario maîtrisé, dénonciation des dérives de notre société, écriture passionnante et personnages clichés. Ça sent le roman convenu et longuet. De plus, je n'ai ni frémi ni hurlé de dégoût au fil des chapitres. Et c'est bien dommage !
Ceci dit, je ne regrette pas ma lecture même si elle n'a pas comblé mes folles espérances. Palsambleu ! JE VEUX MA DOSE DE SENSATIONS FORTES.
©2019 Éditions Albin Michel (P)2019 Audiolib
- Lu par : Emmanuel Dekoninck
- Durée : 13 h env.
Excellent lecteur, au passage !
Et si tous les insectes du monde se mettaient soudainement à communiquer entre eux ? À s'organiser ? Nous ne survivrions pas plus de quelques jours. Entre un crime spectaculaire et la disparition inexpliquée d'une jeune femme, les chemins du détective Atticus Gore et de la privée Kat Kordell vont s'entremêler. Et les confronter à une vérité effrayante.
Des montagnes de Los Angeles aux bas-fonds de New York, un thriller implacable et documenté qui va vous démanger.
⭐⭐⭐
Je sais que tu sais, de Gilly Macmillan
Lecture clairement efficace en format audio !
Vingt ans après le meurtre de ses deux meilleurs amis, Cody Swift relance l'affaire avec un podcast car il est convaincu que le coupable incriminé était innocent. Son initiative n'est pourtant guère accueillie avec entrain auprès des témoins de l'époque. Entre les traumatisés à vie et les réfractaires allergiques à remuer le passé, cette enquête de la seconde chance s'annonce pénible et douloureuse.
Et pourtant, contre toute attente, Cody Swift fait bouger les lignes. Sa compagne et lui reçoivent d'ailleurs des menaces pour les obliger à cesser leurs activités. Le succès de leur émission grandit. Le dossier est finalement déterré et la police revoit sa copie.
C'est le troisième roman de Gilly Macmillan que je lis (il me semble). J'aime bien ses histoires à suspense qui nous mènent par le bout du nez et nous font gober tout et n'importe quoi. On mord facilement à l'hameçon, ne cherchant pas à botter en touche. On se laisse prendre dans ses filets, comme ça, on a le plaisir de tomber des nues en lisant son dénouement.
Cela me convient tout à fait : un bon cold-case rondement ficelé avec des acteurs pas très nets et de nouvelles révélations qui viennent les ébouriffer. C'est plutôt pas mal. Mais là où je dois reconnaître le succès de cette lecture, c'est son format audio : la réalisation est top et la performance réussie. C'est super addictif à écouter et on ne voit pas le temps passer. Je recommande fortement (10 heures d'écoute) !
©2019 Édition française publiée par Les Escales, traduit par Séverine Quelet (P)2019 Lizzie
- Lu par : Emmanuel Dekoninck, Oliver Premel
- Durée : 10 h env.
- Avec la participation de Thierry Janssen, Pierre Lognay, Fabienne Loriaux, Claire Tefnin, Maxime Van Santfoort et Patrick Descamps
- L'émission L'HEURE DE LA VÉRITÉ de Cody Swift est également disponible en 11 volumes de 15 à 20 minutes chacun : L'heure de la vérité
- En savoir + : https://urlz.fr/bArY
⭐⭐⭐⭐
Les huit montagnes, de Paolo Cognetti
Pietro et Bruno ont onze ans quand ils se rencontrent à Grana, dans la vallée d'Aoste. Bruno est berger, Pietro en vacances avec ses parents. Tout les sépare mais les garçons ont beaucoup à partager : l'un la lecture, l'autre la nature. Entre eux aussi, viennent s'immiscer les longues randonnées dans les montagnes animées par le père de Pietro. Mais les années passant, le garçon va se lasser des virées alpines, s'éloigner de Grana et rompre le lien filial. Après la mort du père, Pietro a 31 ans et retourne sur les terres de son enfance pour la première fois depuis longtemps. Héritier d'un lopin de terre, il retrouve Bruno, devenu maçon, pour construire ensemble une petite maison. Leur amitié est sans faille, entretenue par ses parents en toute discrétion. Pietro se rend compte également du chemin parcouru, du père qu'il connaissait à peine, de la complicité établie entre Bruno et lui. La réalité est douce-amère et pourtant vivifiante, car à aucun moment on ne ressent d'animosité au sein de cette histoire. Elle s'écoule paisiblement, décrit la vie avec ses hauts et ses bas, révèle ce qu'on chuchote et met à plat les relations de famille, d'amitié et d'amour. C'est pur. Simple et poétique. J'ai découvert un roman, savouré une ambiance, apprécié chaque intonation d'Emmanuel Dekoninck, voyagé et rêvé. La fin est poignante, mais inéluctable. Une belle rencontre, vraiment.
©2016 / 2017 Paolo Cognetti / Éditions Giulio Einaudi, Turin / Éditions Stock, tous droits réservés. Traduit par Anita Rochdy (P)2018 Audiolib
- Lu par : Emmanuel Dekoninck
- Durée : 6 h 50
Étape 4 #Challenge Halloween : un auteur qui vous hante depuis des années…
Étape 4 : Le 20 octobre
La fin de cette randonnée vous a entrainés vers un cimetière de campagne, isolé, à des kilomètres du prochain village. Au détour d'une allée, vous vous penchez pour lire une inscription. "Ci-gît"...
A vous de décider qui est censé résider à cet endroit : une célébrité locale chez les créatures ou un auteur qui vous hante depuis des années…
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Stieg Larsson, auteur de la série Millenium (publiée en Suède entre 2005 et 2007)
décédé d'une crise cardiaque le 9 novembre 2004
Je débarque après tout le monde, en me lançant seulement maintenant dans la lecture de cette série à succès (alors même que vient de paraître un quatrième titre, écrit par l’auteur suédois David Lagercrantz, d’après les personnages créés par Stieg Larsson). Youhou ! Je ne me sens même pas has-been. Juste fabuleusement rebelle ! ;-) Et sinon, cette lecture ? C'était si bien que ça ?
Pour la petite histoire. Mikael Blomkvist, rédacteur de la revue “Millénium”, traverse une mauvaise passe depuis qu'il s'est cassé les dents contre un ponte de l'économie, en perdant son procès pour diffamation. Pour se sortir de cette impasse, il accepte de rendre service à l'industriel Henrik Vanger, qui cherche à comprendre les raisons de la disparition de sa nièce Harriet, seize ans au moment des faits. Mikael prend ses quartiers sur l'île de Hedestad et se plonge quarante ans en arrière dans les secrets de la famille Vanger. Il sera assisté d'une redoutable chasseuse d'infos introuvables -Lisbeth Salander- au caractère tranchant et aux méthodes aguerries.
Le risque, quand on se lance dans une lecture portée aux nues, c'est d'estimer logique d'être épatée en applaudissant bien fort des deux mains tellement c'est bon et fort et époustouflant. À la hauteur des attentes, donc. C'est aussi le problème, voyez-vous. En me lançant dans cette lecture (tome 1), j'ignorais ABSOLUMENT TOUT de l'histoire. J'avais réussi à passer à travers les résumés, les commentaires, les séries et les films existant sur le marché. J'étais une terre en friche qui ne demandait qu'à être cultivée. ^-^ C'était aussi mon challenge de l'été - sous le soleil, au bord de la piscine, sur le transat... j'écoutais Millenium et je découvrais Lisbeth Salander. J'avoue, je ne suis pas tombée à la renverse. Lisbeth est une jeune femme sur la corde raide, qui m'a souvent laissée sceptique (les scènes de torture, d'entrée de jeu... ahem). Je conçois cependant qu'elle dégage un certain charme canaille et une fragilité sous la façade qui ne demande qu'à être explorée. Mikael Blomkvist, par contre, m'a inspiré une vive antipathie (sa façon de traiter les femmes)... c'en est rageant. Ceci dit, l'histoire, aussi longue soit-elle, est captivante, tortueuse, fouillée et mystérieuse à souhait car elle relève principalement d'un secret de famille à dépiecer au scalpel.
Voici donc pour une première approche, suffisamment concluante pour me lancer dans la suite !
LES HOMMES QUI N'AIMAIENT PAS LES FEMMES - MILLÉNIUM 1 ♦ Audiolib / Juin 2008 ♦ Texte lu par Emmanuel Dekoninck (durée : 17h 45) ♦ Traduit par Lena Grumbach & Marc De Gouvenain (Män som hatar kvinnor) pour les éditions Actes Sud
Puzzle, par Franck Thilliez
Ilan a sombré dans la dépression suite à la mort de ses parents, suivie peu de temps après par sa rupture avec sa petite copine Chloé. Lorsque celle-ci s'invite chez lui à l'improviste et le supplie de participer à un nouveau jeu, Ilan hésite avant de saisir l'occasion de décrocher le pactole pour retaper la demeure familiale. Le jeu, bien mystérieux, se présente comme une grande chasse au trésor et porte le nom de Paranoïa (tout un programme !). De fil en aiguille, il va conduire un petit nombre de candidats à s'enfermer dans un ancien établissement psychiatrique, dans les montagnes, sous une tempête de neige.
Tout, dans ce roman, est diaboliquement efficace, on se retrouve cloîtré comme les personnages dans un univers qui fait froid dans le dos, on est pris dans l'engrenage, bien malgré nous, on cherche à comprendre, à briser les arcanes du jeu, on ne cesse aussi de s'interroger sur les intentions de tous les participants, bref on vit un véritable enfer. Et rien que pour ça, l'auteur réussit son coup. L'orchestration est brillante, inspirée du modèle des “Dix Petits Nègres”, donc peu de surprise à prévoir, et pourtant on se laisse embobiner à merveille, car la lecture est saisissante !
Emmanuel Dekoninck, pour Audiolib, nous livre une interprétation tout aussi captivante et roublarde, qui rend la psychose ambiante encore plus palpable et flippante. Seul détail (négligeable), le comédien ne sait pas prononcer le mot “cobaye”... on en sourirait presque. Le concept de jeu suscite effroi, angoisse, stress et paranoïa (forcément), et a donc sur le lecteur l'effet escompté. C'est un puzzle déroutant, mais abouti et très convaincant. Une totale réussite !
Audiolib, avril 2014 ♦ texte intégral lu par Emmnauel Dekoninck (durée : 12h 54) ♦ Fleuve Noir, octobre 2013
Charly 9 (Audiolib) lu par Emmanuel Dekoninck
Le roi Charles IX est tristement célèbre pour avoir proclamé le massacre de la Saint-Barthélemy.
Dans cette histoire, nous le découvrons jeune, peu sûr de lui, hésitant. Ses proches lui mettent la pression pour faire un peu de ménage, à l'occasion du mariage de sa soeur Marguerite, censé célébrer la réconciliation des catholiques et des protestants, donc sa mère (Catherine de Médicis) menace de rentrer chez elle, son jeune frère est animé d'une ambition dévorante et assomme son aîné de réflexions méprisantes, ses conseillers mettent sur le tapis un complot ourdi par les protestants visant à éliminer la famille royale.
Il n'est guère temps de tergiverser, il faut agir !
Mais cet acte sera lourd de conséquences, car le jeune Charles IX va être complètement traumatisé par cette nuit cauchemardesque. On la découvre simplement au lendemain, avec les rues baignant dans le sang, via aussi des scènes de corps déchiquetés exposés au public, de corps bouffis flottant dans la Seine...
La description du désastre est assez saisissante de réalisme et de détails horribles.
Les mois ainsi vont passer et Charles IX va sombrer dans une douce folie. Entre hallucinations, mauvais rêves, prise de conscience d'avoir été manipulé, le roi n'est plus que l'ombre de lui-même.
Ce triste spectacle nous est livré sans fausse pudeur, mais la verve de l'auteur rend finalement la lecture plus aisée à encaisser. Certes, l'histoire n'en demeure pas moins sordide et amère mais le ton pittoresque permet aussi une distance appréciable, et bénéfique. Il faut aussi opter pour la version Audiolib, qui est truculente et vivifiante à souhait. Emmanuel Dekoninck conte avec brio les violences d'un XVIe siècle déchiré par le fanatisme et les ambitions. La mise en scène est parfaite, absolument bluffante et quasi dépaysante.
Ce roman nous dévoile aussi les mœurs de l'époque, les origines du muguet offert au 1er mai, les plaisanteries du 1er avril, le jour de l'An fixé au 1er janvier. On croise aussi des figures insolites, comme le poète Ronsard, la reine Margot ou le futur Henri IV, présenté ici avec son fort accent béarnais et une odeur corporelle à faire tourner de l'œil !
De sympathiques détails qui permettent d'oublier un bref instant le portrait affligeant de ce roi victime de son destin.
Audiolib, avril 2011 - texte intégral lu par Emmanuel Dekoninck, durée : 4 h 32