Terre-Dragon: Le souffle des pierres, de Erik L'Homme
Premier tome d'une série palpitante, disponible en poche chez Folio Junior, avec une très belle couverture illustrée par Olivier Balez !
Qui, que, quoi ? À peine le temps de dire ouf, et les informations défilent sous nos yeux à un train d'enfer. Rythme intense, action sans temps mort et une belle brochette de personnages tous plus intriguants les uns que les autres : sorcier aveugle, scalde maladroit, guerriers, chefs de tribus ennemies, et même un tigre ! Les enjeux de l'histoire tendent encore à s'affirmer mais tissent leurs toiles dans un embrouillamini calculé.
Gallimard Jeunesse / Coll. : Folio Junior N°1768 - Août 2016
À suivre en GF : Le chant du fleuve & Les sortilèges du vent
Terre-Dragon: Le Chant du fleuve (2), de Erik L'Homme
Cette suite directe au 1er tome nous cueille sans surprise : Ægir-Peau-d'Ours et Sheylis sont toujours en fuite et tentent d'échapper à leurs poursuivants en voguant sur le fleuve métallique. À leurs côtés, Gaan le sorcier et Doom le scalde sont de précieux alliés et des amis fidèles. Mais le danger rôde, pas loin, puisqu'on suit en parallèle l'avancée d'Ishkar le Naatfarir, du sorcier Chakor, ainsi que l'inquiétant Sahr'sâ. Tous convergent vers le même point et ont des intentions peu honorables.
La première partie de l'histoire est assez calme et joviale, la bonne humeur règne à bord du radeau, Doom est un insatiable curieux, qui sollicite les connaissances et la mémoire de Gaan pour leur raconter les vieilles légendes du Royaume. Les vilains aussi paraissent plus détendus, se confessent, racontent leur enfance et se taquinent en toute insouciance. Puis, sans prévenir, le chaos est en marche.
Ne pouvant plus compter sur la magie, depuis que son enveloppe a été altérée par un sort très puissant, Ægir et ses amis se trouvent dans l'incapacité de combattre le Serpent du fleuve. Le garçon, qui cherche à dompter sa nature de Dakan, est terrorisé par la peur car il ne veut pas décevoir la jolie Sheylis. Les troupes vont perdre leur unité, se croiser et se livrer à des duels redoutables... Et la fin nous arrache un cri de désespoir !
Désormais, la machine est lancée. Erik L'Homme trace sa route et embarque son lecteur dans un univers palpitant d'aventures, de sorcellerie et de légendes. Un univers nanti d'un imaginaire extraordinaire ! Le livre aussi est riche en émotion, prenant à lire et prometteur pour la suite. Je l'ai d'ailleurs lu d'une traite et n'ai pas vu le temps passer. Le ton général me semblait décomplexé, purgé des attentes du début. La série a pris son élan, on ne la retient plus.
Gallimard jeunesse, janvier 2015 ♦ couverture : Matthieu Bonhomme
Terre-Dragon : Le Souffle des pierres (tome 1), par Erik L'Homme
Qui, que, quoi ? À peine le temps de dire ouf, et les informations défilent sous nos yeux à un train d'enfer. Rythme intense, action sans temps mort et une belle brochette de personnages tous plus intriguants les uns que les autres : sorcier aveugle, scalde maladroit, guerriers, chefs de tribus ennemies, et même un tigre ! Les enjeux de l'histoire tendent encore à s'affirmer mais tissent leurs toiles dans un embrouillamini calculé.
Gallimard jeunesse, septembre 2014 ♦ couverture : Matthieu Bonhomme
Le Lion, de Joseph Kessel
“ Un rire enfantin, haut et clair, ravi, merveilleux, sonna comme un tintement de clochettes dans le silence de la brousse. Et le rire qui lui répondit était plus merveilleux encore. Car c'était bien un rire. Du moins, je ne trouve pas dans mon esprit, ni dans mes sens, un autre mot, une autre impression pour ce grondement sonore et débonnaire, cette rauque, puissante et animale joie.
Cela ne pouvait pas être vrai Cela tout simplement ne pouvait pas être.
A présent, les deux rires - clochettes et rugissements - résonnaient ensemble. Quand ils cessèrent, j'entendis Patricia m'appeler.
Glissant et trébuchant, je gravis la pente, me raccrochai aux arbustes, écartai la haie d'épineux avec des mains lardées de ronces et sur lesquelles le sang perlait.
Au-delà du mur végétal, il y avait un ample espace d'herbes rases. Sur le seuil de cette savane, un seul arbre s'élevait. Il n'était pas très haut. Mais de son tronc noueux et trapu partaient, comme les rayons d'une roue, de longues, fortes et denses branches qui formaient un parasol géant. Dans son ombre, la tête tournée de mon côté, un lion était couché sur le flanc. Un lion dans toute la force terrible de l'espèce et dans sa robe superbe. Le flot de la crinière se répandait sur le mufle allongé contre le sol.
Et entre les pattes de devant, énormes, qui jouaient à sortir et à rentrer leurs griffes, je vis Patricia. Son dos était serré contre le poitrail du grand fauve. Son cou se trouvait à portée de la gueule entrouverte. Une de ses mains fourrageait dans la monstrueuse toison.
« King le bien nommé. King, le Roi. » Telle fut ma première pensée. ”
J'étais en classe de 4ème quand j'ai lu la première fois Le Lion de Joseph Kessel. J'en avais gardé un souvenir ébloui, que j'aimais dorlotter au fil du temps qui passe. J'ai tenté la relecture, risquant ainsi de chatouiller ma fibre nostalgique. Et bingo, cette relecture a réveillé toutes les émotions enfouies, elle a su me rappeler l'émerveillement face à cette Afrique sauvage et magique, avec son décor de cinéma, ses personnages à fleur de peau, ses coutumes ancestrales... Le narrateur, lui aussi, est spectateur de ce monde nouveau et inconnu, il rencontre la famille Bullit et est immédiatement adopté. Chacun voit en lui le moyen de confier ses secrets, de se décharger du poids de la responsabilité ou de la culpabilité. L'homme est pris en otage, de son plein gré.
Il va s'émerveiller des miracles de la nature environnante, de la beauté de la savane, de ses mystères et ses dangers. Et puis, il va tomber des nues en découvrant l'amitié qui lie la jeune Patricia à un lion, cette folle complicité qui défie toutes les lois, leurs jeux au goût de ballet maudit... C'est beau, oui, mais tragique. Le duel final, sans trop entrer les détails, est un moment déchirant, qui noue l'estomac et laisse un goût amer en bouche. Là aussi c'est d'une grâce sans nom, avec un sens de la dramaturgie hors norme.
Et ainsi, de tourner la dernière page du livre avec engourdissement et désolation... Quelle tristesse de reprendre pied dans sa réalité !
J'ai accompagné ma lecture (très beau roman édité dans la nouvelle collection blanche pour la jeunesse) du livre-audio lu par Hippolyte Girardot. La réalisation musicale et sonore, absolument irréprochable, nous plonge au coeur de la brousse, nous envoûte et livre un récit tendu et bouleversant. ♥
Le lion, de Joseph Kessel (Gallimard jeunesse, coll. Bibliothèque, mai 2013, avec une préface par Erik L'Homme / Écoutez lire, octobre 2010, texte intégral, durée d'écoute : env. 7 heures)
A comme Association, VIII : Le regard brûlant des étoiles ☄
Pour ce dernier tome, vient l'heure de toutes les révélations : Jasper a plus que jamais besoin du soutien de Walter et Mademoiselle Rose car Fulgence, le grande patron de l'Association, ordonne que le garçon lui soit confié. Ses intentions étant très floues, tout le monde est sur le qui-vive. Une petite mise au vert, chez les Trolls, est donc fortement conseillée. Jasper y retrouve sa douce Arglaé, au grand mécontentement de Nina, mais le temps presse et notre joyeuse troupe doit de nouveau décamper.
Réfugiés dans les bureaux de la rue du Horla, transformés en bunker pour l'occasion, les rares survivants font front commun contre l'ennemi. Dans l'intervalle, Jasper se trouve face à son destin en découvrant la vérité sur ses origines et sur Ombe. Que de révélations au programme !!! Ce dernier tome, plus épais que la moyenne, avait tellement de choses à nous raconter, tant d'aventures à partager, qu'il ne pouvait en être autrement. Cette fin, donc, ne déçoit pas un seul instant. Nous sommes pris dans le feu de l'action, c'est intense et tourbillonnant, mais à côté de ça, l'émotion aussi est très présente, surtout vers les dernières pages, lorsque les masques tombent, quand les choix décisifs se posent à notre sémillant héros.
Jasper n'a jamais cessé d'évoluer au cours des 8 tomes de la série, en apparaissant d'abord comme un adolescent pataud, qui masquait son manque d'assurance derrière un humour foireux, puis il a essuyé des coups durs, a été confronté à des événements hors du commun, a su gagner en puissance, a multiplié ses dons et a finalement découvert sa réelle identité. Son personnage a grandi, mais il a su conserver ce mélange de sensibilité et d'ironie comme armure. Ombe, quand à elle, est un personnage à part. C'est un peu de son auteur qu'on retrouve aussi à travers elle. Et avec l'histoire qu'on sait...
Jusqu'au bout, l'ombre de Pierre Bottero aura plané sur cette série, que Erik L'Homme a su conduire et conclure de main de maître. C'est tout ça qui remue en nous, alors qu'on lit ce dernier tome. On se sent le cœur serré, on est captivé par le déroulement de l'intrigue, c'est un dernier tour de piste remarquable, touchant et passionnant. A l'image de la série, qui a été magistrale du début à la fin. Je n'oublie pas non plus, les couvertures superbes et les titres aux douces consonances poétiques. Une série à découvrir à tous les âges !
A comme Association, livre 8 : Le regard brûlant des étoiles, par Erik L'Homme
Gallimard jeunesse / Rageot éditeur (2012)
"Vivre, c'est avoir des problèmes et essayer de les résoudre."
C'est déjà l'avant-dernier tome de la série ! On entend presque l'écho du tic-tac, et tant de questions encore sans réponse... tout ça nous taraude, et c'est donc avec un plaisir non simulé qu'on se plonge dans ce 7ème volume. On se rappelle dans quelle mauvaise posture se trouvait Jasper, traqué par l'Association, accusé à tort, lui-même aux trousses d'un petit bonhomme, en fait un shamane aux pouvoirs redoutables... Et voici qu'on découvre une surprenante mademoiselle Rose, transformée en Lara Croft, c'est dire comme les choses vont mal au 13, rue du Horla !
Ombe, Jasper et Nina ignorent encore à quel point les nouvelles sont mauvaises, et toute la première partie de l'histoire baigne dans l'atmosphère d'un roman d'espionnage. Tout le monde se traque, chacun cherche son chat, en somme, et paf ! tout ce petit monde va finir par se croiser et s'affronter. Les ennemis ressurgissent de partout, la confiance n'est plus, parce que ... voyons, rappelez-vous, Walter, ce cher Walter... et aussi le Sphynx... C'est horrible, quoi.
Jasper avance, petit pas par petit pas. Il perd de plus en plus le contrôle de ses convictions, et puis il est frappé par des hallucinations, des flashes rouges, comme la saveur du soufre. C'est vif, perturbant. Mais viennent aussi ces incroyables révélations sur Ombe et lui-même ! Peut-être le début d'une piste ?
L'explication tant attendue ne viendra qu'avec la parution, en octobre 2012, du dernier tome : Le regard brûlant des étoiles. L'impatience fait rage, parce que toute la deuxième partie de cette lecture s'est révélée captivante et promet un final à couper le souffle. Il sera, évidemment, difficile de se séparer de nos personnages au charisme avéré, Jasper et son humour pourri, Ombe et sa fougue légendaire, Nina et sa fragilité apparente... La responsabilité est lourde pour l'auteur, Erik L'Homme ne pourra pas nous décevoir, nos attentes nous placent dans un état d'angoisse, ou presque, mais surtout de doute et de curiosité, bref je vous dis ça, je ne vous dis rien.
7. Car nos coeurs sont hantés - Erik L'Homme (A comme Association)
Gallimard jeunesse / Rageot éditeur (2012)
A quoi servent les notes d'une musique, à quoi servent les mots d'une chanson, sinon à remplir la mer que d'autres ont vidée ? A repeindre des horizons qui ont été effacés ? A forger les maillons de la chaîne qui nous rattache au soleil ?
A ériger un lieu habitable sur les territoires du néant...
Ce Qui Dort Dans La Nuit
Ce tome est excellent ! Nous retrouvons une intrigue plus sombre et au suspense haletant, l'histoire prend un virage sans concession, c'est brutal, étonnant et on en redemande.
Jasper, après avoir séché ses larmes, fait un peu la tête de n'avoir plus de nouvelles de mademoiselle Rose ou de Walter, mais c'est sans se douter qu'il règne un bazar monstre au 13, rue du Horla ! Rien ne va plus, tous les repères s'effondrent : le Sphynx est toujours porté absent, Walter perd la boule et redoute l'arrivée prochaine d'un petit homme sans allure que les Agents doivent cibler et neutraliser.
De son côté, Jasper refuse de rester inactif et se mêle à l'enquête, de loin et par le processus d'un mouchard planqué dans un bijou en forme de scarabée. Ce qu'il découvrira lui fera dresser les poils sur les bras ! Au passage, il vient aussi en aide à une jeune stagiaire, Nina, très charmante, toute balbutiante de reconnaissance. De là à penser qu'elle chipe la place d'Ombe... ce serait délicat ! (A ce propos, Ombe continue de se rappeler à Jasper, de façon plus discrète, c'est vrai, mais elle n'a pas l'intention de le lâcher. Ouf !)
Comme je le soulignais en introduction, ce tome adopte un ton plus dur autour d'une intrigue qui se veut plus intense et où règne un climat de suspicion. On ne sait plus trop qui sont les gentils et les méchants, même des personnages comme mademoiselle Rose ou la petite Nina sèment le trouble dans notre esprit. Et puis cette révélation finale, non mais franchement, voilà de quoi nous filer un beau hoquet !
Seule constante dans cette série, c'est bien entendu l'humour (la facétie de Jasper, son intelligence, ses ressources, son blabla infernal, son stress et ses angoisses, son sentiment d'être seul au monde, ses émois amoureux, son sens de l'amitié, etc.). C'est rassurant, et en même temps attachant. Attendons maintenant la suite avec impatience, ça vaut vraiment le coup et j'apprécie définitivement la direction que prend la série.
6. Ce qui dort dans la nuit - Erik L'Homme (A comme Association)
Gallimard jeunesse / Rageot éditeur (2011) - 205 pages - 9,90€
Prochain rendez-vous en février 2012 : Car nos coeurs sont hantés. ♥
L'obscurité et le silence
Autant vous préparer à un tome 5 bouleversant et empreint d'une grande tristesse ! Parce que la réalité a rattrapé la fiction, parce que l'absence de Pierre Bottero pèse derrière chaque mot, l'ambiance du livre est vraiment à part. C'est beaucoup plus mélancolique, plus abrutissant aussi. Comme l'effet d'une claque qu'on ne s'attendait pas à recevoir. Le résultat est douloureux, flippant aussi, mais admirable malgré tout. J'ai plus d'une fois saisi un message caché derrière chaque phrase, comme si Erik L'Homme, seul aux commandes, s'adressait à son ami perdu. C'est en quelque sorte un hommage vibrant et pudique qu'il lui rend. Car ce n'était pas facile de reprendre le flambeau et de poursuivre une série débutée à quatre mains, la transition se déroule donc en 200 pages et elle est réussie.
Nous avions quitté Jasper et Ombe filant sur la moto, le soir du réveillon de Noël. Nous retrouvons Jasper seul, désespéré et criant justice. Walter et mademoiselle Rose sont à son chevet, veulent l'aider en le protégeant, bien maladroitement, puisque le garçon de seize ans a besoin d'agir et refuse de s'apitoyer sur son sort. Il renoue très vite avec la magie et son humour un peu pourri, et c'est tant mieux car il ne faudrait pas sombrer dans le désoeuvrement non plus - par respect envers ceux qui sont partis trop tôt. Evidemment, cette lecture ne ressemble à aucune autre, il y a eu un écart malheureux et il a fallu absorber le choc, désormais le cap est franchi, les larmes essuyées, la série peut reprendre son cours en distillant de nouvelles révélations et une montée d'adrénaline qui remettent sur les rails. La suite paraîtra en octobre 2011 sous le titre : Ce qui dort dans la nuit.
5. Là où les mots n'existent pas - Erik L'Homme (A comme Association)
Gallimard jeunesse / Rageot éditeur (2011) - 205 pages - 9,90€
à signaler : la parution en un seul volume de la trilogie Le Livre des Etoiles d'Erik L'Homme
A comme Association (la suite !)
Troisième tome de la série, L'étoffe fragile du monde va conduire Jasper dans une aventure interdite ! En fait, consigné pour deux semaines par l'Association et donc privé de nouvelles missions, le garçon pense profiter de son temps libre pour préparer son premier concert avec son groupe au son médiéval. Ce soir-là, Jasper passe un coup de fil à Ombe et découvre qu'elle est en danger. Il vole à son secours, le coeur battant (il a effectivement le béguin pour la jolie blonde) et découvre sur place ... un troll ! Pas un inconnu, puisqu'il s'agit d'Erglug (cf. Les limites obscures de la magie).
Que de péripéties ! Jasper convient vite d'une alliance avec le troll, tous deux se rendent sur l'Île-aux-Oiseaux où se trouve le clan d'Erglug, ils vont ensuite affronter le magicien noir pour rompre le charme qui condamne la créature à pourchasser Ombe jusqu'à ce que mort s'ensuive. Pfiou, pas le temps de souffler ! Cela ne manque ni de charme, et encore moins d'humour (vraiment le point fort de la série). J'ai cependant trouvé le temps long parmi les trolls, même si certaines scènes valent le détour (Jasper sent bouillir sa testostérone au contact d'une voluptueuse trollette !). Et la fin, comme toujours, laisse libre cours aux spéculations puisque les questions s'accumulent, les phénomènes étranges s'enchaînent et Jasper découvre en lui des capacités insoupçonnées, concernant la magie.
Ce troisième tome est un maillon de la chaîne, l'intrigue se met en place en privilégiant la dynamique du récit - le garçon est le roi du calembour et des jeux de mots pourris, cela vaut quelques répliques désopilantes ! Et je sens que l'auteur commence enfin à découvrir son personnage, à ôter ses pelures pour aller davantage au coeur de ses secrets, puisque ce n'est qu'un début et que la suite promet encore de belles surprises !
3. L'étoffe fragile du monde - Erik L'Homme
Gallimard jeunesse / Rageot éditeur (2011) - 198 pages - 9,90€
Enfin un tome centré sur les sentiments et les émotions ! Connaissant la personnalité d'Ombe, il était à prévoir que ce roman serait explosif, truffé de scènes d'action et de répliques fortes, et c'est tout le contraire ! Ombe va tomber amoureuse - d'un garou. Physiquement, la jeune femme a la particularité d'être incassable. Elle reçoit des coups, en donne autant, mais jamais elle ne reste à terre. Elle possède une capacité de régénération étonnante. Qu'en est-il de son coeur ? Ombe n'est pas la caïd qu'on imagine, au fond d'elle c'est une jeune femme seule, blessée et sensible. Et l'histoire le confirme.
Qu'est-ce c'est joli ! On voit Ombe craquer pour cet individu qu'elle sauve d'une mort certaine, elle est censée tirer de lui des informations pour l'Association, et puis le reste s'emballe. Parce que cette série se destine à un lectorat adolescent, nous aurons très peu de détails, mais certaines phrases résument tout et laissent voguer l'imagination vers des eaux plus sulfureuses. Enfin, cette série devient plus humaine, plus profonde, un peu plus tendre. Les personnages sont faillibles, sous leur carapace d'Agents surdoués et c'est rassurant. Et pour la première fois, Ombe et Jasper choisissent de se voir en mettant de côté tout ce qui touche à l'Association, ils se montrent tels qu'ils sont réellement, ils se confient et se comprennent. Ce début de rapprochement entre nos deux héros est un soulagement, car cette série, aussi palpitante soit-elle, dotée d'un sérieux sens de l'humour, ne devait pas oublier l'aspect émotif.
Les dernières lignes de l'histoire nous renvoient d'ailleurs en pleine face l'amertume d'une réalité sordide - Pierre Bottero signait là son dernier ouvrage, et c'est bien dommage.
4. Le subtil parfum du soufre - Pierre Bottero
Gallimard jeunesse / Rageot éditeur (2011) - 184 pages - 9,90€
Le tome 5 - Là où les mots n'existent pas - paraîtra en juin 2011.
A comme Association - Pierre Bottero & Erik L'Homme
L'Association est une agence secrète, dont le but est de maintenir en permanence l'équilibre parfait entre les Normaux (les humains) et les Anormaux (vampires, trolls, garous etc.), et pour ce faire, cette tâche revient aux Paranormaux (personnes dotées de dons particuliers).
Ombe, dix-huit ans, est stagiaire au sein de l'Association et fournit un travail remarquable. Elle est - presque - incassable. Une vraie dure à cuire, dans le fond et la forme. Ombe, avec son look de rebelle, jolie blonde, au volant de sa moto, ne craint rien ni personne. Elle excelle dans l'action, et réfléchit ensuite. Elle n'est pas particulièrement douée en magie, ce qui la pénalise parfois lorsqu'elle doit gérer des dossiers épineux. Heureusement, le jeune Jasper, quinze ans, petit génie en langues anciennes et en magie, lui vient souvent en aide.
Dans ce roman, centré essentiellement sur l'introduction des personnages et de l'univers, nous avons donc droit à des combats, de la magie, quelques affaires pas bien méchantes, et l'ouverture vers d'autres aventures encore plus palpitantes... J'ai, en fait, été très agréablement surprise par cette lecture, j'ai d'ailleurs lu le livre en quelques heures. J'ai apprécié l'humour du récit, le rythme effréné, la personnalité fougueuse d'Ombe et ses répliques qui font mouche. Pierre Bottero s'était régalé en créant ce nouveau monde, et le plaisir est perceptible, donc partagé. Je suis déjà plongée dans la suite, en espérant très fort qu'on en apprenne davantage sur les deux héros, car pour l'instant cela reste encore en surface.
Les limites obscures de la magie - Pierre Bottero
Gallimard jeunesse / Rageot éditeur (2010) - 186 pages - 9,90€
Autre tome d'introduction, cette fois écrit par Erik L'Homme, La Pâle Lumière des Ténèbres met en scène Jasper, quinze ans, un physique dégingandé, adolescent maladroit et emprunté, totalement fasciné par la superbe Ombe, il excelle dans la magie, parle couramment l'Elfique et démontrera ses capacités exceptionnelles en tenant tête à un vampire, une guilde de magiciens et un démon !
En seulement 150 pages, le décor est planté, l'Association confie à ses stagiaires surdoués des missions jugées gentilles, et qui en fin de compte tournent à la catastrophe. Jasper doit s'introduire chez les vampires et découvrir qui est à la tête d'un trafic de drogue, et dans quel but. De la discrétion, lui somme son supérieur, Walter - sous le regard froid et impassible de mademoiselle Rose, la secrétaire. Je gage que ces deux personnages secondaires prendront davantage d'importance, chaque scène les concernant est plutôt risible - même constat avec le Sphinx, le gardien du temple (en fait, l'arsenal où les agents viennent regonfler leur besace). Oui, ça fait très James Bond et c'est sûr que l'action ne manque pas du tout. L'agent 007 peut pâlir de jalousie !
Bref, la personnalité du héros est franchement attachante, Jasper est drôle, irrésistible, cultive l'art de l'ironie et l'auto-dérision avec beaucoup d'intelligence. Maintenant, les présentations n'ont plus cure, il est temps de passer au cap supérieur, avec cette même énergie et cette fraîcheur qui rendent la découverte de cette série absolument réjouissante !
La pâle lumière des ténèbres - Erik L'Homme
Gallimard jeunesse / Rageot éditeur (2010) - 154 pages - 9,90€