25/11/15

Comment ? Quoi ? de Fabian Negrin & Claude Helft

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Le vent souffle fort aujourd'hui. Depuis son bateau, un homme répond à sa douce, qui lui demande ce qu'il veut manger ce soir. Mais sa réponse s'envole, portée par le vent. Depuis le quai, la jeune femme comprend du pâté de tomates (au lieu de purée de patates).

Et l'histoire continue d'enfler, de souffler, de porter toujours plus loin les mots en les déformant joyeusement... On en voit de toutes les couleurs et on a ainsi droit à des gallinacées qui grattent, une poupée haute sur pattes, une fricassée de mainates, un sorcier acrobate. C'en est assez. Le vent tempête, ça éclate ! 

Ce formidable album “marabout-bout de ficelle” se lance dans une ritournelle facétieuse, qui fait rire, réfléchir et jouer avec la langue française. Les illustrations de Fabian Negrin sont également impressionnantes et remplissent chacune des pages de leur trait clair, net, classique. Magistral.

Plus le vent souffle, plus les mots sont propulsés vers un au-delà insaisissable, et plus l'univers s'enrichit en basculant dans une dimension quasi fantastique. Cela tourbillonne en mer et dans les airs, pour un effet époustouflant et une lecture poétique, en plus d'être amusante.

Seuil jeunesse / Juin 2015

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07/05/13

Bêtes de Fabian Negrin

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En voiture avec leurs parents, Giorgia et son jeune frère réclament une pause pipi, s'éloignent derrière les bosquets, jouent avec un petit bateau qu'ils viennent de trouver et se perdent dans la forêt.

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Ils se chamaillent d'abord à propos de la direction à prendre, mais petit à petit l'inquiétude les gagne, bientôt suivie par la peur.

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Les enfants ne sont pas perdus. Ils ont tourné en rond dans un tout petit bois qui jouxte le parking. Plus de peur que de mal donc, mais leurs émotions n'en sont pas moins intenses !

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Au fur et à mesure qu'ils éprouvent de forts sentiments, l'auteur les représente sous l'apparence d'un animal qui caractérise leurs sensations.

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En les transformant ainsi, l'auteur attire l'attention du lecteur sur ce qu'ils éprouvent et la force avec laquelle ils l'éprouvent. Il montre aussi aux jeunes lecteurs que la réalité n'est pas toujours ce qu'elle semble être.

Une histoire subtile, au texte plein d'humour et aux illustrations magistrales et légèrement inquiétantes.

CET ALBUM EST DE TOUTE BEAUTÉ ! J'ai beaucoup aimé l'interprétation donnée aux sentiments via une métamorphose animale. C'est ludique et très intelligent. Un texte riche en nuances, très élégant.

Bêtes de Fabian Negrin (Seuil jeunesse, novembre 2012)

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02/04/08

(histoires pour tous les âges)

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Catsou est un petit chat roux qui a très vite été adopté par toute la famille. Le félin grandit et vagabonde dans la campagne environnante, menant sa vie de chat. Mais Catsou a un don véritable : dès que quelqu'un est triste ou fatigué, il le sent et retrouve sa route pour prodiguer câlins et réconfort. Puis un jour, la famille déménage et s'installe en ville. C'est bruyant, c'est bétonné. Catsou perd ses repères, il s'ennuie, devient triste. La famille comprend alors qu'il faut lui rendre sa liberté de vie de chat. Comme pour dire au revoir, il nous a regardés, très longtemps. Quand je l'ai vu s'éloigner, j'ai eu envie de pleurer, bien sûr, mais je savais aussi qu'il allait retrouver sa route.

Je ne porte pas les chats dans mon coeur, je préfère les chiens. Mais j'ai beaucoup aimé cette histoire de tendresse et d'affection. Dès qu'on démontre l'importance d'un animal dans la vie d'une famille, je ne peux que cautionner. Cette histoire a aussi le potentiel d'enseigner ce qu'est le besoin (ou le désir) d'indépendance, un choix qu'il faut respecter et accepter, malgré son chagrin ou son besoin égoïste de conserver pour soi.

Catsou, Bénédicte Brunet (texte) - Charlotte Mollet (illustrations)

Ed. du Rouergue, coll. Varia. 15 €

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Dans un quartier tristement ordinaire, où le ciel est de la couleur du béton, et où il pleut souvent, où il est si facile de ne pas dire bonjour à son voisin, où tout se ressemble, vit un homme ... gris. C'est Monsieur Personne. Les gens ne s'intéressent pas à lui, ne le voient plus. Les enfants ont peur de lui, ils le trouvent vieux et laid. Monsieur Personne ne fait rien de ses journées, sauf regarder par la fenêtre des heures durant. Ou il lit son journal. Il mange sa soupe, fait sa lessive, sa vaisselle, arrose sa plante, reprise ses chaussettes trouées. Et puis, quand la nuit arrive, Monsieur Personne allume la lumière de sa cuisine et il se met au travail. Son travail est important et mystérieux : il fabrique des étoiles !

On peut craindre au début que cet album sera sinistre et plombant, un peu moralisateur sur notre inconscience à ne pas se soucier de son voisin, à bouder la vieillesse, à mener une vie terne et sans saveur. On parle de solitude, d'apparence, d'individualisme. Et les couleurs sont également éteintes, le personnage de Monsieur Personne nous touche et nous affecte. Cette histoire de l'ordinaire n'a pas le mérite d'offrir grande évasion, jusqu'à la révélation du talent caché de ce vieil homme, finalement pas si ordinaire ! J'ai aussitôt pensé à la chanson des Innocents, Un homme extraordinaire. Bref, je ne partais pas conquise au début, j'en suis sortie émue par ce conte moderne qui explique d'où viennent les étoiles !

Monsieur Personne,  Joanna Concejo

Ed. du Rouergue, coll. Varia. - 18€

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Anna vient de lire le conte du Vilain Petit Canard mais s'en trouve fâchée. Selon elle, ce n'est qu'un salmigondis absurde ! Si on est laid, on est laid. Si on est beau, on est beau pour la vie. Pour s'en convaincre, Anna veut vérifier si elle est belle, vraiment très belle, aussi belle qu'un cygne. Elle s'en va poser la question à ses proches, quand étrangement elle découvre tour à tour sa mère en fourmilier, son père en paresseux, son frère en girafe et son imagination ne s'arrête pas là : le pommeau de douche devient un cobra royal, le frigo un ours polaire, les feux tricolores un très beau perroquet. Qu'est-ce que cela signifie ?

Simplement, ceci : Je suis belle, ou je suis vilaine ? Que voient les autres, finalement ? Et s'il était préférable de se moquer de ce pensent les autres de nous ? Un livre sur l'apparence et le regard des autres. A méditer, longuement !

 

 

 

Anna la vilaine, Fabian Negrin (traduit de l'italien par Marc Voline)

Ed. du Rouergue, coll. Varia - 14€

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Sa tignasse hirsute. Son gros nez cramoisi. Ses dents de devant tout ébréchées. Ses sourcils aussi broussailleux que des fourrés épineux. Et ses yeux. Noirs. Du goudron. Des copeaux de charbon. Deux encoches ouvertes sur la nuit.

C'est Raspoutine. En fait, il s'appelle Ferdinand, mais les gamins du quartier lui donnent ce surnom ridicule car sa physionomie leur rappelle ce cinglé qui hantait la Russie du Tsar Nicolas II. Ferdinand est un mendiant qui vit dans la rue (et dort dans une vieille voiture sans roues) et squatte tous les jours devant la boulangerie. Le quartier n'est pas bien riche, la gamelle du bonhomme pas très fournie en pièces. Le gars n'est pas un mauvais bougre, il ne crache pas dans sa main et n'hésite pas à envoyer balader le môme qui lui tend son assiette de choux de Bruxelles (véridique !). Certes, l'homme aime aussi boire du vin rouge, en bouteille plastique. Pour pisser rouge. Et puis il y a eu une journée d'hiver, où la neige était tombée en abondance. Les gamins jouaient à se lancer des boules, à glisser sur les fesses, sur le dos, sur le ventre. Raspoutine s'est joint à la bande, avec son couvercle de poubelle. Je me souviens de son gros rire et des éclatants morceaux de givre qui lui éclairaient les yeux ce jour-là. Car, après ça...

Le texte est de Guillaume Guéraud et se révèle fort et poignant. Son histoire dénonce la misère et la détresse, sans jamais tomber dans le misérabilisme ni dans le sermon. Le portrait esquissé du sans-abri n'est pas brodé dans la dentelle, pourtant cette histoire que rapporte le narrateur est un souvenir d'une jeunesse assez heureuse et toute simple, une consonance nostalgique, marquée par la rencontre d'un type subversif, qui vivait en marge de la société. J'ai beaucoup aimé l'écriture de ce texte, que je trouve juste, sans tirer la sonnette d'alarme. Notre monde n'est pas parfait, et je ne crois pas que cela puisse changer un jour.

Raspoutine, Guillaume Guéraud (texte) - Marc Daniau (illustrations)

Ed. du Rouergue, coll. Varia. - 13,50€

19/10/07

(Lecture du soir ... et de pet !)

patenplonJe viens de lire un livre ridicule ! ... Ah non ce n'est pas méchant de ma part, mais quand on découvre le propos de cette histoire, franchement on en sort avec un sourire niais collé sur la face, genre ... est-ce que j'ai bien tout compris ? ... parle-t-on là du prout légendaire ? !

De l'histoire de la flatulence, d'un géant nigaud et de quelques oies qui sont en réalité des chameaux, ainsi donc, nous y allons !

Patenplon est un géant et, ce matin, il a un appétit d'ogre. Pas de pitié pour les oies : il veut un déjeuner pantagruélique. Son appétit est grand, mais Patenplon ne sait être ni cruel, ni méchant. Et surtout, il n'est pas très intelligent. Quand une oie se fait passer pour un chameau, Patenplon se laisse gagner par le doute. Après tout, qu'est-ce qui prouve que les chameaux n'ont pas des ailes et des plumes ? Dépité, Patenplon libère les pauvres chameaux qu'il avait pris pour des oies et part à la recherche de quelque autre pitance. Affamé, il se résout à engloutir des nuages. C'est fameux, mais très indigeste : ça provoque chez Patenplon de grands pets en rafales. Et plus il pète, plus Patenplon rétrécie. Jusqu'à complètement disparaître... enfin, presque ! On ne le voit jamais, mais on l'entend parfois lâcher quelque pet tonitruant...

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Bon, ça vaut le coup d'oeil si l'histoire du pet de géant vous intéresse. La moralité de cette histoire est d'ailleurs apportée en fin de lecture, plutôt amusante !!!

Je pense aussi que c'est un livre très audacieux, par son histoire cocasse, et par les illustrations atypiques de Fabian Negrin : couleurs éclatantes, trait épais et enfantin ... l'idée est insolite jusqu'aux moindres détails ! Scrutez, cherchez, froncez les sourcils : vous en sortirez aussi ébahis que nous !

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Le géant Pantenplon - texte et illustrations de Fabian Negrin - Traduit de l'italien par Marc Voline.

Editions du Rouergue, coll. Varia. 32 pages.  15 €

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