28/09/17

Strada Zambila, de Fanny Chartres

strada zambilaIlinca ne pardonne pas à ses parents d'être partis en France pour effectuer un remplacement dans un cabinet médical en Normandie. Sa sœur et elle sont restées à Bucarest, coincées dans leur petit appartement avec leurs grands-parents et leur ribambelle de chats. C'est par souci économique qu'ils ont pourtant fait ce choix, mais la fillette ne veut pas l'entendre. Son amitié avec Florin, un élève rom de sa classe, lui montre aussi qu'il y a toujours moyen de s'en sortir, quand la famille se serre les coudes. Ilinca a onze ans, elle est fâchée, elle boude les appels vidéos de sa mère, elle refuse de confier ses tourments et elle trouve le temps long. Les fêtes de Noël approchent, mais elles n'ont pas le même goût cette année. Quand sa mère leur rend une visite surprise, Ilinca se prête  à rêver d'un retour à la normale. Et puis... patatras.

Fanny Chartres a passé neuf ans à Bucarest, ce qui lui a inspiré l'écriture de Strada Zambila - un joli roman sur l'enfance qui souffre du manque. Manque des parents, manque d'argent, manque de tolérance, manque de communication. Bref. L'histoire fait un petit tour d'horizon et nous promène dans les ruelles d'un pays marqué par le communisme, où la pauvreté est encore le lot quotidien, mais jamais elle ne renvoie une image misérabiliste. On visite ainsi le marché aux fleurs, la place Saint-Georges, la rue Radu Calomfirescu, on se détend à la patinoire en buvant du chocolat chaud, on déguste des sarmale avec de la mamaliga. On profite au mieux du bonheur de vivre, et on savoure l'instant présent. Cela n'efface pas les clichés contre les “cueilleurs de fraises” (ceux qui partent à l'étranger pour un avenir meilleur) ou contre les roms (les tziganes, voleurs de poules, de cuivre, etc.). Après tout, « on ne voit bien qu’avec le coeur, l’essentiel est invisible pour les yeux ». Et à Bucarest, “le clair côtoie l'obscur, mais c'est justement cette cohabitation du beau et du laid qui fait toute sa beauté”.

Un petit roman lumineux, tendre et bouleversant par ses révélations - où l'on se dit que mentir aux enfants a ses limites. Il y a une grande sincérité et de l'intelligence dans cette histoire, qui cherche à toucher au plus juste le jeune lecteur. Celui-ci se trouve face à une vie éloignée de la sienne, qu'il découvre autrement que par des idées reçues, et dont il appréciera, espérons-le, toutes les différences et les richesses culturelles. Aoleu !

Neuf de l'Ecole des Loisirs, 2017

Illustration de couverture : Iris de Moüy

Posté par clarabel76 à 13:45:00 - - Commentaires [0] - Permalien [#]
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