Demon Princess #1 : Reign or Shine - Michelle Rowen
Nikki vient d'avoir seize ans et se découvre un père qui avait disparu depuis sa naissance. Surprise ! Desmond est en fait le roi de The Shadowlands, une dimension située entre l'Underworld et l'Enfer, car son père est un démon. Nikki, de son côté, est une Darkling, mi-humaine, mi-démone. Et cette révélation stupéfiante s'ajoute au fait qu'elle retrouve un père mourant, qui va lui léguer son trône, sur lequel elle devra régner tout en croupissant dans un château sombre et glauque sans jamais pouvoir en sortir ! Nikki n'est pas au bout de ses peines, puisque le garçon dont elle vient de tomber amoureuse lui est aussi proprement interdit. Alors, va-t-elle accepter son héritage ou préférer tout effacer de sa mémoire en buvant la potion magique donnée par le roi ?
Encore un roman sympa, mais sans plus. La faute aux personnages : ils sont ternes et ennuyeux (terrible constat, hélas). Ensuite, l'intrigue ne casse pas trois pattes à un canard, c'est plat, c'est niais, c'est d'une simplicité à pleurer, bouh, on voit venir la fin de très loin. A ce stade, je suis particulièrement agacée par ma lecture, j'ai presque envie d'abandonner. Et c'est alors qu'à moins de cinquante pages avant le dénouement, tadam, on croise un nouveau personnage masculin, Rhys, le roi des faes. Argh, c'est un peu tard mais passons... Je suis tellement désespérée, je crois au miracle et j'ai les doigts collés au livre, je sens presque les papillons dans le ventre. Fichtre, ce garçon est torride, sombre, inquiétant, limite dangereux... hmm !
Grâce au premier chapitre glissé judicieusement à la fin du roman, en avant-goût pour ceux qui désirent lire la suite, on comprend que Rhys va devenir un personnage important (il va se faire passer pour un étudiant étranger venu en repérage dans le lycée de Nikki, on comprend qu'il est là pour la surveiller, mais on ignore dans quel but !). Cela donnerait presque envie de succomber à la tentation, alors même que ce premier tome est moyennement convaincant. C'est ce qu'on nomme, fatalement, l'art de la contradiction !
Demon Princess #1 : Reign or Shine - Michelle Rowen (Walker & Co, 2009)
challenge lire en VO - 43
Moonlight
Ce n'est probablement pas le livre qui révolutionnera le genre, mais cela ne lui enlève pas le droit d'être distrayant et particulièrement irrésistible côté romance. C'est simple, déjà vu, mais efficace. A bientôt dix-sept ans, le diplôme de sherpa fraîchement en poche, Kayla passe l'été à vadrouiller dans les forêts du Texas en compagnie d'une bande qui se connaît depuis l'enfance. Kayla n'a pas cette chance, quand elle était enfant, ses parents ont trouvé la mort alors qu'ils campaient, la jeune fille a été adoptée et a grandi en ville où elle s'ennuie comme un rat mort.
Ce retour aux sources est aussi une façon pour elle d'exorciser ses peurs, en affrontant son passé et ses secrets. Bref, les vacances s'annoncent palpitantes. Mais d'abord, la routine : un chercheur et ses assistants les ont sollicités pour les mener vers une clairière isolée où ils pourront observer la nature et les loups. De vieilles légendes circulent, on parle de lycanthropie, ce qui fait doucement glousser Kayla. Et pourtant ... Ce n'est pas un secret, le prologue nous annonce la couleur, le tout, ensuite, c'est d'observer l'innocente faire ses propres découvertes, mais ceci est un autre débat !
Kayla est une chic fille, en effet elle ne voit rien, rien des signes qui sont sous son nez, sauf qu'elle parvient à ne pas agacer. Et c'est sa naïveté qui la rend sympathique et rigolote. Cela change, les héroïnes un peu cruches ont tendance à être insupportables, mais Kayla n'est pas comme ça. De plus, ce n'est pas une amoureuse muette ni contemplative, c'est un petit bout de femme, elle a le droit de baver sur le beau gosse du roman, mais ça ne lui enlève pas ses neurones non plus.
Et la compétition est quelque peu mouvementée, d'un côté il y a Mason, le fils du chercheur, qui lui fait les yeux doux, lui conte fleurette et la cajole pour qu'ils passent plus de temps ensemble, il y a un bon feeling entre eux, c'est sûr, auprès de lui Kayla se sent en sécurité - chose qu'elle ne retrouve pas avec Lucas. C'est son chef, il est taciturne et mystérieux, il a un charme fou, du genre beau ténébreux, mais il lui fiche les jetons, impossible de se l'expliquer. Il l'attire, mais elle panique !
C'était exactement ce que j'avais envie de lire, simple, mignon et efficace. J'ai trouvé la romance à la fois adorable et excitante, non ce n'est pas nouveau, mais ça reste délicieux et la lecture a été un pur régal. C'est une série, mais les livres peuvent se lire séparément.
Moonlight (A Dark Guardian novel) - Rachel Hawthorne (HarperTeen, 2009)
Evernight, Claudia Gray
Evernight est un pensionnat réservé à une élite, qui ouvre occasionnellement ses portes à une poignée d'étudiants plus ordinaires et issus de milieux divers, dans le cadre d'une politique de "mixité des genres". Bianca est nouvelle, elle a suivi ses parents qui viennent de décrocher un poste d'enseignants, elle ne leur dit pas merci, tant elle se sent peu à sa place parmi la clique snobinarde et dédaigneuse qui constitue la crème d'Evernight.
Mais déjà Bianca a rencontré un beau garçon, aux yeux verts et aux cheveux de couleur bronze, Lucas. Il était seul dans la forêt alors qu'elle courait comme une malade pour fuir l'atmosphère étouffante de l'école. Il la course, elle se sauve, complètement paniquée, il la plaque au sol, et là... Son coeur à elle bat la chamade, et lui se présente comme le valeureux soldat, prêt à tout pour protéger la demoiselle en détresse. Ouah, c'est beau ! Quelques instants plus tard, ils se retrouvent, engoncés dans leur uniforme scolaire, elle se lance à ses trousses, tandis qu'il la fuit ! ... Eh oui.
En gros, pendant une bonne centaine de pages, c'est ce à quoi ressemble l'histoire, et non franchement ce n'est pas très excitant ! Lorsque survient le twist de la page 140 - THE TWIST ! - l'histoire prend enfin un autre sens ! Et c'est tant mieux, car je commençais sérieusement à m'ennuyer. Donc, tout est repris à zéro, c'est un autre roman qui se dessine, des nouveaux enjeux apparaissent, c'est plutôt pas mal, même si dans le fond la problématique reste la même : nos tourtereaux s'aiment mais ils sont maudits par le sort. (Et puisqu'ils ne peuvent pas être ensemble, ils sont prêts à tout, à n'importe quel prix !)
Le roman s'appuie aussi sur son climat mystérieux et effrayant, Evernight n'est pas une école comme les autres, on s'en doutait, mais profitez du bénéfice de la surprise pour apprécier la tournure, l'auteur a plus d'un tour dans son sac ! Je regrette simplement les longueurs, le côté simpliste de la romance et l'absence globale d'originalité (à force de lire des séries du même registre, c'est le même constat partout : le schéma répétitif, et peu de fraîcheur). Cela reste néanmoins un premier tome correct, mais pas extraordinaire.
Ne jamais te croire, Melissa Marr
C'est vrai, le premier livre de Melissa Marr m'avait laissé une impression de "p't'être bien qu'oui, p't'être bien que non", j'avais pourtant envie de lire la suite, et j'ai bien fait car ce deuxième livre a balayé tous les doutes ! Je l'ai trouvé superbe, sombre, romantique, avec des personnages torturés, des amours impossibles, des déchirements, des corps malmenés, de la sensualité aussi, des idées noires, de la féérie, en un mot : un univers fascinant ! Plus besoin de rappeler les bases, cette fois l'histoire est lancée, le lecteur va être rassasié, car pas le temps de tergiverser.
Au centre, nous avons Leslie, l'amie d'Aislinn (la nouvelle Reine de la Cour d'Eté, auprès de Keenan), c'est une jeune fille complètement paumée, dont l'existence n'est pas rose à la maison, on le devine entre les lignes, elle a notamment été bafouée et abusée par son frère et ses copains dealers, depuis Leslie se sent sale et minable. Aussi, elle a choisi de faire peau neuve et de s'offrir un tatouage dans le dos. Un choix crucial. Un choix qui va la faire basculer, à son corps défendant, dans un monde des ténèbres, entre les mains d'Irial (le roi qui se nourrit des émotions des mortels).
Avant de découvrir ce sombre stratagème, Leslie et ses proches vont faire face à des bouleversements inattendus et complexes : Niall, le bras droit de Keenan, va être de plus en plus attiré par Leslie, alors que cela lui est proprement interdit, car lui aussi, du fait de sa nature secrète, peut mettre la vie de la jeune fille en péril. Voulant protéger son amie, Aislinn refuse de lui avouer l'existence des fés. Keenan se débat toujours avec les souverains des autres cours pour maintenir la paix (à noter, l'absence de Donia, alors que Seth est bel et bien présent !). Et Irial qui rôde, qui rôde, et qui a décrété que Leslie lui appartenait...
Témoin des multiples rebondissements de l'intrigue, le lecteur comprend le sournois et oppressant subterfuge qui se met en place. Et c'est ce qui rend l'histoire tour à tour excitante, poignante et mélancolique. L'histoire s'appuie énormément sur le personnage de Leslie, qui ne nous déçoit pas du tout, au contraire elle nous apparaît profondément émouvante, fragile en apparence, mais avec une vraie force au creux du ventre. Cette lecture a plus d'un tour dans son sac, elle nous étonne, nous touche et nous envoûte. (La fin m'est cependant apparue trop expéditive, c'est toujours comme ça quand on n'en a jamais assez !)
Traduit de l'anglais (USA) par Blandine Longre
Albin Michel, coll. Wiz (2010) - 375 pages - 14,00€
Lune Bleue, t.2
C'était trop beau pour être vrai, l'amour éternel dont rêvaient Ever et Damen va être de nouveau compromis. Un nouvel élève, Roman, vient de débarquer au lycée, tout le monde l'adore, à l'exception de la jeune fille (*spoilers* ceci ne l'empêchera pas de tomber dans le panneau à la fin du roman, mais bon... cherchez la logique !?). Depuis son arrivée, le comportement de Damen est différent, pour ne pas dire effrayant ! Un bref instant, j'ai éprouvé de la compassion pour Ever.
L'histoire, donc, se focalise sur la maladie de Damen, sur l'antidote, sur la lente descente aux enfers, sur le choix d'Ever à reprendre sa vie d'avant, croyant à une punition divine, etc. Je pense sincèrement que l'auteur aurait pu faire plus court, le choix d'une narration à la première personne étant déjà pénible, du fait du caractère de l'héroïne, donc suivre les atermoiements de l'adolescente sur plus de 300 pages, hmm, j'ai rongé mon frein. Et quand cesserons-nous enfin de prendre le lectorat YA plus prude qu'il n'est !?! Je pense bien sûr à l'acte sexuel, ici souvent songé, esquissé mais jamais abordé car constamment repoussé. C'est d'une hypocrisie !
C'est loin, très loin, d'être une série fétiche, mais la curiosité l'emportant, je lirai très probablement la suite, pour de multiples raisons peu avouables, et aussi parce que d'après certains spoilers, on abordera la magie noire ! ... Tentée, non ?
Tome 2 de la série Eternels, Alyson Noël
Michel Lafon (2010) - 315 pages - 15,95€
traduit de l'anglais (USA) par Laurence Boischot et Sylvie Cohen
A paraître : Eternels, Tome 3 : Le pays des ombres de Alyson Noël (14 octobre 2010)
Rouge
Pour avoir énormément apprécié Graceling de Kristin Cashore, j'attendais avec impatience de lire son deuxième livre, Rouge (en VO : Fire). Las, j'ai été un peu déçue, surtout par le début. C'est lent et compliqué, Kristin Cashore nous plante un nouveau décor, d'autres personnages, on parle de monstres à la beauté chatoyante, bref c'est assez inattendu mais ça ne manque pas d'intérêt.
Rouge, notre héroïne, est aussi une femme-monstre, elle possède une beauté étourdissante, qui attire les convoitises, les jaloux, les haines, etc. Son père était un monstre sadique et cruel, qui a connu une fin horrible. Aujourd'hui, Rouge porte encore le fardeau d'être sa fille. Elle tente de faire le bien ou de se tenir à distance. Elle vit chez l'ancien commandant du roi, dont le fils Archer est fou amoureux d'elle. Un jour, Rouge est invitée par le roi Nash à rejoindre sa cour pour leur prêter concours. La jeune femme est télépathe, elle peut lire les esprits et les manipuler pour obtenir ce qu'elle désire. Le pouvoir du roi est en effet menacé, d'autres seigneurs semblent complotés dans l'ombre, le jeune roi et ses proches veulent les espionner grâce au don de Rouge.
Escortée par Brigan, le commandant en chef et le frère de Nash, Rouge se sent oppressée, incomprise. Le prince la déteste, son statut de monstre à la chevelure de feu rend leur périple ardu et dangereux, et le voyage s'éternise. Pour le bien de tous, finalement, car Brigan et Rouge vont apprendre à mieux se connaître et s'apprécier. Les sentiments amoureux naissent très timidement, nos deux protagonistes ayant des âmes torturées souffrent silencieusement et sont devenus amers. Ils ont été nourris de haine, de rancune, de frustration et de tristesse. Ils ont les ailes cassées, et puis la guerre est aux portes de la ville, il n'est guère temps de batifoler.
J'ai été surprise par le ton de ce roman, il est très mélancolique et met davantage en avant les tourments des personnages. L'intrigue repose longtemps sur du statu-quo, on assiste aux préparations d'un conflit sans pitié, et au centre Rouge se débat avec ses propres atermoiements. S'il fallait comparer la jeune femme à Katsa, ce serait le jour et la nuit ! Rouge est meurtrie, tout le temps triste, elle traîne un spleen qui ne se guérit pas, elle est vraiment très sensible. Et c'est ce qui pèse sur la lecture, cette sensation de morosité qui s'écoule au fil des pages. Au-delà de cela, c'est un très bon roman, avec une véritable identité, un univers riche et captivant, dicté avec intelligence, et où toutes les pièces se mettent en place avec beaucoup de virtuosité. Je suis impatiente de lire le prochain tome, Bitterblue !
Rouge ~ Kristin Cashore
Hachette (2010) - 423 pages - 18€
traduit de l'anglais (USA) par Raphaële Eschenbrenner
Fantasy Reading challenge 13 / 20
Le Poison Ecarlate
J'ai reposé mon livre, non sans regret. Je n'avais vraiment pas envie de quitter Elena, cette parfaite héroïne qu'on découvre, au début, abusée, bafouée, meurtrie. Accusée de meurtre, elle doit son salut au conseiller du Commandant, un dénommé Valek, qui la charge de devenir la goûteuse en titre. Mais Valek est un rusé, et pour s'assurer son service, il n'hésite pas à empoisonner la jeune femme, en échange d'un antidote avalé quotidiennement et qu'il est le seul à posséder. Elena, donc, apprend son métier. En même temps, elle va se forger une carapace, apprendre à se défendre, dompter ses peurs et affronter ses fantômes. Petit à petit, on découvre son passé et ses épreuves. Maria V. Snyder nous offre là un vrai portrait d'héroïne forte et fragile, immédiatement on s'attache et on éprouve beaucoup d'empathie et d'affection.
L'intrigue, également, est habile, palpitante et pleine d'action. Dans ce monde aux allures moyenâgeuses, la magie a été proscrite. Or, d'étranges phénomènes apparaissent et semblent affaiblir le pouvoir du Commandant. Parce qu'Elena elle-même est souvent menacée de mort par ses ennemis, elle se trouve associée à Valek pour venir en aide à leur chef et déjouer un monstrueux complot. A l'issue de ce combat, Elena trouvera sa place mais au prix d'autres sacrifices. C'est sincèrement captivant, avec une part de romance qui ne tombe jamais dans le mielleux. D'ailleurs, par certains aspects, j'ai trouvé que ce monde était proche de Graceling de Kristin Cashore. Du moins, Maria Snyder a su rendre son héroïne et son histoire plus humaine et sensible. Ici, les émotions ne manquent pas, et en même temps on ne s'ennuie pas un instant tant l'action est menée tambour battant. De plus, on ne fait pas dans la dentelle, les crimes, empoisonnements et autres querelles avec lames sont sanglants, les personnages ténébreux et donc attirants, bref j'ai été agréablement impressionnée par ce livre, dont je lirai la suite très vite !
Le Poison Ecarlate ~ Maria V. Snyder
Darkiss (réédition 2010) - 530 pages - 11,50€
traduit de l'anglais (USA) par Lucie Perineau
La Nuit des démons #1
Premier tome d'une trilogie qui parle de magie et de démons, La Nuit des Démons (en VO : The Demon's Lexicon) se révèle une très bonne découverte, dont la lecture, agréable et entraînante, offre une intrigue dynamique et rondement menée, se bouclant sur un twist inattendu.
C'est l'histoire de deux frères et leur mère qui passent leur temps à fuir les magiciens et démons qui cherchent à leur mettre la main dessus. Leur père a déjà péri sous leurs yeux, se sacrifiant pour protéger les siens. Alan et Nick ont donc très vite appris à être indépendants et matures, l'aîné est un érudit mais souffre d'un handicap à la jambe, le cadet est plus intrépide, il manie les armes, notamment l'épée, avec dextérité, il n'a aucune limite et seul son frère peut calmer ses ardeurs. Leur mère, Livia, reste cloitrée dans sa chambre, il faut s'en méfier, elle est folle et imprévisible, c'est elle qui a attiré l'ennemi en fuyant le plus puissant magicien qui était son amant, avant de dérober un talisman sacré. La famille Ryves n'a donc aucune attache et ses efforts pour sa survie commencent à s'essouffler.
Depuis peu, Nick s'est aperçu que son frère lui mentait et faisait des choses en cachette. De plus, Alan s'est entiché d'une fille, Mae, dont le frère Jamie a été marqué par trois fois par un démon. Ces marques le condamnent, et pourtant Alan va tout faire pour leur venir en aide, ce qui exacerbe la colère (et la jalousie ?) de Nick. L'étau se resserre, la tension va monter d'un cran et l'action va progressivement se mettre en branle.
Autant vous dire que ce livre se lit d'une traite ! Je me suis vue embarquer dans ce monde si proche de nous, et pourtant pollué par une menace maléfique non dénuée d'attrait. Les magiciens, pour gagner du pouvoir, kidnappent des humains pour les démons. Ces derniers, sans état d'âme, ne font qu'une bouchée des corps qu'ils possèdent et ne leur laissent aucune chance de survie. C'est sans pitié, c'est vrai, mais c'est aussi captivant. Le seul souci avec ce roman, c'est qu'il doit expliquer son modus operandi : donner des détails, planter le décor, nous introduire au marché des Gobelins par exemple et nous faire partager les fantastiques danses de quelques élus pour appeler les démons. L'idée, globalement, est excitante. La tonalité générale est, par opposition, plus sombre et pesante. Les événements se précipitent à la fin, peut-être trouvent-ils une solution trop facilement aussi, mais il restera de cette lecture un souvenir ravi et reconnaissant.
Dans ce premier tome, la narration est donnée à Nick, qui est un garçon arrogant, qui cultive l'humour et l'ironie, et dont le charme n'est pas sans rappeler un certain Jace Wayland. La personnalité des autres personnages demeure encore floue, à peine esquissée. Ils n'en sont pas moins tous attachants. Je lirai très prochainement la suite : The Demon's Convenant.
Lu en VO, mais le livre paraît début septembre 2010 chez Albin Michel, coll. Wiz.
La Nuit des démons - Sarah Rees Brennan
Albin Michel, coll Wiz (2010) - 13,50€
titre VO : The Demon's Lexicon
Wings
Après des années passées à étudier chez elle, Laurel entre pour la première fois au lycée, dans une nouvelle ville. Dès le jour de la rentrée, elle y fait la rencontre de David, son partenaire de bio, un garçon charmant et très gentil, qui l'introduit auprès de son groupe d'amis et prend plaisir à passer de plus en plus de temps auprès d'elle. Mais un matin, la jeune fille découvre sur son corps une bosse qui ne cesse de grossir au fil de la journée. Peut-être est-elle gravement malade ? Elle n'ose en parler à ses parents, évite David avant de se confier à lui. Car cette protubérance s'est développée de façon déconcertante : ce sont maintenant des pétales de fleur qui s'étalent sur son dos. Des fleurs qui s'épanouissent sous l'apparence d'ailes.
A ce stade du roman, j'avoue que je n'étais pas follement emballée. L'histoire est charmante, romantique, mignonne et un brin mystérieuse. Par contre c'est lent, long, trop sentimental. Le style littéraire n'est pas folichon, les personnages n'ont pas de charisme dévastateur et cette histoire de fille-fleur ne m'intrigue pas davantage. Hmm, forte d'encouragements extérieurs qui préconisaient que le livre exigeait patience dans les premières pages, je me suis donc efforcée à poursuivre ma lecture.
Un nouvel élément m'a aussi redonné du baume au coeur, avec l'apparition d'un certain Tamani. (" He looked at her so possessively, as if she were a lover he had already won and he was just waiting for her to realize it. ") Hmm. Enfin un peu de sérieux. Mais qui est-il ? Laurel l'a rencontré dans la forêt qui jouxte le terrain de sa maison d'enfance (que ses parents envisagent de vendre), il la découvre dans toute sa splendeur florale et n'est nullement effarouché, plutôt séduit et enchanté, et prétend avoir des réponses ! Yalla.
A la place, Laurel se braque et prend la fuite. Elle se console dans les bras de David, oh oui, un gentil garçon. " He was sweet, patient, smart, fun, and he made no secret that he adored her. " Toutefois, la gentillesse n'est pas l'atout majeur du sex-appeal. Nous sommes d'accord ? Et depuis les prémices d'une rencontre plus folle et sauvage avec Forrestboy, moi j'avoue que j'en veux plus !
Les détails cocasses ne manqueront pas, comme l'histoire du pollen sur les mains. Il suffit d'un toucher pour ensemencer une jeune fille en fleur, et zou. Cela casse enfin le romantisme, bonjour le glamour, la fantaisie et ... place à la féérie. Sur ce, je crois que j'ai trop attendu de cette lecture. Résultat, j'ai été frustrée et un peu déçue. C'est trop gentil à mon goût, trop délicat et romantique, j'avais besoin de sensations fortes, donc cela ne collait pas trop avec le programme. Tant pis.
Wings / Aprilynne Pike
Incarceron
Au-delà de cette très belle couverture, se trouve une histoire riche en promesses sombres et captivantes. Incarceron est une prison créée de toutes pièces, une prison vivante, avec des gorges qui s'ouvrent et avalent ses occupants, une prison qui se gausse et agit à sa guise pour punir, réglementer et organiser ce monde difficile. Finn fait partie de cet univers, il appartient au groupe des Racailles (qui pillent, tuent et font régner un climat de terreur). Or, le garçon est convaincu d'avoir un passé et force sa mémoire à raviver ses souvenirs enfouis. Il pense venir de l'Extérieur, son frère de sang cherche à le convaincre du contraire, jusqu'au jour où Finn trouve une clé.
Il existe bel et bien un autre monde, à l'Extérieur. Claudia est la fille du directeur de la prison Incarceron. Elle a été élevée pour être préparée à devenir reine, promise à un héritier imbu de sa personne, fainéant et prétentieux, qu'elle ne tient pas en haute estime. Elle est persuadée que son premier prétendant a été assassiné par son père et la reine en puissance. Claudia veut donc déjouer les complots, cesser la comédie qui consiste à créer une illusion permanente d'une société de l'Epoque (proche du 18° siècle), et percer le secret de la prison Incarceron, qu'on décrit comme idyllique. Claudia vient aussi de trouver une clé, et par la même occasion, parvient à entrer en communication avec Finn.
J'ai été totalement emballée au début de ma lecture par cette atmosphère étouffante, mystérieuse et donc captivante, avant de sombrer peu à peu dans un certain ennui. Ma fascination a cédé le pas à un malaise. A force d'être oppressant, Incarceron est devenu accablant. C'est sec, assez dur et froid. De plus, l'intrigue est assez lente, que ce soit du côté de Finn ou de Claudia, sans compter que ça reste plutôt prévisible. Cela m'a embêtée, très clairement. Incarceron propose un univers complexe, mais il manque LE truc pour rendre l'ensemble fluide et passionnant. Pas de place pour l'émotion, ni pour un zest de passion. Tout est tellement bridé, à l'exemple de la politique établie à l'Extérieur, où règnent la méfiance et la peur.
Claudia est une jeune fille modelée pour assumer de grandes responsabilités, du coup elle n'est nullement sujette à la sensiblerie, non pas que ceci représente un atout majeur, mais cela handicape la personnalité de la demoiselle, qui n'est donc pas très attirante. Ce n'est pas mieux pour Finn, qui se débat dans son univers carcéral, trop alambiqué et poisseux, le garçon ne se révèle pas très attachant non plus, sans pouvoir l'expliquer véritablement, mais encore une fois, ça coince.
J'ai été désappointée par ma lecture, au fil des pages. Je n'avais plus envie de continuer, mon intérêt pour l'histoire a flanché et je ne suis pas sûre de vouloir connaître la suite. Incarceron manque singulièrement de souffle et de tension, le suspense est trop étalé, c'est lent, c'est long. En bref, j'ai trouvé que ça restait plat et austère. Je m'y suis ennuyée, j'ai été déçue.
Parution rapprochée du tome 2, Le cygne noir (Incarceron #2) le 21 octobre 2010.
Incarceron ~ Catherine Fisher
Pocket jeunesse (2010) - 500 pages - 14,50€
traduit de l'anglais par Cécile Chartres