You can be a warrior, if you choose to be.
Shannon assiste, impuissante, au meurtre de son frère par une bande de Saxons sanguinaires. Effondrée, elle doit encaisser son exil dans un royaume voisin pour sa propre sécurité. Or, Shannon rêve de vengeance et de combat. Elle refuse les fanfreluches de la cour, supporte avec difficultés les railleries du charmant Iwan et n'hésite pas à apporter son aide au jeune vagabond, Rhodri, accusé d'être un espion à la solde de l'ennemi. Ajoutez que la déesse de la source, Rhiannon, s'adresse en personne à la princesse, qui comprend qu'un grand destin l'attend, à commencer par sauver la maison de ses parents et déjouer une fausse conciliation pour la paix.
Il m'a fallu 100 pages pour penser autrement à l'héroïne qu'à une petite pleurnicheuse sur laquelle s'abattent tous les malheurs. Après cela, on assiste à l'éclosion : Shannon devient une battante, doublée d'une vraie meneuse d'hommes. Bon, hélas il n'y a pas la place pour la romance - ce n'est pas faute de glisser deux charmants garçons dans l'intrigue. J'espère que cela se développera par la suite, car même si c'est une série pour plus jeunes lectrices (dès 12-13 ans), la fantasy est réellement divertissante lorsqu'elle s'associe à un semblant de comédie romantique. (Du moins, à mon goût.) Ou alors, ce premier tome introductif accomplit là sa mission de poser les bases dans la perspective d'autres épanouissements... En attendant, et pour celles qui apprécient, c'est un bon roman médiéval où se mêlent histoire et fantastique. Au moins trois tomes doivent suivre.
Princesse Shannon #1 L'aube du destin - Frewin Jones
Flammarion (2011) - 391 pages - 13€
traduit de l'anglais (USA) par Christine Aché et Catherine Grillet
illustration de couverture : Cali Rezo
Pêle-mêle Clarabel #23
Ou comment dénicher de bons romans historiques pour les petites lectrices (la mienne, surtout)...
Eulalie de Potimaron est une charmante héroïne, délurée et intrépide, qui ignore tout des règles et qui doit donc se rendre à la Cour de Versailles pour y remédier et devenir une demoiselle accomplie. Mais chassez le naturel, il revient au galop. Eulalie jure comme un charretier (Morbleu ou Ventre-Saint-Gris fleurissent régulièrement dans sa bouche), n'hésite pas à revêtir des habits de garçon pour parcourir librement les couloirs du château, se réfugie sous les combles et s'entraîne à l'épée (quitte à accepter un duel après s'être sentie insultée par un malotru), de plus elle ne se sépare jamais de son lapin, Ti-Tancrède.
On ne s'ennuie pas à ses côtés ! Accessoirement, elle deviendra également l'intermédiaire des amours secrètes entre Marie-Louise et le Dauphin, cherchera à découvrir le secret d'un tableau qui parle ... et j'en passe.
Certes, le contenu est léger, mais l'intrigue est bien rythmée.
De même, bien qu'une telle personnalité soit peu probable pour l'époque, Eulalie de Potimaron est une héroïne pétillante qu'il est bien difficile de snober. D'autres aventures sont d'ailleurs prévues, toutes plus divertissantes et impensables. Toutefois, il est bon de souligner le travail apporté quant à la véracité historique, au-delà des fioritures romanesques, et qu'on croise sans moufter des figures aussi symboliques que Madame de Montespan, Mademoiselle, fille de Monsieur (frère du Roi), et le Dauphin en brossant une description habile et succincte à chaque fois.
Voilà une manière astucieuse d'apporter des données instructives tout en distrayant.
Les folles aventures d'Eulalie de Potimaron : A nous deux, Versailles ! - par Anne Sophie Silvestre
Illustrations d'Amélie Dufour
Flammarion (2010) - 150 pages - 12€
dès 10 ans !
Le succès des romans historiques pour jeunes lecteurs n'est pas à démentir, et le règne de Louis XIV et du faste versaillais ne cesse de nourrir les esprits et d'attiser les appétits jamais rassasiés !
Cette nouvelle série signée d'Arthur Ténor conjugue avec intelligence les faits véridiques et la part romanesque. Jean de Courçon est page à la Cour de Versailles (il est encore élève, plus précisément), il s'est entiché de Prunelle, la fille du jardinier, et ensemble ils vont tenter de mettre un terme aux actes de malveillance qui sévissent autour des fontaines du roi.
L'intrigue est enlevée, et de plus le ton est drôle, ce qui n'est pas pour me déplaire. On trouve des situations cocasses et d'autres qui tiennent en haleine - le suspense est entier, il y a pas mal de rebondissements et l'action ne faiblit jamais. La jolie romance entre Jean et Prunelle apporte également beaucoup de douceur et de sourire. Tout m'est franchement très sympathique. J'ai été séduite par l'intrigue, alors même que la couverture illustrée par Benjamin Lacombe me touchait déjà en plein coeur. ♥
A L'Ecole des Pages du Roy Soleil : Sabotages en série à Versailles - Arthur Ténor
Seuil jeunesse (2011) - 206 pages - 10€
illustration et conception graphique de couverture : Benjamin Lacombe
Beautiful Dead, Livre 1 : Jonas
Le lycée d'Ellerton serait-il frappé d'une malédiction ? Quatre jeunes ont trouvé la mort, en un laps de temps très rapproché. Parmi eux, il y a Phoenix, le petit copain de Darina. Bien évidemment, celle-ci est inconsolable, choquée et veut des réponses. Son amoureux s'est fait poignarder dans une bagarre entre gangs, alors qu'il se rendait au rendez-vous fixé par la jeune fille. C'est trop pour elle, du chagrin à la colère il n'y a qu'un pas. Darina nous impose une narration sèche, écoeurée et meurtrie, jusqu'à sa rencontre surréaliste avec les Beautiful Dead.
Ils sont beaux, mais intouchables. Ce ne sont pas des anges, peut-être des zombies, ils sont ici et ailleurs, morts et revenus sur Terre pour accomplir une dernière mise au point. Ils ont un an pour comprendre leur mort brutale, avant de faire le grand saut. Personne ne peut les voir, à l'exception de Darina. Et parmi eux, il y a Phoenix. Leur histoire est brisée et désormais illusoire. Pourtant, Darina s'accroche, résiste à la menace de Hunter, le guide spirituel des Beautiful Dead, et prête son concours pour aider Jonas à comprendre la cause de son accident de moto. Il y a presque un an, le temps lui est donc compté, de plus sa petite amie est sortie de son coma, elle est clouée dans un fauteuil roulant et est totalement amnésique et déboussolée.
Premier tome d'une série qui en comptera probablement quatre, chaque volume correspondant à chaque Beautiful Dead, ce livre paie un peu le prix de l'introduction. C'est sur lui que repose toute l'explication, la mise en place du contexte, la présentation des personnages, etc. Je n'ai pas été follement séduite, et je suis même rentrée assez péniblement dans cette histoire. Le ton donné à la narration est âpre, un peu trop à mon goût. Je n'accuse pas la traduction, mais j'ai trouvé pénible les commentaires de Darina sur "son aimé" ou "son chéri" qui rendent le tout assez gnan-gnan. Par simple curiosité, je laisserai une chance au prochain tome mais je n'en fais pas non plus ma priorité.
Beautiful Dead, Livre 1 : Jonas ~ Eden Maguire
Flammarion (2010) - 358 pages - 13€
traduit de l'anglais (USA) par Luc Rigoureau
couverture de Julia Starr
Je suis devenue invisible.
(...) Je me déplace sans bruit, comme un fantôme. Invisible à l'oeil nu. Et quand j'attaque, c'est fulgurant. Tu pourrais recevoir un coup mortel sans jamais savoir qui t'a tué.
Mais je ne dégainerai pas mon épée contre toi. Parce que tuer sans raison, de sang-froid, est contraire au bushi, le code des samouraïs.
Et je suis un samouraï.
Ceci signe le lancement d'une excellente série, avec deux tomes déjà disponibles :
Les filles du Samouraï de Maya Snow : 1. La Trahison 2. Le Guet-Apens.
Et j'ai tout simplement adoré !
C'est une histoire qui vous transporte au 13° siècle, au Japon. Les deux héroïnes, Kimi et Hana, sont les filles du Jito, élevées dans la tradition pour devenir des demoiselles accomplies, bien qu'elles rêvent avant tout de devenir des samouraïs. Du fait de leur sexe et de leur rang, c'est une chose impossible, mais leur père, sur la bonne foi de savoir ses filles prêtes à se défendre en toutes circonstances, a toléré qu'elles s'entraînent avec des armes d'homme, aussi n'est-il pas étonnant de voir Kimi et Hana manier l'épée avec une grande dextérité.
Beaucoup de bonheur, de richesse et de sérénité baignent chez les Yamamoto, mais tout sera balayé en une soirée.
Kimi et Hana doivent fuir et se refugient dans la forêt avant de tenter leur chance dans une école de samouraïs tenue par Maître Goku. Elles masquent leur réelle identité et se font passer pour des paysans. A défaut d'être acceptées pour élèves, les soeurs sont reçues pour devenir des serviteurs.
La vie au dojo leur offre un havre de paix temporaire, le temps de se former et d'asseoir leurs maigres acquis, elles vont aussi mijoter un plan pour retrouver le reste de leur famille et laver l'honneur des Yamamoto, qui a été souillé par une haute trahison.
C'est une série que j'ai découvert avec grand plaisir. Une série où se mêle la richesse de la culture japonaise, à travers les arts martiaux, les samouraïs et les ninja, mais aussi qui révèle l'importance des castes sociales, l'éducation des plus nobles à travers les cérémonies du thé, la danse et la calligraphie, et puis le code de l'honneur des samouraïs, le bushi.
Respect et tradition, à première vue, mais pas seulement.
L'histoire nous montre le tourment des ambitions politiques, des complots et des trahisons, les soeurs ne vivent plus dans la douce illusion de confort et de paix. La belle époque est révolue, les héroïnes, loin d'être des pleurnicheuses, sont fortes et courageuses et ont vite fait le deuil de leur cocon.
La lecture se révèle parfaitement réjouissante, j'ai même dévoré les deux tomes à la suite, je me suis régalée. C'est plus enfantin que Le clan des Otori, car cela peut se destiner aux lecteurs dès 11 ans, mais c'est aussi une passionnante série qui ne fait pas dans la dentelle (les combats sont assez sanguinaires). Il y a beaucoup d'action, le récit oscille entre un tempo classieux et le rythme trépidant, dans le tome 2, par exemple, l'aventure ne faiblit pas un seul instant. Nous suivons les soeurs accompagnées de leur ami Tatsuya, la province est au bord de l'implosion, on ne compte plus les ennemis, mais heureusement des alliés inattendus font aussi leur apparition. Si le lecteur peut, a priori, reprocher un certain manque de style et quelques maladresses, il ne boudera pas longtemps son plaisir. C'est une très bonne série, qui aura à coeur de nous étonner encore et toujours.
Il s'agit d'une tétralogie. Le tome 3 doit prochainement paraître.
Traduction française de Alice Marchand
illustration de couverture : Brandon Dorman
Flammarion, 2009
Stargirl & Signé Stargirl - Jerry Spinelli
A Mica (Arizona), Stargirl Caraway vient d'entrer en seconde dans le lycée de Léo. Elle arbore des tenues excentriques, joue de l'ukulélé, étonne tous les élèves. Léo en tombe amoureux. Stargirl est un phénomène qui attire les regards, ses camarades la jalousent ou se lient d'amitié avec elle. Progressivement, à force de miracles, la jeune fille devient même la nouvelle coqueluche de l'école. Mais le jour où elle encourage à la fois l'équipe de basket du collège et l'équipe adversaire, Stargirl est mise au ban de la vie du lycée... Difficile de tolérer les entorses aux règles établies par une loi tacite et muette. L'histoire d'amour entre Leo et Stargirl risque, elle aussi, d'être sujette à des chuchotements et ainsi fragilisée.
Ce roman traite de la différence et l'anticonformisme. La figure de Stargirl est lumineuse, c'est une jeune fille atypique, qui vit dans sa bulle. Sa venue dans le lycée de Mica réveille les moutons endormis, c'est comme un électrochoc. Jusqu'à présent, les élèves suivaient des codes établis. C'était un public statique, qui ne s'enflammait guère pour les sports d'équipe. Chacun à sa place, aussi. Le repas à la cantine, tous les midis, est avalé dans le silence. C'est morne, sage, le calme plat. Et Stargirl arrive, avec son ukulélé, son rat Cannelle et sa marguerite sur son pupitre... Un enchantement ! Cela montre d'autant plus la stupidité du commun des mortels - Leo, le narrateur - qui est séduit par l'originalité de cette fille, en tombe amoureux puis souffre d'être la cible de "l'évitement". Alors, vachement, il demande à sa belle de changer, de rentrer dans le moule. Et pourtant, la Stargirl qui a su l'éblouir était bien celle qui aujourd'hui lui fait honte !
Un gros casse-tête, ce livre ! Il montre bien la dualité existante dans la société actuelle, celle de l'apparence, qui juge selon des préceptes figés et qui nous endoctrinent bêtement. Il suffit d'une part d'originalité, d'un pas de travers et le couperet tombe... Je n'ai pas aimé Leo pour toutes ces raisons, pour sa lâcheté notamment. Il subit l'influence de masse et désire que son adorée adopte une attitude plus conforme. Être en accord avec le jugement des Autres, voilà un terrible dilemme pour une demoiselle libre comme l'air, qui ne souffre pas qu'on l'enferme dans une case. Léo mérite-t-il un tel amour ?
Editions Flammarion 2003 pour la traduction française, coll. Tribal - 270 pages. 10€
Traduit de l'anglais par Luc Rigoureau.
On retrouve notre Stargirl dans ce roman publié sept ans plus tard. L'histoire, elle, se passe juste après la douloureuse rupture avec Léo. De la Pennsylvanie où elle vient d'emménager avec sa famille, Stargirl décide de lui écrire une lettre qui se transforme vite en journal intime. Elle y raconte la douleur de la séparation, sa solitude, mais aussi les personnages originaux qu'elle rencontre et avec qui elle se lie d'amitié. Il y a la petite Dootsie, qui, du haut de ses cinq ans, mène son petit monde à la baguette, Betty Lou, qui n'a pas mis un pied hors de chez elle depuis 9 ans, Alvina, au tempérament bouillonnant et Perry, le voleur aux yeux bleus.
Est-ce parce que ce roman est livré d'un point de vue féminin, celui de Stargirl, que je l'ai trouvé terriblement spécial et attachant ? Toujours est-il que j'ai davantage apprécié cette suite ! On y retrouve une jeune fille déchirée, déçue et blessée. Tous ses espoirs placés en Léo ont été balayés et la jeune fille souffre énormément. Les mois passent, ses petits galets désemplissent son chariot du bonheur et cela la consterne. C'est intéressant ici de découvrir l'autre aspect du miroir, le côté verso d'une histoire livrée (côté pile) par Léo. Mais heureusement on n'y passe pas des plombes non plus, Stargirl ne se complaît pas dans l'atermoiement et très vite elle se ressaisit.
Dans la nouvelle ville où elle vient d'emménager, elle découvre des personnalités aussi fantasques et burlesques qu'elle. C'est une vie qui lui ressemble, faite d'excentricités, de gentillesses et de particularités. Parce que Stargirl n'est pas une fille typique, elle se doit d'être entourée d'amis précieux et hors du commun. C'est à la fois drôle, magique et ça donne cruellement envie. Stargirl a le don de saupoudrer la vie des autres avec ce grain de folie douce, elle fascine. Et malgré tout, ses pensées continuent de voler vers Arizona Leo et c'est rageant ! On ne brûle pas les ailes d'un premier amour, j'ai bien compris. Et dommage, car la rencontre avec Perry est beaucoup plus pétillante et excitante à suivre ! On referme les 370 pages de ce livre avec un air heureux et comblé. On en retient le plaisir incomparable d'avoir touché les étoiles !
A découvrir !
Flammarion pour la traduction française, 2008 - Coll. Tribal - 370 pages. 10€
Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Luc Rigoureau.