23/06/22

Les Imbéciles heureux, de Charlye Ménétrier McGrath

Les Imbéciles heureuxEncore une jolie découverte, avec ce roman qui traite de deuil, de reconstruction, d'amitié et de confidences.

L'approche est touchante et montre un groupe d'amis qui revient sur leurs rêves de lycéens en les confrontant à leurs vies d'adultes. Entre amertume et nouveau souffle, la démarche vient en aide à nos trois héroïnes (l'une a perdu son mari dans un accident de voiture, l'autre fait un burn-out et la suivante est en train de quitter son compagnon).

J'aime beaucoup la simplicité et la sincérité derrière la plume de Charlye Ménétrier McGrath. Il y a forcément un passage, dans cette histoire, qui vous parle ou qui trouve un écho particulier.

Concrètement, c'est une lecture douce et aérienne. Qui virevolte dans le ciel, vous effleure puis repart vers d'autres horizons.

Fleuve éditions, 2020

⭐⭐⭐

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30/05/22

Labyrinthes, de Franck Thilliez

Après Le manuscrit inachevé et Il était deux fois, un nouveau imbroglio judicieusement tricoté par l'ami Thilliez !

LabyrinthesL'histoire débute par un meurtre - une victime défigurée, une suspecte soudainement amnésique. La jeune enquêtrice se rend chez un psychiatre pour discuter de l'affaire.

Celui-ci prévient qu'il va lui raconter une histoire construite comme un labyrinthe où s'entremêlent plusieurs parcours : une journaliste marquée par la mort de ses parents et le cambriolage de leur maison, une adolescente kidnappée et séquestrée dans une cellule par un maniaque du contrôle, une romancière un peu barge et une autre psy qui vit isolée dans une cabane au fond des bois et qui oublie la mort tragique de sa fille en buvant de la vodka.

Tout lecteur avisé (et coutumier des romans de l'auteur) ne tombera toutefois pas dans le panneau et va veiller à chaque détail de cette longue, longue analyse.

Résultat : c'est subtil. Fin. Captivant.

On compte en effet autant d'intrigues qui guident les pas du lecteur vers un dénouement pas si surprenant (*fan de la première heure*). Mais c'était si bon à écouter - 10 heures de lecture fascinante.

Et en bonus, quinze minutes pour se faufiler dans les coulisses de la création et sur l'invitation de Franck Thilliez lui-même. La grande classe ! En bref, j'ai beaucoup aimé ce roman, intelligible et astucieux.

©2022 Fleuve Éditions (P)2022 Lizzie

⭐⭐⭐⭐

23/05/20

J'ai épousé une végane, de Fausto Brizzi

J'ai épousé une véganeC'est l'histoire de Fausto qui rencontre une femme superbe mais avec un gros handicap : c'est une végane ! Lui qui a toujours porté aux nues la pizza à la mortadelle, le cheeseburger, le tiramisu, les aubergines à la parmesane, les lasagnes, les calamars frits, la purée de pommes de terre, les profiteroles, les croquettes de riz... sans oublier les boulettes de sa grand-mère - vous imaginez son désarroi. Ô douce ironie de tomber amoureux d'une habitante de la planète Véga !
Franchement, qu'est-ce que c'est drôle !!!
La lecture est pleine de second degré mais déploie aussi un sincère plaidoyer à retrouver le goût de l'essentiel, de purifier son corps et son esprit, d'adapter son régime alimentaire et de veiller sur sa petite santé. Cette dernière démarche s'entend... après il faut juste prendre beaucoup de recul avec le récit de Fausto qui taille un sérieux costard à son épouse chérie. 😄
L'auteur prévient : « Au cas où le futur avocat de ma femme lirait ce livre, je tiens à préciser que c'est dans un esprit bon enfant que je me moque d'elle au cours des chapitres suivants, avec son accord et sa bénédiction ; mais je tiens surtout à l'informer que les épisodes dramatiques que je m'apprête à narrer ne sont pas le fruit de mon imagination. »
Tentez l'expérience, c'est vraiment décalé et instructif !

Fleuve éditions, 2017 - Traduit par Jean-Luc Defromont

⭐⭐⭐

 

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20/04/20

Angelfall (Penryn et la fin du monde #1), par Susan Ee

Angelfall Penryn et la fin du mondeJe ne m'attendais pas à un roman aussi brut de pomme. Bon sang de bonsoir. Toute perspective guillerette est proscrite. Par contre c'est vraiment distrayant à lire car totalement rocknroll.

Notre monde a donc été mis k-o par une armée d'anges débarqués du ciel pour déverser sa colère en s'attaquant à l'espèce humaine. Sans explication, sans excuse. Boum. La population est asservie ou obligée de se planquer pour survivre. Penryn cherche avec sa mère (schizophrène) et sa petite sœur (handicapée) à se sauver de la Silicon Valley quand elles sont témoins d'une vendetta entre séraphins. Mais la jeune Paige est kidnappée par le groupe tandis que Penryn vole au secours du mystérieux Raffe laissé sur le carreau. Ses ailes ont été arrachées. La créature sanguinolente gît au sol, mais la jeune fille choisit de l'abriter dans des bureaux pour l'utiliser comme monnaie d'échange (objectif : retrouver sa sœur !).

Pendant 400 pages, le ton est donné : rude, implacable et tendu. On sent que les personnages sont tous enlisés dans un bourbier sans nom. Entre Penryn et Raffe, la relation est d'ailleurs électrique (mais va s'assouplir au fil du temps). N'attendez pas de papillons voltigeant dans un ciel bleu et ensoleillé... non, non. L'ambiance est vraiment à la désillusion totale, comme un lendemain de fête trop arrosée ! Voilà, voilà.

Mais ça m'a bizarrement beaucoup plu. J'ai bien aimé le côté trash, sans foi ni loi, de cette lecture qui envoie du bois. C'est pas du tout crémeux ou romantique ou gnangnan (c'est tout le contraire). Ça a plutôt été comme un boost dans ce quotidien surréaliste qu'on vit en ce moment... donc ouais, bébé, ça le fait ! Du bonheur à l'état pur, brut, natif, volcanique, quel pied !

Fleuve éditions / Territoires (2014) - Traduit par Alexandra Maillard

⭐⭐⭐⭐.5

 

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16/04/20

Oh Happy Day, de Anne-Laure Bondoux & Jean-Claude Mourlevat

Oh Happy DayJ'avais beaucoup d'espoir (mais surtout beaucoup de crainte) au moment de découvrir cette lecture. Quatre ans ont passé pour Pierre-Marie et Adeline. En fait, j'avais oublié que le couple était sur le point de se rencontrer à la fin de Et je danse, aussi mais se réservait cet instant à l'abri de notre regard inquisiteur. Verdict : un total échec dont la grande responsabilité revient à Pierre-Marie. Médaille d'or de la goujaterie.

Donc quatre ans plus tard, ce monsieur a l'outrecuidance d'écrire à Adeline. Il aimerait retrouver un petit carnet pour relancer la muse endormie. La dame ne moufte pas mais aiguise ses lames. Elle est désormais mariée et heureuse en ménage. Elle s'apprête d'ailleurs à quitter le pays pour s'installer à Toronto. Elle est à deux doigts de glisser une fin de non-recevoir. C'est comme ça que leur correspondance renaît de ses cendres. Elle reprend d'abord sur le bout des lèvres, puis délivrée des vieilles rancœurs. Car les anciens amis ont beaucoup à partager. Actes manqués et regrets amers... on nage en plein dedans.

L'aventure canadienne va également prendre un tour inattendu, à la fois burlesque et dramatique. Bof bof. De toute façon c'était foutu depuis le départ. Quand j'ai compris que les sautes d'humeur de l'un avaient brisé le cœur de l'autre, pour moi la magie dans Et je danse, aussi venait de voler en éclats. Je n'ai pas aimé cette suite (inutile... encombrante... minable...). Oui je mets des pointillés, exprès ! Mais cette histoire n'a ni queue ni tête. C'était comme si j'avais usurpé mes souvenirs (ça se passait comment dans Et je danse, aussi ?). Cette fois, point de lumière, point d'étincelle. Les personnages ont fait leur temps. Je préfère mille fois le mystère à un rendez-vous foiré qui vous laisse un goût aigre en bouche... pouah.
Terrible déception ! Vraiment.

©2015 Fleuve Éditions, département d'Univers Poche (P)2020 Lizzie

Le livre audio se boucle sur un entretien avec les auteurs, qui expliquent le pourquoi du comment etc. (J'en viens à regretter le refus initial de JC Mourlevat à écrire une suite... mais pourquoi !?!!). Bref. Tous deux commentent également la version audio et avouent un certain malaise à l'écoute d'une voix étrangère se glisser dans la peau de leur personnage. JC Mourlevat a davantage d'embarras envers l'exercice (ce qui ne signifie pas qu'il juge le travail mal exécuté... bien au contraire). 

Personnellement, les voix des comédiens m'ont paru très agréables à suivre et m'ont permis d'embarquer à bord de cette histoire avec beaucoup d'insouciance. C'était distrayant et réconfortant. Sur ce plan, aucun souci. Dommage de n'avoir pas trouvé mon bonheur dans le contenu de l'histoire... car vraiment c'est une suite qui n'avait pas lieu d'être.

 ⭐⭐⭐

Du 20 avril au 3 mai 2020, l'éditeur Lizzie vous offre un livre audio. Il vous suffit de télécharger l'application Lizzie pour profiter de cette offre.


15/04/20

Un Matin ordinaire, par Marjorie Tixier

Un Matin ordinaireAttention... Ce roman m'a mise k-o. L'histoire est pourtant assez ordinaire mais elle a une portée bouleversante. C'était trop dur ! 😖

Un matin, Laurence ne rentre pas de son jogging habituel. La voisine s'en inquiète et prévient le mari. Celui-ci comprend qu'il est arrivé un malheur et alerte la police. Tout le monde semble avoir son mot à dire... Or, Laurence est bel et bien tapie dans les bois, terrorisée et traumatisée par une mauvaise rencontre. Dans sa tête, tout est déglingué (et on la comprend). Comment retourner à sa vie, affronter le regard des autres et sa famille ? Impossible. Laurence se replie sur elle-même, se coupe de l'extérieur, refuse d'en parler. C'est tout son univers qui s'effondre... elle qui a grandi dans ce village où chacun connaît son papa, la maladie de sa maman, ses deux filles, son mariage sans nuage, son métier d'infirmière, son rituel matinal... Alors ce drame vient tout pulvériser.

Qu'est-ce que c'est dur ! En fait j'ai davantage besoin d'évasion en ce moment et je n'ai pas pu encaisser le drame de ce livre. J'avais des frissons rien qu'en le lisant... trop douloureux, trop triste, trop poignant. C'est un roman choral qui laisse apercevoir comment des vies banales basculent en enfer après une tragédie, comme des ondes sismiques, les effets ne s'arrêtent jamais et font énormément de dégâts. Mais hélas c'était trop pour moi... Que de souffrances. Je me sens encore trop fragile pour m'y attacher.

Fleuve éditions, 2020

⭐⭐⭐ 

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06/07/19

Une proie si facile, par Laura Marshall

UNE PROIE SI FACILEAttention, attention : narratrice passablement mollassonne et passive droit devant !
Cela fait vingt-cinq ans que Louise a quitté le lycée mais elle vit toujours dans le souvenir de ses années brouillonnes, à vouloir suivre le mouvement et faire partie du groupe des populaires. Pour y parvenir elle était prête à se moquer d'une copine et de la pousser au suicide.
Oui, c'est flippant.
Aujourd'hui Louise est divorcée (de son béguin du lycée) et maman d'un garçon de quatre ans. Elle aurait lancé sa propre boîte de décoration intérieure sauf qu'on la voit beaucoup tâtonner et se rappeler de boucler ses dossiers. 
Un autre sujet la turlupine car elle vient de recevoir une invitation sur Facebook d'une camarade qu'elle croyait morte. Louise est donc persuadée d'être la cible d'une abominable vengeance et cherche à recontacter ses amis de l'époque pour la prochaine réunion de leur ancienne promotion.
On a surtout le sentiment que le temps s'est figé pour tous - les pestes sont toujours aussi garces et les moutons encore plus dociles et veules. Mais on s'interroge aussi sur leurs petits coups bas et les conséquences de leurs actes.
D'où une lecture aux impressions mitigées - ça se lit vite parce qu'il y a du suspense mais le dénouement est plat et les personnages pas brillants. Ça illustre cependant cette tendance à afficher sur internet un semblant de vie artificielle pour masquer la cruelle réalité.
Un constat qui me hérisse le poil !

Fleuve Editions, Collection Fleuve noir (2018)

Traduit par Silke ZIMMERMANN - Titre VO : Friend Request

 

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15/06/19

Les Sales Gosses, de Charlye Ménétrier McGrath

Les sales gosses

Pimpante octogénaire, Jeanne ne décolère pas contre ses enfants qui ont jugé bon de la placer en maison de retraite sans son avis ! Elle dégaine ses premières armes en leur menant la vie impossible puis se ravise quand elle se découvre une bande d'amis dans cette résidence de la seconde chance.
En effet, nos petits vieux ont du temps à rattraper en matière d'amitié, d'amour et de rêvé inachevé (comme monter sur scène et pousser la chansonnette, gommer les actes manqués ou raccommoder les rendez-vous loupés). Le groupe s'entraide et fait aussi les 400 coups au grand dam de leur descendance. Jeanne a mis les points sur les i mais va également aplanir les relations conflictuelles entre tous. 
Au fil des pages, une formidable harmonie s'installe et vient rayonner sur le lecteur ébahi. Car cette histoire est attachante et bienfaisante. On se sent bien entre ses lignes et parmi cette bande de joyeux lurons délurés. Jeanne devient malgré elle la locomotive du groupe et va inspirer ce souffle de rébellion au sein des retraités. 
Il y a aussi des passages plus doux, plus graves sur le temps qui passe et les regrets qui restent. En les évoquant, notre troisième âge prend aussi conscience du sursis accordé et de l'occasion à saisir pour retrouver un grand amour perdu ou vivre à nouveau une belle histoire. En somme, c'est tout plein de sentiments affectueux, généreux et sincères. C'est émouvant - argh, cet épilogue ! - mais il n'empêche que le message de vie et d'espoir passe comme une lettre à la poste. On adore cette sensation que le roman procure. Ça vous noue l'estomac et ça vous rend gaga d'admiration. On se sent comme dans un cocon douillet - c'est chaleureux et réconfortant.
Pour un premier roman, c'est un joli essai. Réussi !

©2019 Fleuve Éditions (P)2019 Lizzie

Couverture de Les Sales Gosses

Excellente interprétation par Marie-Christine Barrault ! Une véritable aubaine pour ce roman d'avoir une comédienne aussi talentueuse... Il y a de l'élégance, de la majesté et de la maturité dans cette lecture audio. C'est pour moi un vrai cadeau qui donne du poids et de la noblesse à cette belle histoire de pensionnaires hors du commun ! Bravo.

 

25/02/19

La Veuve, de Fiona Barton

La Veuve lizzieVeuve du principal suspect dans la disparition de Bella Elliott, Jane Taylor est désormais libre de tout confesser. Avait-elle connaissance de la double vie de son mari ? est-il coupable d'avoir enlevé l'enfant ? où se trouve la fillette ? Jane est-elle complice de son crime ? ou simplement victime du caractère dominant de son époux ?
Très vite, le doute est planté dans l'esprit du lecteur. La personnalité trouble et troublante de la veuve est avérée. On suit ainsi les multiples échanges entre Kate Waters, la journaliste qui cherche à arracher son scoop, ou Bob Sparkes, le policier principal qui y perd son latin, et les différents protagonistes de cette enquête. On alterne aussi entre le passé et le présent, brouillant davantage les pistes pour remonter le fil de l'intrigue et débroussailler l'obscur et l'inexplicable.
Au final, la lecture est un labyrinthe sans fin. Jane mène la danse tout du long, mais son personnage est déroutant, peu charismatique, trop secret, bref non fiable. On perçoit déjà chez Kate Waters une pugnacité qui fera son succès (cf. La coupure), de même Bob Sparkes révèle une sensibilité profonde, que cette histoire sordide ne va pas manquer d'ébranler. Quoi qu'il en soit, nous sommes tous les pigeons de cette étrange histoire.
Par contre, l'interprétation audio est excellente, tenue de main de maître par Marie-Eve Dufresne qui s'entend pour accentuer le malaise autour de la veuve et appuyer sur les interrogations : qui a fait quoi, qui dit vrai ou pas. Tout ce qui en sort n'est nullement émouvant, mais inspire du dégoût, de l'incompréhension. Un grand flou. On déteste ça, on a les yeux ou les oreilles collés aux mots de l'auteure. On absorbe cette confession insaisissable et désolante, tout en pestant ou en hochant la tête. Beaucoup de distance à prévoir, peu d'empathie à espérer, mais une sensation d'uppercut permanente (et désagréable, forcément). Une expérience très déstabilisante pour la fascination qu'elle suscite. À tenter.

©2017 Fleuve Éditions, département d'Univers Poche, pour la traduction française. Traduit par Séverine Quelet (P)2019 Lizzie

Repris en format poche chez POCKET (2018)

LA VEUVE

07/11/16

Rêver, de Franck Thilliez

REVERPour son nouveau roman à suspense, Franck Thilliez fait montre d'une abominable rouerie en explorant les arcanes du sommeil et des rêves via son héroïne atteinte de narcolepsie. Abigaël souffre de cette maladie depuis des années et a souvent recours à des brûlures ou des scarifications pour distinguer le vrai du faux. Tout s'embrouille dans un flou constant, ce qui empoissonne naturellement sa vie.
Psychologue chevronnée, spécialisée en criminologie, elle prête souvent son concours aux enquêteurs pour débroussailler le terrain et les guider vers des issues possibles. Depuis plusieurs mois, tous s'échinent à démasquer un kidnappeur d'enfants, le mystérieux Freddy, en référence au personnage créé par Wes Craven, qui prend plaisir à infliger à ses victimes des tortures insoutenables. Mais la vie d'Abigaël bascule dans le cauchemar, alors qu'elle accompagne son père avec sa fille pour un weekend de détente, leur voiture est accidentée en rase campagne, seule Abigaël sort indemne de la carcasse et n'a aucun souvenir du choc. Six mois plus tard, toujours effondrée et shootée aux calmants, Abigaël tente de se raccrocher à son travail, avec le soutien de son ami Frédéric, enquêteur de police. Elle tente, parallèlement, de reconstituer les dernières heures qui ont précédé son accident de voiture et va pointer des détails troublants dans le planning de son père.  Et lorsque certaines pistes recoupent celles de l'immonde Freddy, le sang d'Abigaël ne fait qu'un tour. 
Certes, la lecture est assez laborieuse car il faut prêter attention, à chaque instant, aux dates et aux lieux des événements, ne pas lâcher le fil de l'intrigue, aussi ingénieuse soit-elle, et se dépêtrer du brouillard perpétuel qui enveloppe les pensées et les faits de la jeune femme. La maladie d'Abigaël entre souvent en jeu et vient un peu compliquer la donne : entre l'acquis et le supposé, les frontières s'effacent. Et c'est le point fort du roman. F. Thillez dupe facilement le lecteur en lui faisant croire tout et n'importe quoi, mais le piège est facile et pleinement consenti. J'ai apprécié suivre le mouvement, perdre mon équilibre et culbuter d'une idée à l'autre. Lorsque la brume se désépaissit et laisse filtrer un début de vérité, c'est encore plus flippant et excitant. 
Résultat, ce roman m'a beaucoup plu. Au départ je trouvais l'interprétation de Clémentine Domptail glaçante et mécanique, puis l'atmosphère générale a réussi à me convaincre que cela collait au personnage d'Abigaël. Constamment sur le fil du rasoir. Cela n'empêche pas non plus les émotions de se faufiler, on a le choix entre frissonner de dégoût et trembler de peur, se questionner sur la santé mentale de l'héroïne et éprouver aussi de la compassion. Entre séquences fortes et instants dramatiques, la balance, en tout cas, est parfaite. Ce cru 2016 s'émancipe du duo Hennebelle & Sharko et offre sans aucun doute une bonne échappatoire à la routine ! 

Texte lu par Clémentine Domptail pour Audiolib (durée : 13h 14) - Octobre 2016
© California Dreamin', The Mamas and the Papas - Universal Music Division Barclay.
© 2016, Fleuve éditions, département d'Univers Poche