Des millions de larmes et de rires, de Karma Brown
Tegan et Gabe vivent le grand amour depuis leur rencontre à l'université. Désormais mariés, ils attendent la naissance de leur premier enfant dans trois mois. Mais un soir d'hiver, sur une route verglaçante, leur voiture fait une embardée.
La jeune femme se réveille sur un lit d'hôpital et apprend qu'elle a perdu son bébé. Effondrée, elle ressent une profonde rancœur à l'égard de son compagnon et s'enfonce dans la dépression. Les semaines passent, l'amertume a fait son nid et Tegan refuse de reprendre goût à la vie.
Le couple est dans l'impasse : ils ne se comprennent plus et se disputent sans cesse. Gabe cherche à bousculer Tegan et lui propose finalement de partir pour un long voyage de six semaines : les plages de Bangkok, la cuisinie italienne, le surf à Hawaii... Pourquoi ne pas réaliser leurs vieux rêves pour sauver leur amour ?
Tegan accepte. À son corps défendant. Elle n'est plus que l'ombre d'elle-même. Elle se ment. Et elle ment aux autres. Elle refuse d'évoquer le drame qu'elle vit. Son deuil insurmontable. Et s'enferme dans une bulle increvable.
En fin de compte, ce voyage va peu à peu lui offrir mille sensations et autres émotions : en remontant le fil des souvenirs, elle va extérioser sa douleur trop longtemps enfouie.
- Ça peut paraître dingue, mais peut-être que je n'ai pas envie de surmonter tout ça.
Je suis soulagée de l'avoir enfin dit tout haut.
- Est-ce que j'ai vraiment envie d'aller mieux ? D'aller de l'avant ? Parce que... parce que...
Je m'interromps, le souffle coupé par le chagrin.
Gabe m'interroge d'une voix douce, compréhensive.
- Parce que tu as peur d'oublier ?
Je hoche la tête en aspirant un peu d'air.
- Et si j'oubliais tout l'amour que... tout l'amour que...
- Tu ne l'oublieras pas, m'interrompt Gabe d'une voix imprégnée de détermination. Je ne te laisserai pas oublier.
Oh, quel roman ! Je n'ai absolument rien vu venir. Je ne m'y attendais pas du tout. En tout cas, ce roman est juste bouleversant ! Je l'ai lu d'une traite, j'ai voyagé, j'ai rêvé, j'ai souri, j'ai pleuré. Même après avoir terminé ma lecture, je me sentais encore imprégnée par ses mots et ses messages. Que d'amour et d'espérance entre les lignes... c'était magnifique.
HarperCollins (2015) - Traduit par Florence Guillemat-Szaras
Titre VO : Come Away With Me
Les jumelles, de Claire Douglas
Dévastée par la mort tragique de sa sœur jumelle, dont elle porte la lourde responsabilité, selon elle, Abbi part s'installer à Bath où elle rencontre Beatrice et son frère Ben. Eux aussi sont jumeaux et inséparables. Ils vivent dans une grande demeure bourgeoise, où cohabitent d'autres artistes en herbe, et proposent à Abbi de se joindre à eux. Celle-ci est aimantée par le couple, d'abord par Beatrice qui ressemble physiquement à sa sœur, puis par Ben dont la beauté la trouble et lui donne des palpitations dans le ventre. L'entente idyllique ne va pourtant guère durer. Une étrange attirance se tisse au sein du trio et on ne sait plus bien qui en tire les ficelles - Beatrice met son frère en garde contre le comportement paranoïaque de Abbi, laquelle est convaincue d'être poussée à bout pour paraître folle aux yeux de Ben, tiraillé entre sa loyauté familiale et son béguin amoureux. En clair, c'est très ambigu, très flou, totalement déroutant. L'auteur brouille les pistes et nous plonge dans un terrible imbroglio où la manipulation s'impose comme maître d'orchestre. Résultat, on doute tout le temps, on accuse tout le monde, on se cogne la tête contre le mur. On slalome d'une pensée à l'autre et on ne sait plus sur quel pied danser. L'histoire a des effets perfides et inquiétants... jusqu'à la fin ! Certaines révélations détonnent, comme si le roman voulait montrer la relation gémellaire comme une sombre affaire de dépendance. C'est tordu et étouffant, ça aurait pu creuser plus loin et gratouiller la dernière couche de vernis qui sauve les maigres apparences. Du moins, cela se lit vite et bien. Le suspense est au taquet, même si les personnages sont tous extrêmement agaçants et le dénouement discutable. Je referme néanmoins le livre sur une note positive et agréablement surprise.
HarperCollins Poche, 2018 - traduit par Florence Guillemat-Szarvas [The Sisters]
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Qu'est-il arrivé à Celia Steinhauser ? de Susan Crawford
Lorsque Dana découvre le corps sans vie de sa voisine, Celia Steinhauser, baignant dans son sang, elle est prise de panique et se réfugie chez elle en mûrissant la conviction qu'elle tient une part de responsabilité dans ce crime. Toutes deux ont passé l'après-midi ensemble et ont pris un verre. Après quoi, Dana n'est pas fichue de remettre bout à bout les dernières heures de sa journée et se sent désemparée. Son entourage ne l'aide pas non plus - femme seule et délaissée par son époux, Dana soupçonne Jack d'entretenir une liaison et réunit les preuves pour le confondre mais se heurte à son attitude froide et hautaine. Le mari de Celia agit aussi de façon étrange et perturbante. De quoi donner du fil à retordre à l'inspecteur Jack Moss chargé de l'enquête.
Encore une histoire à l'ambiance vaporeuse, mélancolique et énigmatique, dans la lignée de S.J Watson, A.S.A Harrison ou Alice LaPlante, où la personnalité à fleur de peau de Dana Catrell, qui intrigue par ses mystères et nombreuses errances, prend le pas sur l'enquête policière. On avance dans le roman lentement, en empruntant de longs chemins tortueux, et on se pose des tas de questions sur les personnages... qui sont TOUS flous et peu dignes de confiance. Le doute est vite planté dans notre esprit et c'est avec fébrilité qu'on tourne les pages du livre, dans l'attente du dénouement (qui nous cueille franchement avec surprise). Petite baisse de régime à mi-parcours, malgré un suspense sournois, le roman peine à se renouveler ou à explorer de nouvelles pistes, jusqu'au coup de théâtre final, vraiment peu prévisible.
Mosaïc / juin 2015 ♦ Traduit par Florence Guillemat-Szarvas (The Pocket Wife)