En poche ! La magnifique, d'Anne-Laure Bondoux
Roman préalablement publié sous le titre Pépites (2005)
Bella Rossa a vingt ans et possède une beauté sauvage (une chevelure rousse, des formes généreuses et une poitrine plantureuse qui lui attire bien des ennuis).
Elle s'occupe seule de la ferme familiale à Maussad-Vallée. Son père est devenu paralytique suite à une mauvaise chute et passe son temps à boire. Sa mère a fichu le camp des années plus tôt en suivant des pélerins vers l'Ouest.
Avec la guerre, Bella Rossa sent le vent tourner et décide de quitter la ferme après une altercation un peu chaude avec des soldats. Elle charge fissa son barda à bord d'une vieille carriole et décide de tenter sa chance en ruant elle aussi vers l'or.
En chemin, elle croise un séduisant sergent, Jaroslaw Modrzejewski... une rencontre pour le meilleur et pour le pire.
Caramba ! Voilà une histoire passionnante, qui nous fait vivre des émotions fortes et bouleversantes. Il y a certes une histoire d'amour orageuse, avec ses hauts et ses bas.
Mais elle ne doit pas nous faire oublier le beau portrait de femme dans toute sa complexité : sa conquête de la liberté et son lot de déconfitures.
Loin des clichés, le Far-West révèle aussi son univers cru et sans pitié. Notre Bella Rossa est farouche, elle ne manque pas de courage et va traverser des petites villes paumées, avec ses communautés inquiétantes, ou d'autres plus chaleureuses, sans masquer les drames humains toujours plus touchants.
C'est parfois dur, mais la fascination n'en est que plus intacte. Dès les premières lignes, on plonge aussitôt dans l'ambiance. On ressent un total dépaysement et un réel envoûtement. Les personnages sont attachants, le style de l'auteur est tour à tour poétique et captivant. Impossible de lâcher prise.
En somme, ce voyage au pays des cowboys et des prospecteurs, en plein Gold Rush, est juste parfait ! J'ai adoré.
Bayard coll. Je Bouquine (2018 pour la présente édition)
couverture illustrée par Frédéric Rébéna
Bonjour tristesse, de Frédéric Rébéna
Cette adaptation du cultissime roman de Françoise Sagan - Bonjour tristesse - est surprenante et prodigieuse ! J'avoue avoir eu un bref instant de panique en découvrant la préface de F. Beigbeder... mais en qualifiant cette version « sexy, frivole, cynique, balnéaire et fruitée » l'écrivain a franchement tout bon !
Été 1954, Cécile a dix-sept ans et passe ses vacances dans une grande villa louée par son père, en bord de mer. Il est accompagné d'Elsa, sa jeune maîtresse, rousse à la peau blanche, belle, aguicheuse et provocante.
Le trio n'est qu'oisiveté et langueur sensuelle. Mais Cécile boude, insatisfaite et ennuyée. Elle rencontre Cyril, un étudiant de vingt-cinq ans, avec lequel elle flirte avec détachement.
En apprenant l'arrivée d'une amie de sa mère, Anne Larsen, invitée par son père alors qu'il n'avait plus de ses nouvelles depuis des années, Cécile prend conscience de la menace rampante.
Et en effet, Anne détonne dans leur paysage. C'est une femme raffinée, mais assez froide et inflexible. Elle pointe rapidement du doigt l'éducation de Cécile qu'elle juge beaucoup trop nonchalante (des études en berne, trop de soirées alcoolisées...).
Anne cherche peu à peu à s'immiscer dans leur relation. D'ailleurs, son père tombe sous le charme et se laisse convaincre par la perspective d'une vie rangée. Dans son coin, Cécile bout et mijote sa vengeance.
Ce roman figure parmi mes incontournables. Un classique indémodable, lu une première fois durant l'été de mes seize ans (d'où la sensation d'identification et de confort suprême). Je me faisais donc une joie de découvrir son adaptation en bande dessinée - et quelle réussite ! Seul bémol : je n'ai pas aimé l'effet “casque noir” des cheveux de Cécile, sinon j'ai globalement été séduite par les dessins de Frédéric Rébéna.
On retrouve ici le format lascif et émoustillant du roman. L'atmosphère est estivale et indolente, tout concourt pour enrôler les personnages dans un jeu cruel et troublant. On s'agace de Cécile, on soupire après son vieux don juan de père, on tombe sous le charme d'Elsa, on s'apitoie du sort d'Anne et on frissonne du cataclysme que provoque, malgré elle, son arrivée dans la villa.
La bande dessinée est tellement mais tellement affriolante... sans omettre son insolence et sa rouerie sous son masque d'innocence juvénile. C'est très, TRÈS bon !
Rue de Sèvres, 2018