05/12/08

En cas d'absence - Frédérique Niobey

photo roman : une série de photographies dont il ignore tout est confiée à un écrivain. Il s'aventure alors dans l'écriture d'un roman où ces photographies croiseront la vie du héros pour la transformer.

51zoJwxGNvL__SS500_Martin vient de remporter le premier prix d'une exposition de photo, décrocher un article élogieux dans la presse locale et découvre dans sa boîte mail un message de sa mère. C'est beaucoup pour le garçon, totalement désarçonné par ce retour imprévu d'une femme qu'il a perdue de vue depuis son enfance. Elle est restée un visage flou qui disparaît sur un cliché, elle a occupé ses fantasmes pendant les vacances d'été, s'est incarnée dans une robe de mariée. Et puis, rien. C'est la belle inconnue. Comment va-t-il réagir ? Comment doit-il interpréter ce courrier ? Une nuit va-t-elle suffire pour faire le point, ressasser les souvenirs d'autrefois et purger tout son chagrin refoulé ?

Croisant le passé et le présent, Frédérique Niobey bâtit son histoire autour d'un héros masculin en mal de mère, avec beaucoup de soin et de sensibilité. On sent Martin perdu et déboussolé, par le mail de sa mère qui revient à lui (en déclarant qu'elle a tapé son nom sur un moteur de recherche) et par le flot des réminiscences. Tout est sur la corde raide, fragile, insaisissable. A prendre ou à laisser. Toute une nuit pour chasser ses fantômes.

Une belle petite lecture, agrémentée des photographies de Corinne Mercadier.

Editions Thierry Magnier, coll. Photo roman - 84 pages - 13€

Du même auteur : Léonore

 

Je songe à enfermer dans une malle
A défaut d'avoir su
Lire le lexique à temps,
Cette mauvaise clique
Avant qu'elle ne s'emballe
La carte du tendre
Ca va mais juste un moment

Quelle inélégance,
Quel scandale
Quand même les choses
Se mettent à causer vraiment
D'épine de roses,
De femmes fatales,
De crotales, d'ecchymoses,
De l'air du temps,

Posté par clarabel76 à 08:00:00 - - Commentaires [5] - Permalien [#]
Tags : ,


04/10/07

Un peu d'émotion dans ce monde de brutes ...

les_yeux_qui_chantentCette nuit, Grand-Ma vient de mourir. William, 13 ans, et sa soeur Violette, 6 ans, apprennent la nouvelle mais ne pleurent pas. L'un et l'autre s'accusent de n'avoir pas de chagrin ou de ne rien ressentir. Et quand William s'emporte après un frelon qui lui tourne autour et le décapite avec le couteau à pain, Violette est effondrée et s'enfuit dans la forêt avec le corps de l'insecte mort.
Selon elle, c'est Grand-Ma qui a pris l'apparence d'une abeille. Car Grand-Ma aimait beaucoup raconter des histoires, comme celle d'avoir joué de la batterie dans un groupe de rock, The Velvet Underground. William sait très bien que leur grand-mère fabulait beaucoup et qu'il ne fallait pas prendre pour argent comptant tout ce qu'elle inventait. Aujourd'hui il aimerait que Violette le comprenne à son tour, sans que cela ne lui fasse de la peine.
Leur tête-à-tête dans la forêt sera donc un instant privilégié pour parler des émotions, du souvenir de l'être aimé et de la pudeur. « Les yeux qui chantent » est un roman d'à peine 60 pages où la tendresse, la poésie et la sensibilité sont très présents. C'est suffisamment bien raconté pour toucher le jeune lecteur. La part au rêve est également importante.

Editions du Rouergue - coll. doAdo - 60 pages  / Octobre 2007.  6€   A partir de 10 ans.

leonoreA peine seize ans, et Gabi découvre qu'elle est enceinte. Au début, elle n'en parle pas, nie l'évidence et puis les semaines passent. Trois mois bientôt. Elle crache le morceau.
Hugo son frère en tombe des nues, tandis que sa petite copine Clara entre dans une colère noire et claque la porte de la maison. En dernier refuge, il y a Ninou la grand-mère, et les trois meilleures amies, les Mousquetaires.
Pendant neuf mois, Gabi va vivre sa grossesse avec ce mélange de naïveté et d'éblouissement, d'inconscience et d'effroi, de solitude et de désespoir. Depuis la mort de ses parents, Gabi pense manquer de quelque chose. Cela pourrait expliquer son besoin du petit être qui pousse dans son ventre. Aucun doute pour Gabi, ce sera une fille, une petite Léonore.
Ecrit sans fioritures mais avec beaucoup de tendresse, ce roman de Frédérique Niobey réussit un juste milieu à raconter la grossesse d'une jeune fille de 16 ans, sans condamner ni encenser. Tour à tour les moments de doute ou d'exaltation traversent le récit, avec une touche attachante et très personnelle. Parce que l'auteur déploie un style qui sort du ventre, du coeur, cela donne ce sentiment de petits cailloux qui dégringolent et qu'on ramasse, parce qu'on les aime bien.
J'ai éprouvé beaucoup d'affection pour Gabi. A travers elle, l'histoire aborde aussi le thème d'être une mère, d'être une femme et la manière d'en tracer les contours est bouleversante. C'est très beau, j'ai beaucoup aimé !
A partir de 12 ans.

Collection doAdo - 159 pages - Octobre 2007.  8.50 €

Posté par clarabel76 à 10:00:00 - - Commentaires [2] - Permalien [#]
Tags : , ,