L'Énigme de la Stuga, de Camilla Grebe
L'intrigue se compose comme un puzzle : au départ, Lykke est interrogée par la police pour une raison encore vague. Puis la narration bascule huit ans plus tôt. Le soir de la fête de l'Écrevisse, après un repas copieusement arrosé, Lykke et ses invités vont se coucher et se réveillent en découvrant le corps sans vie de la meilleure amie de ses fils.
Les garçons sont immédiatement suspectés car ils étaient trois à passer la nuit dans la stuga familiale. La cabane était fermée à clef le lendemain matin. Nulle trace de violence. Et un crime presque parfait. Pour la police, le doute n'est plus permis. Les enquêteurs vont lancer la balle entre les deux camps, jouer avec les nerfs des jumeaux et manipuler sans vergogne leurs liens fraternels.
Tout ça, on le découvre, chapitre après chapitre, alternant passé et présent. D'un côté, on suit la confidence pondérée de Lykke dont on comprend petit à petit le motif de sa détention. Elle a expressément demandé à parler à l'inspecteur Manfred, qui était responsable de l'affaire. Ce dernier aussi n'est pas avare en introspection, attendant patiemment le déroulement des aveux.
Lykke prend son temps, tout en évoquant ce drame intime qui a bouleversé leurs vies. Elle dresse aussi un bilan sur sa vie de femme, de couple, de famille. Adieu les certitudes et le confort d'un portrait idyllique, elle éditrice, son mari écrivain célèbre. Deux garçons discrets, attachants. Une amie d'enfance qu'on n'imaginait pas briser cette dynamique.
Le format est classique, le suspense efficace. On devine le fin mot de l'histoire, et pourtant on gobe la lecture avec minutie. C'est simple, mais prenant. Une écoute @audiolib sans fausse note pour un roman qui rend hommage au mystère à huis clos. 🎧✨💜
©2022 / 2023 Camilla Grebe / Calmann-Levy (P)2023 Audiolib
- Lu par : François Hatt, Lola Naymark
- Durée : 10 h 43
- Une fête familiale qui se heurte à l’irréparable. Deux fils que tout accuse. Une mère prête à tout pour rétablir la vérité.
- #LÉnigmedelastuga #NetGalleyFrance
⭐⭐⭐⭐
Rituel (Jack Caffery 3), de Mo Hayder
Pour une première rencontre, Jack Caffery (flic désabusé) et Flea Marley (plongeuse obsessionnelle) vont immédiatement sauter dans le grand bain. Une main sectionnée vient d'être repêchée dans le port de Bristol. Caffery débarque à peine, pensant se mettre au vert après avoir quitté Londres, et renoue avec le glauque et le sordide. Très vite, l'enquête va les confronter à l'impensable (drogue, prostitution, magie noire, sorcellerie...). Certes, ce n'est pas comme s'ils en avaient été épargnés jusque-là ! Caffery et Marley traînent tous deux de grosses casseroles (Flea, la disparition tragique de ses parents, et Jack, l'enlèvement de son frère dans sa jeunesse). Toutefois, si on m'avait dit que ces démons allaient également occuper toute la place, j'aurais réfléchi à deux fois avant de m'y lancer ! Oui... c'est trop long, trop mou, l'enquête est plate, si ce n'est l'incursion vicieuse de détails bien glauques et une ambiance...hello Darkness my old friend... je ne vous raconte pas la sinistrose. Cela m'a déplu et déçu. Les romans de Mo Hayder sont nerveux et amers, mais cette fois l'histoire est creuse et se fourvoie dans des quêtes désespérées, peut-être fondamentales pour les personnages, mais ce n'est pas pas du tout palpitant à suivre (les rencontres avec le Marcheur ou les expériences interdites pour flirter avec le paranormal...euh ?). Ce rendez-vous m'a donc paru bien décevant, malgré une lecture virtuose par François Hatt, cela ne rattrape pas la sensation d'une lecture passable et pénible.
©2008 Presses de la Cité. Traduit de l'anglais par Hubert Tézenas (P)2018 Audible Studios
- Lu par : François Hatt
- Série : Jack Caffery, livre audio 3
- Durée : 12 h 50
Ne la quitte pas des yeux, de Linwood Barclay
En couple depuis cinq ans, David et Jan Harwood ont un petit garçon et une vie assez ordinaire. Lui est journaliste pour la presse locale, prêt à révéler un scoop, quand il réalise que sa femme file un mauvais coton et laisse planer des sous-entendus inquiétants. Soucieux de la distraire, il se rend en famille dans un parc d'attractions mais la sortie tourne au désastre : un individu tente de kidnapper son fils, dans l'affolement, son épouse est introuvable. Les jours passent et Jan ne donne toujours pas de nouvelles. Craignant le pire, David va remuer ciel et terre pour prouver qu'elle n'est pas morte. Toutefois, la police met en doute ses paroles et commence à le suspecter. N'en jetez plus ! Ce Linwood Barclay est juste renversant. Son histoire est pleine de grosses ficelles : le coup du mariage trop beau pour être vrai, le passé qui frappe à la porte, toc toc toc, c'est ton pire cauchemar qui est de retour pour pourrir ton existence rangée, adieu les faux-semblants, bonjour les mystères. Tout est là, suspense, action et coup de théâtre. On en redemande car c'est terriblement prenant. J'étais suspendue aux lèvres du narrateur (François Hatt, excellent) et j'ai quasiment tout écouté d'une traite (12 heures haletantes et redoutables). C'était... hmm, intense et captivant ! Je ne m'y attendais pas du tout. Depuis, j'ai vu que l'auteur avait entamé une série se déroulant à Promise Falls, donc je pense y retourner très vite !
©2011 Belfond. Traduit de l'anglais (Canada) par Irène Offermans (P)2016 Audible FR
- Lu par : François Hatt
- Durée : 12 h env.
Birdman (Jack Caffery 1), de Mo Hayder
Forte de ma découverte l'an dernier (cf. Fétiches, épisode 6 de la série Jack Caffery), j'avais prévu de reprendre les livres de Mo Hayder depuis le début, avec notamment Birdman qui nous introduit de façon redoutable dans cet univers policier avec (scènes macabres & détails glauques à gogo. Ce livre sert néanmoins à dresser un profil d'inspecteur attachant, à la fois secret et terriblement humain. Jack Caffery est un homme brisé, qui vit dans la hantise du passé, depuis le jour où son frère Ewan a mystérieusement disparu. Ses parents en ont eu le cœur brisé et ont tout abandonné pour déménager le plus loin possible. Depuis, Jack n'a eu de cesse de ressasser les indices et traquer les pistes, cherchant à piéger son principal suspect, Ivan Penderecki, un voisin pervers, au passé peu reluisant, qui a cependant réussi à passer entre les mailles du filet. Caffery n'échappe pas aux clichés du flic taciturne, brisé et obsédé par sa quête, en plein échec sentimental, incapable de construire une vie décente, et se consacre à son boulot comme sa seule bouée de secours. Nouvellement promu au Service régional des enquêtes sensibles, il n'a pas le temps de dire ouf qu'une étrange affaire l'attend déjà. Cinq cadavres de femmes, aux corps mutilés, ont été découverts dans un terrain vague, avec pour signature scabreuse, un oiseau cousu à l'intérieur de leur poitrine. Et aussitôt notre super flic se distingue. Loin de suivre l'un de ses collègues, occupé à faire le mariole et conduire l'enquête à la catastrophe, Jack centre ses investigations sur un pub fréquenté par des prostituées, des trafiquants de drogue et des employés de l'hôpital voisin... et fait la rencontre de Rebecca. Cela peut sembler lugubre et lourd à encaisser, mais la lecture n'en est pas moins fluide et captivante à écouter. On ne s'attache pas ici à chercher le coupable de l'histoire, on le connaît déjà, mais on n'en absorbe pas moins le choc de l'enquête avec courage et impassibilité. Celle-ci déploie une intensité de l'horreur, d'une violence sidérante, qui met carrément nos nerfs et nos émotions à rude épreuve. Un vrai supplice. Ceci dit, malgré son caractère insolite et éprouvant, le roman est d'une efficacité redoutable et se lit étonnamment bien.
>> Ce livre audio en version intégrale vous est proposé en exclusivité par Audible - uniquement disponible en téléchargement.
©2000 Presses de la Cité. Traduit de l'anglais par Thierry Arson (P)2015 Audible FR
>> Disponible chez Pocket
Fétiches, de Mo Hayder
Je n'avais lu qu'un seul livre de Mo Hayder à ce jour (Tokyo), aussi je ne connaissais pas l'inspecteur Jack Caffery, mais ce que j'ai pu en soupçonner me donne grandement envie de fouiller et de lire ses autres enquêtes ! Dans Fétiches, le monsieur est soucieux, accaparé par une autre affaire, une belle jeune fille a disparu, on n'a jamais retrouvé son corps, la mère éplorée s'accroche et mobilise la presse. Son supérieur souhaite pourtant reléguer le dossier, devenu trop coûteux, mais Caffery demande un sursis. Ce qu'il ne dit pas, c'est qu'il aurait une piste et doit faire preuve de diplomatie pour mettre l'agent Flea Marley dans sa poche...
Aaaah, c'était un peu frustrant de ne pas en savoir plus sur leur relation. Je me suis promis de lire toute la série, en commençant par Birdman. Fétiches est un roman qui a su me convaincre. Je l'ai aimé d'un bout à l'autre, complètement embarquée dans l'histoire, j'ai même souri aux petites notes d'humour et aux références de pop culture. L'ambiance n'est pas aussi glauque que j'aurais pu le craindre, bien que l'histoire se passe dans un asile psychiatrique. Les patients sont perturbés et parlent d'un fantôme, celui d'une ancienne infirmière naine, la Maude, qui se livrait à des tortures sadiques. AJ LeGrande, le coordinateur en chef, résiste à l'envie de basculer dans cette psychose... mais certains événements deviennent plus que troublants et il veut en avoir le coeur net en menant une enquête interne.
L'histoire s'écoule sur un rythme limpide, avec chapitres alternés et une galerie de personnages très charismatiques. N'imaginez pas une lecture à cent à l'heure, avec moult descriptions terrifiantes et un suspense à couper le souffle. C'est tout le contraire, car l'ambiance se repose sur une tension psychologique latente, mais très prenante. Le dénouement ne surprendra peut-être pas les foules, mais il ne décevra pas non plus. C'est un rendez-vous à l'opposé de ce qu'on aurait pu s'attendre, c'est tout aussi bien et cela m'a, de plus, donné envie d'en lire davantage !
Audiolib, février 2014 ♦ texte intégral lu par François Hatt ♦ traduit par Jacques Martinache pour les éditions Presses de la Cité
Encore un Audiolib qui a su me conquérir, grâce à François Hatt dont la lecture est parfaite à tout point de vue. Aucune crispation concernant les voix féminines, le comédien a juste saisi l'atmosphère étouffante du livre, s'en est imprégné et s'est mis à lire en modulant le ton pour capturer l'intérêt du lecteur. C'est une réussite, car jamais on ne détourne notre attention vers autre chose que ce qu'il nous raconte !