Agatha, es-tu là ? par Nicolas Perge & François Rivière
S'inspirant de la mystérieuse disparition d'Agatha Christie, survenue le 3 décembre 1926, ce roman écrit à quatre mains déroule une histoire pour le moins inattendue et déstabilisante.
On découvre d'abord notre héroïne aux abois, réfugiée dans un hôtel à Harrogate sous un nom d'emprunt. Agatha apparaît plus groggy que jamais, déboussolée, déprimée, timorée... Bref. Elle ignore qu'une jeune journaliste intrépide, Alicia Weaver, est à ses trousses, ainsi que deux petites frappes aux méthodes peu orthodoxes, sans oublier le sémillant Arthur Conan Doyle, écrivain vieillissant, raillé publiquement pour sa passion pour le spiritisme. Que de monde, que de monde. L'intrigue s'attache ainsi à suivre tous ces personnages au gré d'une mise en scène impeccable et pertinente. C'est seulement au fil des chapitres que l'incongru s'impose, que l'invraisemblable s'installe. Des éléments viennent en effet troubler la belle mécanique et j'avoue avoir eu du mal à en accepter l'idée. C'est... inqualifiable. En somme, j'ai beaucoup aimé l'idée de départ du roman (associer en accroche les noms d'Agatha Christie et de Conan Doyle est très chic...). La description de l'époque et des lieux est authentique et palpable, j'avais le sentiment d'être sur place et d'évoluer au milieu du décor. C'est subtil, très raffiné. J'y étais donc sensible. Par contre, la conduite des événements m'a laissée perplexe. Les rencontres faites par Agatha au Swan Hydropathic Hotel viennent en effet bousculer la bonne coordination (tous des vautours!). C'est aussi soudain que brutal, sans liant, perturbant et inconfortable. Je ne pouvais concevoir que l'auteur du génial “Meurtre de Roger Ackroyd” tombe dans un tel traquenard, devienne une cible de choix, facile à manipuler ou à intimider. Le dénouement lui-même est hâtif, peu convaincant.
Sans quoi, j'ai apprécié qu'on se penche sur le cas de Conan Doyle, lassé de son personnage de Sherlock Holmes, dépassé par la nouvelle vague des auteurs policiers qu'il découvre avec parcimonie, confiant ses états d'âme, ses doutes, ses absences... Il se pique d'intérêt pour ce fait divers et entend résoudre son mystère grâce au spiritisme. Il va d'ailleurs confier un gant de Mrs Christie à un médium, lequel va affirmer qu’elle est vivante et qu’elle ne va pas tarder à se montrer ! Cette anecdote est reprise dans le roman et pimente malicieusement l'enquête imaginée par Nicolas Perge et François Rivière. En gros, j'accuse le bandeau jaune du livre d'être trop réducteur et mensonger, car l'histoire nous entraîne dans une vaste ronde infernale où se mêlent des personnalités existantes ou fictives, toutes attirées par l'écrivain en déroute, laquelle donne une image d'elle peu glorieuse, veillant aussi à préserver ses secrets. C'est très loin de ce que j'avais imaginé ! Au final, le roman est bon, agréable à lire, mais ponctué de quelques zones de turbulence indélicates... Sans quoi, la lecture a le bon goût de nous faire voyager dans le temps. ☺
Éditions du Masque, 2017
Créations culinaires pour le # Challenge Halloween
Étape 2 : Le 9 octobre 2015
Après toutes ces émotions, nous avons bien mérité de faire une pause. Rien de tel qu’un pique-nique pour reprendre des forces. Les randonneurs découvrent leur casse-croûte en image et espèrent ne pas servir d’en-cas à quelques créatures qui rôdent dans les parages. A vous de nous étonner avec vos créations culinaires halloweenesques !
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Pour le coup, je triche, mais avec élégance, en brandissant ce livre de recettes inspirées d'après les œuvres cinématographiques d'A. Hitchcock - qui s'inscrit sans le vouloir comme mon mentor pour ce challenge ! ;-)
La randonnée aidant, j'ai donc ramassé dans les bois quelques champignons (comestibles) pour cuisiner une petite soupe et réchauffer nos pauvres carcasses transies de froid et de peur, lors de nos veillées autour du feu. Mais alors que chacun se pourlèche les babines, son bol entre les mains, dans l'attente d'une dégustation imminente, des ombres rôdent non loin du campement et figent notre équipée de terreur...
La suite, lors de notre prochaine étape ?
De ses premières œuvres anglaises aux grands chefs-d'œuvre de la période américaine, Hitchcock n'a cessé de faire référence à la gastronomie. Le rituel même des repas est souvent associé à l'action du récit : ainsi le fameux dîner chez la romancière Sedbusk dans Soupçons, le repas de famille dans Jeune et innocent, le pique-nique face à la Principauté de Monaco dans La Main au collet, l'acharnement du policier de Frenzy sur une volaille trop cuite... [NDLR: Et le fameux coup de gigot, dans la série Hitchcock presents.]
Cet ouvrage mêle le récit, par François Rivière, de la vie et de l'œuvre d'Alfred Hitchcock du point de vue des nourritures terrestres, et les recettes retrouvées par Anne Martinetti au fil de scènes mémorables des films, recomposées pour réaliser soi-même les bons petits plats du maître du suspense. [présentation de l'éditeur]
Cette lecture ne m'a pas particulièrement donné envie de reproduire les recettes présentées, et dont souvent la photogénie laissaient à désirer, mais j'ai beaucoup apprécié les associations d'idées, entre les films, les anecdotes et les extraits choisis, qui font de cet ouvrage avant tout un outil de collection et d'information (moins un bouquin dédié aux fins gourmets).
Cahiers du cinéma (2 octobre 2008)
Crèmes & Châtiments
Amateurs de recettes délicieuses et criminelles, voici pour vous les crèmes et châtiments d'Agatha Christie :
Agatha Christie était une gourmande, qui savait apprécier les bonnes choses autant que la vie. Elle avait un bon coup de fourchette, appréciait les plats lourds et copieux, et avait pour péché mignon la double crème du Devon (un mélange de crème épaisse et de lait cru) qu'elle affectionnait tellement qu'elle en mettait à toutes les sauces ! Ce qui ne sera pas sans conséquences sur la silhouette de la Duchesse de la mort...
Agatha Christie avait un point commun avec Alfred Hitchcock : elle truffait son oeuvre délectable d'une foule de références culinaires. Les recettes proposées ici ne sont donc pas forcément originales, plutôt traditionnelles, ancrées dans la culture britannique (le célèbre breakfast ou le tea time qui semble souffrir d'une désaffection de plus en plus prononcée chez la jeune génération, les auteurs reconnaissent donc à Agatha Christie le soin de la tradition : sandwiches, canapés et pâtisseries accompagnent religieusement le thé de cinq heures).
Voici donc un assortiment culinaire composé du christmas pudding (la légende veut que l'on doive le conserver six semaines dans un endroit frais), de la Mort exquise (chocolat noir, beurre, sucre, raisins secs et Cointreau), du Yorkshire pudding (qui accompagne le boeuf rôti) et des scones (servis tièdes, accompagnés de crème Chantilly, de gelée de groseilles ou de crème du Devon). Le tout, forcément, est mis en scène de façon délicieusement kitsch ...
Ce n'est pas tant le livre de recettes qui m'intéresse, mais plutôt l'objet en lui-même, la joyeuse combinaison entre la gastronomie et la littérature (des extraits des romans d'Agatha Christie parsèment cet ouvrage, de quoi donner envie de replonger dans un ou plusieurs titres !), les petites informations sur la vie de l'auteur, l'importance de la cuisine dans sa vie et donc dans son oeuvre. Dans les livres d'Agatha Christie, on succombait souvent par la faute d'un empoisonnement, ce qui rendait le meurtre plus propre et réfléchi, selon elle. Il fallait flairer pour trouver le coupable, et donc prendre son temps. C'est ce que j'aime le plus dans ce type de romans à suspense, en plus de l'ambiance et du charme britannique. Celles (ou ceux) qui savent et comprennent auront ainsi la même curiosité envers cet ouvrage de François Rivière et Anne Martinetti (également les auteurs de La sauce était presque parfaite, 80 recettes d'après Alfred Hitchcock).
Crèmes & Châtiments - Recettes délicieuses et criminelles d'Agatha Christie
par Anne Martinetti et François Rivière
Photographies de Philippe Asset
Editions JC Lattès / Le Masque (2010 pour la présente édition) - 168 pages - 19,90€
La sauce était presque parfaite (80 recettes d'après Alfred Hitchcock)
par Anne Martinetti & François Rivière
Photographies : Philippe Asset
Editions Cahiers du Cinéma, 2008
(présentation de l'éditeur)
Alfred Hitchcock était le fils d'un épicier en gros de l'Est londonien, et lui-même un bon vivant amateur de bonne chère, ce dont témoignent autant les photographies de ce légendaire metteur en scène que le contenu de ses films. De ses premières œuvres anglaises aux grands chefs-d'œuvre de la période américaine : Marnie, Les Oiseaux, Complot de famille, Hitchcock n'a cessé de faire référence à la gastronomie. Le rituel même des repas est souvent associé à l'action du récit : ainsi le fameux dîner chez la romancière Sedbusk dans Soupçons, le repas de famille dans Jeune et innocent, le pique-nique face à la Principauté de Monaco dans La Main au collet, l'acharnement du policier de Frenzy sur une volaille trop cuite.
Les biographes du très gourmand Alfred ont relaté avec abondance son appétit pour la cuisine bourgeoise française comme pour les rituels anglais (les soles de Douvres, les " pies ", etc.) puis son assiduité aux bonnes tables de Hollywood : Chasen's et Romanoff notamment. Cet ouvrage mêle le récit, par François Rivière, de la vie et de l'œuvre d'Alfred Hitchcock du point de vue des nourritures terrestres, et les recettes retrouvées par Anne Martinetti au fil de scènes mémorables des films, recomposées pour réaliser soi-même les bons petits plats du maître du suspense. Il est organisé géographiquement de Londres à la Côte Ouest des Etats-Unis, en passant par New York, avec quelques voyages dans le monde. De gourmandes soirées Hitchcock entre amis en perspective !
C'est Lily qui m'avait donné envie de lire ce livre. J'ai donc profité de l'offre ^partenariat Livres Alapage^ pour me faire plaisir !
Parce que ce livre est un pur régal, LA bible pour tous les amateurs du grand Hitch. Ce sont des anecdotes, en plus de 80 recettes recopiées d'après la cinématographie du Maître, qu'on découvre, j'ai peine à trouver les mots tant cet ouvrage est excellent, il a su combler ma curiosité et ma gourmandise, j'avais les yeux qui roulaient partout, à chaque page, j'étais friande des détails, admirative des suggestions culinaires (parfois basiques !) et je ne perdais pas une miette des scènes reprises pour illustrer chaque recette, replaçant ainsi dans le contexte les spaghettis au Chutney (Le crime était presque parfait), la truite Chicago Express (La mort aux trousses), l'Hamburger à la cubaine (L'étau) ou la célèbre Pecan Pie (Pas de printemps pour Marnie).
La Sauce Etait Presque Parfaite signe le mariage réussi entre le cinéma et la gastronomie, grâce à Anne Martinetti et François Rivière.
Sur le site de l'éditeur, il est possible de consulter quelques pages.
L'usine à rêves - François Rivière
Charles Dulac, bibliophile et misanthrope, vit dans ses souvenirs. Enfant-acteur dans une autre vie et héros d'une célèbre série télévisée, il ne garde de cette gloire éphémère que de vieilles bobines de Little Charlie detective. Replié dans sa villa du Sud de la France, recevant de rares visites, dont celles de Fu, le chat des voisins, et de Najat, sa femme de ménage, Charles découvre la lettre de Nilo Pharel, qui le réclame sur son lit de mort. C'est très étrange, car Charles et Nilo n'ont jamais entretenu de bons rapports, à cause du fantôme de Teddy. Ce dernier a été le meilleur ami de Charles, mais aussi son grand amour. Cela s'est passé lorsqu'ils n'étaient que des adolescents insouciants à Hollywood, c'étaient les années 50, tout était permis et Charles était à un tournant de sa vie. On ne sait pas bien ce qu'il s'est passé, et c'est d'ailleurs tout le propos du roman, de remonter le fil du temps, de rembobiner le film et revivre la jeunesse dorée de Little Charlie.
C'est un roman très précieux, où se dégagent le souffle d'une époque dorée et le train de vie d'une société qui n'existe plus que sur des clichés. Avant de débuter sa carrière d'acteur, Charles évolue dans un monde échappé d'un roman de Marcel Proust. Il est orphelin, élevé par sa Granny Maud, qui est une femme sèche et snob, avare de tendresse (et pourtant elle collectionne les amants, sans éveiller le moindre soupçon). En vacances sur la côte basque, il va rencontrer le couple anglais, Donnie et Axel Bliss. Elle est scénariste, a un coup de coeur pour le jeune garçon et décide d'en faire sa vedette en s'inspirant de lui pour écrire sa série à succès. C'est la voie royale, chacun en tire son profit et Little Charlie est un gamin naïf qui va connaître à l'adolescence de grands bouleversements.
Jusque là, j'ai bu du petit lait, tant j'ai apprécié le moindre détail rapporté dans l'histoire. Ce côté rétro, raffiné et guindé ne cessait de me plaire. Et puis on passe à l'atmosphère sulfureuse d'Hollywood, c'est totalement différent. Les personnages aussi évoluent, avec des zones d'ombre qui rendent les surfaces moins lisses et doucereuses. Ce n'est pas toujours glorieux, mais cela reste captivant. Le roman sait nous happer, ne délivrant qu'en bout de course le drame qui a broyé la vie de Charles Dulac et de ses proches. Le personnage central souffre peut-être d'une absence de charisme, recommandé pour apprécier une lecture, mais finalement le charme est ailleurs, dans la mélancolie, dans le secret, dans l'ambiance surannée. Cette usine à rêves a le don de nous embobiner... et j'aime infiniment François Rivière !
Robert Laffont, 2009 - 210 pages - 18€
l'avis de la librairie Mollat, qui parle de « livre crépusculaire d'une vraie beauté »
Une enfance qui porte un nom : Enid Blyton
Quand on m'évoque le nom de François Rivière, je pense aussitôt au spécialiste de la littérature anglaise (auteur de biographies d'Agatha Christie ou Patricia Highsmith) et au lecteur passionné, désormais ému de reconnaissance, pour la grande prêtresse de la littérature jeunesse qui a marqué notre enfance. J'ai nommé Enid Blyton. Enfant, ne vous est-il jamais arrivé de décortiquer ce nom ? Je me rappelle également que l'auteur signait tout d'abord E. Blyton, ce qui exacerbait les plus folles spéculations. Et pendant longtemps, je pesais le prénom d'Enid, une nouveauté pour moi (je n'étais pas bien vieille !), à tel point que je me faisais des films insensés sur la personne qui se cachait derrière !
Un vrai délice de remémorer de tels instants... François Rivière m'offre dans son livre "enid blyton & le club des cinq" le reflet d'un miroir. En chemin pour le domaine de Green Hedges, il nous fait remonter le temps, nous ramène à des étés énervés par l'iode et l'éclat du soleil. La première rencontre avec Enid Blyton a bien souvent le goût des vacances, des jeux de plage ou des flâneries à la campagne. Ce sont les témoins d'un temps révolu, d'une douce nostalgie qu'on peut aujourd'hui considérer mièvre et cucul la praline. Qu'importe.
Présentation de l'éditeur
L'œuvre d'Enid Blyton, dont la partie la plus connue est la série du Club des cinq, passionne et enthousiasme les enfants, alors que le plus souvent elle indiffère les adultes. Il faut croire que François Rivière échappe à la règle puisque les livres, mais aussi le personnage d'Enid Blyton ont irradié son enfance et n'ont jamais quitté sa mémoire. Ses "affinités électives" avec cette littérature enfantine, François Rivière les raconte ici avec tendresse et humour tout en enquêtant sur la romancière. Peu à peu l'auteur découvre l'univers mystérieux et fascinant d'Enid Blyton, son écriture médiumnique, et les aléas de sa vie privée. Brillant, rapide, passionnel, ce livre n'est pas destiné aux jeunes lecteurs de la Bibliothèque Rose, mais à leurs aînés partis à la recherche de leur enfance perdue.
Pour moi, Enid Blyton restera à jamais la maîtresse absolue de l'imaginaire et l'instigatrice de toutes les activités ludiques de notre esprit d'enfant. Les goûts de nos têtes brunes et blondes ont aujourd'hui changé et sont tournés vers d'autres démiurges (dans le genre, JK Rowling n'est pas mal du tout !) mais le jeune lecteur en nous se laissera facilement conquérir par cette madeleine de Proust ! ;o)
Enid Blyton & le Club des cinq, par François Rivière - Les Quatre chemins, 2004.
Ce livre est l'édition revue et augmentée d'un texte paru en 1982 aux éditions Ramsay sous le titre de : Souvenir d'Enid Blyton.
Naturellement, je me tourne ensuite vers le superbe album intelligemment pensé par le même François Rivière : Les héros de notre enfance.
Car avant de savoir lire, de nous plonger vers les petits romans signés E. Blyton, nous avons généralement pris goût à feuilleter des histoires où nous rencontrions (ou retrouvions, car ensuite c'est facile de s'accrocher à une série ! damned) des personnages comme Babar, Tintin, Mickey, Caroline, les Schtroumpfs, Sylvain et Sylvette... Impossible d'en louper un !
Quatrième de couverture
Babar, Winnie l'Ourson, Mowgli, Mickey, Oui-Oui... Avant même de savoir lire, chaque enfant connaît le nom et les aventures de plusieurs héros. La plupart ont traversé les générations : Peter Pan, Tintin, Astérix, l'Alice de Lewis Caroll ou la Sophie de la Comtesse de Ségur. D'autres ont bercé l'enfance ou la jeunesse de nos grands-parents ou de nos parents comme Bibi Fricotin, Bécassine, Zig et Puce... Ils nous ont fait découvrir le plaisir de lire, de s'identifier à un personnage, de rire des mésaventures d'un cow-boy nommé Lucky Luke, de frissonner sur les traces d'une détective-lycéenne ou d'une bande de cinq adolescents intrépides... Tous ont imprimé dans nos imaginations des souvenirs indélébiles. Ce livre magnifiquement illustré propose de retrouver une trentaine de ces héros et surtout, de découvrir leur véritable histoire. Scénariste de bande dessinée, critique, essayiste et biographe, François Rivière est aussi l'auteur de plusieurs romans.
C'est un livre magnifique, enrichi d'illustrations qui proviennent parfois de la collection personnelle de F. Rivière ! Il est de plus truffé d'un texte fort pertinent, simple et aéré, qui ne nous accable pas. Généralement ce genre de lecture penche souvent vers la démonstration érudite et pompeuse, mais ici François Rivière fait tomber le costume. Il préfère la passion, la dévotion à l'étalage d'une culture sans bornes.
Chaque page accueillera un de vos soupirs d'exclamation, un mot ou une pensée. Les souvenirs reviennent au galop, Winnie l'Ourson par exemple. Il est au coeur d'un livre bourré d'humour de l'anglais AA Milne avant d'être éclipsé par la formule des productions Disney... Mais pour moi, il me rappelle les samedis soirs avec Jean Rochefort, trente minutes avant l'arrivée de Zorro, un autre héros !
Notre amie Enid Blyton n'est bien sûr pas absente de cet ouvrage, avec des personnages comme Oui-Oui. Je reconnais maintenant que c'est une lecture atrocement niaise, mais j'ai tout de même passé de sacrées heures au Pays des Jouets avec la famille Bouboule, Mademoiselle Ouistiti, Mirou, Zoum ou les lutins voleurs... Il est bon aussi de rappeler que les illustrations de la française Jeanne Hives ont très vite conquis l'illustre écrivain, dépassant même la renommée des originales signées par Harmsen Van der Beek !
Longtemps l'illustration des livres pour enfants a constitué un sacerdoce réservé aux artistes anglo-saxons, mais Pierre Probst a su chambouler ce monde bien ordonné. De son coup de pinceau, a surgi la silhouette d'une blondinette baptisée Caroline. Deuxième révolution en la matière, car les auteurs français ne mettaient en scène que des garçons ! Bref, Caroline, accompagnée de ses inséparables amis - l'ourson Bloum, la panthère Pitou et le lionceau Kid - va entraîner le jeune lecteur dans des aventures incroyables (on part en Inde ou à la mer, on retape une maison ou fait de l'auto-stop). Oui, j'étais plutôt fan...
Quelques pages plus loin, vous tombez sur des planches des Schtroumpfs ! et là paf ! le sourire vous revient. J'en ai lu des albums de Peyo, appris à orthographier le nom des petits bonhommes bleus à mon instituteur de CE1 et me suis inventée un autre langage très schtroumpfissime ! J'avais même acheté le disque chanté par Dorothée. Gargamel, son chat Azraël, la salsepareille et les schtroumpfs noirs qui croquaient le bout de queue tout rond et transformaient le village entier en une communauté de petits monstres qui faisaient des bonds en bougonnant gnak gnak...
Je vous mets au défi de lire ce livre et de voir défiler le flot de vos souvenirs avec toutes les anecdotes s'y rapportant !
Les héros de notre enfance, par François Rivière - Editions du Chêne / Hachette, 2007.