02/04/21

Daphné (La chronique des Bridgerton 1), de Julia Quinn

Relecture format audio.
DaphnéPar contre, la voix de la comédienne m'a longtemps déstabilisée car c'est aussi la voix de la série La Passe-Miroir que j'ai lue l'an dernier et qui est encore très présente dans mes souvenirs. Mais je ne regrette pas ce choix non plus car Clotilde Seille porte à merveille les chroniques savoureuses (et mondaines) des Bridgerton !

Ce premier tome ouvre donc le bal et se révèle jouissif par son caractère volage et enjoué. Lorsque Daphné et Simon se rencontrent, ils décident rapidement de faire semblant de se courtiser pour avoir la paix en société. Lui ne souhaite pas se marier, elle espère que sa cote grimpera en flèche en côtoyant un duc. Et ça fonctionne.

Du moins, Antony (l'aîné de la fratrie) n'est pas dupe et scrute les mains potentiellement baladeuses de son vieil ami. Il n'y a pas de hasard dans la vie. Et ce qui doit arriver arrivera, ou pas. Chaque chose en son temps.

Las, dès lors que le mariage a lieu, la relation du couple s'enlise. Le caractère maussade de Simon est exacerbé. L'homme est hanté par son enfance, son héritage, son père, son bégaiement. Il ne veut pas d'enfant et se sent piégé. Ouh, le vilain boudeur.

Cette partie casse un peu le rythme d'une lecture jusque-là guillerette et éloquente. Simon, arrête de te prendre le chou. Chéris ta douce et n'en parlons plus. La demoiselle Bridgerton est têtue et effrontée comme il faut. Forza Daphné ! Tu fais honneur à ta famille, conventionnelle et foldingue selon les circonstances.

Je poursuis donc la découverte au gré des parutions audio - 1 par mois. Et petite précision : non je n'ai pas vu la série Netflix.

©2008 Editions J'ai Lu (P)2021 Editions Gallimard

⭐⭐⭐


25/11/19

Les choses humaines, de Karine Tuil

Les choses humainesL'histoire du roman met en avant beaucoup de choses qui vont de travers dans notre société et contre lesquelles on a parfois fini par s'y habituer, lâchement. C'est un constat affligeant. D'où ma lecture en apnée, dans un état d'hébétude, à la fois pressée d'en finir mais curieuse du dénouement.

Lors d'une soirée trop alcoolisée, un garçon propose à une fille de sortir prendre l'air puis lui roule un patin derrière une benne à ordures. Ce qu'il advient ensuite est flou, disons qu'il est vécu différemment par les deux protagonistes. Car dès le lendemain, Alexandre est accusé de viol et placé en garde à vue. Son attitude est nonchalante : le garçon nie les faits et réclame son passeport pour retourner à Stanford. Comble de tout, Alexandre Faller est un fils de - son père est un animateur emblématique de la télévision, sa mère est une journaliste féministe très engagée. Le poids de cet héritage va également peser dans la balance. Il ne faudrait pas ébruiter l'affaire et encore moins épiloguer pour un coup d'un soir d'à peine vingt minutes... damned.

Au fil de la procédure judiciaire, on s'intéresse à ce petit monde imbu de leur pouvoir et on déteste sans exception ce spectacle désolant. On évoque pêle-mêle la sentence médiatique, les hashtags qui pullulent en masse, la violence des réseaux sociaux, la sexualité bafouée, les propos explicites, les gestes anodins qui ne doivent plus l'être, l'absence d'empathie, quid du bourreau et de la victime, bref un constat sec et sans concession d'une société qui va mal. Au cœur de ce maelström, on se sent complice et coupable. On n'aime pas du tout ça ! Les personnages sont moches. Le miroir qu'on nous tend renvoie l'image d'un monde qui s'autodétruit. On a le moral à zéro après cette lecture... qui m'inspire vraiment peu d'espoir ! Quelle tristesse.

©2019 Editions Gallimard (P)2019 Editions Gallimard

Prix Interallié, 2019
Prix Goncourt des Lycéens, 2019

Le sexe et la tentation du saccage, le sexe et son impulsion sauvage sont au cœur de ce roman puissant dans lequel Karine Tuil interroge le monde contemporain, démonte la mécanique impitoyable de la machine judiciaire et nous confronte à nos propres peurs. Car qui est à l’abri de se retrouver un jour pris dans cet engrenage ?

Constance Dollé met en voix avec justesse un récit efficace qui révèle toutes les complexités soulevées par la question du consentement.

 

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22/11/19

Rose désert, de Violaine Huisman

G03362En comparaison avec Fugitive parce que reine, le deuxième roman de Violaine Huisman paraît d'abord beaucoup plus superficiel. C'est l'histoire d'une jeune femme qui vient de se séparer de son compagnon et qui décide de traverser le désert du Sahara pour tout oublier. Elle débarque avec un modeste bagage et ignorant les zones à risques qu'elle va fouler... qu'importe, elle va au-devant de rencontres et d'interdits un peu flous. C'est une jeune femme bohème, libre et entière, après tout.

Au fil des pages, on réalise aussi que l'histoire se répète, mais sonne plus profonde et consistante. L'ombre de la mère est toujours présente et plane sur son existence, ses choix de vie, ses aventures amoureuses. On y revient sans cesse. On parle aussi de son père, de leur famille, de son adolescence chaotique, des premières idylles et des hommes toxiques. Par contre c'est toujours aussi cru et impudique, tellement personnel aussi (comme raconter sa première fois), érotique et sensuel, pense-t-on, moi ça ne me branche pas beaucoup.

Le roman est donc un fourre-tout de souvenirs, de rencontres, d'expériences, d'états d'âme et d'espoirs. Dommage pour le déballage grivois (tendance porno-chic). Reste la sincérité derrière les confidences. Et puis ce roman est merveilleusement lu par Rachel Arditi, comédienne prodigieuse et interprète formidable, qui mérite à elle seule qu'on n'abandonne pas trop vite ni trop tôt ! 

©2019 Editions Gallimard (P)2019 Editions Gallimard

En revisitant ses rapports aux hommes depuis l'adolescence, la narratrice aborde avec une sincérité rarement égalée les tabous de l'éveil à l'amour et à la sexualité. L'écriture si particulière de Violaine Huisman, à la fois poétique et abrupte, s'impose sur ce sujet intime dans toute sa vitalité.

 

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Fugitive parce que reine, de Violaine Huisman

G02701Quel beau roman... qui m'a d'ailleurs fait penser aux films de Diane Kurys et au roman de Gwendoline Hamon, Les dieux sont vaches. Des univers profonds, qui puisent dans l'intimité et l'authenticité, tout en titillant notre corde sensible. Ça peut effrayer, lasser, exaspérer - moi, ça m'a bien plu.

Dans ce roman, Violaine Huisman évoque sa maman, Catherine, une femme très belle et farouche, qui se voulait libre d'aimer sans la moindre attache. Par contre, c'était aussi une femme fragile, exigeante envers les hommes et tyrannique avec ses filles. Elle buvait trop, fumait comme un pompier, était malade, n'avait aucune convenance sociale. Honteuse de ses origines modestes et de son manque d'éducation, elle avait mis l'accent sur son charme, sa sensualité, son aura. Toute sa vie, Catherine a ainsi tracé son chemin sans tergiverser, se donnant sans retenue mais griffant comme une tigresse à la moins incartade.

Ce portrait de femme est raconté à travers les yeux de sa fille qui déballe son enfance tumultueuse, ses chagrins, ses frustrations, ses lacunes, ses désirs... avec toujours son besoin désespéré d'attirer l'attention de celle-ci, de crier son amour et d'en recevoir autant. C'est assez violent et sans concession (d'où l'étalage de sexe et d'obscénités... pas top !). Mis à part ce détail, le roman est envoûtant et touche au cœur de la cible (quand tu es en plein chaos affectif ou quand tu lis tout ce qui touche à la famille ou avec des mères sur la corde raide). C'est tout bon !

©2018 Éditions Gallimard (P)2019 Éditions Gallimard

Ce premier roman raconte l'amour inconditionnel liant une mère à ses filles, malgré ses fêlures et sa défaillance. Mais l'écriture poétique et sulfureuse de Violaine Huisman porte aussi la voix déchirante d'une femme, une femme avant tout, qui n'a jamais cessé d'affirmer son droit à une vie rêvée, à la liberté.

Violaine Huisman met en voix ses propres mots et livre une déclaration d'amour bouleversante. Une lecture d'une rare intensité. Note de moi-même : excellente perfomance ! Car il est rare qu'un auteur soit aussi bon lecteur... hé oui.

Disponible en collection Folio (n° 6631)

  G02630

PRIX LITTÉRAIRE DE L'ENS CACHAN 2019

PRIX FRANÇOISE-SAGAN 2018

PRIX MARIE CLAIRE DU ROMAN FÉMININ 2018

 

 

 

 

 

 

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20/11/19

Ça peut pas faire de mal : Les femmes écrivains, lu et commenté par Guillaume Gallienne

Les femmes écrivains ça peut pas faire de malCette émission radio, diffusée sur France Inter, est excellente ! Elle m'accompagne souvent sur les routes des vacances et offre à découvrir un large panel de lectures et d'univers littéraires.
Cette fois, ce sont les femmes écrivains qui sont à l'honneur. De grandes dames comme Marguerite Duras, Annie Ernaux, Simone de Beauvoir et Marguerite Yourcenar. Comme le souligne Leïla Slimani en préface, il n'existe pas d'écriture féminine mais il y a une urgence pour les femmes à raconter leur histoire. « À lever le voile sur des expériences, des émotions, des combats qui ont été trop longtemps passés sous silence. L'avortement. Le viol. L'érotisme. La maternité. La domination sociale et le combat pour la liberté. »
Toutes ont aussi puisé dans les livres une émancipation, une échappatoire. Elles ont bouleversé l'ordre, changé de classe sociale, affronté le regard des autres, bousculé la pudeur. Elles ont ainsi fait preuve de courage, de lucidité ou de tendresse à raconter leur parcours. Leurs romans évoquent des femmes qui s'affranchissent, qui font des études, qui aiment librement, qui se détournent du patriarcat. Tous les quatre nous touchent à leur façon et pourraient encore éveiller des consciences endormies. Hé-ho, ça se passe ici et ça peut pas faire de mal !
J'ai donc passé deux heures trente fabuleuses à me bercer de mots, de musique d'ambiance et d'extraits de romans où l'on respire un parfum quelque peu suranné... j'aime beaucoup !

"C'est un drôle de truc, l'écriture."
Marguerite Duras

 "Être femme, c'est le résultat d'une histoire."
Simone de Beauvoir

"Il est des livres qu'on ne doit pas oser avant d'avoir dépassé quarante ans. On risque avant cet âge de méconnaître l’existence des grandes frontières naturelles qui séparent l'infinie variété des êtres."
Marguerite Yourcenar

 "Il n’y a pas de vraie mémoire de soi."
Annie Ernaux

©2018 France Inter (P)2019 Editions Gallimard

Guillaume Gallienne rend hommage avec délice à quatre grandes écrivaines, accompagné au piano par Philippe Dubosson et au violoncelle par Ernesto Insam. L’écoute en classe de ce CD est autorisée par l’éditeur.

 

 


Voix off, de Denis Podalydès

Voix off Denis PodalydesVoilà un journal qui trouve admirablement écho en l'amoureuse des mots et des livres audio que je suis ! ... 
Denis Podalydès est un personnage attachant dont j'ai apprécié le portrait profond et émouvant qu'il dévoile. Sans aucun narcissisme, mais avec un soupçon de philanthropie et beaucoup de pudeur.
L'homme se raconte à travers ses proches, sa famille, son enfance, ses cicatrices, ses débuts au théâtre, les hommes politiques, les acteurs admirés, les auteurs lus et aimés. Un vrai bouillon de culture.
Lorsque le comédien se livre pour la première fois à l'exercice du livre audio, il en sort mécontent et frustré. Pourquoi cette voix ? d'où vient-elle ? comment l'enrichir ... même si elle est déjà riche d'un héritage foisonnant, elle cache un homme et révèle une âme, non ?
Quelle belle réflexion qui amène à une lecture plus large et passionnante. J'ai été transportée dans ces bribes de vie aux accents nostalgiques, mais également drôles et sans mièvrerie.

©2008 Mercure de France (P)2019 Éditions Gallimard

« Est-il, pour moi, lieu plus épargné, abri plus sûr, retraite plus paisible, qu'un studio d'enregistrement ? Enfermé de toutes parts, en capitonné, assis devant le seul micro, à voix haute - sans effort de projection, dans le médium -, deux ou trois heures durant, je lis les pages d'un livre. Le monde est alors celui de ce livre. Le monde est dans le livre. Le monde est le livre. Je confie à la voix le soin de me représenter tout entier. Les mots écrits et lus me tiennent lieu de parfaite existence. Alors d'autres voix encore se font entendre, dans la mienne. »

 

 

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14/05/19

Les corps brisés, d'Elsa Marpeau

Les corps brisésDirection L'Heure Bleue, une clinique privée isolée dans les montagnes auvergnates, où des malades vont et viennent, pour se soigner ou pour vivre leurs derniers instants. 
Sarah était pilote de course automobile. C'était une jeune femme fougueuse, indépendante et ambitieuse jusqu'à ce qu'un accident brise sa carrière et son corps.
La voilà clouée dans un fauteuil, en plein déni. Son kiné lui fait miroiter une probable guérison. Son psy la rappelle à la réalité. Son aide soignant au regard ténébreux palpe son corps sans broncher. Et le Grand Manitou des lieux invoque méditation, repas équilibré et vie en communauté avec activités artistiques pour panser les bleus de l'âme.

Sarah broie du noir avant de lâcher prise grâce à la patience de sa coloc qui lui inspire beaucoup d'admiration. Mais le jour où celle-ci disparaît, Sarah décide de mener son interrogatoire car elle n'est pas convaincue par les explications évasives du personnel.
En fait, cette lecture s'inscrit dans un rythme lent et une attente angoissante. On pressent qu'un drame est en cours, on anticipe des révélations choc et en même temps on se plie aux rituels hospitaliers - pointilleux et monotones.
Doucement mais sûrement, j'ai été happée par cette atmosphère un peu glauque et flippante. On s'alarme d'un rien et on se fait surprendre. Bim bam boum. Ça a le goût d'un sacré électrochoc comme bouquin ! Et c'est pas mal du tout.

Folio Policier / coll. Thriller (2019)

« S'il existe bien un loup, dans cette bergerie des cimes où les brebis sont les créatures les plus fragiles et les plus impuissantes qui soient, il convient de rester prudente. Avec son fauteuil, elle constitue une proie aisée. Elle voudrait éviter les pièges mais pressent qu'au fond elle ne peut que perdre, quoi qu'elle tente de faire. »

 

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06/01/19

J'ai encore menti ! de Gilles Legardinier

J'ai encore mentiLaura chute de son poney lors d'une banale randonnée. Elle se réveille sur un lit d'hôpital, la mémoire en vrac. D'abord, elle se prend pour une reine de l'Antiquité puis réalise qu'elle se comporte comme une fillette face à la vie dont elle a égaré le mode d'emploi.
Finalement, ce nouveau départ lui donne l'occasion de revoir son existence de A à Z car rien de reluisant n'en découlait jusqu'alors (boulot, famille, amour... total flop). Laura replonge donc dans un apprentissage en mode accéléré et nous fait partager ses expériences particulièrement cocasses.
Malheureusement, les situations sonnent également éculées : l'humour de l'auteur est réchauffé et pèse lourd dans la balance. En fait, j'avais un sourire crispé à l'écoute de cette aventure qui n'offrait rien de neuf, rien de pétillant. Que du déjà lu. Pour la première fois, je trouvais que ça coinçait.
Le résultat m'a semblé vite bancal : l'histoire est lente et longue à démarrer. On s'attarde sur une Laura en mode reset et confrontée aux vicissitudes du monde moderne (l'électricité ou l'imprimante). À vrai dire, ça m'a semblé ridicule et poussif.
Je ne vais d'ailleurs pas être tendre avec le personnage de Laura, tellement niaise et agaçante. Lors d'une soirée de vieux camarades d'école, elle est accostée dans le noir par un admirateur secret. Entre nous, j'ai trouvé ça flippant et limite psychopathe. Dès lors, Laura aussi va s'interroger sur son entourage et imaginer un traqueur obsessionnel à ses trousses !
Je sais bien que l'optique de Gilles Legardinier est d'offrir une lecture sans prétention et qui met du baume au cœur. Je suis habituellement une lectrice comblée, d'où ma joie de découvrir chaque nouveau roman, promesse d'évasion et de folie douce. Or, cette fois, l'entreprise a échoué. On croirait davantage une grosse farce idiote et insensée. J'ai totalement bloqué.
Quelle déception. Encore un rendez-vous loupé... qui s'ajoute aux précédentes déconfitures, cf. Une fois dans ma vie et Le premier miracle (je ne parle même pas de Comme une ombre sorti opportunément des tiroirs). Ouhlàlà.
Le format audio proposé par la collection Écoutez Lire chez Gallimard manque également de fantaisie (aucune réalisation sonore) : la voix de Céline Espérin n'est pas désagréable mais résonne dans le vide, ce qui inspire une sensation déconcertante. 
Chassons cette amertume et espérons de prochaines retrouvailles plus convaincantes !

©2018 Flammarion (P)2018 Éditions Gallimard. Collection Écoutez Lire

 

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19/09/18

L'intérêt de l'enfant, de Ian McEwan & lu par Marie-Christine Barrault

l'intérêt de l'enfant

Juge aux affaires familiales, Fiona Maye mène une carrière exemplaire. Elle ne compte pas ses heures ni son dévouement face aux cas les plus conflictuels. Elle a pleinement conscience de paraître distante et froide, et est souvent décrite comme étant “divinement hautaine, diaboliquement intelligente”. Mais son ambition a également fragilisé sa vie de couple, actuellement dans l'impasse depuis que son mari a exprimé sa lassitude et son désir d'une aventure extraconjugale. Fiona tombe des nues et ne cache pas sa colère. Elle n'aura pas trop le temps de s'appesantir car déjà un dossier urgent réclame son attention : Adam Henry, 17 ans, atteint de leucémie. Les parents sont témoins de Jéhovah et refusent tout traitement sanguin, au nom de leurs croyances. Les médecins ont saisi la justice et Fiona décide de rencontrer le jeune malade. Là, elle découvre avec surprise un garçon sensé et sensible, amoureux des mots et de musique. Une longue discussion s'engage, en attendant le verdict.

Indéniablement, le roman questionne et interpelle. Il évoque aussi bien l'intérêt de l'enfant que la valeur des libertés individuelles, la responsabilité humaine, celle du juge ou des parents, la volonté personnelle ou celle de la communauté... Autant dire que c'est extrêmement pointilleux (presque assommant). Et dans ce registre, la voix grave de Marie-Christine Barrault en impose !
Au bout du compte, l'histoire n'a pas une grande portée émotionnelle. Les personnages sont apathiques et l'affaire Adam Henry n'est finalement qu'un diablotin surgissant de sa boîte pour chiffonner la belle image d'une magistrate trop brillante. L'auteur tire concrètement son épingle du jeu en tissant une ambiance particulière et étrange (ou particulièrement étrange), et qui inspire des sentiments contradictoires. La lecture proposée par Marie-Christine Barrault est impeccable : justesse, sobriété et dignité.

[The Children Act]

Trad. de l'anglais par France Camus-Pichon

Collection Écoutez lire, Gallimard (2018)

 

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30/05/18

Ça peut pas faire de mal #4: La littérature jeunesse , de Guillaume Gallienne

guillaume gallienne La littérature jeunesseEn découvrant le programme de cette nouvelle édition, je m'étais fait une joie de l'audace et des choix à venir... La littérature jeunesse, pensez donc ! Et puis j'ai pris connaissance du menu en question - Joseph Kessel, Mark Twain, Lewis Carroll, Michel Tournier - de bons bougres, des incontournables, sauf que j'avais imaginé une excursion plus contemporaine. Ha, ha ! Ça peut pas faire de mal, en effet.
J'ai cependant passé 2 h 30 délicieuses à écouter l'animateur lire et commenter les grands classiques que sont Le Lion, Tom Sawyer, Alice au pays des merveilles, Vendredi ou la vie sauvage. « Quatre livres hantés par des espaces inexplorés, des mondes vierges que les héros tentent d'apprivoiser. » écrit Timothée de Fombelle en préface. Lui aussi en connaît un rayon... J'ai donc passé toute une soirée en leur compagnie, à écouter dans mon lit cette promesse d'évasion et de retour en enfance. Que de souvenirs sont remontés à la surface ! J'ai adoré...
J'ai savouré l'exotisme de l'Afrique, l'humour absurde d'une partie de croquets dans les jardins de la reine, l'aventure américaine le long du Mississippi et le retour aux sources sur une île déserte. Auprès de Patricia, d'Alice, de Tom et de Vendredi, j'ai passé de merveilleux moments et ressenti un immense bonheur. On dit que la lecture ouvre les horizons et donne des ailes, avec Guillaume Gallienne j'ai vécu cette sensation fabuleuse de m'échapper dans des aventures pleines de vie et de rythme. Le comédien réussit à insuffler une vraie joie de vivre, un amour incommensurable des livres, avec l'envie de lire, toujours plus et plus loin.
L'accompagnement au piano par Philippe Dubosson diffuse aussi un fond musical envoûtant et crée une ambiance de cocon douillet très, très appréciable !

©2017 Éditions Gallimard / France Inter (P)2014 / 2017 France Inter.

Collection Écoutez lire, Gallimard (2018)

Écoutez lire : "Les Aventures de Tom Sawyer" de Mark Twain : suivons le célèbre garçon dans ses facéties, sur le chemin de la maturité