Les Strates, de Pénélope Bagieu
Difficile de passer à côté du nouveau carnet de Pénélope Bagieu !
Un petit look vintage, super sobre, juste du noir et blanc. Avec un élastique sur le côté pour l'aspect confidentiel. C'est adorable !
La lecture n'est pas en reste. Car ce carnet renferme les petits secrets de la dame et surtout raconte des bouts de son histoire personnelle. En vrac, sans fard.
Et ça sonne juste.
On apprend donc que Pénélope est obsédée par la chaleur, qu'elle voue aux chats un amour dévastateur et qu'elle a longtemps cultivé la croyance d'un don particulier pour le sport.
Elle nous livre aussi sa première visite chez une gynéco, ses expériences amoureuses souvent farfelues - elle se décrit elle-même comme étant une fille bizarre mais courageuse. Et sa presque fâcherie avec sa meilleure amie pour la vie.
Elle rêve aussi de Street Fighter les types louches dans les transports en commun ou les potes relous dans les chambres des copines. Elle a prié les dieux d'avoir des seins dignes de ce nom et affiché ses lolos comme une guerrière.
Elle épingle les idiots, les goujats, les malotrus, les sexistes, les dingues, les pénibles.
Elle expose ses proches, son fantôme de frère (pendant trois jours). La mort. La douleur. Le deuil.
Dans ce livre, les émotions s'étalent comme un éventail de possibilités. C'est à la fois drôle, touchant et nostalgique. Ça parle de la vie, des gens, de ce qu'on apprend de nos rencontres, de nos familles, de nos désirs et de nos frustrations.
C'est engagé sans trop forcer. Ça prône le respect, l'audace, la dérision et la confiance.
C'est enfin une façon détournée de grandir en s'assumant, d'aimer celle qu'on devient (et de se réconcilier avec celle qu'on a été). C'est une lecture qui parle de nous et qui le fait très, très bien.
Merci Pénélope !
Gallimard, 2021 - Mot de l'éditeur :
Dans un carnet qu’on dirait tout droit sorti de sa poche, Pénélope Bagieu nous dévoile des fragments de sa vie, de son enfance et son adolescence. Des moments que l’on pourrait penser anecdotiques, volés au temps qui passe, au hasard, mais qui sont, en réalité, constitutifs de ce qu’est la dessinatrice à l’aube de ses 40 ans.
Des strates de papier qui ont façonné la femme qu’elle est aujourd’hui. En se mettant à nu, Pénélope Bagieu joue à la funambule, sur le fil du doute. À travers ses Strates, elle livre un essai dessiné autobiographique sans complaisance, sincère et bouleversant.
⭐⭐⭐⭐⭐
Lightfall, tome I : La Dernière Flamme ; par Tim Probert
Cette jolie bande dessinée est aussi chic et enthousiasmante à la lecture !
L'univers se déroule sur une planète longtemps frappée par les ténèbres avant d'être touchée par les lumières. Seulement, cette harmonie est encore fragile car la menace n'est jamais loin. La jeune Béatrice a grandi en se nourrissant des légendes racontées par son grand-père. Mais le jour où celui-ci disparaît mystérieusement, la fillette comprend qu'elle doit partir à sa recherche au plus vite. Sa santé fragile et sa mémoire défaillante sont des raisons de s'inquiéter à son sujet.
Pour bien faire, Béatrice n'est pas toute seule lorsqu'elle se lance dans cette entreprise. Elle vient de rencontrer un certain Cad, une étrange créature débordante d'allégresse. Ce Galdurien, le dernier de son espèce, recherche justement un coup de pouce pour traduire des documents. Mais il a depuis décidé d'accompagner Béatrice dans son aventure, car 1. celle-ci n'est pas très dégourdie 2. elle est beaucoup trop vulnérable face à l'inconnu 3. elle a besoin de distraction pour oublier ses soucis.
C'est, du moins, ce qu'il suppose. Cad est incroyable dans son rôle. Il est tout le temps optimiste, tandis que Béatrice est plus réservée. Ensemble, ils vont partager une épopée fantastique et étonnante. Qui se révélera également très drôle. Côté esthétique, nulle déception à avoir. On se croirait dans un film d'animation tant les décors et les paysages sont superbes.
Il n'y a pas à dire, c'était une très belle découverte ! D'autres livres sont à paraître pour compléter cette série. On a hâte.
Gallimard Bande Dessinée (2021) - Traduit par Fanny Soubiran
⭐⭐⭐⭐
La Ferme Petit Pois : La nouvelle vie de Jen, de Lucy Knisley
Après le divorce de ses parents, Jen part vivre à la ferme mais elle déteste ça. Elle n'aime pas non plus son beau-père ni ses filles qui envahissent son espace. Et reproche à sa mère de lui imposer ses choix de vie sans scrupule.
En gros, Jen regrette énormément sa vie d'avant et ne cache pas qu'elle préfère de loin la ville avec ses bruits, ses cafés et ses librairies. Pourtant, elle doit subir son triste sort et taper du pied dans la poussière en veillant sur le poulailler.
Les corvées de la ferme, non merci. Jen a trouvé une cachette pour installer son nid douillet avec ses bandes dessinées et ses carnets à dessin. Elle pourrait passer des heures dans son coin en priant pour ne pas être dérangée.
Lorsque ses nouvelles sœurs s'invitent pour les vacances, sa tranquillité va prendre cher. Jen n'a rien demandé mais doit s'occuper d'une Mademoiselle Je-sais-tout qui la pousse à bout. Ensemble, elles doivent désormais s'occuper du stand sur le marché.
Et Miss Andy se distingue par son entrain, son sens de l'organisation et son calcul de tête rapide et sans faute. Ouille. Jen n'a pas la bosse des maths et se sent rabaissée. Pas du tout soutenue.
Et les inégalités ne s'arrêtent pas. Pour Jen, la coupe est pleine. Elle dit ses quatre vérités à sa mère et part bouder dans son coin.
Ce qui est adorable dans cette histoire, c'est la simplicité des anecdotes qu'on y trouve. C'est une chronique de vie ordinaire et basée sur des souvenirs personnels - Lucy K. a également grandi à la campagne et détesté ça au début. Ses rapports avec le copain de sa mère et ses filles ont aussi été tendus.
Ça a du bon car ça respire l'authenticité, la fraîcheur, la nostalgie et la tendresse aussi. On trouve un peu de colère enfantine, de jalousie, de maladresse et de malentendu. C'est jamais facile de s'adapter à la nouveauté, de démarrer une partie avec des pions inconnus. Il faut que chacun trouve sa place, ça prend du temps et puis... ça se tasse.
C'était une très chouette lecture ! Sensible, susceptible et souriante. Avec un mot de la fin - rédigé par Lucy K. - qui est fort appréciable.
Gallimard Bande Dessinée / 2021
Akissi tome 10 : Enfermés dedans, de Marguerite Abouet & Mathieu Sapin
Dans ce dixième volume, Akissi expérimente comme ses fidèles lecteurs l'épreuve de l'année, à savoir le coronavirus !
Quelle bonne idée d'intégrer l'actualité à une série qui est proche de son public. L'histoire est de plus lue avec recul donc se découvre avec le sourire, tout en rappelant l'époque anxyogène que nous avons tous traversée. Bravo. C'est une totale réussite.
Akissi et sa famille ont donc été confinés et ont vécu cet enfermement d'abord comme un sacrifice juste et nécessaire, pour le bien des plus fragiles et blablabla. Puis, au fil du temps, ils ont tous un peu pété les plombs. Hahaha.
En fait, on retrouve dans l'histoire les travers des uns et des autres. Ces petits riens qui ont été épinglés avec humour et espièglerie. Akissi est une héroïne attachante et intrépide - qui aurait préféré un vélo à une poupée blonde comme cadeau de Noël. Elle est têtue et frondeuse. Quand elle a une idée en tête, c'est mission impossible de l'en déloger.
Avec ses potes et sa famille, elle offre une chronique rafraîchissante et joyeuse de sa vie ordinaire dans un village en Afrique. La lecture est pleine de charme et tellement attendrissante. J'aime beaucoup. Elle analyse pertinement la crise sanitaire et raconte aussi l'après Covid en lançant quelques pistes. Après tout, “puisque tu n'es pas morte du coronavirus, tu dois maintenant adopter les bons gestes pour une vie plus solidaire”.
C'est drôle, vraiment. La série ne se prend pas au sérieux mais touche à sa façon les lecteurs en suggérant de bons réflexes, de bonnes réflexions. Très, très bien ! Un bon dixième tome en tout cas.
Gallimard BD / 2020
Le Mangeur d’Espoir, de Karim Friha
Il se passe des choses étranges à Montmartre. Le quartier est hanté par des créatures surnaturelles et des esprits maléfiques.
Rachel souffre de voir sa mère dépérir sous ses yeux à cause de sa dépression. Abordée par un étrange docteur - Adrian Stern - elle hésite à accepter l'idée que le mal viendrait du Mangeur d'espoir. Cette entité démoniaque viendrait ronger l'esprit de ses victimes pour aspirer toute lumière contenue dans leurs souvenirs. Sceptique, Rachel accepte néanmoins de se livrer à une expérience et part affronter cette créature à travers ses songes.
Totale réussite que l'ambiance de ce récit, où se mêlent habilement épouvante et surnaturel. Certaines séquences oniriques filent la chair de poule en s'imprégnant de décors cauchemardesquues. La technique est ingénieuse alors que de multiples émotions se chevauchent, alternant douceur et éloquence dans les expressions. L'emballage m'a franchement conquise ! Pour l'histoire, plus sombre, plus amère, plus poignante, j'ai oscillé entre l'empathie et la résignation. La jeune fille de seize ans est confrontée au deuil et à la maladie - le sujet n'est pas joyeux - donc la tonalité est plombée et inspire beaucoup de gravité.
Mais cette BD est arrivée à point nommé, au cours de ce Mois de l'imaginaire ou consacré aux lectures teintées du folklore pour Halloween. Et ma foi, ce titre est tout à fait indiqué. En parfaite symbiose dans l'humeur du moment. Bon point donc pour cette lecture riche en frissons et qui n'appelle aucune suite.
Gallimard Bande Dessinée, 2020
Sacrées sorcières (de Roald Dahl) par Pénélope Bagieu
Ce format BD colle merveilleusement à l'humour malicieux de Roald Dahl. On retrouve le ton espiègle, le suspense et la cocasserie du roman (qu'on ne présente plus). Pénélope B. se régale en s'appropriant ce conte pour enfants qui fait dresser les cheveux sur la tête : on s'éclate avec sa petite grand-mère (note inside : le tabac tue), la relation avec son petit-fils est tordante, leur aventure à l'hôtel prend un tour affolant mais l'histoire est vraiment riche en rebondissements, émotions, claquements de dents, sourires et applaudissements.
Le mythe des sorcières retrouve aussi ses lettres de noblesse : oui, ce sont des femmes cruelles et sans cœur. Elles détestent les enfants et ont prévu de les éliminer du royaume. Et toc ! Le plan est infaillible... enfin, c'était sans se douter de l'espion derrière le paravent, qui sent le caca de chien.
J'avoue : Sacrées sorcières est mon roman préféré de Roald Dahl ♥
Seule entorse à la règle : Pénélope B. a créé un nouveau personnage qui n'existait pas dans le texte original. Elle a ainsi glissé une petite fille pour permettre aux lecteurs d'aujourd'hui de choisir le héros auquel il aimerait s'identifier. #ZeroDiscrimination #HeForShe
En tout cas, c'est une lecture formidable et terriblement palpitante. Une adaptation éclatante d'un classique qui n'a pas pris une ride. Humour noir et tension dramatique au taquet... absolument stupéfiant (et pétrifiant). Oui, on reste sur les fesses.
Et moi, j'adore !
Gallimard BD / Collection Fétiche (2020)
⭐⭐⭐⭐.5
Sur la route de West, de Tillie Walden
Étrange, étrange, étrange... cette bande dessinée l'est sans aucun doute, mais est surtout hors du commun !
Deux jeunes femmes se croisent sur la route et décident de poursuivre ensemble leur chemin. La voiture (qui remorque une caravane) n'est pas seulement chargée en bagages, elle est encombrée de non-dits, de silences, de souffrances et de colères froides.
Au cours de leur périple, Béa et Lou trouvent un chat perdu en pleine forêt et s'aident de l'adresse sur son médaillon pour se rendre chez son propriétaire. Direction West, une petite ville qui ne figure sur aucune carte. Et pourtant, elles filent droit devant. Seulement voilà, à partir de maintenant, elles ne font que croiser des individus peu commodes et vraiment flippants !
Pour qui ? pourquoi ? Impossible de savoir. Et c'est très perturbant. D'abord on ignore dans quoi on embarque, mais on tourne les pages par curiosité (et par goût du défi), juste quand on pense avoir saisi un bout de la ficelle, on perd à nouveau le nord. On bascule alors dans un semblant de quatrième dimension... tellement ça devient trop bizarre et incompréhensible.
Si l'intrigue est un peu zigzagante, l'ambiance a le mérite d'être envoûtante (la qualité des dessins et des couleurs est prodigieuse). L'histoire, en revanche, pèse gros sur le cœur. Rien de ce qu'elle suppose ou révèle n'est tendre, limpide ou facile. C'est lourd et déroutant. D'où le paradoxe : si cette lecture a su me convaincre pour son côté sombre et inquiétant, j'ai été moins emballée par ses dérives fantasmagoriques.
J'ai tout lu en mode interloquée et envoûtée par cette bd extraordinaire, mais j'ai également été déboussolée par ce qu'elle me racontait. J'admets que l'expérience n'est pas banale mais elle va laisser son empreinte un petit moment...
Bandes dessinées hors collection, Gallimard Jeunesse (2020)
Traduit par Alice Marchand - Titre VO : Are You Listening ?
La Tour des Anges #1, par Stéphane Melchior & Thomas Gilbert
Dans ce nouveau cycle (qui fait suite aux Royaumes du Nord en trois tomes), nous ne retrouvons pas tout de suite la jeune Lyra Belacqua. C'est d'abord un certain Will Parry qui se présente à nous.
Ce garçon vit actuellement à Oxford avec sa maman aux nerfs fragiles. La disparition de son époux, au cours d'une mission scientifique, l'a fortement affaiblie et frappée de terreur. Will soupçonne d'ailleurs un complot ou un secret qu'il aimerait percer. Sa rencontre musclée avec deux agents type Men in Black va brutalement le propulser dans une autre dimension... une ville où règne un silence pesant et où il croise la fameuse Lyra !
Cette nouvelle immersion dans la saga culte de Philip Pullman est incroyable d'efficacité. Une fois encore, on se coupe de la réalité le temps d'une lecture : on tourne les pages avec avidité et on s'exporte vers un imaginaire fascinant (où l'on frissonne beaucoup également). Car l'histoire réserve moults révélations et autres interrogations. C'est toutefois gorgé de magie, de suspense, de tension. Vraiment, c'est captivant.
Pour cette adaptation, Stéphane Melchior s'est entouré d'un nouveau complice - Thomas Gilbert - qui a su relever le défi avec brio. On retrouve cette ambiance crépusculaire et assez anachronique, cette atmosphère si particulière mais qui rend cette série si étonnante !
Gallimard BD, 2018
D'après l'œuvre de Philip Pullman
D'après l'univers graphique de Clément Oubrerie
Parution du volume 2 en JANVIER 2020 !
Pêle-mêle BD : Et nos lendemains seront radieux - Les Classiques de Patrique (Chroniques décalées de la littérature)
Après la mort de leurs parents, Sylvain et Camille ont grandi auprès de leur grand-père à la campagne. Vieux réac, celui-ci a inculqué aux enfants une haine farouche envers les institutions mais a choisi de les instrumentaliser pour torpiller le système de l'intérieur. Ainsi, Sylvain a rejoint les grandes écoles et nourri une ambition dévorante en devenant le bras droit de la nouvelle locataire de l'Élysée. Mais lors d'un weekend au Fort de Brégançon, alors que l'orage menace, le frère et la sœur vont prendre la présidente en otage et lui tenir un discours enflammé sur le chaos écologique et les mesures à adopter en urgence (et en force).
Ambiance huis clos avec action politique dans cette BD : une lecture qui grattouille en cette saison de revendication sociale et de conscience verte. Hervé Bourhis imagine un scénario qui fait froid dans le dos parce qu'il fait écho à l'actualité. Par contre c'est sans concession. On assiste à un dialogue musclé entre la politicienne et le tandem réfractaire : les arguments fusent, les idéaux sont mis à mal. Il y a du vrai et du faux des deux côtés - société de consommation, lobbying et abeilles en détresse. Il y a donc péril en la demeure mais halte aux utopies. Il y a surtout une note douce-amère qui ne nous lâche pas et qui accompagne ce thriller sombre et poignant jusqu'à la dernière page... Une très bonne lecture.
Et nos lendemains seront radieux, par Hervé Bourhis
Gallimard Bande Dessinée, 2019
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Comment revoir ses classiques à travers cette lecture fabuleusement drôle et culottée ! Merci Patrique. J'ai ri, mais j'ai ri. C'était génial. Dernièrement j'avais déjà beaucoup aimé Avez-vous lu les classiques de la littérature ? avec la fantastique Soledad. Ça sent le bon filon - ou comment moderniser une littérature dite poussiéreuse et reconquérir un public qui boude.
J'ai ainsi découvert les chroniques décalées de Patrique (une petite motte de terre ou de sable) qui partage sa passion pour Orlando ou Dostoïevski avec un humour dévastateur. J'ai également gloussé face aux déboires d'Emma Bovary ou ceux d'Achille dans l'Iliade . J'ai mené mon enquête pour démasquer l'assassin de Roger Ackroyd. J'ai replongé aussi en adolescence avec Claudine à l'école ou même L'Amant. Par contre, je n'ai toujours rien compris à Rabelais. Le meilleur moyen de désacraliser des chefs d'œuvre et de les rendre accessibles, c'est bien entendu d'en parler sans complexe et avec dérision. Patrique a tout compris. Sous l'apparence délirante, le sujet est néanmoins traité avec sérieux et profondeur (présentation de l'auteur, de l'époque et réflexions autour de la lecture). En bref, cela donne encore plus envie de lire ou relire les titres concernés. Rien que pour ça, tu es mon idole, Patrique ! À savoir : les chroniques ont été prépubliées dans la revue TOPO.
Les Classiques de Patrique (Chroniques décalées des chefs d'œuvre de la littérature), par Delphine Panique
Gallimard BD, 2019
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C'est pas du polar... mais ça craint quand même ! de Bruno Heitz
Jean-Paul reçoit la visite d'un journaliste qui cherche par tous les moyens à guérir la dépression de sa femme.
Cette dernière vit en effet un sevrage difficile car elle a dévoré tous les romans de son auteur fétiche (Gaston Sidérac) lequel vient d'annoncer qu'il arrêtait sa série des Enquêtes du commissaire Grosjules. Le couple a donc mis au point un plan tordu afin d'attirer l'homme dans un appartement où ils veulent le séquester, en tout bien tout honneur, pour l'inciter à écrire, écrire, écrire.
Mais que vient faire notre Jean-Paul dans cette affaire ? Rien, ou presque. En vérité, l'épouse du journaliste n'est autre que cette chère Jacotte, son ancienne dulcinée. Quoi de plus logique de faire appel à lui pour les soutenir dans leur croisade...
Comme toujours, chez Bruno Heitz, l'aventure va partir en sucette mais les séquences saugrenues ne vont pas manquer ! Les amateurs de Simenon y retrouveront aussi des clins d'œil et une ambiance proche des romans de Maigret dans ce vaudeville parodique et haut en couleur. Résultat, c'est truculent à souhait.
Ce quatrième volume des mésaventures de Jean-Paul, anti-héros par excellence, est fidèle aux attentes. Les personnages sont tous grotesques et un peu cinglés, sans méchanceté pure et dure. Cette fois, même notre Jean-Paul est aussi le dindon de la farce.
Verdict final, c'est réussi. On rit et on passe un vrai bon moment. À la prochaine !
Gallimard BD (2018)