J'étais là, de Gayle Forman
Sous le choc du suicide de sa meilleure amie, Cody accepte de rendre service à ses parents en se rendant près de Seattle, où leur fille menait sa vie d'étudiante, pour y rassembler ses affaires et quelques indices. Rien n'indiquait que Meg était au bord du précipice. Pour Cody, pointe aussi la douleur de l'incompréhension et du rejet. Les deux amies avaient certes emprunté des chemins différents, mais avaient pour elles des années d'une complicité indiscutable. Le choix de Meg a pris tout le monde au dépourvu, en plus de renvoyer chacun à une prise de conscience.
Sur place, à Tacoma, Meg se glisse dans la vie de Meg, rencontre ses colocataires, découvre une facette de son amie qu'elle ne soupçonnait pas, croise aussi le garçon qui lui aurait brisé le cœur. Cody épingle ce Ben McAllister sans détour, il est responsable de la mort de Meg, il s'est servi d'elle, c'est un pauvre type, etc. Mais Ben se défend et rétorque qu'elle ignorait totalement qui était Meg. À force de fouiller sur une piste de plus en plus froide, Cody parvient à rassembler des faits nouveaux, mais glaçants et déstabilisants. En même temps, elle réalise combien sa propre vie est elle aussi insipide et gâchée par son manque d'ambition ou sa vieille trouille d'affronter l'inconnu.
Un roman solennel, qui aborde le suicide avec justesse et sans pathos, tout en s'attachant à tirer le portrait d'adolescentes secrètes et brisées. Gayle Forman réserve un traitement sensible et pudique au marasme émotionnel que vit l'entourage de la personne disparue, entre le traumatisme, le sentiment de trahison et l'éternelle incompréhension qui foudroie les parents, les amis... C'est une lecture hyper touchante, assez triste et obsédante. Car le chemin du deuil et du contrecoup est long, compliqué et pénible. Un livre à aborder dans les écoles, en famille, entre amis, pour ne plus diaboliser ce sujet préoccupant et pour mieux l'envisager sous toutes les coutures.
Livre de Poche Jeunesse - Trad. Luc Rigoureau pour Hachette éditions - 2016
Minuit ! 12 histoires d'amour à Noël
La neige, les fêtes, les longues soirées d'hiver... C'est le moment de tomber amoureux ! Humour, émotion, coups de foudre, étincelles... l'amour sur tous les tons par les 12 meilleurs auteurs de la littérature ado.
Stephanie Perkins a fait appel à un casting de rêve (Holly Black, Ally Carter, Gayle Forman, Jenny Han, David Levithan, Rainbow Rowell, Matt de la Peña, Kelly Link, Myra McEntire, Kiersten White & Laini Taylor) et invite ses lecteurs à se plonger dans une ambiance festive et hivernale en papillonnant sur douze variations de l'amour. Un programme alléchant, qui n'est cependant pas toujours à la hauteur des espérances.
Les histoires sont, pour la plupart, charmantes et légères, mais aussi bien peu consistantes. Je décerne donc un prix de mérite pour le texte plein d'humour de David Levithan, “Ton père Noël pour une nuit”, où l'on fait connaissance avec un narrateur juif qui accepte de jouer le visiteur nocturne, pour ne pas décevoir son petit copain et pour enchanter sa plus jeune sœur qui croit encore à la magie des fêtes. C'est un texte exquis et très drôle, avec des réflexions cocasses décrivant des situations qui m'ont souvent fait ricaner. J'attribue un deuxième bon point à Holly Black pour son “Krampuslauf” - une histoire d'amour, de jalousie, de classe sociale, de vengeance et de malice, au cours d'un réveillon rock'n roll, qui nous rappelle aussi de « ne jamais oublier qu'il y a de la magie dans le monde ». Et enfin, prix de consolation pour “Le réveil du rêveur” de Laini Taylor, de la fantasy YA bien écrite, qui fait montre d'une imagination foisonnante et dont l'originalité la distingue du reste de l'ouvrage.
Si ce n'est pour son thème général (les fêtes, les rêves, la magie, l'espoir, les désirs fous qui se réalisent), un thème particulièrement propice en cette période de fin d'année, la découverte de cette anthologie d'histoires courtes est discutable, tant elle peine à nous bercer de douces illusions et à nous transporter littéralement, mais la réunion de tout ce joli monde en incitera plus d'un à tenter l'aventure pour lire ou relire la plume de son auteur fétiche.
Gallimard jeunesse / Novembre 2015 ♦ Traduit par Géraldine d' Amico (My True Love Gave to Me: Twelve Holiday Stories)
Là où j'irai - Gayle Forman
Voilà la suite la plus attendue de l'année !!! En 2009, ma plus belle émotion m'avait été donnée par Si je reste, de Gayle Forman. Rappelez-vous, Mia et Adam, un accident de voiture, une famille brisée et une jeune fille qui ne sait plus s'il lui faut rester ou partir avec les siens... C'était beau, c'était fort mais ce n'était pas assez. Aussi, l'auteur a exaucé nos prières muettes et a écrit la suite de leur histoire, trois ans après.
Et c'est là que notre coeur se brise, car Mia et Adam ne sont plus ensemble ! Leurs chemins se sont séparés : elle est partie à New York pour ses études, elle n'a plus jamais donné de nouvelles. Aujourd'hui elle est en train de devenir une violoncelliste de renom et donne un concert au Carnegie Hall. De son côté Adam a propulsé son groupe de rock sous les feux de la rampe, c'est la consécration mais notre rocker n'est point satisfait. L'histoire, cette fois, nous est donc reportée par son intermédiaire, et rien que pour ça, cela vaut toutes les danses de la joie, car Adam est un garçon formidable !
En cette soirée d'août, Mia et Adam vont se revoir par le plus grand des hasards, ils vont passer une nuit à parcourir les rues new-yorkaises, tout en tournant autour du pot. Pas une fois ils n'aborderont le passé, même si le malaise est palpable, Adam notamment voudrait crever l'abcès mais ne s'en sent pas capable. On le découvre amer, torturé et meurtri par la rupture, encore à fleur de peau, partagé entre la colère et la rancune. Il est donc nécessaire que notre petit couple se parle vraiment.
Mais avant d'en arriver là, Gayle Forman fait appel aux flashbacks pour tisser sa toile, pour parler de la vie qui a filé pendant ces trois années, et nous rappeler l'amour fou et véritable que nourrissait Adam pour Mia. C'est si touchant, j'en avais des papillons dans le ventre (la première fois où ils sont partis camper, par exemple), et cela alimentait d'autant plus mon incrédulité et mon envie de savoir pourquoi, mais pourquoi, hein, Mia !?!
Lorsque les langues se délient, et les larmes coulent, c'est toujours aussi fort et aussi bon. C'est une délivrance pour tout le monde, mais ça ne signe pas le point final, au contraire c'est toujours si mouvementé, comme les montagnes russes, et ça continue, encore et encore, rien n'est jamais gagné, mais qu'est-ce qu'on reste scotché jusqu'au bout, le coeur débordant d'espoir. Je n'en dis pas davantage, mais Adam je t'aime d'amour. C'est tout.
Là où j'irai - Gayle Forman
Oh ! Editions (2010) - 280 pages - 16,90€
traduit de l'anglais (USA) par Marie-France Girod
Je rappelle un passage du livre précédent, parce qu'il dit tout et parce qu'il me donne les larmes aux yeux, rien que d'y repenser ... "If you stay, I'll do whatever you want. I'll quit the band, go with you to New York. But if you need me to go away, I'll do that, too. I was talking to Liz and she said maybe coming back to your old life would be too painful, that maybe it'd be easier for you to erase us. And that would suck, but I'd do it. I can lose you like that if I don't lose you today. I'll let you go. If you stay."
— Gayle Forman (If I Stay)
Lu avec le casque sur les oreilles ... ce roman est également pétri de musique (du rock, du blues, du folk), j'adore !
Elle est partie pour la Juilliard School au début septembre. Je l'ai accompagnée en voiture à l'aéroport. Elle m'a dit au revoir, m'a embrassé. Et elle a déclaré qu'elle m'aimait plus que la vie même. Puis elle s'est avancée vers le portique de sécurité.
Elle n'est jamais revenue.
Si je reste ~ Gayle Forman
Oh! Editions, 2009 - 220 pages - 15,90€
traduit de l'anglais (USA) par Marie-France Girod
Un accident de voiture.
Les parents de Mia sont tués sur le coup. Son petit frère et la jeune fille de dix-sept ans sont dans un état grave, emmenés de toute urgence dans des hôpitaux différents.
Et l'esprit de Mia - ou son fantôme - se matérialise et devient spectateur de son combat entre la vie et la mort.
A elle de choisir maintenant.
Malgré les impressions que ce bref résumé peut inspirer, non ce roman n'est pas du tout déprimant. Il est par contre très émouvant ! Mais bon. Très bon. Et puis beau, merveilleux, puissant. Il donne envie de se secouer et d'hurler. Que du positif, en somme. Car c'est par-dessus tout une formidable histoire d'amour. L'amour d'une famille. L'amour d'une vie. L'amour de la musique. L'amour et l'amitié.
Plus d'une fois j'ai eu la gorge nouée face à ce grand cri d'amour. A toutes les pages, au-delà de la violence et de la tragédie que traverse Mia, on ressent ses sentiments, ses questions, ses émotions. Et ses souvenirs affluent, des instants merveilleux d'une complicité familiale exemplaire, une rencontre amoureuse belle, unique et inscrite pour durer.
Alors que Mia est scotchée sur son lit d'hôpital, en soins intensifs, ses proches défilent à son chevet pour lui parler, lui chuchoter de s'accrocher, ou de partir, si c'est ce qu'elle veut. Les paroles de son grand-père, par exemple, sont dégoulinantes de beauté et d'amour véritable. Et Kim, sa meilleure amie, se révèle précieuse, rare et complice au-delà des mots. Et puis, Adam...
Je ne sais pas raconter ce livre, je ne sais pas vous en parler, je ne sais pas vous donner envie, je sais juste que c'est un livre qui m'a bouleversée et que j'ai lu d'un traite en pleurant beaucoup. J'en sors heureuse, réconfortée par des petites phrases qui disent peu et tout à la fois. Une lecture qui a trouvé sa lectrice au bon moment.
NB : Ne vous fiez pas au bandeau rouge racoleur et donc dissuasif qui clame que c'est le livre le plus émouvant depuis twilight ! C'est n'importe quoi, ça n'a rien à voir avec twilight. Pour moi, ça sonne comme un sinistre appel d'offre et ça m'agace. Ne tombez pas dans le panneau, mais lisez ce livre, bon sang il est juste très bon et il ne ressemble à rien, sauf à lui.