27/11/19

Dans notre pile de 📚 : Ma bébête à moi - Un voyage sans fin - Les pochettes surprises - Un jour...

Ma bébête à moi, par Virginy L. Sam & Aurore Callias

Ma bébête à moi

Parfois, dans la vie, il y a des moments où on a beau se rouler dans la couette, la peur de l'orage ne vous quitte pas. Ou la peur face à une expérience nouvelle, quand un camarade vous embête ou déchire les pages de votre livre préféré, quand vos parents annoncent qu'ils vont se séparer... Parfois, vraiment, c'est difficile d'absorber ce flot d'émotions qui vous mettent le cœur en miettes et vous collent la boule au ventre.

Mais attendez... penchez-vous sous votre lit, regardez bien : une grosse bébête, rien qu'à vous, présente pour distribuer des câlins et envoyer de bonnes ondes positives. Une grosse boule de tendresse, de chaleur et d'amour. C'est cadeau. Il n'y a que vous pour la voir, il n'y a qu'elle pour comprendre votre désarroi. Un tandem de choc car indissociable... si ce n'est, au fil du temps, un besoin moins pressant, une roue de secours moins utile, mais une grande bienveillance au souvenir de cette bébête d'amour et de générosité, qui accompagne l'enfant et lui apprend à gérer chagrin, tristesse, angoisse, détresse etc. 

Un très joli album, qui déborde de justesse et qui rayonne d'illustrations éclatantes. 

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Un voyage sans fin, de Sang Miao

Un voyage sans fin

Après la mort de son grand-père, Hugo se sent tellement triste. Il ne comprend pas pourquoi son papi est parti subitement, sans prévenir, ni dire au revoir. Il se sent malheureux et abandonné. Mais un soir, dans son rêve, Hugo a la surprise de retrouver son grand-père qui l'embarque pour un périple fantastique, au cours duquel l'enfant va peu à peu comprendre l'utilité des souvenirs et comment nos proches disparus vivent à travers nos mémoires.

Quelle lecture incroyable, qui explique la mort avec poésie et fantaisie, qui propose des solutions pour apprivoiser sa tristesse et accepter le départ de ceux qu'on aime. Très, très fort ! Avec de jolies illustrations aussi. Cet album m'a bouleversée.

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Les Pochettes-surprises, de Rachel Hausfater & Marion Barraud

Les pochettes-surprises

Place à un raz-de-marée de couleurs et de babioles à travers cet album qui dresse des listes à la Prévert.

Dans la boutique d’Élisheva, on trouve tout ce qu’il faut pour fabriquer et remplir des pochettes-surprises. On farfouille dans les grands coffres peints, les armoires dodues et les paniers profonds. Puis on choisit un cornet de la couleur qu’on veut avant de le fermer avec un beau ruban. Dans ces pochettes confectionnées avec tendresse, on trouve un livre d’histoires sans fin, les horaires du Transibérien, une canne à pêcher les souvenirs, un crocodile aux grandes dents, des billes géantes, un mini-jeu électronique qui fait zip boum dring...

En fait, à travers ces pochettes-surprises, ce sont aussi ceux qu’on aime qui sont mis en avant : le copain rigolo, l'amour secret, les parents, la famille, les proches auxquels on tient beaucoup... On prend ainsi du temps pour penser à eux en concoctant des petits trésors qui leur sont spécialement dédiés. Cela donne un joli patchwork de délires dans un style bariolé et joyeux ! Car cette lecture met du soleil dans votre vie. Elle est riche et grouille de détails à découvrir !

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Un jour..., de Guillaume Guéraud & Sébastien Mourrain

Un jour

Grandir, encore et toujours... Pour un enfant, c'est synonyme de liberté : pouvoir manger autant de bonbons, aller seul à l'école, avoir un chien, regarder des films qui font peur, parcourir le monde et vivre de folles aventures. Tout ça, tout ça. Et adieu les punitions, les privations, les interdictions !

Ce joli portrait est détaillé avec humour par Guillaume Guéraud et illustré sur le même ton par Sébastien Mourrain. Ce tandem donne ainsi à découvrir un album attachant, plein d'esprit, de tendresse et d'amour aussi. On sourit beaucoup, « on rigole comme des tordus », et ça se boucle sur une note très touchante, qui fait dire qu'on rêve tous de grandir, vite et bien, mais que la vie aussi file à vitesse folle ! Vient toujours ce moment où l'on se souvient « de quand j'étais petit » avec une certaine nostalgie.

Super album, entre humour et tendresse, on aime !!! ☺

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De La Martinière Jeunesse, 2019

 


08/05/18

Captain Mexico, de Guillaume Guéraud

Captain MexicoLe jeune Paco est fasciné par la révolution. Son héros n'est autre que l'illustre Emiliano Zapata. Souvent, avec ses copains, Paco s'amuse à reproduire ses luttes et ses combats contre le dictateur Huerta. Quelle folle ambiance sur la place !
Mais sitôt de retour chez lui, l'ambiance n'est plus à l'effervescence. Quelques beignes par-ci, par-là, Paco apprend à grandir parmi la pauvreté et l'injustice. Sa famille et lui vivent près du Rio Grande, là où la frontière entre le Mexique et les États-Unis s'étire et paraît infranchissable.
Et depuis l'accession au pouvoir du nouveau président américain, Donald Trompette, les rêves des mexicains s'effondrent comme des châteaux de cartes. Toujours plus de gardes, toujours plus de barrières et de murs invincibles...
Quand son père annonce son intention de tenter sa chance, Paco oppose sa résistance - pas envie de s'éloigner des copains. Il faut exister ici et maintenant à Matamoros, faire la révolution et tirer des prisons tous les innocents !
Plus facile à dire qu'à faire... Du moins, c'était avant de dénicher un vieux sombrero aux pouvoirs magiques. Dès que Paco l'enfile sur sa tête, hop, il est englouti par l'immense couvre-chef mais se découvre des talents dignes d'un super-héros. 
¡ Arriba, los muchachos ! Captain Mexico ne craint rien ni personne. Défenseur des opprimés et des oubliés, le jeune agitateur dégaine ses convictions et soulève les foules au grand dam de Donald T., lequel n'a pas dit son dernier mot et convoque sur le champ un guignol en costume moulant à paillettes !

Ah, ah ! L'histoire se lit comme une vaste plaisanterie, mais ne cache pas non plus ses références et ses clins d'œil à l'actualité politique. Même les plus jeunes seront sensibles au message et soutiendront Paco et Captain Mexico au cœur des émeutes contre la tyrannie (et la bêtise, surtout). 
C'est un petit bouquin rigolo et bourré d'action. 
Laser explosif ! Crachat de grenades ! Souffle du cyclone !
Chaud devant ! ☺

daOdac du rouergue / 2018

illustrations de Renaud Farace

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08/06/17

Ma grand-mère est une terreur, de Guillaume Guéraud

Ma grand mere est une terreur« Elle est forte et elle fout la trouille, ma grand-mère, elle passe pas son temps à traîner au lit comme celle du Petit Chaperon rouge. Et elle aurait pas peur de se faire dévorer par les loups, s'il y en avait autour de chez elle, au contraire, je peux même vous garantir que c'est elle qui les mangerait. »

Louis doit passer une semaine de vacances chez sa terreur de mémé, une femme qui a grandi dans les montagnes de Sibérie, parmi les loups, et qui vit désormais dans une maison isolée dans la forêt. Chez elle, pas de télé ni d'internet. Louis implore muettement la clémence de ses parents et prie pour que le temps passe trèèès vite, car sa grand-mère lui donne des sueurs froides. Finalement, son séjour va lui réserver de bonnes surprises ! En effet, en apprenant le projet de la mairie qui souhaite raser la forêt pour construire une route, Mémé Kalashnikov va montrer les dents et réveiller son passé de “sorcière rouge”, moitié sorcière moitié activiste politique. Avec son chaudron, ses incantations, sa faucille et son marteau, notre mémé va conduire sa propre révolution !

Cette petite lecture est franchement savoureuse. Elle raconte avec beaucoup d'humour les ruses et autres combines d'une vieille dame au caractère farouche, qui refuse l'urbanisation à outrance et considère les nouvelles technologies comme du poison pour notre société. Avec son mode de vie archaïque, elle campe fièrement sur ses positions. Au grand dam de son petit-fils de dix ans, qui adore les petits gâteaux et les matches de foot à la télé. Louis va cependant passer une semaine détonante chez sa mémé, en découvrant une vie plus authentique, une manière de s'occuper autre que de baver devant un écran, et en apprenant aussi des secrets sur le passé de son aïeule ! L'histoire est tourbillonnante, drôle, inattendue et fringante. Elle sert avec beaucoup de talent du rire, de l'aventure et un soupçon de fantastique pour les jeunes lecteurs. ♪♫ Nous ne sommes rien soyons tout, bidou bidou dou ♫♪

Rouergue, coll. dacOdac, 2017

illustrations de Gaspard Sumeire

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29/01/13

Vers l'infini et au-delà !

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Eugène a une imagination débordante. Sitôt qu'il s'ennuie, il part dans des histoires qui prennent forme dans sa tête. Il devient alors le Capitaine Sans-Gêne, à bord de son navire Triton, il parcourt les mers et les océans, pour défendre les opprimés et pour anéantir les squales gigantesques, les poulpes géants, les méduses carnivores et les scaphandres zombis.

Même une partie de football avec ses copains se transforme en retransmission enflammée d'un match endiablé, qui ferait pâlir Lionel Messi. Il est comme ça, Eugène. Toujours dans la lune. La tête dans les étoiles. Des idées plein la tête. Des rêves par milliers. Même chez lui, son esprit vagabonde. Il est ailleurs, tout le temps. Il transforme son quotidien en une aventure folle et passionnante.

Le seul souci, c'est qu'il est souvent à côté de ses pompes en classe. La maîtresse n'en peut plus de le rabrouer, de lui coller des punitions, de lui remettre les pieds sur terre. Ses résultats scolaires sont passables. Et pourtant, Eugène est un garçon intelligent, mais ses parents s'inquiètent et préfèrent se rendre chez un spécialiste.

Un spécialiste qui ressemble à un singe, se dit Eugène. Aussitôt, son esprit s'évade et laisse place une autre interprétation de la réalité. C'est magique ! C'est un véritable pouvoir que possède ce garçon. Heureusement le médecin va rassurer tout le monde, en soulignant bien que Eugène est un garçon tout à fait capable. Son truc, pour le moment, c'est d'avoir besoin d'être ailleurs et de pouvoir le faire. Pourquoi l'en priver ?

Alors les histoires d'Eugène peuvent reprendre de plus belle, des histoires avec Naruto, Harry Potter, Jack Sparrow, ou même James Bond, Spider-Man et les chevaliers du Jedi. Nul n'arrive à sa cheville, bien entendu. Et c'est ce qui rend ce petit texte drôle, enlevé, déjanté et pertinent. A lire, pour se rassurer d'avoir un esprit trop rêveur.

Je sauve le monde dès que je m'ennuie, par Guillaume Guéraud - illustrations de Martin Romero
Rouergue jeunesse, coll. ZigZag, 2012

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08/09/10

Sans la télé, de Guillaume Guéraud

Si vous appréciez, comme moi, Guillaume Guéraud, vous devez absolument lire son livre, Sans la télé, qui dit tout et révèle encore plus sur cet auteur talentueux ! Le petit Guillaume a huit ans, habite une cité de la banlieue de Bordeaux, il vit avec sa mère et son oncle, et il est le seul gamin de sa classe à ne pas avoir la télé à la maison ! Tous ses copains ne parlent que de Goldorak, de la famille Ingalls ou de JR Ewing et chantent à tue-tête le générique de Tom Sawyer, et lui se contente de les écouter, avec une mine envieuse. Et puis, paf !

(...) ma mère me fait une surprise :
- J'ai un cadeau pour toi !
Je suis persuadé que c'est une télévision mais je ne vois rien qu'un tout petit paquet-cadeau sur la table. J'arrache le papier pour découvrir ce qu'il y a dedans et, merde, c'est un livre. Je trouvais que le paquet avait une taille minuscule pour une télé, mais pour un livre, il est franchement énorme. Je l'ouvre pour évaluer son nombre de pages : trois cent cinquante-sept ! Et il n'y a même pas une image à l'intérieur. Je suis tellement dégoûté que je me mets à chialer.
- Regarde au moins le titre ! me lance ma mère.
Tom Sawyer.
- C'est le livre qui a inspiré le dessin animé... elle me console.
Bon, j'aime bien lire, moi, c'est pas le problème. Mais ce que je veux, là, c'est la télé, pas un bouquin de trois cent cinquante-sept pages.


Hihihi, j'ai bien rigolé, m'imaginant parfaitement la scène !

Ceci n'est qu'une mise en bouche. En fait, Guillaume a une mère formidable. C'est elle qui lui donnera le goût du cinéma en l'emmenant voir tous les plus grands classiques et autres chefs d'oeuvre du septième art ! De là, le garçon va grandir, nourrir une passion folle pour le cinéma, développer un sens critique, regarder la vie, la sienne en particulier, avec un instinct de pauvre diable, quand sa cité est en train de craquer, son oncle toujours à vitupérer contre le système, ses potes tomber dans la drogue ou la délinquance... Ce livre observe la jeunesse des années 70/80 et en même temps fait comprendre le sens de l'écriture et l'univers littéraire de Guillaume Guéraud. J'ai trouvé ce livre formidable, frais, vivifiant, comme une claque qui réveille et donne envie de croquer la vie (et de lire toute la bibliographie de l'auteur, si ce n'était pas déjà fait) !

doAdo au Rouergue (2010) - 112 pages - 9,50€    sans_la_tele

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25/05/09

En poche ! #25 : La brigade l'Oeil ~ Guillaume Guéraud

roman paru chez le rouergue en collection doAdo noir, en septembre 2007, enfin disponible en poche (je ne trouve pas la couverture très belle)brigade_de_loeil chez folio SF.

Quatrième de couverture 

Rush Island, 2037. La loi Bradbury interdit toutes les images depuis vingt ans sur l'ensemble du territoire. La propagande matraque : «Les photographies sont nocives. Le cinéma rend fou. La télévision est l'opium du peuple.» Les agents de la Brigade de l'OEil, les yeux armés du gouvernement, traquent les terroristes opposés à cette dictature. Brûlent les images encore en circulation et les pupilles de ceux qui en possèdent. Parce qu'un bon citoyen est un citoyen aveugle.

Mon avis... ICI

Ce roman de Guillaume Guéraud est une pure réussite ! Ôde au cinéma, au pouvoir des images, aux messages véhiculés par leur magie et à leur puissance sur les consciences et la mémoire, le livre est en somme une déclamation à garder les yeux ouverts, à ne pas les fermer devant l'endoctrinement et le pouvoir absolu et arbitraire.
Outre le sens incontestable de ce livre, il dégage aussi une incroyable puissance, une frénésie dramatique et émotionnelle. On sent derrière ces lignes toute la vénération de l'auteur pour le style cinématographique, sa plume ici s'y fond à merveille.
De chapitre en chapitre, on suit tour à tour les personnages de Kao et du capitaine Falk. Il est donc facile de deviner que leurs sorts sont liés, implicitement. Par contre, il n'est pas sûr de deviner l'issue, de retenir la fuite en avant et c'est pourquoi le lecteur est happé par cette histoire, hypnotisé et ne lâchant pas une seconde ce livre.
C'est superbe ! Beaucoup d'habileté dans l'intrigue, un sens lapidaire pour la formule qui tranche comme une lame de couteau, des personnages charismatiques et une portée considérable derrière cette histoire ... n'attendez plus !
A partir de 15 ans.

Folio SF, 2009 - 317 pages - 7€

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21/03/09

Il n'y a pas de petits lecteurs !

 

 

 

Ça va valser - Guillaume Guéraud

ca_va_valserLe grand-père Léonine est un phénomène : il a soixante-dix neuf ans, c'est un ancien révolutionnaire, il a connu le Mexique, l'Argentine, la Chine et il a braqué des banques pour aider la guerilla du Che. Aujourd'hui, rangé et veuf, il vit auprès de sa famille qu'il pousse à partager sa passion de la danse. En fait, grand-père Léonine est champion de valse. Chaque année, il se rend au concours national, avec son beau smoking et sa partenaire de danse, qu'il juge trop bourgeoise. Cette fois-ci, un problème se pose : le rendez-vous a lieu à Vesoul, ce n'est pas la porte à côté et sa famille chipote. Trop long voyage, un peu barbant, etc. Le grand-père râle, menace, insiste. Ses proches cèdent et le voyage se prépare. Mais le trajet tourne vite en cauchemar, car grand-père Léonine a une attaque. La fin du rêve ? On se retrouve dans un service de soins intensifs, les nerfs à vif et on partage les sentiments de la famille. C'est qu'on a fini par l'aimer, Léonine ! Il est bourru, il a du caractère et il est vif, mais à soixante-dix-neuf ans c'est trop jeune pour partir. Ce ne serait pas juste, du moins. En quelques 40 pages, Guillaume Guéraud est parvenu à nous dessiner un portrait attachant d'un bonhomme extraordinaire, ancien révolutionnaire, gangster, pilleur de banque,  grand-père Léonine a vécu mille vies dont il régale son petit-fils (et le lecteur par la même occasion !). C'est un petit texte drôle et enlevé comme un pas de danse, nous avons également trouvé que les mots compliqués étaient bien expliqués (goulag, nazi, le Che...). D'ailleurs les figures révolutionnaires ne manquent pas ! 
Très accessible pour les 6-9 ans.

Thierry Magnier, coll. Petite poche, 2009 - 48 pages - 5€

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Le baiser à moustaches, de Jean-Michel Payet
illustrations de Nicolas Ryser

baiser_a_moustachesLe baiser à moustaches est un petit texte audacieux et original, car le narrateur - qui se dévoile à la fin du premier chapitre - n'est pas commun. Gregor fréquente le même collège que Coraline dont il est éperdument amoureux. Mais il n'ose pas se déclarer. Son meilleur ami Apo va lui donner des conseils pour obtenir un baiser, qui pourrait rompre le charme.
En fait, Gregor est un rat. Il pense que sa famille et lui étaient des humains auparavant et qu'ils ont été transformés par un sort, il ne s'en rappelle plus très bien. Autour de lui on pense qu'il est un peu fou car ses propos sonnent plus comme des divagations. Mais Apo le soutient, il a cru comprendre qu'un baiser pouvait transformer l'animal en être humain, pourquoi ne pas tenter sa chance ? Apo et Gregor se rendent donc chez Coraline, l'aventure est périlleuse, notre narrateur est pataud et timoré. Chez sa dulcinée, le plan d'Apo tombe à l'eau lorsque les deux amis découvrent le gros matou de la jeune fille ! 
L'amour donne vraiment des ailes, car Gregor va accomplir des miracles, comme prendre sur lui et se rendre dans le Grand Cloaque où se nichent les horribles rats noirs. Il espère retrouver la précieuse bague en améthyste qui appartenait à la grand-mère de Coraline et qui est tombée dans les égouts. Peut-être sera-t-il récompensé pour ses efforts et sa témérité !
La fin est mignonne, car elle est inattendue. L'histoire aussi ne manque pas de rebondissements, et les ratons ont un capital sympathie qui les rendent presque craquants ! (Le baiser, à la fin... brrr !)
Un texte assez dense, abordable pour les lecteurs confirmés dès 7-8 ans.

Une première version de cet ouvrage a paru en 2007 dans le magazine DLire.

Milan poche, cadet +, coll. tranche de vie, 2009 - 62 pages - 5,90€

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Pas de vacances pour Kiki ! - Bruno Heitz

kiki_2Le lecteur retrouve la famille de Kiki le hamster. Cette fois-ci, sa jeune maîtresse et ses abominables parents cherchent à partir en vacances pour pas cher. Une idée germe dans les pauvres cerveaux de ces géniteurs bêtes et méchants : profiter de l'hospitalité du correspondant de leur fille.
De l'art de confondre Dol en Bretagne et Dole dans le Jura.
De l'impertinence avec un hamster qui ronge tout ce qu'il trouve, qui vit caché dans un tiroir et qui envoie des mails codés en pleine nuit.
Des illustrations simples, en noir et blanc, très épurées.
De l'humour, surtout, pour croquer des personnages râleurs et glandeurs, et une petite fille qui prend la poudre d'escampette pour se réconcilier avec son "corresse".
A glisser dans une poche, cette BD a un format microscopique, et c'est sympa comme petite histoire ! A lire sous plusieurs degrés, petits et grands vont apprécier.

Thierry Magnier, Petite Poche BD, 2009 - 5€

10/03/09

... je jure que je n'ai pas pleuré !

51Jg99MXlWL__SS500_« Mon western préféré s'appelle Vera Cruz. Il se passe dans une ville mexicaine. Ses deux personnages principaux sont à la fois amis et ennemis. Un cow-boy honnête et courageux. Et un bandit sympathique à la gâchette facile. A la fin, tous les deux, ils s'affrontent en duel.
Ce n'est pas le Mexique et il n'y a pas de bandits dans la cour de notre école, mais j'ai repensé à Vera Cruz quand Manu est sorti de la cantine en vociférant dans mes oreilles :
- Je vais tellement te défigurer que tu ne te reconnaîtras même pas dans un miroir !
J'ai tiré une réplique de cow-boy pour tonner à mon tour :
- Je vais te faire mordre la poussière avant que tu puisses lever le petit doigt !
»

Et dire que tout a commencé par un simple match de foot pendant la récréation... des moqueries à deux balles et deux garçons vexés comme des poux ! Pour ne perdre la face devant les copains, ils se font face et se menacent. On assiste à un combat de coqs - on cherche à s'intimider, on sort des noms d'oiseaux et on rivalise d'imagination avec toutes les promesses de souffrance qu'on va infliger à l'autre.

Les esprits s'échauffent, on se retrousse les manches, le pied trépigne dans la poussière, on pourrait presque entendre la petite musique qui fait grimper le suspense, vous savez, quand les deux adversaires se rejoignent pour le duel. Il ne manque plus que les éperons, le colt et la brindille de paille au coin de la bouche, ok ça fait très image d'Epinal, mais on se croit tellement dans un western qu'on réunit très vite les ingrédients. On oublie tout, l'école, la récréation, les copains... Nous sommes dans un désert aride du Mexique, le duel s'annonce saignant. Mais l'arbitre n'est pas loin... pas mal, l'arbitre ! Totalement inattendu. Et ça va rabaisser le clapet de deux insolents ! Non mais. Est-ce que ce sont des manières de parler ?

Beaucoup aimé !
Cette histoire de bagarre est tournée en dérision, grâce à la comparaison du western. Les garçons perdent complètement pied avec la réalité, ils se font un film et ils ne s'aperçoivent même plus qu'ils deviennent ridicules. Et tout ça pour une histoire de ballon ! ...
Une bonne tranche de rigolade pour le lecteur.

La grande bagarre, de Guillaume Guéraud - illustré par Olivier Balez
Milan poche, Cadet ~ Eclats de rire, dès 8-9 ans. 4,90€

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51NaZCCTQWL__SS500_Place à la reine de la castagne, Lili. C'est une dure, elle n'a pas froid aux yeux, elle cogne avec la tête dans le ventre de ses adversaires. Les garçons, ça ne lui fait pas peur. Elle tape, elle fonce, elle aime la bagarre.

Son grand-père, un ancien coco inconsolable, ne comprend pas pourquoi sa petite-fille aime taper des poings. Sa mère aussi a abdiqué, elle ne reconnaît plus son enfant. Le papa, lui, est absent... il rentre tard le soir, ou il pédale à vélo pendant des heures.

Un jour à l'école, arrive Aslan. Sa famille vient de Tchétchénie, un pays en guerre, comme le montrent les images violentes à la télé. Parce que la bagarre, oui c'est moche. Et comme le dit le grand-père, mieux vaut avoir des raisons de se battre plutôt que de se battre pour avoir raison.

Il a vu juste, et Lili a compris que la bagarre est surtout utile lorsqu'on l'emploie à bon escient. Aslan et sa famille n'ont pas de papiers et sont menacés d'expulsion. Alors Lili et ses camarades d'école vont manifester, avec un bon slogan.

« La violence, elle peut être dans les mots, Liloutchka, ça peut faire plus mal que les poings. Mais il faut maîtriser son arme pour être efficace. »

J'ai beaucoup aimé les illustrations de Julia Wauters.
L'histoire de Rachel Corenblit est plus foutraque. Les coups volent, c'est parfois impressionnant. Et puis on ne cerne pas assez bien pourquoi la petite fille aime autant la baston. On devine qu'elle se sent mal, dans sa famille ça ne rigole pas beaucoup, mais c'est trop flou. Tout juste suggéré. Je ne pense pas qu'un lecteur de 7 ans pourra y cerner la nuance.
Par contre le chemin qui conduit à mieux canaliser son énergie et sa colère pour des causes justes est intéressant.
Joli portrait de fillette, en contradiction. Et quelques balbutiements pour éveiller une microscopique conscience politique, mais surtout humaniste.

Lili la bagarre, de Rachel Corenblit - illustré par Julia Wauters
Rouergue ~ Zig Zag, 6,50€

le blog de julia wauters : http://demaindernierdelai.over-blog.com/

Rachel Corenblit est également l'auteur de Shalom Salam maintenant ; L'amour vache ; Dix-huit baisers plus un ... (mes avis figurent dans les archives du blog).

 

 

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18/10/08

Le contour de toutes les peurs - Guillaume Guéraud

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Un jour de la semaine, après les cours, Clément, 14 ans, rentre chez lui. La maison est calme, sa mère avocate ne rentre que tard dans la soirée. Il effectue quelques gestes rituels, puis surprend un bruit anormal dans le bureau. Il s'y rend et découvre un homme, de dos, en train de saccager les meubles, les livres et les murs. Clément est figé sur place. Qui est-il ? Que veut-il ? Le garçon est contre la porte, immobile, paralysé. L'homme se retourne alors vers lui.

C'est un fou furieux, un dangereux criminel venu se venger. Il s'en prend au fils à défaut de la mère. Il se défoule, ligote l'adolescent et l'abandonne à son triste sort. Mais il a promis de revenir. Finir le sale boulot.

Comment retourner à une vie normale, faire semblant de tourner la page quand ses mots vous obsèdent ? La menace de l'individu est gravée au fer rouge, Clément se sent en sursis. La terreur s'installe dans ce roman noir et fait son nid dans l'état de statu-quo qui n'est en fait qu'un leurre (on s'en doute). La violence est présente, ne connaît aucune limite. On s'attend à tout, on frémit et on se surprend à reprendre son souffle en expirant un bon coup.

Face à un adolescent terrorisé par la peur, un homme qui n'a plus rien à perdre... Jusqu'où nous plonge Guillaume Guéraud ?

C'est absolument vertigineux.

Ed. du Rouergue. Coll. doAdo noir / Septembre 2008 - 122 pages - 7,50€

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02/04/08

(histoires pour tous les âges)

catsou

Catsou est un petit chat roux qui a très vite été adopté par toute la famille. Le félin grandit et vagabonde dans la campagne environnante, menant sa vie de chat. Mais Catsou a un don véritable : dès que quelqu'un est triste ou fatigué, il le sent et retrouve sa route pour prodiguer câlins et réconfort. Puis un jour, la famille déménage et s'installe en ville. C'est bruyant, c'est bétonné. Catsou perd ses repères, il s'ennuie, devient triste. La famille comprend alors qu'il faut lui rendre sa liberté de vie de chat. Comme pour dire au revoir, il nous a regardés, très longtemps. Quand je l'ai vu s'éloigner, j'ai eu envie de pleurer, bien sûr, mais je savais aussi qu'il allait retrouver sa route.

Je ne porte pas les chats dans mon coeur, je préfère les chiens. Mais j'ai beaucoup aimé cette histoire de tendresse et d'affection. Dès qu'on démontre l'importance d'un animal dans la vie d'une famille, je ne peux que cautionner. Cette histoire a aussi le potentiel d'enseigner ce qu'est le besoin (ou le désir) d'indépendance, un choix qu'il faut respecter et accepter, malgré son chagrin ou son besoin égoïste de conserver pour soi.

Catsou, Bénédicte Brunet (texte) - Charlotte Mollet (illustrations)

Ed. du Rouergue, coll. Varia. 15 €

monsieur_personne

Dans un quartier tristement ordinaire, où le ciel est de la couleur du béton, et où il pleut souvent, où il est si facile de ne pas dire bonjour à son voisin, où tout se ressemble, vit un homme ... gris. C'est Monsieur Personne. Les gens ne s'intéressent pas à lui, ne le voient plus. Les enfants ont peur de lui, ils le trouvent vieux et laid. Monsieur Personne ne fait rien de ses journées, sauf regarder par la fenêtre des heures durant. Ou il lit son journal. Il mange sa soupe, fait sa lessive, sa vaisselle, arrose sa plante, reprise ses chaussettes trouées. Et puis, quand la nuit arrive, Monsieur Personne allume la lumière de sa cuisine et il se met au travail. Son travail est important et mystérieux : il fabrique des étoiles !

On peut craindre au début que cet album sera sinistre et plombant, un peu moralisateur sur notre inconscience à ne pas se soucier de son voisin, à bouder la vieillesse, à mener une vie terne et sans saveur. On parle de solitude, d'apparence, d'individualisme. Et les couleurs sont également éteintes, le personnage de Monsieur Personne nous touche et nous affecte. Cette histoire de l'ordinaire n'a pas le mérite d'offrir grande évasion, jusqu'à la révélation du talent caché de ce vieil homme, finalement pas si ordinaire ! J'ai aussitôt pensé à la chanson des Innocents, Un homme extraordinaire. Bref, je ne partais pas conquise au début, j'en suis sortie émue par ce conte moderne qui explique d'où viennent les étoiles !

Monsieur Personne,  Joanna Concejo

Ed. du Rouergue, coll. Varia. - 18€

anna_la_vilaine

Anna vient de lire le conte du Vilain Petit Canard mais s'en trouve fâchée. Selon elle, ce n'est qu'un salmigondis absurde ! Si on est laid, on est laid. Si on est beau, on est beau pour la vie. Pour s'en convaincre, Anna veut vérifier si elle est belle, vraiment très belle, aussi belle qu'un cygne. Elle s'en va poser la question à ses proches, quand étrangement elle découvre tour à tour sa mère en fourmilier, son père en paresseux, son frère en girafe et son imagination ne s'arrête pas là : le pommeau de douche devient un cobra royal, le frigo un ours polaire, les feux tricolores un très beau perroquet. Qu'est-ce que cela signifie ?

Simplement, ceci : Je suis belle, ou je suis vilaine ? Que voient les autres, finalement ? Et s'il était préférable de se moquer de ce pensent les autres de nous ? Un livre sur l'apparence et le regard des autres. A méditer, longuement !

 

 

 

Anna la vilaine, Fabian Negrin (traduit de l'italien par Marc Voline)

Ed. du Rouergue, coll. Varia - 14€

raspoutine

Sa tignasse hirsute. Son gros nez cramoisi. Ses dents de devant tout ébréchées. Ses sourcils aussi broussailleux que des fourrés épineux. Et ses yeux. Noirs. Du goudron. Des copeaux de charbon. Deux encoches ouvertes sur la nuit.

C'est Raspoutine. En fait, il s'appelle Ferdinand, mais les gamins du quartier lui donnent ce surnom ridicule car sa physionomie leur rappelle ce cinglé qui hantait la Russie du Tsar Nicolas II. Ferdinand est un mendiant qui vit dans la rue (et dort dans une vieille voiture sans roues) et squatte tous les jours devant la boulangerie. Le quartier n'est pas bien riche, la gamelle du bonhomme pas très fournie en pièces. Le gars n'est pas un mauvais bougre, il ne crache pas dans sa main et n'hésite pas à envoyer balader le môme qui lui tend son assiette de choux de Bruxelles (véridique !). Certes, l'homme aime aussi boire du vin rouge, en bouteille plastique. Pour pisser rouge. Et puis il y a eu une journée d'hiver, où la neige était tombée en abondance. Les gamins jouaient à se lancer des boules, à glisser sur les fesses, sur le dos, sur le ventre. Raspoutine s'est joint à la bande, avec son couvercle de poubelle. Je me souviens de son gros rire et des éclatants morceaux de givre qui lui éclairaient les yeux ce jour-là. Car, après ça...

Le texte est de Guillaume Guéraud et se révèle fort et poignant. Son histoire dénonce la misère et la détresse, sans jamais tomber dans le misérabilisme ni dans le sermon. Le portrait esquissé du sans-abri n'est pas brodé dans la dentelle, pourtant cette histoire que rapporte le narrateur est un souvenir d'une jeunesse assez heureuse et toute simple, une consonance nostalgique, marquée par la rencontre d'un type subversif, qui vivait en marge de la société. J'ai beaucoup aimé l'écriture de ce texte, que je trouve juste, sans tirer la sonnette d'alarme. Notre monde n'est pas parfait, et je ne crois pas que cela puisse changer un jour.

Raspoutine, Guillaume Guéraud (texte) - Marc Daniau (illustrations)

Ed. du Rouergue, coll. Varia. - 13,50€