"Parfois, Ismaël a l'impression que Birdy est le seul au monde à voir la beauté du ciel et qu'elle n'est faite que pour lui."
Les nuits d'Ismaël sont magiques. Le garçon en est convaincu. Tous les matins, il se réveille dans le lit de sa maman, blotti, bien au chaud. C'est sûrement l'effet d'une cape invisible qui lui procure ses super-pouvoirs et le fait déplacer d'un lit à un autre. Ismaël se sent gonflé de joie, il aimerait bien partager cette découverte avec son ami et voisin. Birdy porte des bottes de cow-boy d'un rouge éclatant et est fasciné par les nuages. Mais il prend un peu à la légère ce que Ismaël a d'important à lui confier, et ça le chagrine. Alors il rentre chez lui, retrouve sa maman qui souffre d'une maladie nommée "la mélancolie". Cela dure depuis un bon moment, même son père a fini par quitter la maison en emportant son parapluie. Et puis la vie impose un autre coup dur, très dur. Ismaël est complètement chamboulé et en perd sa façon de parler. Il confond les lettres, il ne sait plus aligner les mots. La tristesse est en train de le noyer.
C'est un tout petit roman, seulement 75 pages, mais il fond sur vous comme une grosse coulée de tendresse. C'est sûr que les thèmes abordés ne sont pas simples ni légers (la dépression, le suicide, la mort, le deuil) mais ce serait se leurrer de penser que c'est un roman triste et déprimant. C'est tout le contraire, parce que c'est beau, admirablement écrit, très sensible, tendre et charmant. Cela vous touche, là, en plein coeur. Et vous vous retrouvez avec le sourire aux lèvres en même temps que vous tournez les pages. Encore une fois Marie Chartres a su transcender son sujet pour offrir un roman admirable.
Les nuits d'Ismaël, par Marie Chartres
Ecole des Loisirs, coll. Neuf, 2011. Illustration de couverture : Gwen Le Gac.
Thomas a un frère, Sylvain, qui est parti de la maison pour voler de ses propres ailes. C'est ce que dit son père. Par contre, sa mère ne digère pas ce départ et se gave de pilules pour adoucir sa morosité. C'est bien simple, le samedi, sa mère devient dentifrice. Le reste de la semaine, c'est une courgette. Et lui, Thomas, se sent comme un navet. Fade, transparent, quelconque. Un vrai panier de légumes, cette famille.
C'est en parlant du mythe du Minotaure en classe que Thomas fait le rapprochement entre son frère et le labyrinthe de Dédale, et là sa mère lui annonce qu'il est un accident, plouf. D'autres auraient déprimé en digérant une telle nouvelle, pas Thomas. Il se rue chez son meilleur pote, Grégoire, pour tout lui expliquer. En chemin il passe d'abord chez la prof de musique... où l'attend une autre étonnante découverte !
Voilà une lecture très drôle, attachante, intelligente et vraiment bien écrite. On se marre sur toute la ligne, la mère de Thomas est complètement cinglée mais le garçon s'en sort plutôt bien. Ses réflexions sont pertinentes et font glousser de plaisir, c'est bien vu, bien pensé, et ça dédramatise des phrases aussi bêtes que de dire à son môme qu'il est un accident (!). C'est le premier roman que je lis de Frédéric Chevaux, j'en lirai d'autres.
Thomas Quelque Chose, par Frédéric Chevaux
Ecole des Loisirs, coll. Médium -) une erreur, selon moi, car ce titre colle merveilleusement à l'esprit Neuf !
Illustration de couverture : Hélène Millot.
Voler de ses propres ailes, c'est ne plus avoir besoin de ses parents pour payer le loyer. C'est partir vivre ailleurs, loin d'eux, et gagner de l'argent tout seul, à sa façon. Ma mère ne supporte pas qu'on vive sans elle et loin d'elle. Depuis le départ de mon frère, elle répète qu'il l'a abandonnée, qu'être une mère c'est affreux, que c'est ingrat. A l'école, je me vante de connaître une courgette qui parle en boucle de ses problèmes.
Pêle-mêle Clarabel #37
Le chic, en cette rentrée, c'est de pouvoir dire pouce et rigoler en ouvrant un petit bouquin de 38 pages et se consoler en pensant haut et fort que l'auteur, Colas Gutman, a vraiment tout compris.
A quoi ça sert un enfant ?
A. RIEN. DU. TOUT.
J'aime, forcément.
Et il faut savourer les petites illustrations de Delphine Perret, c'est comme la cerise sur le gâteau avec une goutte de chantilly.
Alors, de quoi ça cause ? C'est l'histoire d'un garçon qui déteste la campagne, qui se perd en forêt et qui tombe nez à nez avec un mouton, une vache et une poule. La discussion s'engage. Qui es-tu ? que fais-tu ? à quoi sers-tu ? A force de jurer son utilité dans la vie, l'enfant s'emporte et parvient à déjouer le plan machiavélique qui se concoctait derrière son dos (un loup était aux aguets, brrr !).
Je ne suis peut-être pas très objective non plus, parce que j'aime et ne loupe aucun livre de Colas Gutman, mais force est de reconnaître que c'est drôlement bon et truculent. Alors, pourquoi se priver ?!
L'enfant, par Colas Gutman (Mouche de L'école des loisirs, 2011).
illustrations de Delphine Perret
Et dans la catégorie, je m'offre un plus grand format et je ne me classe dans aucune catégorie, laissant la fenêtre ouverte aux envies, parce que c'est tellement connu que les grands lecteurs aussi se perdent dans les éditions de jeunesse, je demande donc le nouveau roman d'Olivier Adam.
Personne ne bouge.
Non ce n'est pas un western, ni un thriller. Cela ressemble à un roman fantastique (une première !), mais c'est surtout une manière détournée pour dénoncer le temps qui passe trop vite et qui nous fait passer à côté de belles choses, toutes simples, comme contempler la mer. Antoine est un gamin qui vit avec ses parents dans une ville en bord de mer, et selon lui, il trouve idiot d'habiter si près et de ne rien en connaître. Lui se passionne pour les marées, les poissons, les oiseaux, la mer n'a aucun secret pour lui.
L'histoire d'Antoine débute un soir, dans la cuisine. Sa mère épluche des légumes, lui fait ses devoirs, et d'un seul coup, c'est le silence total. Plus rien ne bouge. La vie autour de lui s'est mise en arrêt sur images. Il est le seul à pouvoir se balader à sa guise. Bizarre, non ? Et pourquoi, et comment... ? Nul ne sait. Mais tout va rentrer dans l'ordre et le phénomène va même se reproduire. Il va d'ailleurs vivre une expérience mémorable avec son amoureuse secrète.
Sans quoi, il ne faut surtout pas chercher d'explication scientifique sous peine de frustration. Cela arrive, sans raison. Ne pas chercher plus loin. C'est en renfermant le livre que je me suis interrogée sur son propos: et si, tout simplement, on cherchait à se rappeler que la vie nous mène un train d'enfer et qu'on donnerait cher pour s'offrir du temps en plus, avec rien à faire en particulier.
Et pour les fans, on trouve une référence à La traversée du temps. Evidemment.
Personne ne bouge, par Olivier Adam (Ecole des loisirs, 2011)
Illustration de couverture : Gwen Le Gac
Un auteur : Bjarne Reuter
Derrière ce titre bien curieux - Le Capitaine Bimse et le Gogguelet - et cette couverture hallucinante (toute noire avec ses paires d'yeux), se trouve une histoire pour le moins surprenante. Le soir dans son lit, Anna, une petite fille planquée sous sa couette, avec son M. Johnson, un ours en peluche à l'oeil qui pendouille, bien calé sous son bras, songe avec tristesse à sa poupée Sophie qu'elle a oubliée dans la maison des vacances. C'est beaucoup trop loin pour aller la rechercher, ont dit ses parents. C'est alors qu'elle surprend l'arrivée d'un incroyable équipage à bord du Zanzibar, un avion qui carbure aux raisins secs. Le Capitaine Bimse et le Gogguelet - son copilote - oeuvrent pour le bien des doudous perdus et acceptent - après un plaidoyer simple et convaincant - d'embarquer la fillette et son ours pour retrouver Sophie. Leur épopée va les mener vers d'étranges contrées et les conduire à rencontrer d'autres espèces hors du commun (le Comte Double, le criquet Valdo, le Micro-microbe, le Monstre-Lune...).
Si le début peut surprendre, l'histoire au ton facétieux, poétique et drôle parvient facilement à nous conquérir. La traduction de Nils Ahl apporte une vraie dynamique au récit qui nous balade dans un imaginaire auquel seront très sensibles les enfants. C'est un petit roman très original, qui ravira les fans de Toy Story !
Le Capitaine Bimse et le Gogguelet - Bjarne Reuter
traduit du danois par Nils Ahl
Neuf de l'Ecole des Loisirs (2011) - 165 pages - 9,50€
illustration de couverture : Gwen Le Gac
Changement de programme avec Le Monde selon Buster, où je me suis sentie moins à l'aise et d'humeur chagrine, peut-être parce que l'histoire est ancrée dans la vie ordinaire et, même si elle se veut drôle, elle est loin d'être légère.
On suit les aventures de Buster Oregon Mortensen, futur grand magicien, qui passe donc son temps à faire des tours de passe-passe, insouciant et indifférent au reste. Les adultes pensent qu'il est perdu et finira chômeur comme son père, ses camarades le considèrent comme un clown, seule sa soeur le porte aux nues. Elle lui est reconnaissante de venir à la rescousse lorsque Lars, le gaillard à la mobylette, se moque d'elle à cause de son handicap. (Buster va inonder son réservoir avec du sucre, se moquant des conséquences car Lars n'est pas un tendre.)
Il est comme ça, Buster. Et j'avoue que, contre toute attente, ça m'a fichu un coup au moral... C'est un bon gamin, attachant et compatissant, il aime passer du temps avec sa vieille voisine malade, habituée à ses pitreries, et fait craquer la femme de l'épicier (il lui rappelle son enfance et les exploits de son grand-père). Il inspire autant la tendresse que l'agacement, parce que sa vie, dans le fond, n'est pas rose. On devine sa mère au bout du rouleau, les fins de mois sont difficiles, son père est alcoolique, et Buster n'a personne à qui se confier. Sa façon d'être, c'est aussi pour oublier ce qui rend son existence bancale et incertaine.
Alors, on valse entre la gravité et l'humour. On sait bien que cela ne sert à rien de s'appesantir, Buster le dit lui-même, il s'en sortira toujours ! Hélas, je me sens tristement résignée en ce qui le concerne, comme s'il s'agissait d'une cause perdue ou pathétique. On voudrait tellement que tout roule pour lui, alors qu'on se doute que ce sera difficile. Je sais bien que ce n'était pas l'intention de l'auteur, l'histoire veut tirer par le haut, et moi je suis restée en bas, trop terre à terre...
Ktl en parle mieux.
Le Monde selon Buster - Bjarne Reuter
traduit du danois par Jean Renaud
Neuf de l'Ecole des Loisirs (1989, rééd. 2011) - 164 pages - 9,50€
illustration de couverture : Gwen le Gac
Bjarne Reuter est également l'auteur de Je suis Hodder et L'Anneau du Prince. Il est dit sur le site de l'Ecole des loisirs : Ses romans ouvrent toutes les portes de l’imaginaire sans réserve, des amitiés délirantes, de la drôlerie surgissant comme un diable aigu et tendre. Dans ses romans, on peut décider de sauver le monde à cause d’une fée, de cacher un lion boulimique et amateur de contes saugrenus dans sa chambre à coucher ou même de fabriquer un élixir d’immortalité à partir d’une rognure d’ongle du Malin…
J'aime !
Quatre soeurs, Malika Ferdjoukh
Pour la première fois réunie en un seul volume, la tétrade de Malika Ferdjoukh ! (si vous l'aviez loupée, il n'y a maintenant plus d'excuse)
Contrairement à ce que laisse entendre le titre, il s'agit de l'histoire des cinq soeurs Verdelaine (Enid, Hortense, Bettina, Geneviève et Charlie), dont les parents ont disparu dans un accident, et qui vivent par leurs propres moyens dans la Vill'Hervé, leur maison familiale qui compte aussi comme un personnage dans la série tant elle est mystérieuse, biscornue, avec des passages secrets, des coins et des recoins, un escalier rebaptisé le macaroni, le tout battu par les vents et bercé par le ronron de la mer. C'est une belle saga qui parle d'amour, de rêves et d'espoirs, forte en rencontres (toutes les demoiselles ont des personnalités attachantes, exubérantes, un brin fofolles). Les coups durs ne sont pas écartés, le souci d'argent, l'éducation entre soeurs, le besoin d'indépendance, le manque de repères. On parle aussi de maladie, de perte tragique, de séparation et de responsabilité. Non, tout n'est pas rose non plus, mais ce n'est jamais déprimant. Et surtout, il y a ce zest de poésie et de folie douce, Malika Ferdjoukh est en pleine extase littéraire, son écriture est un cadeau, merci tout court !
De son côté, l'éditeur parle d'un festival de personnages, de péripéties et de dialogues piquants, l’équivalent moderne et littéraire des bonnes vieilles grandes comédies américaines des années 40 et 50. Un régal pour le coeur et l’esprit. (je suis d'accord !)
Le livre coûte 19,50€ (école des loisirs, 2010 - 610 pages).
illustration de couverture : Gwen le Gac
mon coup de coeur de l'été 2007
La série sera prochainement adaptée en bande dessinée, par Cati Baur et Malika Ferdjoukh, à paraître en octobre (tome 1 : Enid) chez delcourt.
Mine, tu crois que trop ressembler à ses parents, ça rend malheureux ?
Deux récentes lectures viennent se télescoper dans ma tête, avec leurs petites phrases qui cherchent à se brusquer les unes et les autres, des questions d'une part, des réponses de l'autre, c'est un peu le bazar mais ça me force à réfléchir et à discuter longuement avec ma propre demoiselle de fille. Nous parlons de notre relation, de notre lien qui est considéré par beaucoup comme fusionnel, et ce lien entre nous fait peur, moi la première. Je sens qu'il faut qu'entre elle et moi nous devons apprendre à nous détacher, à mieux nous séparer, à nous aimer autrement. Disons, je ne suis pas non plus comme la maman de Marcia, qui étouffe son enfant, qui copie-colle ses goûts, son style et son parfum pour n'être plus qu'une. J'additionne nos différences, certes ma fille est aussi façonnée à mon image, mais comme le souligne Clarika, c'est moi en mieux. Cette bafouille n'a nulle vocation nombriliste, ce sont juste quelques mots qui découlent de mes lectures, donc.
Pour commencer, j'ai terminé le nouveau roman de Marie Chartres, à la jolie couverture rouge, et qui porte le titre facétieux : Les anglaises. En référence aux boucles folles, à cette chevelure sauvage et indomptable qu'a la petite Suzie, presque dix ans. J'ai d'ailleurs aimé y retrouver une petite fille qui avait le même âge que la mienne, c'était comme me dire, alors ça fonctionne comme ça une bestiole de cet âge... Bref. L'histoire de Suzie commence par un terrible constat : on lui a menti. Elle a forcément été adoptée. Pourquoi, comment. On ne le sait pas tout de suite. Et ce sont en tout seize lettres qu'elle adresse à Mine, probablement sa véritable mère, qui l'aurait abandonnée. Tout au long du roman, Suzie se remet en question, se juge dans les miroirs et juge aussi ses parents, elle devient farouche, renfermée, elle fait la tête et veut même se venger sur la vendeuse à la queue de cheval. On n'imagine pas à quel point ça se bouscule dans la caboche d'une fillette de cet âge, pourquoi ses folles anglaises lui mènent la vie dure. C'est dit, la vie n'est décidément qu'une sombre affaire capillaire. Dans le roman, on découvre aussi Marcia, j'en parlais ci-dessus, et c'est la meilleure amie de Suzie. Elle vit seule avec sa maman qui la couve trop. Et lorsque Marcia tombe malade, tout se complique. Suzie elle-même va plonger, elle se sentira plus perdue que jamais, jusqu'à l'arrivée de Tante Odile et son fer à lisser. C'est une merveilleuse petite histoire qui parle d'identité et de personnalité, d'indépendance et de reconnaissance, et aussi de ce que l'on voit avec les yeux ou le coeur, ce qu'on souffre de ne pas dire et ce qu'on entend parfaitement dans les silences... Beaucoup d'intelligence et de sensibilité derrière ce parcours d'une fillette qui ne manque pas d'imagination, mais qui justement va s'en servir pour comprendre ce qu'elle n'arrive pas à expliquer, et permettre ainsi à mieux cerner la vérité qui ne se voit pas toujours dans les miroirs.
Et parce que j'adore ce passage (entre autres) ...
La première fois que je l'ai vue, ce sont ses cheveux qui m'ont sauté au visage. Mine, ça ressemblait à une attaque orange. Elle est rousse, tellement rousse : je suis persuadée que, si les gens dans l'univers entier n'arrivaient plus à connaître la signification des mots, tous au même moment, et devaient tout réapprendre, eh bien, le monsieur chargé d'inventer le dictionnaire mettrait la photo de Marcia face à ce mot de six lettres et tout le monde comprendrait, c'est sûr.
Ce serait lumineux, comme définition.
Neuf de l'Ecole des Loisirs, 2010 - 100 pages - 8,50€
illustration de couverture : Gwen le Gac
L'autre roman est le coup de coeur du moment de mademoiselle ma fille, nous l'avons lu ensemble, tandis qu'elle s'extasiait et s'emballait en tournant les pages comme une folle, j'avais un avis plus réservé. J'ai bien aimé ce livre, mais je pense que c'est davantage pour l'enthousiasme qu'il a su susciter chez ma jeune lectrice.
Ma mère est une étoile, roman de Marie Leymarie, raconte une autre relation très fusionnelle entre une mère et sa fille. Allons donc. Laurie vit seule avec sa maman qui est danseuse à l'Opéra. C'est une femme précieuse, raffinée, qui consacre l'essentiel de sa vie et de son temps à sa passion, et à sa fille. Celle-ci est éperdue d'admiration, tout ce que dit, pense ou vit sa mère est le modèle absolu. Laurie calque sa propre existence sur celle de sa mère, le cerclé est fermé, on parle même d'un père qui serait parti aux Etats-Unis en ne voulant jamais connaître sa fille. Aucune place pour un élément extérieur, c'est vif et tranchant. Or, Laurie voit d'un très mauvais oeil la nouvelle liaison de sa mère avec le père d'un copain. D'abord elle n'y croit pas, puis elle se fâche, elle fait un tas de reproches (muets) à sa mère, elle trouve le couple mal assorti, elle ne cesse de critiquer cet homme, refuse de partir en vacances avec lui ou de manger au restaurant s'il s'y trouve. L'attitude de Laurie relève du pur égoïsme, jusqu'à ce qu'on comprenne que ce n'est pas totalement sa faute non plus. Elle a été élevée dans l'ombre d'une mère qui elle-même s'est façonnée une image de faïence et qui s'est entourée de barricades lorsque cela l'arrangeait. L'histoire de Laurie nous raconte la difficulté de grandir et de voler de ses propres ailes, de s'accepter telle qu'on est, sans se référer à quelqu'un d'autre. Laurie comprend qu'elle doit cesser de protéger sa mère et oser mener enfin une vie qui soit vraiment la sienne. En réussissant ce pari, elle se sentira mieux dans sa peau et acceptera aussi l'amour des autres. La fin est ouverte, mais il a fallu que je l'explique à ma demoiselle de fille.
Ce fut intéressant de voir qu'à travers cette lecture, deux regards se sont penchés. Et une discussion a suivi...
Tempo, coll. de Syros, 2009 - 128 pages - 5,90€
illustration : Ilya Green
dès 9-10 ans !