Comment ne pas faire pitié à Noël quand on est célibataire, de Joanna Bolouri
Ô joie d’avoir gloutonné cette histoire la nuit du 25 décembre ! C’était tellement drôle. J’aime le style de Joanna Bolouri, son ton décalé et bourré de dérision.
— On aura quarante ans dans deux ans, Kara. On est vieilles. — Foutaises, proteste-t-elle. On ne sera jamais vieilles même quand on le sera.
Dans cette histoire, l’héroïne a trente-huit ans et vit en colocation dans un appartement à Londres. Peu de temps avant de se rendre en Écosse, pour fêter Noël en famille et présenter son petit ami, Emily rompt avec lui et propose à son voisin de prendre sa place.
Evan est un jeune homme, sexy et cavaleur, à qui elle reproche ses trop fréquents ébats nocturnes car ils l'empêchent de dormir. Il accepte pourtant de l'accompagner et s'applique à mieux la cerner durant leurs huit heures de trajet en voiture.
Si cela avait été n’importe quelle autre période de l’année, on nous aurait fait dégager par la force et bannis du commerce, mais à Noël, les moments de folie passagère sont bienvenus.
La rencontre avec le clan Carson s'annonce explosive, alors qu'en vérité c'est super drôle. Les traditions de noël se marient au folklore écossais dans un grand bal d’exubérance. Le faux couple est lui aussi surprenant, à force de se découvrir des qualités insoupçonnées.
Évidemment, cela annonce un début d’idylle timide. Des répliques délirantes. Une famille déjantée. Un décor magique. Une ambiance de Noël qui n’est pas cucul la praline.
Bref. Un super cocktail savoureux ! Qu'une exigeante lectrice est en droit de réclamer une portion supplémentaire. Miam.
Hauteville, 2021 pour la traduction
⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️
J’ai toujours su que ma famille n’était pas parfaite, mais je n’avais pas conscience que chacun avait ses faiblesses, et il aura fallu un gros mensonge pour que tout le monde commence enfin à dire la vérité. Nous sommes tous aussi tordus les uns que les autres.
S'il fallait se dire adieu, de Madeleine Reiss
Mon dieu ! Ce roman a encore brisé mon petit cœur fragile. C'était tellement dur, même si je m'en doutais un peu avant de le commencer. L'éditeur ne se trompe pas en évoquant « an unforgettable, heart-warming story of love and letting go, perfect for fans of Jojo Moyes ».
C'est l'histoire d'un garçon de dix-neuf ans qui apprend que sa maladie a gagné du terrain et qu'il lui reste peu de temps pour vivre. Immédiatement, il songe à préserver sa maman qui l'a élevé seule. Il se met en tête de lui trouver un compagnon pour soulager sa peine et met en ligne une vidéo comme alternative de petite annonce. La maman n'est pas au courant et rouspète quand son fils lui propose de rencontrer des inconnus. Elle pense d'abord qu'il veut se débarrasser d'elle (maintenant qu'il est parti à l'université) et ignore que son état de santé s'est aggravé quand elle accepte de jouer le jeu.
Purée. J'étais une loque au moment de tourner la dernière page du livre ! Ne vous méprenez pas. Ce roman est beau mais déchirant. La page 410 est une torture. J'étais - mais alors - en vrac. Comme l'an dernier j'ai perdu ma sœur, et cette année ma fille a quitté la maison pour ses études, je me sens pas loin d'une coquille vide. Ce bouquin a donc tout naturellement trouvé écho en moi. La relation mère-enfant. Le sentiment d'abandon. La force de tout affronter. L'acceptation. Continuer de vivre avec cette douleur.
C'est franchement très, très beau. Poignant mais fort. 💔
Hauteville, 2019 pour la traduction. Traduit par Cédric Degottex
bookshelves: heartbreaking, family-is-my-cup-of-tea
⭐⭐⭐⭐
Le Secret de Pembrooke Park, de Julie Klassen
Pour sauver sa famille proche de la ruine, Abigail convainc son père d'accepter la proposition de louer une vieille maison abandonnée en rase campagne. Les clauses du contrat sont certes énigmatiques mais les Foster n'ont plus le choix.
Pembrooke Park s'offre comme un nouveau départ.
Sur place, Abigail est très sensible au charme des lieux et néanmoins perplexe. Il semble évident qu'un mystère entoure le domaine (et ce ne sont pas les nombreuses rumeurs qui vont la rassurer). On parle de trésor caché et de meurtre mais aussi de fantôme et de vengeance.
Abigail se tourne alors vers son proche voisinage - la famille Chapman connaît la maison comme sa poche. De plus, William (le fils) se montre particulièrement prévenant.
Si les débuts du roman m'ont immédiatement captivée, avec son ambiance à la Jane Eyre, son décor romantique et ses secrets de famille, j'ai hélas déchanté au fil des (longues, très longues) 680 pages.
Pourtant la mise en place était parfaite : l'héroïne est réveillée chaque nuit par des bruits étranges, elle reçoit au courrier des pages tirées d'un journal intime et elle sent une présence spectrale dans le jardin. Que dire aussi de son entourage trop parfait pour être sincère ?
Mais j'ai été moins emballée par le rythme (traînant) et les rebondissements (moins attendus). Pour moi : c'est une petite déception.
Milady, 2015 - Traduit par Agnès Jaubert
⭐⭐⭐
La Stratégie du hérisson, de Jane O'Connor
Je m'attendais à un roman doudou, une lecture légère et souriante, moins à un rendez-vous chargé d'émotion. Quelle surprise, donc.
Le roman s'ouvre sur le portrait d'une femme de cinquante-six ans, assistante dévouée auprès d'un professeur d'université, dont elle est secrètement amoureuse. Lorsqu'il lui préfère une femme, plus jeune et plus belle, son monde s'effondre. Sylvia tombe dans la spirale de la jalousie et de l'amertume, avant de s'enfermer dans le désespoir et la dépression.
Si l'héroïne peut sembler a priori irritable (et naïve), elle m'est davantage apparue vulnérable et attachante. J'ai en effet ressenti beaucoup de compassion face à son parcours chaotique. Les saisons passent, faites de hauts et de bas, mais j'avais envie de ramasser ses petits morceaux éparpillés tant sa vie partait en cacahuète, son entourage n'étant pas toujours bienveillant.
Au fond, c'est le miroir de nos vies ordinaires et jalonnées à la fois de déceptions et de satisfactions. Il y a surtout un grand message d'espoir derrière puisqu'on termine le roman sur une note pleine de confiance - quel bien fou !
Milady Feel Good Books, 2019 pour la traduction
Par Pauline Buscail. Titre VO : Needlemouse
Un roman qui séduira les lecteurs de Graeme Simsion, Ruth Hogan et Gail Honeyman
« Les hérissons sont recouverts de plus de cinq mille piquants qui leur servent de mécanisme de défense. S'il se sent menacé, le hérisson peut se rouler en boule pour protéger les parties vulnérables de son corps des prédateurs tels que les blaireaux ou les renards. Hélas, les hérissons se roulent aussi en boule en cas de forte circulation, ce qui explique qu'un grand nombre d'entre eux finisse tué sur les routes. »
Un couple presque parfait, de Marian Keyes
Un couple presque parfait ne raconte pas comment on tombe amoureux, mais comment on reste amoureux. Car l'histoire commence mal pour l'héroïne dont le mari vient de lui annoncer qu'il souhaite faire une pause et partir six mois en Asie du Sud-Est.
Amy est sonnée et ne cache pas sa déception. Elle doit désormais gérer seule son boulot et la famille. Un sacré bordel. Il faut dire que son rythme de vie est complètement fou. C'est même étourdissant combien on se laisse engloutir par cette frénésie (les premiers chapitres filent très, très vite). On ressent aussi ses angoisses, sa colère, son chagrin, son amertume. Mais on comprend peu à peu pourquoi et comment Amy et Hugh en sont arrivés là.
Au fond, l'histoire est banale mais formidablement exposée par Marian K. (prescriptrice du genre). Ça a un fond de chick-lit (ça court dans tous les sens, ça pouffe, ça ose et ça se plante) mais avec une conscience profonde et touchante du temps qui passe (les couples s'usent, les enfants vous bouffent, les parents vous minent, le boulot vous tue). La pression est partout, le quotidien pas franchement glamour. Et pourtant, on lit tout ça sur une sensation de légèreté. Ou d'effervescence. Car ça pétille du début à la fin, malgré les coups durs, les baisses de régime, les doutes etc. Le constat est désarmant.
Toutefois, si j'ai lu les 200-300 pages sans souci, j'ai fini par me lasser face au reste (le roman compte 700 pages). L'histoire s'essouffle face aux situations incongrues qui interviennent à tort et la solution paraît bien navrante après le passage du cyclone. Donc, un peu déçue sur la fin mais pas du tout mécontente d'avoir croisé cette famille extraordinaire et turbulente.
“ Manifestement, ce n'est pas la fin avec un grand F. Deux pas en avant, un pas en arrière. Ce n'est pas le terminus pour mes émotions. ”
éditions Hauteville (ex - Milady) , 2019 pour la traduction française par Agnès Jaubert
Une douce odeur de pluie, de Jojo Moyes
Sabine ne décolère pas lorsque sa mère l'expédie en vacances chez ses grand-parents dans leur ferme en Irlande. Ces derniers vivent isolés de tout et dans un confort spartiate.
L'ado les connaît à peine mais découvre une grand-mère préoccupée uniquement par ses animaux et un grand-père cloîtré dans sa chambre, à moitié sourd et sénile. Sabine n'est pas sûre d'être la plus attendue dans le tableau.
Aussi, elle pressent un mauvais coup de sa mère. Car Kate vient de se séparer de son compagnon pour une nouvelle liaison. Sa fille et elle ne cessent de se chamailler à ce propos. Kate ne l'entend plus et a choisi de la tenir à l'écart.
Elle n'a pas envie non plus de ressasser son passé, d'admettre qu'elle avait fui la maison de son enfance où elle ne se sentait pas à sa place. Telle mère, telle fille donc. Mais l'équation secrets + amertume débouche sur une relation explosive.
En attendant, Sabine occupe son temps en fouillant les armoires. Et brasse les vieux souvenirs sans se douter des conséquences.
Elle va ainsi plonger dans l'histoire des Ballantyne alors que Joy et Edward formaient un jeune couple débordant d'amour. Lui est officier de la marine, dans les années 50, en mission dans l'océan Indien. Et elle, éblouie par l'exotisme et la promesse d'une vie à deux... à l'abri de l'orage qui gronde, non loin de ce paradis terrestre.
Il faut finalement apprécier ce roman par petites bouchées car le rythme est lent et reposant. J'ai d'abord pensé que cela allait me lasser, mais je me suis surprise à aimer ça. Une musique qui berce, un ton caressant, une ambiance hors du temps, hmm, c'est envoûtant.
Oubliez les passages erratiques, les personnages arrogants. Appréciez les humeurs taciturnes, le souffle du passé, songez aux secrets de famille et à l'émotion dans tout ça.
Voilà, c'est subtil mais délicat. Et fascinant.
Milady, 2018 pour la présente édition - Traduit par Sabine Boulongne
Cette œuvre a été originellement publiée en France par les éditions JC Lattès sous le titre : Sous la pluie.
Titre VO : Sheltering Rain
⭐⭐⭐.5
La première fois, c'était quand même plus marrant ; de Colleen Oakley
En ouvrant ce roman, j'ai rapidement réalisé que j'allais souffrir.
L'héroïne s'appelle Daisy, elle n'a pas trente ans et a déjà eu un cancer du sein qu'elle a soigné courageusement. Même pas quatre ans après, elle apprend que le mal la ronge à nouveau et qu'aucune guérison n'est possible.
Son monde s'effondre. Choc. Déni. Colère. Dépression. Tout fout le camp.
Elle songe également à son mari Jack et ne supporte pas l'idée de l'abandonner. Ou de le savoir seul. Alors elle se dit qu'elle va lui trouver une remplaçante. Enfin tout ça, c'est pour tromper son désespoir ou pour se leurrer que tout ira mieux ; car comment imaginer une autre prendre votre place ?
Impossible. Pour Daisy, c'est la chute libre. Elle ne sait plus du tout ce qu'elle fait, ni ce qu'elle doit faire. En gros, elle déraille. Et c'est normal.
Pendant tout ce temps, moi, les doigts accrochés à mon bouquin, j'avais le cœur gros. Les oreilles qui bourdonnaient. Les larmes aux yeux. Et tant de chagrin qui remontait à la surface.
En fait, c'est un roman qu'il m'était interdit de lire et pourtant j'ai coulé entre ses lignes. Tout est douloureux, poignant mais tellement beau. Oh oui, j'ai souffert, j'avais des souvenirs à la pelle qui se bousculaient dans la tête mais ça m'a fait du bien aussi.
J'ai aimé Daisy Richmond et sa petite bulle de vie que j'ai trouvée si douce et confortable. J'ai craqué pour son histoire d'amour. Jack et Daisy sont formidables. Et ce qu'ils traversent n'a pas de mots.
Sur ce, je m'en vais recoller mes morceaux épars. Pfiou. Superbe roman ! Un peu dans la veine des Derniers jours de Rabbit Hayes : tendre, bouleversant mais vrai. ♥
Milady, 2019 pour la traduction - Titre VO : Before I Go
Traduit par Alix Paupy
⭐⭐⭐⭐
Le Parfum de nos souvenirs, de Camille Di Maio
Cette histoire m'a tellement rappelé la série Les Oiseaux se cachent pour mourir (traumatisme de mon enfance). Mais heureusement le roman de Camille Di Maio impose sa propre délicatesse et son style très élégant.
Nous sommes dans l'Angleterre de l'avant-guerre (1937). Julianne est une jeune femme insouciante que ses parents destinent à un beau mariage. Une perspective compromise depuis sa rencontre avec un fils de jardinier qui s'apprête à devenir prêtre.
Julianne tombe folle amoureuse, se raisonne en tentant de l'oublier et sort avec un politicien en vogue. Malgré tout, ses sentiments sont inébranlables. Chaque fois qu'ils se retrouvent, leur relation devient plus forte mais interdite.
Diantre, quelle lecture ! Oui c'est dégoulinant d'émotions, de drames et de larmes. Bref. C'est un roman sentimental terriblement efficace car il a réussi à me transporter sur 500 pages en me faisant vibrer comme une grande naïve alors que tout est prévisible.
Que voulez-vous. J'ai aimé l'ambiance des années 30, la campagne anglaise et la mise en scène grandiloquente. Un roman dit fleur bleue et qui sent délicieusement bon. Voilà tout.
Bragelonne, 2018 pour la traduction / éditions Hauteville
Titre VO : The Memory of Us - Traduit par Agnès Aubert
⭐⭐⭐⭐