16/05/17

Meurtriers sans visage, de Henning Mankell

meurtriersUn matin d'hiver, en pleine campagne suédoise, un couple de paysans retraités est sauvagement assassiné dans leur ferme isolée. Seul détail incongru, le meurtrier a nourri le cheval avant de quitter les lieux. Kurt Wallander est perplexe. Sur son lit d'hôpital, l'épouse à l'agonie a murmuré avant de s'éteindre le mot “étranger” aux enquêteurs. L'information ayant hélas fuité, la presse se répand en propos acrimonieux et une flambée de violence se déclenche dans les rues d'Ystad, visant notamment le camp de réfugiés et les demandeurs d'asile.

L'inspecteur Wallander doit échapper aux raccourcis et ne pas tomber dans le piège des conclusions hâtives. Toutefois, notre homme est également préoccupé sur un plan personnel - il a 42 ans, sa femme vient de le quitter, sa fille refuse de le voir, son père fait des crises de démence sénile. La pression pèse sur ses épaules, Kurt est au bout du rouleau. Il se distingue pourtant par sa ténacité, refusant de rendre les armes, cherchant dans les moindres détails une réponse aux nombreuses interrogations qui entourent le meurtre des Lövgren, fouillant au passage dans leur passé, déterrant de vieux secrets de famille, dépouillant des coïncidences, débusquant les crapules... Il ne laissera rien au hasard.

Ce roman date de 1991 mais nous explose en pleine figure par son sujet - racisme et xénophobie, traitement des réfugiés, politique de sourds, une population en pleine dérive. Quel triste constat. Il s'agit également de la première enquête de l'inspecteur Wallander, personnage récurrent de la série policière de Henning Mankell, un anti-héros dépressif et déprimant, trop souvent exposé à la réalité douce-amère de la société suédoise et aux façades faussement lisses de ses contemporains. Un flic terriblement humain, avec ses failles, ses défauts, ses hésitations. On est loin du mythe de l'enquêteur aguerri !

Pour une raison que j'ignore, l'édition audio n'est accessible qu'aujourd'hui - Les Chiens de Riga remontant à 2009. C'est Marc-Henri Boisse qui nous embobine de sa voix rauque dans une interprétation sommaire, où l'on retrouve nos repères, un décor de désolation, le froid, la violence sous-jacente, la colère ronronnante, les bas instincts, le désœuvrement... C'est peut-être affaire de goût, mais je préfère lire Mankell durant la saison hivernale, car j'ai eu un peu de mal à me transposer dans son histoire alors que je baignais dans un contexte insouciant et ensoleillé. Mais le comédien fait le job, et puis c'est une valeur sûre, un bon classique du roman policier à la sauce nordique !

Texte interprété par Marc-Henri Boisse (durée : 9h 26) pour Sixtrid, 2017

Trad. Philippe Bouquet pour Christian Bourgois éditeur

 

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02/05/16

Vu, lu & écouté, mon (bref) avis

Daisy Sisters

Daisy Sisters, par Henning Mankell

Interprété par Marie-Christine Letort

Sixtrid, Septembre 2015 ♦ Durée : 16h 18

RÉSUMÉ DU LIVRE AUDIO

Été 1941, en Suède. Deux amies, Elna et Vivi, dix-sept ans, de condition modeste, s’offrent une escapade à bicyclette à travers la Suède en longeant la frontière de la Norvège occupée par les nazis. L’aventure, d’abord idyllique ? l’été de toutes les joies, de tous les espoirs ?, est de courte durée : Elna, violée, revient chez elle enceinte d’une petite fille qu’elle appellera Eivor. 1960. Eivor, dix-huit ans, en révolte contre sa mère, veut devenir une femme libre. Elle s’enfuit du village avec un jeune délinquant. Que lui réserve l’avenir ? Réalisera-t-elle son rêve d’indépendance et de liberté, et à quel prix ? En s’attachant aux destins d’une mère et de sa fille entre 1941 et 1981 en Suède, Mankell brosse le portrait de ces générations de femmes (épouses, mères, ouvrières) qui ont dû lutter avec leurs propres désirs et renoncements pour exister et se faire une place au cœur d’une société où s’élaborait le modèle suédois. Daisy Sisters, premier roman de Henning Mankell, renferme déjà les idéaux sociaux et politiques qui sous-tendent l’ensemble de son œuvre.

MON (BREF) AVIS

L'histoire cherche à mettre à l'honneur les femmes et leur combat pour l'émancipation, depuis les années 40 à 80, à travers le parcours d'Elna, son amie Vivi, et sa fille Eivor. L'idée était alléchante, mais l'exécution manque de vigueur et se révèle une lente complainte, désabusée et déprimante. J'ai été un peu déçue par ce récit du grand Henning Mankell (dont je préfère les intrigues policières) et par l'interprétation très studieuse de Marie-Christine Letort, qui manque aussi de fantaisie ou d'entrain.

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Au plaisir d'aimer CD

Au plaisir d'aimer, par Janine Boissard

Interprété par Marie-Christine Letort

Sixtrid, Août 2015 ♦ Durée : 6h 46

RÉSUMÉ DU LIVRE AUDIO

Papa est mort hier dans le château portant son nom, Fortjoie. Et maintenant, c'est à nous, mes sœurs et moi, de tout faire pour respecter son dernier vœu : conserver le domaine et, surtout, continuer à y accueillir des jeunes peintres. Pas facile avec des comptes en banque vides et un château qui tombe en ruine. Heureusement, on peut compter sur nos artistes pour nous aider en mettant leur talent à la disposition des belles et riches dames de Poitiers. Mais, dans le secret des ateliers, des intrigues se nouent... Scandale, vengeance : cette fois, est-ce la mort de Fortjoie ? Rire, insolence, plaisir de vivre et d'aimer sont au cœur de ce roman joyeusement libertin. Une bouffée d'air frais dans un monde triste et grincheux.

MON (BREF) AVIS

Un château en péril, quatre jeunes et beaux artistes, des dames disponibles et une pendule coiffée d'un Cupidon toujours en avance... Tel était le programme de cette comédie française un peu engoncée dans son époque. Au final, l'histoire est simpliste, le rythme plat. L'interprétation de Marie-Christine Letort est triste et morose. Je ne connaissais pas l'auteur - si ce n'est de nom - mais n'ai pas été convaincue par son univers, qui manque pour moi de modernité et se révèle quelque peu ronflant.

Sortie POCKET : 26 MAI 2016 Au plaisir d’aimer

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22/06/15

Une main encombrante, de Henning Mankell

Une Main Encombrante

Proche de la retraite, Wallander cherche un point d'attache pour couler des jours tranquilles. Alors qu'il visite une maison à la campagne, le commissaire trébuche sur une main surgie de nulle part. Ses instincts sont aux aguets. Il requiert son équipe d'experts de fouiller le jardin et découvre les ossements d'un couple enfoui là depuis cinquante ans. Même si on ne lui octroie ni les moyens ni le temps pour ce dossier, Wallander continue de fouiller dans le passé de la maison et de ses propriétaires pour rendre justice aux deux victimes.

L'histoire est à l'image du héros, las, usé et désabusé. Donc, c'est lent et pointilleux, mais intéressant à lire. Wallander ne supporte plus les vicissitudes de la bureaucratie. Ses relations avec sa fille sont à couteaux tirés. Il a fait le tour de son métier et envisage de tirer sa révérence. Mankell a d'ailleurs annoncé qu'il n'écrirait plus sur Wallander après l'épisode suivant, L'homme inquiet. Point final. Il explique en fin d'ouvrage sa relation ténue avec son personnage fétiche, non sans un zeste de fierté.

Le texte lu par Marc-Henri Boisse figure bien les caractéristiques de Kurt, en lui collant cette intonation bougonne et abattue qu'on juge indissociable. Après quoi, l'histoire n'est ni surprenante, ni haletante. Elle ne dure que 3 heures, ou 182 pages. À grignoter comme une friandise ou une mise en bouche pour les lecteurs désormais orphelins de leur commissaire suédois, définitivement au bout du rouleau.

Sixtrid / mars 2015 ♦  Interprété par Marc-Henri Boisse (durée : 3h 12)

Traduit par Anna Gibson pour les éditions du Seuil

Une main encombrante Seuil

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11/03/15

Les Chiens de Riga, par Henning Mankell

Les Chiens de Riga

Je reprends la série des Kurt Wallander, après l'avoir croisé dans La lionne blanche en tant qu'aventurier sortant de ses gonds. Un rôle assez inattendu, et déconcertant. Cette fois j'ai été pleinement séduite par l'enquête qui débute sur une plage en Suède avant de s'exiler vers la Lettonie. Un canot pneumatique échoué révèle deux corps à son bord. Ces deux individus sont sans identité, mais la police fait rapidement le rapprochement avec des mafieux originaires des pays de l'ancien bloc soviétique. Un major est envoyé sur place, un type secret mais attachant, il renseigne les suédois avant de rentrer chez lui, où il sera assassiné dans la foulée.

Cette nouvelle accable l'inspecteur Wallander, qui s'était senti proche de l'homme affable. Il décide alors de se rendre à Riga et, sous le charme de la jolie veuve, va se lancer dans une vendetta secrète, solitaire et délirante pour démêler une affaire véreuse et qui sent le soufre. L'ambiance est de mise, froide et cinglante. Les personnages filent un mauvais coton, le décor est dévasté, le pays en plein chaos politique, aucune confiance à accorder, les services de police sont en perte de vitesse, la surveillance acharnée, les menaces prodiguées et les règlements de compte pleuvent à tout-va.

Bref, l'intrigue nous plonge dans les méandres profonds et cafardeux d'un roman d'espionnage. C'est gris, voire blafard et déprimant. Les livres de Mankell figurent parmi les précurseurs de la vague des polars nordiques qui ont envahi notre marché (pour mon plus grand bonheur). Et j'ai beau épluché tous les spécimens existants, je reviens toujours vers ce cher Wallander, l'archétype du héros désabusé, mais qui a à cœur de venger la veuve et l'orphelin avec une conscience toute professionnelle. Le livre a été lu par une froide soirée d'hiver. La symbiose était totale. :-)

Points Policier, février 2004 pour la présente édition ♦ traduit par Anna Gibson (Hundarna i Riga)

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21/05/14

La lionne blanche, par Henning Mankell

La lionne blanche

C'est la première enquête de Kurt Wallander que je lis, mais le quatrième titre de la série par ordre chronologique. Globalement, je n'ai pas eu à déplorer d'éléments frustrants mais il faut dire aussi que l'histoire nous prend complètement au dépourvu en centrant une large partie de son intrigue en Afrique du Sud, où se trame un attentat politique.
Au départ, il est pourtant question de la disparition en Scanie d'une femme, mariée et mère de famille, à l'existence parfaitement irréprochable. Wallander n'a pas l'ombre d'un indice ou d'une piste, et c'est finalement au gré du hasard qu'il va se lancer dans une chasse à l'homme infernale. On en oublie complètement l'entrée en matière, purement accessoire !
C'est ce que je trouve le plus déconcertant, tel un virage à 180°, on nous plonge au cœur de l'Afrique des Boers et de l'apartheid. Place alors à de nouveaux personnages, un enjeu politique et un complot qu'on suit au compte-gouttes, entre curiosité, intérêt et lassitude. Car l'histoire souffre de longueurs, positionne Wallander dans un rôle inattendu, trop aventurier à mon goût.
Mais la lecture reste foncièrement attrayante. Henning Mankell manie l'art du suspense et le décor dépaysant avec un soin particulier, intelligent et captivant. Je poursuis la découverte des livres de l'auteur sans rechigner !

Points - coll. policier ♦ février 2005 ♦ traduit par Anna Gibson pour les éditions du Seuil

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16/05/14

Les Chaussures italiennes, par Henning Mankell

Les chaussures italiennes OR

Fredrik Welin vit reclus sur une île de la Baltique. Chirurgien à la retraite, il ne reçoit aucune visite, sauf celle du facteur hypocondriaque. Le reste du temps, il s'occupe de ses animaux et se baigne quotidiennement dans un trou de glace. Un jour, un grand chamboulement se présente à lui avec l'arrivée impromptue de son ancien amour de jeunesse, Harriet, qu'il avait abandonnée quarante ans plus tôt, sans donner d'explication ni la moindre nouvelle. La femme se déplace maintenant avec un déambulateur et est gravement malade.

Que signifient ces retrouvailles ? Que représentent-elles pour Fredrik ? L'homme a passé sa vie en fuyant ses responsabilités, même sa carrière professionnelle s'est soldée sur un fiasco. Lui qui chérissait tant sa solitude va brusquement en être extirpé pour suivre un périple qui va bousculer sa petite tranquillité et ses acquis. Mais si l'idée de départ semblait séduisante, la suite de l'aventure va hélas s'avérer en demi-teinte.

Car j'ai été frustrée par le portrait insolite des personnages féminins que l'auteur va glisser dans son histoire : Harriet, Louise, Agnes ou Sima... Cette dernière était de trop ! Jusqu'alors j'acceptais d'être enlisée dans des descriptions mélancoliques d'une vie gâchée, du constat sur la vieillesse, la maladie, la rédemption etc. Mais toutes ces femmes m'ennuyaient ! Fredrik aussi a fini par me désoler. Je me sentais de plus en plus embourbée dans une histoire devenue trop lente et sordide.

Mis à part le caractère irascible des personnages, j'ai aimé : la description des paysages, l'analyse subtile des sentiments et des émotions, en vrai certains passages sont fascinants !  

Points - coll. points d'or ♦ novembre 2013 ♦ traduit par Anna Gibson

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17/12/12

Les Ombres grandissent au crépuscule, par Henning Mankell

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Je ne connais pas beaucoup Mankell, à part ses romans policiers avec Kurt Wallander, j'en avais une image un peu froide et déprimante, comme souvent avec les auteurs nordiques. Sa série pour les jeunes lecteurs est donc particulièrement surprenante, dans le sens où le ton est décalé, avec un humour espiègle, qui prête à sourire. Une chouette lecture, franchement savoureuse. Au centre, nous avons un garçon de 12 ans, Joel, qui ne connaît rien à la vie, qui vit dans sa bulle et qui a un esprit débordant d'imagination.

Le gamin vit seul avec son père Samuel, sa mère a quitté le foyer et n'a plus donné de nouvelles. Elle existe sous le prénom de Jenny, et puis c'est tout. Bref, l'histoire commence au moment où Joel traverse la rue sans regarder et passe sous un bus. Il se relève sans la moindre égratignure, un vrai miracle ! Par contre, le garçon est perplexe et s'interroge. Maintenant, que doit-il faire ? Accomplir une bonne action pour remercier d'être un miraculé ? Oui, pense-t-il. Alors il choisit d'aider son amie Gertrude, défigurée depuis son opération bâclée, car sous ses airs de folle, elle est complètement désespérée. Il est temps de lui trouver un amoureux pour lui changer les idées !

Le garçon doit d'abord trouver le candidat idéal, ce qui n'est pas facile lorsqu'on habite une ville minuscule, au fin fond de la Suède, sans la moindre activité fédératrice, si ce n'est boire un verre au bistrot, se chamailler ou danser au bal du samedi soir. Joel prospecte, scrute et tâtonne, il envoie des lettres d'amour, donne des rendez-vous secrets, et puis cela devient trop compliqué pour lui. En fait, il n'a aucune expérience du monde des adultes, tout le dépasse et il fait pire que mieux.

Le cadre est posé, c'est à la fois tendre et cocasse, avec une brochette de personnages attachants, beaucoup de fraîcheur, d'innocence et d'excentricité. On suit l'intrépidité du garçon avec enthousiasme, et même si son aventure tourne au vinaigre, on espère pour lui et son petit monde que le soleil brillera à nouveau. Il y aura d'autres livres de la sorte, avec Joel Gustafsson, l'auteur en a écrit quatre tomes, le premier (A Bridge to the Stars) n'a pas été traduit, le prochain (When the Snow Fell) est prévu pour l'automne 2013. La couverture française est signée Olivier Balez. Le titre, très beau, donne une idée de la touche de poésie qu'a su apporter la traduction, très soignée.


Seuil, 2012 - traduit par Marianne Ségol-Samoy et Karin Serres 
illustration de couverture : Olivier Balez

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