25/02/19

En poche ! La femme à la fenêtre, de A.J. Finn

LA FEMME À LA FENÊTREAnna Frost vit recluse chez elle et passe ses journées à boire du merlot en épiant la vie de ses voisins. Séparée de son mari et de sa fille, elle reçoit régulièrement de leurs nouvelles et les rassure sur sa santé - oui, elle suit scrupuleusement son traitement. Elle s'accroche. Elle est incapable de sortir, de voir du monde, elle a une peur panique dès que son pied franchit le seuil de la porte, mais elle s'accroche. Elle parle à des inconnus en ligne. Elle a également mis sa carrière de psy en berne et regarde des vieux films en noir et blanc à longueur de journée. En bref, Anna n'est plus que l'ombre d'elle-même.
Sa routine est pourtant chamboulée avec l'arrivée des Russell dans le quartier. Très vite, Anna s'aperçoit que ça ne tourne pas rond dans cette famille et soupçonne le père d'être violent et tyrannique. Un soir, elle surprend le couple en train de se disputer et voit Jane Russell s'effondrer, le corps poignardé. Elle contacte aussitôt à la police, qui lui apprend l'existence d'une autre Jane Russell. La famille fait bloc, accuse Anna d'avoir tout inventé mais celle-ci s'acharne et fouille dans sa tête en vrac.
Pendant 600 pages, on avance ainsi à tâtons et on suit les méandres des pensées d'Anna - embrumées par l'alcool, les médicaments, les phobies et les non-dits. Il n'en fallait pas moins pour brouiller les pistes. On traîne donc pas mal la patte, à se demander ce qu'on fait là, à regarder cette femme errer dans sa propre existence, à s'interroger sur son état mental, à s'encroûter dans sa routine... Cela peut sembler lent et long - oui, ça l'est forcément - mais c'est aussi l'ambiance désirée par l'auteur. Distiller le doute, rendre la narratrice peu fiable, pointer son état borderline, hésiter entre la soutenir ou la blâmer. J'ai finalement opté pour la présomption d'innocence. Portée par ce rythme, j'ai tout gobé et n'ai absolument pas vu venir la fin ! Damned. Une prouesse.
En somme, c'est lourd d'une monotonie pointilleuse, soutenu par un suspense glaçant et nourri d'une tension psychologique ciselée. C'est gros mais assez bon car j'aime énormément les références aux classiques du cinéma qui ont donné le ton en créant une atmosphère façon Hitchcock & co. Une lecture au charme hypnotique, pour sûr.

Parution poche chez POCKET (2019) - traduction par Isabelle Maillet

 

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31/05/18

La femme à la fenêtre, de A. J. Finn

la femme à la fenetreAnna Frost vit recluse chez elle et passe ses journées à boire du merlot en épiant la vie de ses voisins. Séparée de son mari et de sa fille, elle reçoit régulièrement de leurs nouvelles et les rassure sur sa santé - oui, elle suit scrupuleusement son traitement. Elle s'accroche. Elle est incapable de sortir, de voir du monde, elle a une peur panique dès que son pied franchit le seuil de la porte, mais elle s'accroche. Elle parle à des inconnus en ligne. Elle a également mis sa carrière de psy en berne et regarde des vieux films en noir et blanc à longueur de journée. En bref, Anna n'est plus que l'ombre d'elle-même.
Sa routine est pourtant chamboulée avec l'arrivée des Russell dans le quartier. Très vite, Anna s'aperçoit que ça ne tourne pas rond dans cette famille et soupçonne le père d'être violent et tyrannique. Un soir, elle surprend le couple en train de se disputer et voit Jane Russell s'effondrer, le corps poignardé. Elle contacte aussitôt à la police, qui lui apprend l'existence d'une autre Jane Russell. La famille fait bloc, accuse Anna d'avoir tout inventé mais celle-ci s'acharne et fouille dans sa tête en vrac.
Pendant 500 pages, on avance ainsi à tâtons et on suit les méandres des pensées d'Anna - embrumées par l'alcool, les médicaments, les phobies et les non-dits. Il n'en fallait pas moins pour brouiller les pistes. On traîne donc pas mal la patte, à se demander ce qu'on fait là, à regarder cette femme errer dans sa propre existence, à s'interroger sur son état mental, à s'encroûter dans sa routine... Cela peut sembler lent et long - oui, ça l'est forcément - mais c'est aussi l'ambiance désirée par l'auteur. Distiller le doute, rendre la narratrice peu fiable, pointer son état borderline, hésiter entre la soutenir ou la blâmer. J'ai finalement opté pour la présomption d'innocence. Portée par ce rythme, j'ai tout gobé et n'ai absolument pas vu venir la fin ! Damned. Une prouesse.
En somme, c'est lourd d'une monotonie pointilleuse, soutenu par un suspense glaçant et nourri d'une tension psychologique ciselée. C'est gros mais assez bon car j'aime énormément les références aux classiques du cinéma qui ont donné le ton en créant une atmosphère façon Hitchcock & co (sans réellement égaler leur génie). Attendez l'essoufflement du buzz, puis tentez le coup ! 

Presses de la Cité (2018). Traduit par Isabelle Maillet

 

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10/04/17

Jeux de miroirs, de E.O Chirovici

jeux de miroirsPeter Katz est un agent littéraire influent à New York et habitué de recevoir des sollicitations de toutes parts, mais c'est en découvrant un manuscrit partiel d'un certain Richard Flynn que son intérêt va être fortement émoustillé. Alors qu'il était étudiant à Princeton, celui-ci revient sur sa rencontre avec la sublime Laura Baines, sa nouvelle colocataire, et le professeur Joseph Wieder, un éminent spécialiste en psychologie cognitive qui va être assassiné chez lui. Gros scandale sur le campus. Ont évidemment suivi des tonnes de supputations, un défilé de suspects, puis le coupable idéal, avec toutefois des questions ouvertes et le doute d'une erreur judiciaire. Au moment de contacter l'auteur, Katz apprend qu'il est décédé et ne dispose pas de la suite du manuscrit. Frustré, il confie au journaliste John Keller la mission de se réapproprier l'enquête pour démêler le vrai du faux, puis c'est au tour d'un ancien policier, Roy Freeman, de reprendre le flambeau. On obtient ainsi un roman au schéma aussi tortueux que La Vérité sur l'affaire Harry Quebert, mais en format plus court (300 pages, soit 7h 30 d'écoute), ce qui rend la lecture plus percutante et vorace. Le principe est cependant le même - bousculer le lecteur dans ses acquis et l'embrouiller dans ses perceptions et autres interprétations de l'intrigue. Celle-ci joue en effet de faux-semblants et de chausse-trappes qui remettent rapidement tout en question. C'est diabolique, pour qui aime les rebondissements et les théories à l'envi. En ce qui me concerne, ma curiosité a été judicieusement piquée à vif et ma lecture grandement motivée ! Je n'ai pas vu le temps passer, j'ai englouti le tout très vite. C'est super efficace et astucieux, après je ne pense pas que ce roman me laissera un souvenir impérissable non plus, mais au moins j'ai passé un bon moment, le temps d'un weekend de détente. Texte lu par Vincent Schmitt pour une écoute tout à fait distrayante.

 

Audiolib, mars 2017 - Texte lu par Vincent Schmitt (durée : 7h 30) / Trad. Isabelle Maillet pour Les Escales, un département d'Édi8 [The Book of Mirrors]

12/03/17

Le doute, de S.K. Tremayne

EN POCHE !

le douteLa famille Moorcroft incarne l'idée du bonheur parfait : Angus est beau, grand, fort et plein de charme, Sarah est distinguée, intelligente et porte des petits pulls en cachemire. Ils vivent dans une belle maison à Camden, mènent une vie confortable et sont les heureux parents d'adorables jumelles, Kirstie et Lydia. Hélas, tout bascule quand l'une des fillettes décède tragiquement, en chutant du balcon de la maison des grands-parents. Le drame anéantit le couple qui décide de tout quitter pour s'installer sur une île écossaise. C'est alors que plusieurs faits troublants surviennent dans leur existence... Car Kirstie affirme être finalement Lydia. Angus et Sarah ont fait une terrible erreur quatorze mois plus tôt et n'ont pas fait le deuil de la bonne jumelle. Cette réalité plonge alors le couple dans un désarroi profond, chacun s'accusant de négligence ou refusant d'avoir été dupé, tout en digérant avec amertume cette bourde improbable. S'installe alors un climat lourd, suspicieux et anxiogène. Un contexte idéal pour brouiller davantage les pistes. En effet, l'auteur n'a pas dit son dernier mot et fait preuve d'une dextérité redoutable pour distiller du flou du début à la fin. On se glisse ainsi dans l'histoire, on vit et on partage littéralement le doute que ressentent les personnages, sans cesse en quête d'indice pour démêler le vrai du faux. On ne sait plus qui croire, que penser, quoi faire. C'est assez perturbant, très déroutant. D'un autre côté, l'engrenage est en place et exacerbe la curiosité. Tout fonctionne pour rendre l'histoire addictive et mystérieuse. Ajoutez à cette ambiance le cadre de l'île isolée, battue par les vents, rendue rudimentaire par les conditions météorologiques et géographiques. En somme, Eilean Torran y apparaît magnifique et fascinante, mais ô combien angoissante, à l'instar de cette lecture rondement efficace et habilement menée. Les amateurs de suspense psychologique seront comblés ! 

Pocket - mars 2017

Trad. Isabelle Maillet [The Ice Twins]

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03/12/15

Le Doute, de S.K Tremayne

Le Doute

La famille Moorcroft incarne l'idée du bonheur parfait : lui est plein de charme, elle porte des petits pulls en cachemire, ils vivent dans une belle maison à Camden et sont les heureux parents de jumelles indissociables. Tout bascule quand l'une des fillettes décède tragiquement, en chutant du balcon de la maison des grands-parents. Le drame anéantit le couple qui décide de tout quitter pour s'installer sur une île écossaise. Mais d'autres faits troublants surviennent... Kirstie affirme être finalement Lydia. Ses parents ont fait une terrible erreur quatorze mois plus tôt. Ce roman fait alors preuve d'une grande dextérité à nous embrouiller du début à la fin, à nous faire partager le doute que vivent aussi les personnages, sans jamais apporter le moindre indice ou à vouloir faire exprès de semer plusieurs pistes. On ne sait plus qui croire, que penser, quoi faire. C'est assez perturbant, mais cela explique cette pulsion de tout lire en une bouchée (seulement deux jours pour moi). L'histoire est addictive, habilement menée et particulièrement anxiogène. Le cadre de l'île isolée, battue par les vents, nous met également en condition : Eilean Torran y apparaît magnifique, mais angoissante.

Presses de la Cité / Septembre 2015 ♦ Traduit par Isabelle Maillet (The Ice Twins)

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Ornsay Lighthouse after dark, Sound of Sleat, Skye

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02/10/15

La Mort à nu, de Simon Beckett

La mort à nu

David Hunter, ancien anthropologue médico-légal, est venu se ressourcer dans le charmant petit village de Manham, dans la campagne du Norfolk, mais voit son passé le rattraper lorsqu'une série de crimes barbares s'abat en ville. Notre docteur est alors tiré de sa quiétude pour aider les forces de l'ordre, mais refuse d'ébruiter son rôle dans l'enquête ou d'évoquer son drame personnel

Sally Palmer, écrivain londonien, a été retrouvée morte près d'un marécage, le corps dévoré par les vers. Peu après, une autre jeune femme disparaît au cours de son jogging matinal. Très vite, la psychose s'installe chez les habitants. Les rumeurs enflent et les suspicions se mettent en branle. Même David Hunter, notre homme réputé secret et solitaire, est soudain pointé du doigt. À côté de ça, la police est à cran et n'a pas l'ombre d'une piste. 

La teneur de l'intrigue s'avère donc assez basique, dans le genre thriller, incluant des scènes glauques et répugnantes, planté dans le cadre banal du petit village sans histoire, mais dans un climat tendu et délétère, du fait des secrets enfouis sous des façades trop polies. 

Les personnages aussi remplissent leurs rôles à double tranchant (le vieux médecin cloué dans son fauteuil, le garde-chasse trop bon pour être honnête, la nouvelle institutrice discrète et adorable, les jeunes braconniers menteurs et hargneux...). L'ensemble est cohérent et tient en haleine. J'aurais probablement souhaité une fin différente (en mode sadique), mais aucun doute possible quant au potentiel addictif de ce livre prenant et redoutable, qui mixe les codes du genre avec classicisme et efficacité.

Points, coll. Thriller / Mai 2008 ♦ Traduit par Isabelle Maillet (The Chemistry of Death)

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