James Bond - Déclic mortel, par Anthony Horowitz
Cette couverture chez Calmann-Lévy est juste magnifique ! Complètement fidèle à l'esprit James Bond - smoking, vodka martini, beauté fatale et belle voiture. Anthony Horowitz ne se moque pas du lecteur en nous servant cette intrigue, inspirée d'après les archives de Ian Fleming, où l'on replonge avec exaltation dans une histoire d'espionnage habilement troussée et palpitante à lire.
James Bond vient tout juste de rentrer d'Amérique, après son coup d'éclat contre Golfinger, lorsqu'il est convoqué pour une nouvelle mission d'infiltration. S'inscrire pour la périlleuse course de voitures du Nürburgring. Déjouer les plans des Russes qui visent à éliminer le pilote vedette, le britannique Lancy Smith. Mais avant cela, il doit éclaircir le dossier Pussy Galore. La caïd de Harlem s'affiche à son bras, le suit jusque dans la campagne anglaise, prétend être menacée, pistée par de dangereux individus, surgis de son passé et venus lui régler son compte. On le sait, l'aventure, chez Bond, est une seconde peau. Le danger, la montée d'adrénaline, l'action, il connaît. Et on ne se plaint pas de suivre notre agent 007 dans cette histoire originale, reprenant donc toutes les marques de fabrique de la série.
La couverture chez Hachette indique la seconde orientation de l'enquête, d'où ces plans de fusée qui rappellent la bonne vieille guerre d'influence entre l'Est et l'Ouest. Bond croisera aussi le chemin d'un riche homme d'affaires coréen, en apparence froid et impénétrable, et d'un lutin farouche, aussi charmante que Jean Seberg... C'est un vrai plaisir coupable de savourer cette lecture. James Bond y est opérationnel sur toute la ligne, séducteur, intuitif et audacieux. Les vilains sont assoiffés de vengeance, les JB Girls glamour et pittoresques, aux patronymes fabuleux et truculents (^Jeopardy Lane^).
Casting réussi, enquête haletante, ambiance vintage... L'empreinte de Ian Fleming est bel et bien présente, sans une once de nostalgie, Anthony Horowitz a repris dignement le flambeau et n'a pas bradé son héritage. “I think he got the point.”
Traduit par Annick Le Goyat (Trigger Mortis) pour les éditions Calmann-Lévy (2015)
Parution simultanée chez Hachette Romans, sept. 2015
#Mois Anglais 2016 : “You’re a women of many parts, Pussy.”
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Solo (Une nouvelle aventure de James Bond), par William Boyd
Intriguée par l'opération de lancement du livre lors d'une cérémonie fastueuse en Angleterre, j'ai aussitôt voulu lire cette nouvelle aventure de James Bond, par William Boyd. J'avoue connaître pour l'essentiel le héros de Fleming à travers ses prestations cinématographiques. Aussi, cette lecture m'aura davantage prise au dépourvu car j'attendais de ma rencontre peut-être plus de glamour et de séduction.
James Bond fête ses 45 ans et ressasse, avec une pointe d'amertume, son passé de soldat qui aurait encore laissé des traces (nous sommes en 1969). Perpétuellement en quête de sensations, il s'invite chez une belle inconnue avant de s'éclipser pour une mission en Afrique afin de mettre un terme à la guerre civile qui déchire le Zanzarim. Sur place, de nouvelles rencontres, des enjeux politiques inavoués, des mascarades et autres faux-semblants rendent l'infiltration plus pernicieuse et équivoque.
Tant et si bien que notre espion au service de Sa Majesté va opérer en “solo” pour solder un vieux compte personnel. Rebondissements à prévoir, coups bas et action à répétition in extenso. On pourrait se frotter les mains d'avance en espérant un bon divertissement, et pourtant l'ensemble m'a semblé froid, distant, avec un James Bond aguerri, sans humour, sans charme... plutôt peu convaincant et pas franchement prêt à nous vendre du rêve. L'intrigue aussi est dépourvue de gadgets et se conforme aux faits. Le résultat n'en est que terriblement impersonnel.
Thibault de Montalembert livre une interprétation lisse, mais irritante dans l'accentuation prononcée de “Bond”, qui apparaît 1 million de fois dans le livre, ce n'est pas possible... j'ai fait une fixation dessus, c'était fichu ! Au final, nous avons là un bon roman d'espionnage, qui offre une escapade dépaysante et très réussie vers l'Afrique des années 60. Pour le reste, j'ai surtout eu le sentiment que ma lecture froissait le mythe de l'agent 007 qui n'inspire aucune sympathie (mieux vaut se contenter de rêvasser sagement sur la plastique de Daniel Craig à l'avenir).
Audiolib, avril 2014 ♦ texte intégral lu par Thibault de Montalembert (durée : 9h 13) ♦ traduit par Christiane Besse pour les éditions Seuil