La main de gloire ~ Jean Luc Bizien
Ayant beaucoup apprécié le volume précédent, La chambre mortuaire, je n'ai pas hésité à lire la suite des aventures de Sarah Englewood, jeune anglaise entrée au service de Simon Bloomberg, un aliéniste qui exerce son métier chez lui, dans sa maison-pyramide de la rue Mazarine, une sorte de cour des miracles, où il accueille ses patients avec lesquels il choisit de discuter pour mieux les guider vers la guérison. Cette méthode, pour l'époque, est absolument révolutionnaire et décriée par ses pairs !
Bref, de récents événements ont bouleversé la vie de Bloomberg (je maintiens le secret pour ceux qui n'ont pas lu le premier tome, car il s'agit d'éléments importants). L'homme est désormais apathique, et seul le dévouement de Sarah lui permet de ne pas sombrer dans une grave dépression. Tandis qu'à Paris l'exposition universelle bat son plein, les services de la Sûreté découvrent en pleine rue une main momifiée puis des cadavres en chaîne. Raoul Mesnard et Léonce Desnoyers sont sur les dents, il faut comprendre vite cet imbroglio macabre et prendre de court la presse. Pour cela, ils sollicitent le jugement éclairé de l'aliéniste Bloomberg, en dépit de sa léthargie consternante. Qui sait ? Un dossier peut en chasser un autre...
Ce deuxième livre confirme les qualités de cette série qui est riche, passionnante, avec des personnages complexes mais au charisme avéré. Il est nécessaire d'avoir lu le précédent roman pour bien comprendre celui-ci, lequel rassemble deux, trois points légèrement frustrants. Tout d'abord, dès les premiers chapitres, la part de documentation sur l'Expo de Paris est énorme, très importante, au risque de paraître trop didactique. L'intrigue policière est, par conséquence, plus en retrait et ne se déploie qu'à mi-parcours. Petite déception aussi de peu retrouver l'ambiance de la cour des miracles, si prenante et fascinante dans le livre précédent. A contrario, on croise des figures peu communes, comme Buffalo Bill, ou le magicien chinois Chung Ling Soo. Ce sont des détails infimes, car je le répète, cette série de JL Bizien est une formidable découverte !
10/18 Grands Détectives, 2009 - 250 pages - 7,90€
Merci l'auteur ! Et vivement le prochain. ;o)
La chambre mortuaire - Jean Luc Bizien
Paris, 1888. La réputation de Simon Bloomberg est quelque peu traînée dans la boue car ses méthodes d'aliéniste dérangent. Ses confrères colportent les rumeurs les plus folles sur le propriétaire de l'hôtel particulier de la rue Mazarine. Sarah Englewood, jeune sujette britannique échouée en France, vient d'obtenir une place de gouvernante dans ce lieu austère, décoré de bibelots étranges et de trésors archéologiques. On trouve aussi des chimpanzés dans une cage, des couloirs à n'en plus finir, une architecture pyramidale et des employés fantomatiques, tantôt revêches ou teigneux, mais compatissants. Pourquoi ? Un vrai mystère plane sur cette maison, les gouvernantes défilent et le docteur Bloomberg est évasif sur sa femme Elzbiéta, une égyptologue qui brille par son absence.
Un soir, en lisant le journal, Sarah découvre l'affaire de la rue Dauphine - un homme s'est jeté du toit de son immeuble et s'est écrasé sur la voie publique, offrant un spectacle répugnant. Mais elle ignore que le cadavre, amené à la morgue, a mystérieusement disparu en pleine nuit. Cette anomalie fait perdre toute raison scientifique aux enquêteurs, Léonce Desnoyers et Raoul Mesnard, qui ne sont pas au bout de leurs surprises !
Ce roman tient toutes les promesses. En adoptant un ton feuilletonesque, Jean-Luc Bizien a redonné vie à un Paris très 19ème siècle, très coloré et très étrange par instants. Ambiance :
« Paris est un océan de goudron ce soir.
Au coeur des ténèbres, la Seine s'étire paresseusement, reptile ventru à la formidable musculature. En cette morne soirée, Paris ne vit plus, Paris s'est éteint. Quelques épaves, l'esprit engourdi par l'absinthe ou la drogue, hantent encore ses ruelles. Les plus chanceux atteindront leur domicile sans heurts. Les autres tomberont sous les coups des crocheteurs, ou seront happés par les roues d'un fiacre jaillissant de nulle part. Des chiens trop maigres les regardent passer. Leurs yeux chassieux s'interrogent un instant : faudra-t-il disputer le territoire, défendre les déchets trouvés sur les pavés luisants ? Mais déjà les danseurs de l'aube s'éloignent. Leurs pieds lourds battent le pavé. L'écho va s'amenuisant. Le calme et le silence retombent.
L'ombre est de nouveau maîtresse. »
Le couple Simon Bloomberg et Sarah Englewood offre également un joli cliché, l'homme paraît un peu rustre, on ne sait pas bien où est passée son épouse, et les nuits du docteur sont hantées par des cauchemars qui réveillent toute la maisonnée. Sarah est une jeune femme de toute beauté, curieuse et vive d'esprit. Elle s'émeut avec raison des faits bouleversants qu'elle découvre auprès de Bloomberg mais elle apprend vite, et elle n'est pas cette jouvencelle aux abois qui tomberait dans les pommes à force de côtoyer la cour des miracles de la rue Mazarine !
Un premier tome captivant, le suivant est annoncé pour début juillet.
10-18, 2009 - 430 pages - 8,60€
**********
A l’occasion de la sortie du livre de Jean-Luc Bizien “La chambre mortuaire” les éditions 10/18 ainsi que les sites Zonelivre et Plume libre vous offrent la possibilité de remporter l’un des 10 livres mis en jeu. Pour remporter l’un des dix livres mis en jeu, il vous suffit de répondre aux questions { Infos ici } avant le 05/03/2009 à 23:59:59 . Une question subsidiaire départagera les gagnants.
Le souffle du Dragon - Jean Luc Bizien
La cité de Selenae est menacée par les forces des ténèbres qui cherchent à s'abattre sur le royaume, malgré les sortilèges préparés par l'Empereur-Mage pour les tenir à distance. La menace semble imminente.
Sa majesté est vieillissante, il faut trouver un successeur, l'Elu comme on l'appelle. Et c'est le grand prêtre Arh'En Dal qui va, en personne, fouiller la campagne environnante pour recruter des volontaires, avec en mission d'affronter un labyrinthe impitoyable, surnommé la Gueule du Dragon.
Rares sont ceux qui en sortent sains et saufs. Et s'il n'existe toujours pas d'Elu à ce jour, c'est parce qu'aucun vaillant guerrier n'a su relever le terrible défi.
Dans ce premier livre, on suit donc l'épopée de trois prétendants, Kaylan le fils de paysan, Sheelba l'apprentie magicienne et Shaar-Lun le vagabond, ancien membre de la guilde des mendiants (un groupe de redoutables brigands).
Tous les trois vont s'engager dans un long boyau qui ressemble étrangement à la gorge d'une espèce vivante, affronter leurs pires cauchemars et devoir se battre contre des créatures maléfiques. Ce périple sera éprouvant, rude pour leur endurance, mais va aussi être l'occasion d'apprendre et de découvrir les secrets de l'Empereur-Mage.
Alors oui c'est vrai, dans ce roman, les personnages sont tous beaux, forts, brillants et dégagent du mystère, du charme et de la magie. Moi ça me plaît ! Puis vient l'intrigue, palpitante, pleine d'imprévus, qui tient en haleine du début à la fin. Et l'ambiance, inquiétante et sombre, finit de nous ensorceler, si jamais l'auteur supposait qu'on demeurerait hermétique !
Dans ce livre, autre chose importante, ce n'est pas un concours d'effets spéciaux pour bouleverser le lecteur. Il n'y a pas de surenchère idiote et gratuite, l'action est riche, bien dosée. On ne tombe pas non plus dans le piège du fantastique tellement surnaturel que c'en est ridicule, bien loin de là ! Personnellement j'ai été scotchée par ce que l'histoire nous proposait, jamais d'images immondes ne nous frappent non plus. Tout est très bien maîtrisé, ouvert à exacerber l'imagination, tout à fait captivant de bout en bout !
J'ai beaucoup aimé, vraiment. Et j'ai découvert qu'il s'agissait, en fait, d'une réédition de la trilogie de JL Bizien déjà parue en 2000.
Le souffle du Dragon est le tome 1 de la trilogie Les Empereurs-Mages. Bayard Jeunesse, coll. Les Imaginaires - 285 pages. 12.90 €