Le Combat d'hiver, de Jean-Claude Mourlevat
C'est l'un de mes romans préférés de Jean-Claude Mourlevat. Lu une première fois en 2006. Comme il vient de sortir en audio, j'ai profité de l'occasion pour une relecture. Et j'ai adoré. ♥J'avais vaguement souvenir de son ambiance, inquiétante et poignante. Après tout, on suit l'histoire de quatre adolescents en quête de leurs racines et dans un pays où règne la terreur. On trouve aussi des combats dans des arènes, une milice déterminée à traquer les fugueurs et un chant pour la liberté qui fait vibrer les murs du théâtre et le cœur des résistants.
Tout commence quand la jeune Milena profite d'une visite chez sa Consoleuse pour fuguer. On apprend également qu'un garçon de l'orphelinat voisin est en sa compagnie. Son amie Hélène est encore sous le choc. Elle n'a rien vu venir, ne comprend pas cette décision. Elle prend alors contact avec Milos, un camarade de Bartomoleus, pour partir à son tour.
En chemin, évidemment, la vérité sera plus rude. La Phalange, le régime autoritaire, lance des hommes-chiens à leurs trousses, enlève des enfants, force des pauvres types à lutter à la vie à la mort, humilie la population, dégaine les armes à la moindre protestation. Certaines figures émergent du lot et incarnent le meilleur et le pire. Et au milieu de ce chaos, nos quatre héros sont entraînés vers leur destinée.
Après tout ce temps, mes émotions sont intactes. J'étais captivée dès les premières notes, bouleversée par cette histoire pleine de force, de rage et de poésie. Amour, amitié, passion. J'étais à cran, parce que le drame est proche. Ajoutez la voix de Rachel Arditi pour envoûter l'auditoire et partager une expérience qui tient en haleine et qui laisse son empreinte !
Évidemment, je recommande.
©2006 Editions Gallimard Jeunesse (P)2022 Editions Gallimard Jeunesse
- Lu par : Rachel Arditi
- Durée : 11 h env.
⭐⭐⭐⭐⭐
Oh Happy Day, de Anne-Laure Bondoux & Jean-Claude Mourlevat
J'avais beaucoup d'espoir (mais surtout beaucoup de crainte) au moment de découvrir cette lecture. Quatre ans ont passé pour Pierre-Marie et Adeline. En fait, j'avais oublié que le couple était sur le point de se rencontrer à la fin de Et je danse, aussi mais se réservait cet instant à l'abri de notre regard inquisiteur. Verdict : un total échec dont la grande responsabilité revient à Pierre-Marie. Médaille d'or de la goujaterie.
Donc quatre ans plus tard, ce monsieur a l'outrecuidance d'écrire à Adeline. Il aimerait retrouver un petit carnet pour relancer la muse endormie. La dame ne moufte pas mais aiguise ses lames. Elle est désormais mariée et heureuse en ménage. Elle s'apprête d'ailleurs à quitter le pays pour s'installer à Toronto. Elle est à deux doigts de glisser une fin de non-recevoir. C'est comme ça que leur correspondance renaît de ses cendres. Elle reprend d'abord sur le bout des lèvres, puis délivrée des vieilles rancœurs. Car les anciens amis ont beaucoup à partager. Actes manqués et regrets amers... on nage en plein dedans.
L'aventure canadienne va également prendre un tour inattendu, à la fois burlesque et dramatique. Bof bof. De toute façon c'était foutu depuis le départ. Quand j'ai compris que les sautes d'humeur de l'un avaient brisé le cœur de l'autre, pour moi la magie dans Et je danse, aussi venait de voler en éclats. Je n'ai pas aimé cette suite (inutile... encombrante... minable...). Oui je mets des pointillés, exprès ! Mais cette histoire n'a ni queue ni tête. C'était comme si j'avais usurpé mes souvenirs (ça se passait comment dans Et je danse, aussi ?). Cette fois, point de lumière, point d'étincelle. Les personnages ont fait leur temps. Je préfère mille fois le mystère à un rendez-vous foiré qui vous laisse un goût aigre en bouche... pouah.
Terrible déception ! Vraiment.
©2015 Fleuve Éditions, département d'Univers Poche (P)2020 Lizzie
- Lu par : Marcha Van Boven, Robert Guilmard, Frédéric Meaux
- Durée : 8 h 45
Le livre audio se boucle sur un entretien avec les auteurs, qui expliquent le pourquoi du comment etc. (J'en viens à regretter le refus initial de JC Mourlevat à écrire une suite... mais pourquoi !?!!). Bref. Tous deux commentent également la version audio et avouent un certain malaise à l'écoute d'une voix étrangère se glisser dans la peau de leur personnage. JC Mourlevat a davantage d'embarras envers l'exercice (ce qui ne signifie pas qu'il juge le travail mal exécuté... bien au contraire).
Personnellement, les voix des comédiens m'ont paru très agréables à suivre et m'ont permis d'embarquer à bord de cette histoire avec beaucoup d'insouciance. C'était distrayant et réconfortant. Sur ce plan, aucun souci. Dommage de n'avoir pas trouvé mon bonheur dans le contenu de l'histoire... car vraiment c'est une suite qui n'avait pas lieu d'être.
⭐⭐⭐
Du 20 avril au 3 mai 2020, l'éditeur Lizzie vous offre un livre audio. Il vous suffit de télécharger l'application Lizzie pour profiter de cette offre.
Jefferson, de Jean-Claude Mourlevat
Par un beau matin d'automne, Jefferson Bouchard de la Poterie termine son ménage et met son gratin de pommes de terre au four avant d'enfiler sa petite veste pour se rendre chez le coiffeur et rafraîchir sa houpette.
Manque de bol, sur place, il découvre le cadavre de M. Edgar ! Une paire de ciseaux est plantée dans sa poitrine, le corps baigne dans son sang. Jefferson panique. Surpris par une cliente apeurée, il prend la fuite avant d'être accusé d'un crime qu'il n'a pas commis.
Hélas, c'est trop tard. La police est déjà à ses trousses. Seul son meilleur ami Gilbert croit en son innocence et lui prête son concours pour mener leur propre enquête. Et ainsi, affublés de costumes ridicules ou participant à un voyage organisé en car, nos deux compères se rendent au pays des humains...
Ah oui, précision utile : Jefferson est un hérisson, Gilbert un cochon, M. Edgar un blaireau. Chez eux, les animaux parlent, marchent debout, lisent, tombent amoureux, s'envoient des SMS et ne font pas de cadeaux aux malotrus qui maltraitent leur espèce.
Ah, ah. Voilà une lecture gonflée à bloc ! D'une part, elle nous embarque pour une aventure riche en émotions (suspense, meurtres, amitié, entraide et humour), mais d'autre part elle affiche aussi son militantisme en dénonçant la barbarie et la cruauté infligée aux animaux.
« C'est dingue ça, quand même, ils peuvent manger tout ce qu'ils veulent : des spaghettis au basilic, du gratin dauphinois, des pizzas quatre saisons, des tartes aux framboises, des omelettes aux pommes de terre, des gâteaux à la noix, des soupes de lentilles corail avec du lait de coco, des crêpes à la confiture, des pommes, des poires, des abricots, des poêlées de champignons, des salades de tomate, des croissants, des tagliatelles au pesto, des crèmes à la vanille, des fraises, des melons, du riz, de la purée, des petits pois, du velouté de potiron, du chocolat aux noisettes... et ça ne leur suffit pas ! Ils trouvent que c'est pas assez, alors ils tuent les animaux pour les bouffer ! Je comprends pas... »
La sentence tombe et peut sembler implacable. Du moins, l'auteur a glissé subrepticement son message et veillé à sensibiliser les plus jeunes, sans tomber dans la mascarade ou la leçon de morale. Car l'ambiance générale demeure gaie, joyeuse et légère. On vit une folle épopée avec des personnages très attachants. C'est vraiment drôle, tout en étant sensible et intelligent. Monsieur Mourlevat, vous êtes mon héros ! ♥
Gallimard Jeunesse, 2018 - illustrations d'Antoine Ronzon
couverture illustrée par Lisa D'Andrea
La Rivière à l'Envers, de Jean-Claude Mourlevat
Tomek est un jeune orphelin de 13 ans, qui vit et travaille dans une petite épicerie toute simple, lorsqu'il rencontre pour la première fois la jolie et mystérieuse Hannah. Celle-ci lui annonce être en quête d'une eau rare, puisée d'une rivière qui coule à l'envers, et qui empêcherait de mourir. La jeune fille lui achète un sucre d'orge et repart aussitôt en mission, laissant le garçon hagard et sonné. Tomek vient de prendre conscience du ronronnement de son existence, il est donc décidé de partir à son tour pour trouver la rivière à l'envers, et ainsi retrouver la jolie Hannah. En chemin, le garçon s'égare toutefois dans la Forêt de l'Oubli, traverse le village des Parfumeurs, multiplie les rencontres et débarque sur l'Île Inexistante. Autant de lieux et de situations improbables pour un voyage aussi miraculeux que fabuleux !
La deuxième partie de l'histoire donne à lire le parcours de la délicieuse Hannah, depuis son enfance jusqu'à son départ pour débusquer la fameuse rivière Qjar, sa rencontre avec Tomek, leurs routes tracées en parallèle pour atteindre le même but, leurs rendez-vous loupés et leurs brèves retrouvailles... L'épopée est certes formidable, pleine de surprises, de rebondissements et d'étonnements, à jamais débordante de riches trouvailles et d'une imagination exubérante. Seulement, la partie consacrée à Hannah peine à se renouveler mais, comme elle appartient à un ensemble indissociable, elle se lit également avec plaisir et fait penser à un conte enchanteur, tout en souffle et en évasion. L'effet est ravissant, la lecture totalement dépaysante.
J'ai également beaucoup apprécié vivre cette plongée émerveillée dans l'univers de Jean-Claude Mourlevat, en écoutant l'auteur me raconter lui-même son histoire. C'est un exercice auquel il excelle, cf. La ballade de Cornebique ou La Troisième Vengeance de Robert Poutifard, et qui réserve une expérience exaltante, pleine de fantaisie et de tendresse, mais aussi de mystères et de parfums. Une lecture qu'affectionneront les plus jeunes, dès 10-12 ans.
Cette édition regroupe les tomes 1 (Tomek) et 2 (Hannah) de La rivière à l'envers.
Texte lu par Jean-Claude Mourlevat (durée : 6h 56) pour Audiolib
©2000 / 2002 / 2016 Éditions Pocket Jeunesse / Univers Poche (P)2017 Audiolib
“Le mieux, c'est de commencer par le début.”
Deux nouvelles parutions dans la collection Pôle Fiction (le format poche chez Gallimard Jeunesse) avec deux romans qui cognent et frappent fort dans le ventre et le cœur ! Ne passez plus à côté... ;-)
La Décision, d'Isabelle Pandazopoulos
Louise est élève en Terminale S, brillante, entourée de nombreux amis et d'une famille aimante. Un jour, en classe de maths, elle sort précipitamment et se réfugie dans les toilettes où un camarade va la retrouver, peu de temps après, inconsciente et baignant dans une mare de sang. En bonus, un bébé est posé sur son ventre. Face à ce terrible déni de grossesse, son entourage s'interroge, raconte et tente de comprendre. Louise prétend n'avoir jamais couché avec un garçon. Elle ne veut rien entendre de cet enfant. Ses parents, impuissants, sont effondrés. On est alors pris dans un tel engrenage qu'il devient difficile de lâcher le livre. On tourne les pages, on a la boule au ventre, on reçoit en plein cœur toute cette émotion, qui est à la fois brute, douloureuse et si lourde. Le livre se lit aussi comme un roman à suspense, car on part dans une forme d'enquête pour percer le secret de Louise et découvrir l'envers du décor. C'est très bien fait, tout en étant flippant, complexe et inquiétant, mais cette lecture a aussi le mérite de faire avancer les mentalités, de réviser les jugements hâtifs et d'inviter à la réflexion. Un très bon livre.
Silhouette, de Jean-Claude Mourlevat
Dix histoires courtes et autant de rencontres possibles, dix histoires singulières, dépourvues d'aspérités, jusqu'à la fin qui tombe à chaque fois comme un couperet... Dix histoires pour se plonger dans un univers étrange et captivant.
Actuellement en pleine relecture.
Pôle Fiction chez Gallimard Jeunesse, mars 2016
Et je danse, aussi de Jean-Claude Mourlevat & Anne-Laure Bondoux
« J'aime bien votre image des poussins perdus, et nous en avons une pleine basse-cour, j'ai l'impression ! Par habitude professionnelle, vous semblez vous le reprocher. Vous avez tort. Laissez l'ordre et la cohérence chronologique. La vraie vie est foutraque, ce n'est pas à vous que je vais l'apprendre. Continuez de me raconter ce qui vous passe par la tête, j'adore ça ! »
Quelle lecture lumineuse ! De suite, elle vous transporte dans un tourbillon de lettres, ponctuées de charme et d'humour, toutes plus savoureuses les unes que les autres, si bien qu'on ne s'arrête plus, une fois ouvert ce livre, on ne le referme plus avant la dernière page.
J'ai adoré cette rencontre entre un romancier à succès en manque d'inspiration et une jeune femme “grande, brune et grosse” qui souhaite partager avec lui ses secrets, sa folie, sa tendresse. C'est magique ! On se laisse emporter par le flot des mots qui coulent depuis la Drôme jusqu'à la Sarthe, et vice versa, mais le résultat est là : on sourit énormément et on suit le fil de cette amitié exceptionnelle, en l'enviant secrètement.
Anne-Laure Bondoux et Jean-Claude Mourlevat ont accompli un petit miracle avec ce roman simple, généreux, attachant et merveilleux. Ce sont 280 pages de rires et de larmes. 280 pages d'une histoire où s'emmêlent la famille, les amis, les rencontres amoureuses, la trahison et les cœurs brisés, la perte des illusions et le chagrin incommensurable. L'euphorie du début fera peu à peu place à une note plus grave, sans plomber l'ambiance générale, laquelle finira par retrouver ses flonflons et ses confettis avec la même insouciance. C'est juste fabuleux et entraînant !
♪♫ Ce livre va vous donner envie de chanter, d'écrire des mails à vos amis, de boire du schnaps et des tisanes, de faire le ménage dans votre vie, de croire aux fantômes, de courir après des poussins perdus, de pédaler en bord de mer ou de creuser une piscine. Ce livre va vous donner envie d'aimer. Et de danser, aussi ! ♫♪
Fleuve Noir ♦ mars 2015
"Il faut pas rester les deux pieds dans le même sabot..."
C'est l'heure de la retraite pour monsieur Robert Poutifard. L'instituteur soupire d'aise car ces longues années de labeur n'auront été que souffrance, frustration et amertume. Aussi, décide-t-il de se venger, en portant trois coups symboliques auprès d'anciens élèves qui lui auront valu sueurs froides, larmes de honte et sanglots révoltants.
Avec la complicité de sa mère, avec laquelle il vit toujours, Robert établit trois plans selon un scénario habile et démoniaque. Mais alors, qu'est-ce que c'est drôle ! D'abord, l'histoire nous plonge dans le passé en nous faisant revivre l'instant qui a valu cette haine indélébile. Puis, nous assistons à la vengeance. Mais que dire ? que dire, si ce n'est que je me suis amusée comme une folle !
Les deux premières vengeances sont hilarantes, au cœur de situations cocasses, avec des personnages hauts en couleur et de bonnes trouvailles pour rendre l'instant mémorable et complètement délirant. Seule la fin est différente, plus apaisante, avec une petite touche d'émotion. Il faut rendre la morale à cette histoire, bien entendu ! (Apprendre à pardonner, s'excuser, etc.) Bref, je découvre grâce à ce roman un J-C Mourlevat décontracté et déjanté. Et j'aime beaucoup ! D'ailleurs, il raconte lui-même son histoire dans la version audio, que je vous conseille fortement.
La Troisième Vengeance de Robert Poutifard, par Jean-Claude Mourlevat
Gallimard jeunesse, 2004 / collection Folio junior, 2009 / Ecoutez lire, 2013
Illustrations de Béatrice Alemagna
Un lave-linge émotionnel
Monsieur Mourlevat est un escroc : dix petites textes, dix petites histoires à déguster sur le pouce, dix anecdotes qui font sourire ou grincer des dents, dix brèves rencontres, dix portraits qu'on saisit à l'arrache, dix petits tours et puis s'en vont. C'est trop peu ! D'emblée, je l'avoue, j'aime infiniment la plume de cet auteur et lui attribue sans hésiter mon total dévouement. Par contre, j'admets préférer, très largement, lorsque l'auteur nous entraîne dans un monde plus travaillé, plus abouti, dans une histoire qui dure des pages et des pages, en bref j'aime le romancier, moins le nouvelliste.
Sur ces dix textes, j'ai aimé certaines histoires plus que d'autres, normal, j'ai souri en lisant les chutes, je n'ai pas frissonné non plus, j'avais d'ailleurs anticipé quelques intrigues et autres sorties de route, je l'ai vu venir aussi avec son dernier texte, qui boucle le livre, la fameuse histoire sur l'escroc, oui Monsieur Mourlevat, vous méritez ce titre ! Je reconnais que l'ensemble est élégant, un poil cynique et teinté d'humour noir, mais franchement, quelle frustration tout de même ! Vivement un vrai, bon, gros roman.
A compter de cet instant, Mme Maréchal eut la sensation qu'on l'avait jetée dans un lave-linge émotionnel, qu'on en avait fermé la porte et pressé le bouton on. Le tambour s'était mis à tourner à grande vitesse, la brassant, la battant, la ballottant, la roulant, la cognant sans relâche.
Silhouette, par Jean-Claude Mourlevat
Gallimard jeunesse, coll. Scripto, 2013
Humour, poésie et cirque ambulant !
Passage en format poche du roman de Jean-Claude Mourlevat, précédemment publié sous le titre : La prodigieuse aventure de Tillmann Ostergrimm.
Suite à une dispute avec son père, Tillmann Ostergrimm se rend sur la place du village où a lieu la traditionnelle fête du Carnaval. Et là, miracle, le garçon se soulève de terre, sans raison apparente, il peut voler ! Un dénicheur de talents croise son chemin et le pousse à accepter de le suivre : le Cirque de Globus n'attend plus que lui. C'est leur fortune assurée.
Face à ses protestations, Tillmann sera emmené de force. Un long périple l'attend, au cours duquel il fait la rencontre de Lucia, la plus petite femme au monde. Leur arrivée à Globus n'est pas sans heurt non plus, puisque le directeur est un type revêche et tyrannique. Le cirque, lui, ne ressemble à rien du tout. Plus malheureux que jamais, Tillmann comprend qu'il doit s'en échapper.
S'enchaîne alors une autre aventure complètement folle, où l'on appréciera la générosité de Tillmann. Avec ses compagnons d'infortune, il va fonder une troupe de théâtre ambulant et parcourir du pays. Il fera l'expérience de l'amitié, de l'amour, mais aussi de la trahison. Sa maison lui manque de plus en plus. Lui qui refusait d'être tonnelier de père en fils va pleurer de joie sur le chemin du retour, il était trop bête, il a cru que la belle vie était ailleurs.
Ce petit roman, signé J-C Mourlevat, se veut une lecture cocasse et émouvante sur la destinée d'un garçon qui possède soudainement le don de voler (on n'explique pas pourquoi, ni comment, ce n'est pas ce qui compte finalement !). C'est une lecture légère et rigolote, surtout destinée pour les plus jeunes, car ce texte n'a pas la force romanesque du Combat d'hiver ou du Chagrin du roi mort.
Le garçon qui volait, par Jean-Claude Mourlevat
Folio junior, éd. 2012 - couverture : Jean-François Martin
illustrations : Marcelino Truong
Contes d'hiver
petite piqûre de rappel,
On pénètre dans ce roman comme dans un conte, c'est l'histoire de deux frères élevés comme des jumeaux, l'un d'eux va être enlevé. Nous sommes à Petite Terre, une île où on y trouve que des livres et de la neige. Pas besoin de chercher sur une carte, ni de situer dans le temps, c'est une histoire qui pourrait se passer ici ou ailleurs, une histoire qui n'a pas d'âge. Elle te touche, là, maintenant, et c'est le principal.
Je conseille à tous ceux qui auront l'occasion de lire ce roman de ne pas aller à la pêche aux informations, de faire confiance à l'auteur exceptionnel qu'est Jean-Claude Mourlevat et d'ouvrir ce livre en acceptant de suivre le guide.
Les 200 premières pages se lisent d'une traite, elles vous transportent à Petite Terre où le roi vient de mourir. Suivra alors une folle chevauchée où il sera question de séparation, de fraternité, d'amitié et de conquête. Les personnages sont attachants et semblent tout droit sortis de royaumes imaginaires et enchanteurs (un nain maniaque qui part à l'aventure avec son violon à l'épaule, une vieille sorcière qui mange les têtes de rat ou une femme aux yeux de louve qui vit pour l'amour exclusif d'un homme).
Je pense d'ailleurs que toute la première partie est la plus belle, la plus envoûtante. La deuxième aussi est captivante, elle reprend les thèmes chers à l'auteur, que sont la guerre, la dramaturgie, l'absolutisme, le sacrifice, la rédemption. Forcément, à la fin, on ressent un petit pincement au coeur à l'idée de devoir quitter cette terre peuplée de personnalités inoubliables. Mais il nous reste le bonheur d'avoir lu et partagé un vrai, beau et grand roman. Comme seul JC Mourlevat a le mystère.
Le Chagrin du Roi Mort, par Jean Claude Mourlevat
Folio junior, coll. Pôle Fiction, 2011.
Dans un registre tout aussi fascinant, il faut jeter un oeil à l'édition La Reine des Neiges illustrée par Stéphane Blanquet.
Un petit côté sombre et effrayant pour un effet tout aussi envoûtant.
La Reine des Neiges, par H.C. Andersen - illustrations de Stéphane Blanquet.
Traduit du danois par P. G. La Chesnais. Gallimard jeunesse, coll. Giboulées, 2011.