Le Lutin du Cabinet noir, de Jean-François Chabas
Edgar et sa famille viennent d'emménager dans un nouvel appartement que la marchande des quatre-saisons qualifie de « hanté ». Et en effet, dans le cabinet noir, où le garçon est envoyé en punition, il fait l'étrange rencontre d'un lutin qui sent la violette. La pauvre créature a été enfermée par une vilaine sorcière et implore l'aide de l'enfant pour retrouver sa liberté.
Ni une ni deux, Edgar se sent investi d'une mission et déploie une multitude d'efforts et de bravoure pour apprendre par cœur la formule magique, puis pour réunir les éléments essentiels pour célébrer la Hounga. Vous n'y comprenez rien ? C'est normal ! Dans ce récit, tout est destiné à vous retourner la tête et la farcir d'idées folles mais géniales.
Jean-François Chabas s'est visiblement beaucoup amusé en rédigeant cette histoire et son plaisir est communicatif ! Qu'est-ce qu'on se marre à suivre ce bonhomme de neuf ans s'échiner à amadouer un lutin malin, avec un hamster russe et une boîte de Krisprolls... Cette lecture n'a pas fini de vous réserver son lot de surprises tout en points d'exclamation !
Aventure loufoque et éclatante d'imagination, avec des réparties au poil et des rebondissements à gogo... on en voit de toutes les couleurs ! Frissons et émotions garantis.
Neuf de l'École des Loisirs ♦ mars 2015 ♦ Illustration de couverture de Louis Thomas
Les filles de Cùchulainn, de Jean-François Chabas
L'île de Greene, pas très loin des côtes irlandaises, est un petit coin de paradis, où il fait bon vivre auprès de son amoureux, à ressasser au coin du feu des vieilles légendes, à bercer son enfant dans les bras, à trembler dès que le vent se met à souffler plus fort et à accepter son destin lorsque la mer vous prend votre pêcheur d'époux, comme c'est souvent le cas pour la plupart des femmes.
Mary est seule, elle a perdu Conrad mais attend un bébé de lui. Finalement, elle mettra au monde deux petites filles, des jumelles prénommées Esther et Rebecca, deux beautés qui font la fierté de leur maman. Et pourtant, en grandissant, les fillettes sont comme deux coquilles vides, qui communiquent entre elles dans un dialecte inconnu, elles sont coupées du monde extérieur. Seul Cùchulainn, un cheval de race d'une musculature impressionnante, né borgne, paraît comprendre les filles. Il les accepte sur son encolure, se promène avec elles et va même risquer sa peau pour les sauver.
Car le soir où une bande de malfaiteurs tente de s'introduire dans la maison de Mary et la menacer de mort, l'animal noir et puissant va entrer dans une fureur vengeresse et va tout massacrer sur son chemin ! C'est spectaculaire, vraiment poignant. Ce petit roman de JF Chabas se lit d'une traite, il est beau, tellement doux et merveilleux, l'histoire baignant dans un cadre enchanteur et magique. J'ai beaucoup aimé cette ambiance !
Médium de l'École des Loisirs, janvier 2013 - (très belle) photographie de couverture : Franck Juery
- Féroce ! Féroce ! Voici venir le féroce loup rouge !
Quand Fenris naquit, il n'était, comme tous les louveteaux, qu'une petite boule de poils gluante, que sa mère lécha afin de la nettoyer. Mais dès qu'il écarquilla les yeux et ouvrit la bouche pour bâiller, il eut l'air tout à fait sanguinaire, épouvantable et cruel. C'était certes une qualité indéniable pour un loup, mais point trop n'en faut : ses frères eux-mêmes furent effrayés.
Chaque fois que le petit Fenris approchait sa gueule pour téter, sa mère ne pouvait s'empêcher de frissonner. Elle en avait eu, des petits, mais celui-ci avait l'air si... féroce. Les frères et soeurs de Fenris avaient également peur de lui. Il ne faisait rien de spécialement affreux, il n'était pas plus méchant que les autres, mais rien qu'à le regarder, on se surprenait à claquer des dents.
Fenris grandit. Il devint un loup immense, et son allure avait de quoi épouvanter les plus téméraires. Son pelage était rougeâtre, son torse puissant pointait sous sa gueule encombrée d'énormes crocs. Sur son dos poussaient des sortes de soies rêches qui lui dessinaient une espèce de crinière. Mais ses yeux étaient bien le plus glaçant du tableau : il avait un regard effroyable, que personne ne pouvait soutenir. Une lueur écarlate habitait ses prunelles.
Les loups, comme chacun sait, vivent en meute. Mais la compagnie de Fenris mettait les nerfs de tous à rude épreuve. On se retournait, ayant entendu un bruit, et on poussait un glapissement d'horreur lorsqu'on se retrouvait face aux yeux luisants du grand loup rouge. Et il se produisit une chose commune, qui fut que Fenris, à force d'avoir malgré lui l'air méchant et de terroriser chacun par sa seule apparence, finit par devenir vraiment cruel.
Cet album doit son succès pour ses magnifiques illustrations et ses couleurs, mais aussi pour ses pages qui se plient et s'ouvrent sur un plus grand format pour apporter encore plus d'impact au pouvoir des mots. L'histoire raconte comment un loup d'apparence féroce est réellement devenu féroce pour satisfaire les préjugés, or ce loup - appelé Fenris - va croiser le chemin d'une petite fille qui n'aura pas peur de lui. Toutes ses certitudes vont s'écrouler, mais le loup a-t-il encore un soupçon de tendresse au fond de lui pour accorder autant d'importance à cet enfant ? Ce conte aux accents fantastiques donne des frissons et pourra impressionner les jeunes lecteurs. Toutefois, quelle fabuleuse rencontre ! quelle lecture admirable et enchanteresse !
Féroce, par Jean-François Chabas et David Sala (Casterman, 2012)
Pêle-mêle Clarabel #52
Le panier, par Jean Leroy - illustrations de Matthieu Maudet
C'est l'histoire d'une sorcière très attachante et faussement grincheuse qui découvre dans la forêt un panier avec un bébé. Celui-ci se met à hurler, ce qui incite la sorcière à fuir le plus loin possible car elle ne supporte pas les cris de l'enfant. Mais quelques instants plus tard, la pluie se met à tomber et la sorcière est prise de remords. Elle retourne dans la forêt et rentre chez elle avec le panier ET le bébé. Elle soupire, elle peste, elle râle, elle répète qu'elle ne supporte rien ni personne, mais c'est plus fort qu'elle. Le bébé ne cesse de pleurer et ses hurlements sont stridents, la patience de la sorcière a ses limites... et c'est alors que son voisin l'ogre se présente à sa porte, alléché par l'odeur et alerté par les braillements de l'enfant. Il se propose de la débarrasser de son fardeau, que croyez-vous que la sorcière va faire ?
L'intrigue est joliment subtile puisqu'elle joue avec les trouilles (du lecteur, et de la sorcière). C'est du plus bel effet, surtout à la fin. Ajoutez les illustrations de Matthieu Maudet, qui sont superbes, toutes en ombres chinoises. Vous obtenez une chouette petite lecture pour jouer avec la notion de peur et de suspense.
Le brigand à quatre mains, par Jean-François Chabas - illustrations de Cassandre Montoriol
Voilà un conte exotique, fort charmant et admirablement écrit par J-F Chabas, même si je trouve le vocabulaire un peu compliqué pour la tranche d'âge indiquée (collection Mouche), il n'en demeure pas moins poétique à l'oreille.
Des évènements troublants surviennent dans la forêt du Kuatcha, alors que les marchands sont dépouillés de leurs biens sans jamais apercevoir les coupables. Même le sultan est embêté et décide d'envoyer ses troupes pour faire cesser ce désordre commercial. La forêt serait-elle habitée par des esprits malins ? En effet, les soldats finissent par perdre un peu la tête et se résignent à rentrer bredouilles. Tandis qu'ils s'interrogent sur les mystérieux agissements qui semblent naître dans ces lieux ensorcelants, ils jurent de ne pas souffler mot ni d'avouer leur déconfiture. On découvre ainsi LE coupable - le brigand à quatre mains. Et pourquoi il agit aussi sournoisement, du moins... c'est avant de comprendre ses réelles motivations, car lui aussi en bave pour épater celle qui lui fait battre le coeur !
Le retournement de situation est très drôle, inattendu et attendrissant. Les illustrations de Cassandre Montoriol sont frappantes, très originales, elles se marient à merveille avec la luxuriance des détails et des descriptions du texte, c'est incontestablement une lecture enrichissante !
Ecole des Loisirs, coll. Mouche, 2012
Les Sorcières de Skelleftestad
Nils Swedenborg est un homme simple, heureux et un peu bête. Charpentier de la ville, il tombe sous le charme de la nouvelle venue, la mystérieuse Ingrid, très belle, très sûre d'elle. Ils se marient, font des bébés (trois filles) et vivent à l'écart du village. Un bonheur sans nuages. Néanmoins, Ingrid a un secret - c'est une sorcière. Pas du genre nez crochu, vilain chapeau et blouse noire sur le dos, se baladant sur son balai et concoctant des potions dans son chaudron. Certes, Ingrid affectionne la soupe aux yeux de brebis. Elle s'échappe aussi régulièrement pour courir les sabbats de la confrérie des sorcières. Elle est moqueuse, talentueuse, cachottière.
C'est sa fille aînée, Johanna, qui raconte cette histoire cocasse et doucement déjantée, croquant un portrait peu flatteur de sa maman sorcière, livrant au passage des secrets (comme le fait qu'une sorcière est ovipare) et brossant un portrait tendrement complaisant de son père, le benêt de service. Car, finalement, qu'est-ce qui a poussé Ingrid a épousé cet homme ? Quels sont ses plans en débarquant à Skelleftestad ?
Jean-François Chabas ne s'en cache pas : en écrivant cette petite saga sur les sorcières, il a essentiellement voulu s'amuser, proposer du léger à ses lecteurs, après des romans plus durs et particulièrement douloureux. L'humour y est donc sarcastique, le ton est joyeux même si le portrait d'Ingrid n'est pas tendre, la narratrice n'y va pas avec le dos de la cuillère, car il faut se méfier de sa mère, c'est une sorcière redoutable, adepte de magie noire, et qui va nous prouver par la suite que ses intentions ne sont pas toujours louables... Tome 2 : Les soeurs Swedenborg
Nous retrouvons Johanna et ses soeurs, Agnes et Greta, toutes trois filles de la sorcière Ingrid, qui ont donc hérité des mêmes pouvoirs de leur mère depuis qu'elles ont seize ans. Or, les demoiselles ne font pas la fierté de leur génitrice. L'une se gave de gâteaux, l'autre se perd dans les fanfreluches, tout ceci est niais et vain aux yeux d'Ingrid. Tous ses espoirs reposent donc sur son aînée, Johanna, qui se pose beaucoup de questions sur le bien et le mal, qui ne comprend pas sa mère, qui est très attachée à son père et ne supporte pas qu'on se moque de lui. Mais poussée par ses proches, elle craque et trouve son sort de magie noire, un sort tellement intelligent et retors qu'il attire l'attention de Monsieur (le diable) en personne ! La rouerie de ce dernier est particulièrement pernicieuse, puisqu'il offrira et reprendra ses faveurs avec une vicissitude propre à sa réputation.
Aucune surprise à attendre de ce deuxième volume. Si vous avez apprécié l'humour du premier, vous renouerez avec la tendre ironie de Johanna avec grand plaisir. Il n'est plus besoin de découvrir les petits secrets d'Ingrid, il est surtout question de gérer l'héritage bien lourd de cette sorcière de mère. Toutefois, celle-ci nous réserve encore quelques pépites sur son étonnante vie, ce qui agacera prodigieusement la narratrice. Et le lecteur aussi. Ce fut une lecture quelque peu piquante, où résonne au loin le rire sardonique de la sorcière, Hou, hi, hi ! Très sympa, donc.
Les Sorcières de Skelleftestad, tome 1 : L'étrange mariage de Nils Swedenborg & tome 2 : Les soeurs Swedenborg - Jean François Chabas (Ecole des Loisirs, coll. Medium, 2010 & 2011)
photographie de couverture : Franck Juery
Teaser Tuesday #12
Notre père, Nils Swedenborg, est si gentil. Toujours prêt à rendre service, attentionné presque à l'excès, d'une inébranlable tendresse. Il est aussi travailleur, et fort doué de ses mains. On ne connaît pas de meilleur charpentier. Non seulement il est habile et minutieux, mais malgré ses cinquante-deux ans il a conservé une belle énergie et soulève une poutre de frêne comme si elle était faite de carton.
Ce n'est pas non plus un mauvais cuisinier ; il lui arrive souvent de réussir d'excellents ragoûts, et de merveilleux gâteaux.
Sa fidélité est celle d'un chien de berger. Il n'a qu'une parole. Je ne l'ai jamais entendu mentir.
Il est bel homme, autant qu'une fille puisse juger l'apparence de son père.
Quel que soit le temps, quoi qu'il arrive, il est gai. Un vrai pinson, toujours à siffler ou à chanter.
Oui, vraiment, que de qualités.
Si seulement il n'était pas aussi bête.
Cela lui aurait évité d'épouser une sorcière.
Les sorcières de Skelleftestad - Jean François Chabas
C'était un mercredi. Le jour de la semaine où on a l'impression que vendredi ne viendra jamais. Et il faisait froid. Pas assez pour qu'il neige, mais un froid d'automne, lumineux et mordant, avec un vent glacé qui annonçait l'hiver. Bref, un jour à ne pas mettre le nez dehors. Un jour à rester bien au chaud, roulée en boule sur le canapé avec une tasse de chocolat fumant.
Belladonna Johnson parle avec les morts - Helen Stringer
Il paraît qu'au début, juste après le Retour, le parc d'attractions est quand même resté ouvert. Ils disaient que ça leur rappelait le temps d'avant. Le temps où ils n'étaient pas obligés d'ériger des clôtures, des murs et des barrières pour se protéger contre les masses de Mudos qui sont dans une quête perpétuelle de chair humaine. Le temps où les vivants n'étaient pas traqués à chaque instant.
Ils disaient que ça leur donnait l'impression que tout était normal.
Rivage Mortel - Carrie Ryan
Now that I've found the way to fly, which direction should I go into the night ? My wings aren't white or feathered ; they're green, made of green silk, which shudders in the wind and bends when I move - first in a circle, then in a line, finally in a shape of my own invention. The black behind me doesn't worry me ; neither do the stars ahead.
I smile at myself, at the foolishness of my imagination. People cannot fly, though before the Society, there were myths about those who could. I saw a painting of them once. White wings, blue sky, gold circles above their heads, eyes turned up in surprise as though they couldn't believe what the artist had painted them doing, couldn't believe that their feet didn't touch the ground.
Those stories weren't true. I know that. But tonight, it's easy to forget.
Matched - Ally Condie
Pêle-Mêle Clarabel #3
Coup de coeur ! Ce petit roman réussit à combiner le charme, l'humour, le burlesque et le talent ; c'est l'histoire des trois Gazzi qui veulent voler la boulangère avant de kidnapper la couturière pour confectionner des déguisements, et qui tombent nez à nez avec une demoiselle intelligente et futée. La rencontre est drôle, facétieuse, les illustrations de l'auteur s'en donnent à coeur joie et ne sont pas sans éveiller une petite pointe de nostalgie, avec son petit côté rétro et décalé. C'est un régal ! Ce n'est pas vraiment un roman, pas non plus une bande dessinée, c'est un mélange des genres et ça cartonne ! Ce fut une formidable découverte, nous avons beaucoup aimé. Et puis les idées de déguisements valent le coup d'oeil...
* Zélie et les Gazzi, par Adrien Albert
Mouche de l'école des loisirs (2010) - 7,00€
en librairie le 26 août
Encore un petit bijou, signé Emile Jadoul. SUR MA TÊTE suit l'étonnante aventure de Gaston, un petit garçon, qui s'est découvert un jour un moineau sur la tête. Et le volatile s'est installé ! Les jours ont passé, il est toujours là, même pour dormir, manger, se laver ou aller à l'école. Le plus incroyable, c'est que personne ne semble s'en rendre compte. Comment l'expliquez-vous ?
En fait, cet album intelligent s'emploie à expliquer une expression courante et qui concerne souvent les enfants, lorsqu'un adulte leur serine, "mais tu as une cervelle de moineau"... La tournure est habile et se révèle particulièrement cocasse dans les dernières pages, avec un certain parallèle qui prête à sourire.
Nous sommes tombés sous le charme de cet album mignon et craquant, pour la bouille de Gaston et pour son moineau sur la tête.
* Sur ma tête, Emile Jadoul
Pastel de l'Ecole des Loisirs (2010) - 9,00€
en librairie le 23 septembre
du même auteur : (Gros pipi)
C'est l'histoire d'un petit pingouin qui réveille toutes les nuits ses parents, parce qu'il a envie de faire pipi. Les grands en ont assez et lui font comprendre qu'il doit se débrouiller tout seul, que ça aide à grandir, etc. Pas de problème, se dit le pingouin, et la nuit arrive. Avec son alerte pipi, bien entendu. Mais il va gérer la crise sans ses parents, quelle fierté ! Aussi, ne s'en va-t-il pas comme un bolide avertir ses parents, héhéhé ! Vraiment cette fin, elle est tordante ! Et ça sent le vécu...
Un autre coup de coeur : Colas Gutman est un auteur qu'il faut absolument découvrir, ses livres sont drôles et fantaisistes, ils racontent des histoires sincères et qui tiennent la route, les lecteurs s'y sentent à l'aise car ils s'y retrouvent facilement, et puis c'est exprimé de façon simple et délirante, je pense qu'il n'y pas d'âge pour savourer ce type de lecture !
La Vie avant moi veut décomplexer la question cruciale : dis papa, dis maman, comment on fait les bébés ? ! Léonard a sept ans, c'est son anniversaire et ses parents ont choisi de lui expliquer les choses de la vie. Et ça part dans tous les sens, d'une potion Brigitte, des femmes à barbe, des borgnes, des bébés envoyés comme des colis et reçus par la poste, de la soupe de potiron aussi et des voyages à dos de mammouth. C'est du grand n'importe quoi, mais l'imagination du petit bonhomme est un vrai régal à suivre !
Delphine Perret s'est également beaucoup amusée à illustrer cette histoire ! Nous conseillons ce livre fortement !
* La vie avant moi - Colas Gutman
Mouche de l'école des loisirs (2010) - 38 pages - 7,00€
illustrations de Delphine Perret
en librairie le 9 septembre
J'ai bien aimé Docteur Fred et Coco Dubuffet de Catharina Valckx, mais en fait je m'attendais à une histoire plus rigolote. Elle se destine à merveille aux plus jeunes lecteurs, qui vont apprécier la rencontre de Fred, un éléphant très mince, qui s'ennuie chez lui et qui va proposer à une petite fourmi rouge de partager son toit, mais en rentrant de l'école Coco Dubuffet fait une mauvaise rencontre, et surtout une mauvaise chute, et ça a bien failli virer à la catastrophe. La journée passe et Docteur Fred n'a plus de nouvelles de Coco, il commence à s'inquiéter. Heureusement, tout est affaire de rencontres, surtout dans cette histoire, car le docteur Fred va croiser Ouzi l'araignée, Olga la cane et Yoyo l'escargot avant de savoir où est passée Coco, et ainsi tout va rentrer dans l'ordre.
Les illustrations sont jolies, l'esprit est bon enfant, la lecture est sympathique, mais surtout destinée aux enfants (car personnellement je n'ai pas été touchée). ^.^
Encore un coup de coeur pour ce Merveilleux petit champignon atomique de Sabrina Mullor, illustré par Catharina Valckx ! C'est une histoire incroyable qui débute sur une montagne alors que le champignon n'était qu'un spore. Il a grossi et est devenu un beau champignon, sauf qu'il était bourré de plutonium et qu'il se sentait prêt à exploser. Il s'est lié d'amitié avec la montagne, laquelle est boudeuse et grincheuse, elle en a assez qu'on lui marche dessus et voudrait qu'on en finisse grâce à un feu d'artifices. Mourir, pour elle, ça veut dire : confondre l'Amérique avec une chasse d'eau ! Hihihi.
Notre champignon est donc prêt à fissionner lorsqu'une demoiselle se pointe sur la montagne, ce n'est pas une inconnue, il s'agit de la petite Affabulatrice, et la montagne, cette cachotière, n'ignore pas qui elle est. Selon elle, c'est une raconteuse d'histoires. Car elle parle d'amour, donne des bisous et invente aussi des noms d'amour. La montagne et le champignon trouvent qu'elle est dingue, mais dans le fond, ils se sont attachés à l'Affabulatrice et attendent sa venue, chaque jour, avec impatience.
Ont-ils toujours envie de confondre l'Amérique avec une chasse d'eau ? Non, plus vraiment.
J'ai trouvé que derrière la tendresse et l'humour de ce texte se trouvaient aussi des messages sur le monde qui nous entourait : la terre, le soleil, la montagne, etc, des extraits de monde qu'on n'imagine pas, ou auxquels on ne prête plus attention, plus autant qu'on ne le devrait. Et même la fin de l'histoire m'est apparue philosophique, et d'une grande sagesse !
* Le merveilleux petit champignon atomique - Sabrina Mullor
illustrations de Catharina Valckx
Mouche de l'école des loisirs (2010) - 75 pages - 8,50€
en librairie le 14 octobre (un peu de patience, je sais)
J'ai lu aussi l'un des derniers écrits de Jean-François Chabas, un auteur que j'admire beaucoup. Ce sont des Contes de très grandes plaines, qui s'adressent aussi bien aux enfants et à ceux qui ont été bercés par La dernière séance d'Eddy Mitchell et qui raffolent des ambiances de westerns, avec les indiens. Dans ce livre, deux histoires nous plongent dans des ambiances proches de la nature, des légendes sur le roitelet ou sur un indien qui ne voulait pas tuer. C'est propre, classieux, intelligent. Du bon Chabas !
* Contes de très grandes plaines ~ Jean-François Chabas
illustrations de Philippe Dumas
Mouche de l'école des loisirs (2010) - 52 pages - 8,00€
en librairie le 9 septembre
D'autres auteurs réputés et qui font les beaux jours de l'Ecole des Loisirs :
La rédaction de Soleman d'Audren : un petit texte agréable où les élèves doivent raconter leur meilleur souvenir. Soleman, le petit nouveau, est bien en peine, car il prétend qu'il n'en a aucun et se met à pleurer silencieusement dans son coin. Toute la classe va donc s'employer à lui en créer un, et c'est réussi. Audren est un auteur que j'apprécie beaucoup, mais ce titre ne m'a pas fait tomber à la renverse. Les illustrations non plus ne m'ont pas séduite.
illustrations de Gabriel Gay - en librairie le 26 août
La bande à Tristan de Marie-Aude Murail : dans l'école de Tristan, il y a des bandes qui font la loi dans la cour de récréation et cela mine un peu tout le monde. Tristan n'appartient à aucun clan, il aime plutôt passer du temps avec sa petite soeur, un copain du CP et d'autres petits de la maternelle. Mais le jour où il découvre qu'il figure sur la liste de guerre, il doit trouver une solution. Créer sa propre bande ?
Cependant, Tristan veut à tout prix se distinguer et déclare sa bande ouverte à tous. Il n'y a pas de test à passer, juste un mot de passe à recevoir et un secret à garder jalousement. Le problème, c'est que Tristan n'a pas encore de secret. Et puis, un drame a marqué sa petite vie : son timbre préféré, celui qui vient de Chine, a été chapardé par le plus grand de l'école. Plus fort, d'accord, mais Olivier n'est pas un bon élève et le maître ne cesse de le répéter, tandis que Tristan brille par ses résultats, et grâce à sa très belle poésie qui a récolté l'admiration de tous.
Et ça continue, l'histoire n'en finit pas. Ce roman, qui compte 100 pages et figure dans la collection Mouche, pourrait rebuter les enfants qui aiment déjà lire tout seuls et n'osent pas s'aventurer dans des livres plus épais, mais ce serait dommage, pour eux, de passer à côté. Le livre raconte avec beaucoup de délicatesse les histoires qui se passent durant la récréation. En grandissant, on comprend qu'il s'agit de l'école de la vie mais on se rappelle aussi que ce n'est pas toujours tout rose. Aussi, Marie-Aude Murail nous propose sa version où le monde n'est ni tout beau ni tout bon mais où tout se finit bien, avec quelques larmes et beaucoup de rire aussi.
A conseiller aux enfants !
* La bande à Tristan ~ Marie-Aude Murail
Mouche de l'école des loisirs (2010) - 100 pages - 9,50€
illustrations de Gabriel Gay
J'irai au Pays des licornes ~ Jean-François Chabas
Médium de l'Ecole des Loisirs, 2009 - 180 pages - 9,00€
illustration de couverture : Franck Juery
Malédiction ! Il fallait que ça m'arrive, j'étais trop étourdie de bonheur et d'amour, cela devait cesser. Jean-François Chabas est pour moi MA fantastique révélation littéraire de cette année, et je lis chacun de ses livres avec la garantie d'être émue et bouleversée par son contenu.
Oui, jusque là tout était émerveillement et petit lait à boire... sauf que je suis tombée des nues avec ce titre, J"irai au Pays des licornes. Pourtant, tout était réuni pour me plaire. Hélas, la magie n'a pas eu lieu.
L'histoire se passe en Ukraine. Pavlo n'a pas douze ans, il est orphelin et a été recueilli dans un établissement mauvais, sale et dégoûtant, où les pires sévices se jouent en toute impunité, le directeur ferme les yeux, qui ne dit mot consent ? Un soir, Pavlo manque d'être violé par un plus grand et il se rebiffe. Un oeil crevé pour son adversaire, la mise en quarantaine dans une cellule fermée pendant deux ou trois semaines pour lui. La punition lui semble sévère et injuste, cela va forger son caractère. Pavlo devient un gamin dur, qui n'accepte plus de courber l'échine, il se découvre aussi une faculté au combat qui l'étonne lui-même.
Bref, le garçon va se sauver de l'orphelinat et se retrouver dans la rue. Une autre galère commence, il a faim, il a froid et il est seul au monde. Chaque minute, il doit sauver sa peau, surtout qu'un type costaud et idiot l'a choisi comme bouc émissaire et lui mène la vie dure. Jusqu'au jour où il est ^kidnappé^ par deux individus dans leur camionnette vers une autre étape de son existence vraiment pas rose du tout...
De mal en pis, l'histoire ne cesse d'aller. J'ai eu un mal fou à m'y accrocher, à me sentir à l'aise dans mes baskets, d'ailleurs j'ai fini par passer plusieurs pages, je n'en pouvais plus de lire autant de noirceur, d'amertume, de rudesse et de coup dur. C'est un roman pas facile, pas gai non plus et vraiment pas optimiste. Il fiche le moral à zéro, en dépit de l'écriture toujours impeccable de Chabas.
Je n'ai pas trouvé que ce roman pouvait me mener quelque part, ou disons que je n'ai pas accepté de suivre cette voie. J'ai bifurqué, j'ai moi aussi voulu trouver mon Pays des licornes, cette histoire était en fait un conte raconté par la maman de Pavlo et le garçon aime y repenser, comme s'il s'accrochait à une chimère, pour se consoler, s'évader de son univers âpre et douloureux.
Pfiou, ça fait du bien d'en sortir... tant ça fait mal et ça pèse lourd dans le ventre, et aussi dans le coeur.
ce qu'en dit l'éditeur : La rue, ses menaces et ses combats, Jean-François Chabas connaît bien. Mais c’est la situation de la Thaïlande contemporaine qui a été le déclic de ce roman. Là-bas, les combats d’enfants sont légaux et les fortunes gagnées grâce aux paris, colossales. Avec amertume, poésie, réalisme et pudeur, c’est la face sombre de sa Boxe du Grand Accomplissement que l’auteur nous livre ici, ainsi que sa façon, subtile, originale, de parler de l’antisémitisme.
Madeline de la Libraire L'Eau Vive explique pourquoi la fin du roman la dérange...
Les lionnes ~ Jean-François Chabas
Neuf de l'Ecole des Loisirs, 2009 - 55 pages - 7,50€
illustration de couverture : Philippe Dumas
Jean-François Chabas est un auteur que j'adore !!!
Il est très productif, pour mon plus grand plaisir, et a le talent de ne jamais se répéter. J'en tiens pour preuve ce petit roman qui est totalement, mais alors totalement, unique et exceptionnel.
A priori, le sujet n'est pas le plus palpitant. Ce sont deux lionnes, l'une est la mère, l'autre la fille. Elles choisissent de se séparer de la harde et partent près d'un campement d'hommes. L'occasion pour la mère de régler un compte personnel, qui date un peu, puisqu'elle n'a jamais oublié la mort de sa soeur par des humains qui se sont aidés de coups de tonnerre. Les deux lionnes se préparent donc à attaquer. Une grande première pour la fille, qui a un gabarit impressionnant, elle est grande, très forte, impose le respect autour d'elle. Ce face-à-face avec les hommes doit pourtant s'organiser, la tactique synchronisée, les sens en alerte, la soif du sang, l'instinct animalier, n'est pas lionne qui veut !
Je n'ai pas quitté ce livre avant la fin, pas perdu une miette et j'ai retenu mon souffle jusqu'au bout. J'étais ébahie, le coeur pris en étau, palpitant à fond les ballons. J'ignorais qu'on pouvait se glisser dans la peau de lionnes et de ressentir leurs émotions, de vivre leur vie à ce point.
Si ce n'est pas du talent, mais qu'est-ce que c'est !?!
J'adore, oui, tout simplement.
C'est la grande amour, le plus grand des sentiments
...
Journal de Mac Lir ~ Jean-François Chabas
Médium de l'Ecole des Loisirs, 2008 - 110 pages - 8,50€
Ce petit roman nous offre encore une histoire profonde et touchante, où l'on découvre une autre notion d'amour et de dévouement à petite échelle, d'une hauteur de onze ans. Liam O'Donnell est le Fils d'Océan, Mac Lir en gaélique. Il est seul avec son père, perdu dans le désert australien, au bord de l'océan (justement) d'où il guette les va-et-vient d'un requin et d'une tortue.
Son journal s'ouvre sur le jour de son anniversaire, personne n'a pensé à lui, il se sent désespéré et délaissé, son père ne fait que dormir, pleurer, gémir et refuse de s'alimenter. Quel drame a frappé ses deux êtres, qui vivent coupés du reste du monde ? Où sont la mère et la petite soeur, qui reviennent souvent sous la plume du jeune narrateur ?
Toute l'émotion du roman est tendue jusqu'à la dernière page, lorsque la vérité éclate, lorsque le narrateur n'en peut plus de survivre, lorsque ce petit garçon est fatigué et choisit de lancer un défi au hasard. Ce courage, ou cette folie, va débloquer toute l'intrigue, et bien d'autres choses encore. C'est une délivrance inespérée, mais fort attendue. Car avant cela la lecture avait atteint un degré d'intensité particulièrement crispant, à suivre le train-train de Mac Lir, son chagrin, sa tentative de raconter comment son père et lui ont atterri dans cette misère, son sentiment aussi de devoir aider son père qui plonge et sombre vers le bas, bref l'histoire se veut tendre et mélancolique, mystérieuse et poignante.
Il faut accepter d'être emporté par le rythme, celui des vagues, de la douleur et de la tragédie pour enfin saisir la petite lueur d'espoir et de rédemption. Parce que, même si ce court roman est empreint de spleen, il ne s'avoue jamais déprimant. Il commet, bien au contraire, l'impudence de vous attendrir.
110 pages belles, très belles. Tout pour plaire.
-> avait également été lu par Gaelle