Jack et la grande aventure du Cochon de Noël, de J.K. Rowling
J'ai découvert le dernier roman de J.K. Rowling en format audio - un pur bonheur. Cela s'écoute comme un feuilleton : il y a plusieurs intervenants, une vraie mise en scène, des bruitages qui accentuent l'illusion d'être au cœur de l'histoire. Franchement, c'est génial.
Mais n'hésitez pas à découvrir le format papier (Gallimard jeunesse), car les illustrations de Jim Field sont remarquables. Elles sont un prolongement à l'histoire. Elles donnent vie aux personnages. Sont un complément à l'aventure. Les décors sont magiques. L'ambiance, fascinante. Les deux supports sont incroyables. J'ai adoré !
L'histoire, qui s'adresse plutôt aux jeunes enfants, propose une part de rêve et d'imagination foisonnante. Cela raconte comment un petit garçon va s'enfuir de sa maison pour retrouver son doudou. Cela se déroule durant la nuit de Noël, alors que tous les miracles sont permis. Et en avant pour un voyage au pays des Choses perdues. Que de rencontres et de péripéties... J'aurais d'ailleurs volontiers poussé my Little J. de quatre ans à savourer ce récit s'il n'y avait pas quelques débats métaphysiques en cours de route. Trop jeune pour comprendre le sens du pouvoir, de l'ambition, des principes, de l'espérance et tant d'autres. Mais je reconnais la volonté de J.K. Rowling de tacler en douce notre monde déglingué. You rule, girl !
Je quitte cette lecture en étant sous le charme. Quel joli conte, vraiment. L'histoire est certes plus enfantine mais elle invite à décrocher de l'ordinaire. Elle rappelle combien la famille, l'amitié et l'amour peuvent sauver le monde (eh ouais). Cela m'a énormément touchée. Le dévouement de Cochon de Noël est exceptionnel. Et l'attachement de Jack, grandiose. Sinon Toy Story, ça vous parle ? Foncez. L'aventure de Jack et ses amis y fait songer.
©2021 J.K. Rowling. Traduit par Jean-François Ménard pour les éditions Gallimard (P)2021 J.K. Rowling
- Lu par : Lola Naymark, Charlotte Hennequin, Alexis Tomassian, Pierre-Henri Prunel, Ariane Brousse, Audrey Sourdive, Benoît Allemane, Camille Donda, Chantal Baroin, Colette Marie, Erwan Zamor, Frédéric Souterelle, Jade Phan Gia, Pierre Rochefort, Victorien Robert
- Durée : 6 h env.
- C'est une exclusivité Audible Studios et c'est déjà disponible sur le site.
- Casting : Lu par Lola Naymark
Charlotte Hennequin dans le rôle de Jack
Alexis Tomassian dans le rôle du cochon de Noël
Pierre-Henri Prunel dans le rôle de Lo Cochon
Chantal Baroin dans le rôle de Boussole
Colette Marie dans le rôle de la Grand-mère
Ariane Brousse dans le rôle d’Ambition
Julien Bocher dans le rôle de Pouvoir
Mélanie Belamy dans le rôle de l’Espérance
Audrey Sourdive dans le rôle de la maman
Zoé Bettan dans le rôle de Poésie
Benoît Allemane dans le rôle de Santa
Jade Phan Gia dans le rôle du Lunchbox
Camille Donda dans le rôle de Holly
Marine Royer dans le rôle de la petite fille
Mathurin Voltz dans le rôle de Beauté
Erwan Zamor dans le rôle du Sheriff Specs
Frédéric Souterelle dans le rôle de The Loser
Pierre Rochefort dans le rôle du Lapin Bleu
Victorien Robert dans le rôle du Maire
⭐⭐⭐⭐⭐
Harry Potter et l'Ordre du Phénix, de J.K. Rowling & Lu par Dominique Collignon-Maurin
Ce pavé représentant pas loin de 1000 pages, on double aussi notre temps d'écoute, soit près de 31 heures, pour plonger dans un cinquième tome long, lent et volubile. Mais on le supporte sans peine car l'univers est si captivant !
Suite à l'issue tragique du Tournoi des Trois Sorciers, Harry Potter clame haut et fort le retour de Voldemort. Or, le ministère refuse de l'entendre et cherche à le bâillonner en salissant sa réputation dans la presse ou en le menaçant de l'exclure de Poudlard. Dumbledore, le directeur, se montre étrangement distant, ses amis Ron et Hermione n'ont donné aucune nouvelle durant les vacances, et des Détraqueurs sont apparus à Little Whinging pour attaquer Harry et son cousin Dudley. C'est bien tardivement que le garçon découvre l'existence d'une garde rapprochée, autrement dit l'Ordre du Phénix, auquel appartient son propre parrain. Cette résistance de l'ombre est néanmoins encore impuissante et s'épuise à se battre contre les ignorants, tandis que l'ennemi prépare son offensive sans perdre de temps.
La rentrée s'annonce douloureuse et frustrante pour Harry, qui explore en même temps les joies de l'adolescence. Ô misère. Ils sont jeunes, fougueux et impatients, et aussi bêtes, jaloux et morveux. L'année promet son lot de singeries, comprenant les premiers émois amoureux, les rapprochements timides, les marmonnements inaudibles et les bisbilles futiles... Car Harry Potter est un héros en colère et ce n'est pas l'arrivée de Dolores Ombrage, chargée par le ministère de fourrer son nez dans les affaires de Poudlard, qui viendra calmer le feu qui brûle dans ses entrailles ! Oh non. Cette femme est stupide, mais redoutable. Et son acharnement, féroce. Ainsi s'écoule la vie de nos apprentis sorciers, entre les cours, les potions, les examens de fin d'année, le Quidditch, les hiboux, les elfes de maison, les feux de cheminée, les rendez-vous à Pré-au-Lard... et l'Armée de Dumbledore - Harry et ses amis ont outrepassé l'interdiction suprême et mis au point une ruse infaillible pour s'entraîner à lutter contre les forces du mal sous le nez de la Grande Inquisitrice ! Woow.
C'est long, c'est vrai, mais on ne peut qu'admirer la profusion de détails pour élaborer cet univers magique. Il y a sûrement trop d'éléments secondaires, comme les turpitudes des personnages, et d'autres qui apportent un éclairage inestimable, dont l'hôpital de Ste Mangouste et le drame des Londubat, l'occlumancie et les souvenirs de Rogue. La trame principale apparaît bien mince, concernant la lutte du bien contre le mal, et ne se déploie que dans les derniers chapitres. Comme souvent, le dénouement est tourbillonnant, intense et déchirant. Tout se bouscule et se précipite en quelques chapitres, hormis la discussion finale entre Dumbledore et Harry qui vaut son pesant d'or.
Côté technique, Dominique Collignon-Maurin a repris le flambeau après la disparition de Bernard Giraudeau et a reproduit exactement la même interprétation, pleine de verve et d'intensité. J'ai juste trouvé que, parfois, il surjouait avec les voix de Dolores Ombrage ou de Hermione en particulier, ce qui rend la lecture un peu lourde et agaçante. Sinon, dans l'ensemble, j'ai été transportée par le faste de cette histoire ambitieuse et palpitante. Je suis même ravie de retrouver la série en format audio, après avoir craint pour son suivi, et j'attends les deux prochains épisodes avec joie ! Que le comédien adopte mesure et modération dans son ton et sa lecture, et ce sera parfait. ☺
Cover Illustrations by Olly Moss © Copyright Pottermore Limited 2015
Harry Potter et la Coupe de Feu, de J. K. Rowling & Lu par Bernard Giraudeau
Ce quatrième tome est, d'après l'auteur, le pivot de la série. “Celui où la mort apparaît.” Et effectivement sa lecture nous réserve son lot d'émotions fortes. Les rires font place aux larmes, la tendresse s'incline pour la colère. On en voit de toutes les couleurs et on vit des sensations bigarrées qui nous paraissent si réelles que le retour à la réalité est très troublant. La magie de Poudlard est en place, direction la voie 9¾ pour embarquer à bord de nouvelles aventures !
Celles-ci rivalisent toutes de fascination, de danger, de mystère et d'humour : la Coupe du Monde de Quidditch, le Tournoi des Trois Sorciers, Viktor Krum, Fleur Delacour, Cedric Diggory, le bal de Noël, la Société d'Aide à la Libération des Elfes, les friandises et les farces des frères Weasley... Harry, Ron et Hermione vont également partager une quatrième année d'études de la sorcellerie en faisant l'apprentissage de l'adolescence. Eh oui. Les enfants grandissent, leurs hormones se réveillent, les garçons et les filles se chamaillent pour des broutilles sans comprendre qu'au fond il est question de jalousie et de premier amour. Cette parenthèse enfantine permet d'adoucir les événements solennels qui s'installent - la compétition féroce du Tournoi, les intrigues à décoder et les pièges à relever au cours d'épreuves exceptionnelles. L'imaginaire enfin s'enflamme et nous transporte dans ce monde magique élaboré avec minutie. Pour la première fois, le film de Mike Newell ne suffit pas à reproduire toute la richesse de l'œuvre, ce n'est guère étonnant au vu des 700 pages du livre, d'où les coupures et les rafistolages pour aller droit au but. Seulement toutes ces petites digressions constituent à leur manière des indices supplémentaires qui rendent les personnages et leurs parcours encore plus bouleversants. La lecture est donc non négligeable puisqu'elle est complémentaire au film. On y ressent, le cœur battant, toute la tension dramatique de l'intrigue, les joies et les pertes, les duperies et les fourberies, les révélations et les actes manqués. On peste contre cette maudite Rita Skeeter qui se répand dans la presse à scandale pour ridiculiser Harry, Hagrid ou même Dumbledore. Mais on sourit aussi, lorsque Ron et Harry se désespèrent de trouver une partenaire pour aller au bal de l'école. Ce quatrième tome est décidément un caméléon - féerique, envoûtant, cocasse et déchirant. Quelle belle aventure !
C'est également la dernière participation de Bernard Giraudeau dans le registre de Harry Potter. Décédé en 2010, l'acteur a été remplacé par Dominique Collignon-Maurin mais il aura fallu attendre presque dix ans pour relancer la production audio de la série. Damned.
Traduit par Jean-François Ménard pour Gallimard Jeunesse - Collection: Écoutez lire
Texte intégral lu par Bernard Giraudeau pour une durée d'écoute d'environ 16 heures
Octobre 2016 pour la présente édition
Cover Illustrations by Olly Moss © Copyright Pottermore Limited 2015
Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban, de J. K. Rowling & Lu par Bernard Giraudeau
Harry Potter a hâte de retourner à Poudlard pour sa troisième année. Seulement, il règne à l'école de magie un climat étrange depuis l'annonce de l'évasion de Sirius Black. Ce dangereux criminel s'est échappé d'Azkaban et est suspecté d'avoir trahi les Potter en les condamnant à une mort certaine. Il n'y a aucun doute possible qu'il cherche désormais à terminer sa mission en éliminant Harry ! Le garçon prend de plus en plus conscience de son héritage familial et du gouffre béant laissé par la disparition de ses parents. Malgré tout, ses meilleurs amis, Ron et Hermione, comblent sa solitude et n'hésitent pas à courir tous les risques pour le protéger. C'est donc sous bonne garde que l'apprenti sorcier fait sa troisième rentrée. Au programme : les cours de divination de l'exubérante Mrs Trelawney, le dressage des hippogriffes façon Hagrid ou les leçons de défense contre les Détraqueurs par leur nouveau professeur, Remus Lupin. Sans oublier la compétition de Quidditch et les commentaires de match qui valent le détour !
C'est incontestablement une lecture drôle, palpitante et poignante. Ce troisième tome de la série marque le début d'un nouveau tournant et annonce des émotions encore plus fortes et incompressibles. Des révélations voient le jour et l'ombre de Voldemort se fait menaçante. Au cœur de l'action, Harry et ses amis évoluent comme des adolescents brouillons, patauds et néanmoins fougueux. Ils commettent des erreurs, ont des jugements à l'emporte-pièce, se laissent déborder par leurs pulsions. Bref, ils se comportent comme des adolescents de leur âge alors qu'ils sont confrontés à des événements d'une ampleur qui les dépasse. Pour l'heure, l'Histoire est en cours. Des détails fâcheux passent entre les mailles du filet, trop tard pour les gommer - après tout, l'impact romanesque n'aurait plus le même sens sans eux ! En attendant, rangeons nos frustrations dans notre poche et poursuivons la Magie...
Format audio : Avec talent et humour, Bernard Giraudeau prête à chaque personnage une voix propre. Seules les interprétations de Malfoy ou de Hagrid me laissent perplexe... Sans quoi, l'acteur réserve un magnifique jeu de trublion au reste de l'histoire et nous sert une lecture enlevée, vivante et chaleureuse qui fait bougrement plaisir à écouter !
Octobre 2016. La saga de J.K. Rowling s'offre de nouvelles couvertures, en grand format, signées Olly Moss.
Cover Illustrations by Olly Moss © Copyright Pottermore Limited 2015
Ces sept nouvelles couvertures dissimulent un élément secret pour un voyage magique vers la huitième histoire de Harry Potter.
Big Nate, star de la BD, de Lincoln Peirce
Rendez-vous incontournable pour les amateurs de lectures rigolotes avec leur héros star de la BD - qui n'est pas sans rappeler un certain Dégonflé !
Big Nate adore dessiner et passe son temps à gribouiller en classe, au grand mécontentement de ses profs. Aussi, le garçon est fou de joie d'apprendre la création d'un club de dessinateurs de BD dans son école. Seulement voilà, son conseiller lui impose de recruter des filles pour le club. À sa connaissance, seule Dee-Dee serait la candidate idéale. Mais la réputation de cette fille n'est plus à faire : elle est excessive et épuisante pour son entourage. Une tragédienne en constante représentation. Hmm... Mais imaginez Big Nate et Dee-Dee se rendre ensemble au bal du collège, avec un pagne hawaïen pour lui et une choucroute de fruits sur la tête pour elle (à voir absolument, c'est hilarant !).
Ce soir-là, d'ailleurs, le collège est évacué dans l'urgence suite à un souci technique. Les voilà tous obligés de se rendre au collège voisin, réputé pour écraser la concurrence. Pff, Nate est désespéré en découvrant le niveau de leur club de dessinateurs de BD, ses espoirs s'effrondrent, il peut faire une croix sur le concours d'écriture qu'il rêvait de remporter. Ajoutez que, dans son malheur, le garçon s'est fracturé le poignet droit et porte un plâtre, avec interdiction de dessiner pendant un mois. C'est définitivement la louze.
Cet épisode est clairement l'un des meilleurs de la série, en vous réservant une lecture drôlissime, avec des dessins qui font mouche, des répliques tordantes, des expressions amusantes, des situations rocambolesques, et tout, et tout. Sûr qu'on ne s'ennuie pas un seul instant avec Nate et ses potes ! C'est toujours aussi délicieusement cocasse, sans prise de tête. Du divertissement bénéfique pour des lecteurs qui réclament des histoires simples mais efficaces. ☺
Traduit par Jean-François Ménard pour Gallimard Jeunesse
Repris en Collection Folio Junior - N°1770 / Septembre 2016
Le Cirque des voleurs: Le Clou du spectacle, de William Sutcliffe & David Tazzyman
Les illustrations criardes de David Tazzyman donnent le ton : cette série écrite par William Sutcliffe fait preuve de hardiesse et de burlesque. On y découvre la vie d'un cirque pas comme les autres, autrement dit le cirque de l'impossible, clame son chef d'orchestre, le redoutable Shank Armitage, mais sous couvert de numéros spectaculaires, la troupe également trompe son monde en devenant le cirque des voleurs ! Avec souplesse, sans jamais oublier de sourire, nos artistes dépouillent la foule empressée, tellement subjuguée par tant de voltige qu'elle ne prête pas attention aux mains baladeuses, qui détroussent les poches, les sacs, les maisons. C'est sans oublier la jeune Hannah, qui habite en ville et qui s'ennuie. Excitée par l'arrivée d'un peu d'animation, la fillette tombe tête la première sur le chameau de Billy Armitage, lequel a beau porter le même nom que le grand patron, tous deux n'ont aucun lien de parenté. En fait, les parents du garçon ont été évincés de la troupe (sa mère a connu une fin tragique, son père a été ruiné). Depuis, Billy espère son retour. C'est là qu'on prend conscience de la profondeur de l'intrigue et des noirs secrets derrière les petits indices semés en chemin. On ne le perçoit pas sur le coup, car tout est exagérément loufoque et déjanté, on s'y perdrait presque ! Mais l'histoire ne demande qu'à se développer, et ma foi j'avoue être assez surprise par la suite des aventures ! Une lecture dans l'esprit de Roald Dahl ou de David Walliams, avec des jeux de mots rigolos, des jeunes héros pleins de ressource, des situations ubuesques et de l'humour proche de l'absurbe.
Traduit par Jean-François Ménard pour les éditions Gallimard Jeunesse - Juin 2016
Titre original : Circus of Thieves and the Raffle of Doom
Moi, Boy et plus encore, de Roald Dahl & Quentin Blake
À lire ou relire... le récit de l'enfance de Roald Dahl dans une version enrichie de lettres, photographies, anecdotes et textes inédits !
Tout commence par l'installation de son père, venu de Norvège, à Cardiff où il fait fortune. Roald grandit au sein d'une famille nombreuse et unie, malgré les coups durs et les aléas de la vie (la mort du père, le choix de la mère-courage à déménager dans une demeure plus modeste et tenir sa promesse d'envoyer les enfants dans des écoles anglaises). C'est l'histoire aussi des fabuleuses vacances en Norvège, des premières promenades en voiture, sans besoin de passer le permis, des petites bêtises pour se venger de l'épicière revêche (en glissant une souris morte dans un bocal à bonbons), ou comment s'interdire de manger des bâtonnets de réglisse pour ne pas attraper la maladie du rat, l'art et la manière de se payer la tête du petit copain de la frangine en lui donnant du tabac de chèvre à fumer, rapporter les sévices corporels et trembler devant un professeur rouquin, à la grosse moustache, ou passer des heures à bouquiner aux WC pour lui réchauffer la cuvette...
À travers le récit de ses aventures, on découvre un jeune Roald Dahl qui ressemble étonnamment aux héros de ses livres (lire son chapitre sur le Chocolat, qui a tout lieu d'être la genèse de Charlie). La lecture de ses mémoires est donc un formidable pèlerinage en enfance, au pays des souvenirs, également un voyage dans le temps (l'époque des années 20) à travers une composition intime et pleine de délicatesse. Ce sont ainsi autant de moments joyeux, insouciants et poignants (la douloureuse expérience des pensionnats anglais, l'éloignement, l'enseignement rigoureux et les châtiments corporels...) que l'on découvre en savourant les petits extras que Felicity Dahl a choisis précautionneusement pour doter la présente édition. La plupart des archives étaient abritées au musée de l'auteur (à Great Missenden) et viennent apporter à la lecture une complicité en partageant des photos et autres documents personnels. La lecture conserve toute la fraîcheur et l'impertinence de la jeunesse, car c'est en puisant dans son légendaire sens de l'humour et une bonne dose de tendresse que Roald Dahl s'est livré à cet exercice réjouissant de l'introspection.
Traduit par Janine Hérisson & Jean-François Ménard pour les éditions Gallimard Jeunesse / Septembre 2016
«Une vie sans boutiques de confiseries ni bonbons ne vaudrait pas vraiment la peine d'être vécue...»
Ne tombe jamais, de Patricia McCormick
« Des nouveaux prisonniers arrivent au camp tout le temps. On ne les cache plus. Maintenant, les Khmers rouges leur font traverser la place. Attachés les uns aux autres, tête basse. Ils les frappent devant nous pour qu'on voie ce qui arrive aux gens qui ont mauvais esprit. Les Khmers rouges nous observent sans arrêt. Ils observent pour voir si vous montrez de l'émotion pour les victimes. Si oui, ils vous tuent.
Un jour, un garçon de mon groupe, il voit sa sœur arriver sur la place. La sœur le voit aussi. Mais elle regarde ailleurs. Fait semblant de ne pas le connaître. Parce qu'elle comprend qu'il peut être tué simplement parce qu'il est parent avec elle.
Les Khmers rouges, ils frappent les prisonniers, un par un, avec un bâton et ils nous obligent à regarder. Maintenant, c'est le tour de la sœur du garçon. Je lui tiens la main, très fort, je serre sa main. Ils la frappent avec un bâton, la frappent sur la tête, les épaules, les jambes, et chaque fois je serre la main du garçon pour qu'il ne crie pas. Elle tient sa tête bien droite, puis, très vite, elle tombe, plus de vie en elle et très lentement, en silence, j'emmène le garçon. »
Ce livre renvoie à un chapitre peu glorieux de l'histoire du Cambodge (l'arrivée des Khmers rouges au pouvoir), qu'on découvre à travers le témoignage du jeune Arn, un récit raconté dans l'urgence et avec une terreur palpable. Car « essayer de saisir cette voix, c'était comme essayer de capturer une luciole » rapporte l'auteur. À maintes reprises, elle a en effet tenté de glisser les bonnes formules grammaticales et syntaxiques, avant de s'avouer vaincue car « la lumière s'éteignait ».
Et c'est donc naturellement, avec une façon de parler si personnelle et si belle, que le récit découle. Arn a onze ans quand il a été envoyé dans un camp de travail, pour cultiver le riz, et a vécu l'enfer (famine, maladie, coups et tortures) mais c'est finalement grâce à sa passion pour la musique (il adorait chanter Elvis et danser le twist) qu'il va sauver sa peau. Un jour, des soldats décident de monter un petit orchestre de fortune, avec pour ordre d'apprendre à jouer des instruments et de produire des chants patriotiques.
Le garçon comprend très vite qu'il tient là sa roue de secours et motive la troupe, à commencer par leur prof déprimé, de redoubler d'efforts pour tirer d'eux le meilleur. Au fil du temps, Arn va devenir une célébrité sur les camps, il peut manger à sa faim mais n'hésite pas à partager avec ses compagnons d'infortune, et finit par s'attirer l'attention insistante d'un certain Sombo au regard de requin.
C'est une vie rude et éprouvante, en plus d'une expérience bouleversante, qu'on partage. On y croise la barbarie la plus ignoble, la violence, la haine, la bêtise humaine, mais aussi de belles rencontres et des promesses d'amitié. Un peu d'étincelle dans un récit sans fard, transmis par un regard d'enfant chargé de révolte et pourtant lucide. Tout ce qu'il voit, comprend, ressent est glacial. Froid, distant. Comme si le garçon s'était lavé de toute émotion. Blindé, pour ne pas tomber.
Même son retour à la « vie normale » sera un lent apprentissage vers le droit au bonheur. Arn aura la chance d'être adopté par le Révérend Pond et partira vivre en Amérique, où son adaptation ne se fera pas sans heurt non plus. Il ressort toutefois de cette lecture une très belle leçon de courage et un devoir de mémoire pour ne plus accepter l'inacceptable. Un récit vibrant de puissance et de sensations fortes, que l'on absorbe les yeux écarquillés.
Gallimard jeunesse, coll. Scripto, octobre 2014 ♦ traduit par Jean-François Ménard (Never fall down)
Harry Potter à l'école des sorciers, de J. K. Rowling & Lu par Bernard Giraudeau
Cet été, je pars à Poudlard !
Virtuellement, s'entend. Je viens en effet d'écouter le 1er tome de la saga, qui est intégralement lu par Bernard Giraudeau (la 1ère édition date de 2004). L'acteur prête à chaque personnage une voix propre (au risque, parfois, de surprendre et décontenancer), mais délivre là un magnifique jeu d'interprète pour une lecture enlevée, vivante et chaleureuse des aventures du plus célèbre des apprentis sorciers.
Cela m'a permis, par la même occasion, de découvrir ce tout premier tome que je n'avais jamais lu ! Bien évidemment, j'ai été complètement fascinée. Ce livre pose ses marques, installe un univers, des personnages, une trame romanesque follement captivante... tout ne demande qu'à se développer, mais c'est déjà un véritable enchantement.
J'ai aimé renouer avec les origines de la série, rencontrer les Weasley et adopter leur formidable esprit de famille, me familiariser à la magie en même temps que les jeunes héros, aimer Neville (déjà) et déceler en Hermione une jeune fille vulnérable, se sentant seule et sans ami. Bref, tout un tableau à peindre, un monde à construire, à explorer et fantasmer ! (Au cinéma, Chris Columbus a réalisé un travail titanesque... et époustouflant ! Tout y est.)
Par contre, j'ai failli être déconcertée lorsque j'ai d'abord découvert les voix attribuées à Hagrid ou Ron (un peu débilitantes), mais aussi la lecture linéaire des noms des personnages, Malfoy ou Granger en français dans le texte (entendez [oi] ou [é]... une hérésie !). Ce choix n'a toutefois pas manqué de m'arracher un sourire. ^-^
Cela n'altère en rien le charme dévastateur de cette lecture, que je redécouvre avec enthousiasme et une passion qui ne s'essouffle guère. Je poursuis bien évidemment l'aventure ! ♥
Gallimard jeunesse, coll. Écoutez lire, rééd. octobre 2013 ♦ texte intégral lu par Bernard Giraudeau (environ 8 heures d'écoute) ♦ traduction de Jean-François Ménard
Big Nate est tombé sur la tête, par Lincoln Peirce
Il s'agit déjà du 5ème titre de la série Big Nate ! Une lecture toujours aussi réjouissante pour les 8/11 ans (et plus) qui n'aiment pas trop lire et qui jugent opportun ce mélange de roman et BD assaisonné de situations comiques, et mettant en scène des collégiens auxquels ils pourront aisément se reconnaître.
Au centre, Nate est un personnage impayable : son sens de la répartie et son don pour s'attirer les ennuis font de lui un héros très attachant ! Cette nouvelle histoire met en avant son problème de rangement : le garçon est un grand, grand bordélique. Son casier ne ressemble à rien. Ses copies sont sales. Même les livres empruntés à la bibliothèque ont l'air de vieux chiffons usés après un passage entre ses mains.
Aussi, lorsqu'il a besoin de l'appareil photo de l'école, il supplie son meilleur pote Francis de se griller pour lui. Il a promis, juré, il y veillera comme à la prunelle de ses yeux. Et pourtant, l'appareil photo va disparaître du casier. Les deux amis se disputent, Nate se sent responsable et ne peut compter que sur cette chère Dee Dee pour trouver une solution.
Une séance d'hypnose plus tard, Nate est méconnaissable : appliqué, scrupuleux, consciencieux, il fait le bonheur de ses professeurs (rend des devoirs impeccables et devient un élève modèle), mais déconcerte son entourage (son père est encore sous le choc !). L'enquête suit en cours et Dee Dee s'improvise Super Espionne. C'est franchement très drôle. Quid de son amitié avec Francis ? Là aussi, tout va finalement rentré dans l'ordre. La morale est sauve.
Voilà une lecture simple et amusante, qui réussit toujours à gagner l'intérêt de ceux qui n'aiment pas trop lire... chaque rendez-vous avec Big Nate est la promesse d'une bonne partie de rigolade. Dans cet épisode, on trouve aussi des messages codés que les lecteurs devront déchiffrer s'ils veulent connaître les propos tenus par Nate et ses potes. (J'en connais qui adore ça !)
Gallimard jeunesse, novembre 2013 - traduit par Jean-François Ménard
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Actuellement, sur le marché, on trouve de plus en plus de livres dans le même goût, c'est-à-dire qui mélangent le roman et la bande dessinée (ou les illustrations en pagaille). Les livres se permettent ainsi d'afficher plus de 300 pages, en mettant l'accent sur les situations comiques et l'humour saugrenu, c'est plus facile pour les lecteurs réticents qui ne voient pas le temps passer et prennent aussi beaucoup de plaisir à suivre les péripéties de personnages ordinaires, dans lesquels ils peuvent se reconnaître.
LA référence absolue, c'est bien sûr Le Journal d'un dégonflé de Jeff Kinney. La série compte déjà 7 tomes. Nul besoin de les suivre dans l'ordre - l'humour est toujours de mise. Greg Heffley incarne l'anti-héros par excellence (mauvaise foi et maladresse sont son lot quotidien). À chaque fois, la lecture fait mouche, les lecteurs en redemandent !
Journal d'un dégonflé, tome 7 : Un coeur à prendre par Jeff Kinney (Seuil jeunesse, février 2014)
... mais les aventures de Tom Gates, le héros de la série écrite par Liz Pichon, sont excellentissimes dans le même style ! Lui aussi peut se targuer d'être un gentil clown sympathique, qui arrive toujours en retard à l'école et oublie souvent ses devoirs à rendre, il adore dessiner en classe et a pour meilleur pote Derek avec lequel il tente de lancer un groupe de rock (les clebs zombies)... Délires assurés. ☺
Tom Gates, Tome 3 : Tout est génial ! (... ou presque) par Liz Pichon (Seuil jeunesse, mai 2013)
Sans oublier les incroyables aventures d'Origami Yoda et du Kraft Vador (pour les fans de Star Wars, les allusions sont impayables... pour les autres aussi, je vous rassure) ! Cela se présente telle une série de témoignages drôles et touchants qui démontre qu'au collège comme ailleurs, « une vertu la solidarité est ». On sourit tout le temps, le style est décomplexé, les personnages tous attachants... il existe d'autres livres à paraître dans cette série, j'espère que l'éditeur français continuera sur cette belle lancée !
Origami Yoda, tome 2 : Kraft Vador contre-attaque, par Tom Angleberger (Seuil jeunesse, avril 2013)
Tous trois traduits par N. Zimmermann