Balto, le dernier des Valets-de-Cœur ; par Jean-Michel Payet
Déjà séduite par la couverture illustrée par Germain Barthélémy, je n'imaginais pas une seconde être déçue par ce roman ! Eh bien mes espoirs n'ont pas été vains et mon vœu a été exaucé : c'était génial comme lecture. L'histoire est rondement menée et captivante. Les personnages sont bien campés et les mystères savamment entretenus.
Aussi beau que bon... n'est-ce pas fabuleux ?
L'auteur nous invite à plonger dans le Paris de 1920 et plus particulièrement dans le quartier de la Zone où règne la misère sociale. Un gamin de 14 ans, Balthazar dit Balto, se désespère du retour de son frère Victor (aux prises avec la justice). Convoqué pour un rendez-vous secret, le garçon va malheureusement tomber sur un cadavre et être suspecté par la police. C'est finalement grâce à une jeune et charmante journaliste que Balto pourra s'en tirer in extremis même si ses ennuis ne sont pas terminés. Car Victor est recherché par les enquêteurs pour répondre à une série de meurtres (tous des anciens soldats se faisant surnommer les Valets de Cœur). Or ces six Poilus auraient scellé un drôle de pacte dans les tranchées boueuses de la Somme et sous le feu des balles allemandes. Or, depuis la fin de la guerre, tout part en vrille !
Bref. Voilà un roman qui mérite d'être découvert et épluché à son rythme car il est franchement surprenant. Il y a de l'humour, une pointe d'amour et surtout beaucoup de mystère entre ses lignes. L'objet est aussi beau qu'il est merveilleusement écrit - avec un peu de gouaille populaire, de panache et de caractère. On se régale de bout en bout. Vraiment, c'est un excellent roman ! ♥
École des Loisirs, collection Médium+ (2020)
Couverture illustrée par Germain Barthélémy
⭐⭐⭐⭐
... le bonheur, c'est d'accepter de ne pouvoir jamais compter les étoiles, et continuer de les contempler.
ENFIN la dernière partie des histoires des Blue Cerises. J'attendais ce moment depuis mai 2010 ! Cela commençait à faire long... Autant dire que le plaisir des retrouvailles me faisait planer sur un petit nuage. Aussitôt je plonge mon nez dans le bouquin et, là, grand sourire jusqu'aux lèvres, parce qu'il est question de Zik.
Zik, ma chouchoute. La douce rebelle, au grand coeur. Mais Zik est malheureuse par la faute des Cerises. La brouille est sévère, tous se cachent dans leur coquille et c'est à celui qui fera le premier pas, qui tendra la main... Pas facile. Alors Zik a entrepris sa propre thérapie, elle voit un psy, elle parle du passé, une douleur en appelant une autre, et elle a renoué avec son amoureux.
Viendra le tour d'Amos, qui me donne toujours l'impression d'être un grand sage, attentif, présent, ne jugeant jamais, très à fleur de peau, lui aussi. Son refus de quitter la France avec son père et sa soeur s'explique autrement que par l'envie de rester auprès de ses amis, Amos a besoin de retrouver d'autres racines... et là, autre rencontre, autre destin, c'est troublant.
Surgit de sa boîte l'imperturbable Satya, drôle, irrésistible, charmeur et charmant. C'est clair, tout le monde craque pour lui. Et dire que notre grand séducteur ne le fait même pas exprès ! En fait, lui aussi a la tête à l'envers, il fuit certains fantômes, court après d'autres, croise une belle inconnue dans son duffle-coat rouge, serait-ce bien la même ? Satya est à bout de souffle, il en a marre de passer à côté du bonheur et de le voir filer entre les doigts.
Le dernier acte est donc consacré à Violette, complètement paumée et qui s'en veut. Il est temps d'en finir avec Olivia, elle seule doit prendre les devants et affronter le passé. Elle le sait. En chemin, elle croise un type constellé de poussière grise et qui lui parle de Murakami. C'est Nemo. Et déjà, son coeur s'emballe... sauf que c'est connu que Violette est allergique aux histoires d'amour, aux sentiments et aux déclarations. Du coup, c'est la panique. Il ne lui a rien promis, mais son intuition ne la trompe pas.
Entre retrouvailles et secrets dévoilés, la dernière saison des Blue Cerises nous apporte de grandes bouffées de joie, de peine et de tendresse. Place également aux doutes, aux inquiétudes, aux interrogations et aux prises de position. Ce dernier rendez-vous est plus grave, un peu doux-amer, mais c'est aussi le rendez-vous qui recommande de lâcher prise, de s'aimer, de l'avouer, de prendre son envol. Et c'est sur une pointe de nostalgie que ça se termine, que les Cerises nous poussent vers la sortie. Fin du spectacle. Applaudissements.
C'est triste, quoi.
Mais reste le souvenir d'avoir lu et aimé une série bouleversante, très bien écrite, avec des personnages à bichonner et chérir parce qu'ils le valent bien... Encore merci pour cette rencontre, cette expérience complètement folle de pencher vos quatre têtes sur une même intrigue, vraiment un pur enchantement !
la petite phrase de la saison 4 : Elle me lance un regard, elle a peur, je sais, mais ça y est, elle plonge, elle est entière, c'est ce qui me fascine chez elle : sa force de vie, comme une boule d'instinct qui dévale la pente jusqu'au bout, une fois que sa décision est prise, Zik sait ouvrir les brèches.
Blue Cerises, saison 4 : Lune Bleue par Maryvonne Rippert, Sigrid Baffert, Jean-Michel Payet & Cécile Roumiguière
Milan, coll. Macadam, 2012.
nouveau format, nouvelles couvertures -) j'aime beaucoup !
mais surtout...
Teaser Tuesday #10
Un pas trop à droite et c'était la chute. Oonaa le savait. Elle se retenait à l'appui de la fenêtre qu'elle venait d'enjamber. La corniche sur laquelle elle essayait d'avancer ne mesurait pas plus de six ou sept centimètres de large. A peine de quoi poser son pied. Douze mètres plus bas, c'était la cour et ses larges dalles de pierre grise. Et là, à cinquante centimètres devant elle, son Echarpe blanche ondulant doucement dans la brise du soir.
Aerkaos - Jean Michel Payet
Plus rien ne serait comme avant, Pandora en avait bien conscience. Elle était allongée sur son lit et savait que le léthium qui se diffusait dans ses veines commençait de faire effet : bientôt son corps et son esprit ne lui appartiendraient plus. Il lui fallait agir vite et avaler l'antidote avant d'être gagnée par le sommeil. Une nouvelle fois, elle eut une pensée reconnaissante pour la personne qui avait glissé "par hasard" un lot de capsules-réveil dans la poche de sa salopette. Elle lissa entre ses doigts le petit médaillon porte-bonheur qu'elle portait autour du cou : elle ne se rappelait pas s'en être séparée un seul jour depuis sa naissance. Et c'était tout ce qu'elle emporterait avec elle. Cet unique lien qui la reliait à ses parents et lui permettrait peut-être de les retrouver un jour.
Le cas Rubis C. - Gaël Bordet
Au commencement, nous étions neuf. Nous étions jeunes, lorsque nous sommes partis, presque trop jeunes pour avoir des souvenirs.
Presque.
On m'a raconté que la terre avait tremblé, que les cieux avaient retenti d'éclairs et d'explosions. Nous étions dans cette période de deux semaines durant laquelle les deux lunes sont visibles aux deux extrémités de l'horizon. C'était un temps de fête, et au début, on a pris ces explosions pour des feux d'artifice. Mais ce n'en était pas. Il faisait doux, et une brise légère remontait de l'eau. On me répète toujours le temps qu'il faisait : la douceur de l'air et la brise légère. Je n'ai jamais compris quelle importance ça pouvait avoir.
Numéro Quatre - Pittacus Lore
La nuit dernière, tout mon univers s'est écroulé. Je suis maintenant en fuite, talonnée par la peur.
On mène tranquillement sa vie, dans sa propre réalité, et, tout à coup, un évènement inattendu vient bouleverser à jamais cette harmonie. Cela vous est-il déjà arrivé ? On voit ou on entend quelque chose et, soudain, tout ce qu'on est, tout qu'on se trouve en train de faire, tout cela se brise en milliers d'éclats acérés, à l'image de ce qu'on vient de comprendre avec amertume.
C'est ce qui m'est arrivé la nuit dernière.
J'étais à Londres. Avec des amis, comme d'habitude. Nous étions de sortie, comme d'habitude.
Immortels - Cate Tiernan
Je savais que cette fête serait nulle. C'est presque toujours le cas. Pourtant, j'étais partagée entre la peur et l'excitation, j'avais l'impression d'avoir un petit oiseau au creux de l'estomac, qui battait des ailes et tentait de se nicher sous ma cage thoracique.
J'ai pris un bain, exfolié ma peau, rasé mes jambes, mis du lait hydratant, puis j'ai essayé de discipliner mes cheveux. Quelques jours auparavant, j'avais eu une expérience désastreuse avec une paire de ciseaux. D'abord, sur la boîte de teinture, il était écrit : "Nuit étoilée" : j'espérais qu'une fois l'opération terminée (après avoir taché de noir toutes nos serviettes de toilette), je ressemblerais à l'héroïne mystérieuse d'un film français, le genre de fille qui a plein d'amants et passe sa vie à débattre du sens de la vie dans les cafés. En réalité, j'avais l'air d'une sorcière gothique. Bref, j'ai fini par couper quinze centimètres de cheveux et je me suis retrouvée avec une coupe courte ébouriffée qui rappelait davantage Amélie Poulain qu'Emily Strange. Et encore, avec la bonne lumière.
Au coeur de ma nuit - Sarra Manning
Blue Cerises saison 3
" Les Cerises, c'est la possibilité d'être nous, tels quels, sans masque, sans paraître. Un cocon, peut-être, où nous pouvons nous protéger de tout le reste. " (Satya, de musc et de havane)
Voilà une troisième saison beaucoup plus rude pour nos Cerises. C'est le soir du réveillon de la saint-sylvestre, tous les quatre se rendent à une fête costumée, mais rien ne se passe comme prévu. Violette apprend que son frère a disparu, Amos pète un câble et lui envoie un scud en pleine figure, Zik et Satya frisent le rapprochement avant de revenir sur terre pour recoller les pots cassés. Quelle soirée !
Après la saison des secrets, voici la saison des révélations et du sentiment de trahison. Les masques tombent, le fantôme d'Olivia revient tous les hanter, entre apparition surréaliste ou harcèlement d'un dégénéré, les Cerises sont paumés et ont besoin de leur amitié pour ressouder les liens qui se desserrent. Or, l'amitié bat des ailes. Zik a le sentiment d'avoir été mise de côté, Amos a cru pouvoir se séparer de sa famille qui part au Canada en se consolant auprès des Cerises, mais soudain le déchirement devient vif et inexplicable, Violette a bafoué la confiance de ses proches, aujourd'hui elle en paie douloureusement le prix, et enfin Satya ne veut pas entendre parler de ce type débarqué de New York qui aurait bien connu ses parents en Inde. A l'instar de ses amis, il préfère se protéger de la réalité, ne pas affronter certaines vérités, trouver un refuge ailleurs, à la Cinémathèque par exemple. Quand on a toujours compté l'un pour l'autre, et l'un sur l'autre, cela devient subitement troublant de ne plus rien retenir et de découvrir que tout se délite. Et le désespoir de Zik est juste beau, poignant et émouvant.
" J'y ai tellement cru, aux blue Cerises, j'ai tellement cru qu'ils m'aidaient à vivre. Notre mot de passe n'est-il pas : "On en parle ?"
Dans ce cas, pourquoi est-il si difficile de se dire les choses ? N'y a-t-il pas une gigantesque supercherie à croire que l'on ne peut être rien sans les autres ? Je n'en peux plus. J'ai envie de hurler. Je ne supporte plus cette hypocrisie de merde. " (Zik, lonely cat)
Les blue Cerises, c'est l'amitié puissance 4. Une amitié fusionnelle, qui n'est pas épargnée par les coups de griffes, mais après tout il faut aussi grandir dans la douleur, et comme nos petits Cerises ont un goût inné pour la dramaturgie (on ne se gave pas de cinémathèque en apprenant par coeur les répliques implacables pour rien !), tout ça vous vrille le coeur et le corps. Cette saison se boucle donc sur une note d'amertume, en même temps lire quatre fois une cinquantaine de pages où les émotions sont intenses et exarcerbées ne peut pas se terminer autrement. Et c'est avec une certaine boule au ventre qu'on repose nos quatre petits bouquins, avec des questions qui passent en boucle, comme de ne pas comprendre où Amos a perdu la raison, à une lettre près (ça signifie "entendre son coeur") et sur quelle épaule Zik a calé sa tête (en se glissant dans la peau de Scarlett).
Donc, les larmes, les cris, la colère, la boisson, les notes de musique ont beaucoup versé dans cette saison mais c'est un mal pour un bien. Cette série, à travers son concept, son idée, son style et son portrait de quatre adolescents inséparables, montre que l'union fait la force.
En attendant un dénouement apaisant (Zik / Satya ?!?), la saison 3 a posé les bonnes questions : " Pourquoi cette violence ? (...) Où est ma place dans cette histoire ? Je suis libre d'être ce que je suis. Les ailes froissées, je me cogne, encore et encore, aux lumières de la vie. Et je me consume. " (Violette, la minute papillon)
La saison 3 des Blue Cerises comprend :
* Violette, la minute papillon ~ Cécile Roumiguière
* Zik, lonely cat ~ Maryvonne Rippert
* Amos, anticorps ~ Sigrid Baffert
* Satya, de musc et de havane ~ Jean-Michel Payet
Milan, coll. Macadam (2010) - 4€ chaque livre.
Blue Cerises saison 2
Milan, coll. Macadam, 2009 - 58 pages - 4€ le volume
La faute à Voltaire ~ Jean-Michel Payet
Les Blue Cerises sont sérieusement secoués dans cette nouvelle saison. L'annonce du prochain départ d'Amos pour le Canada menace leur amitié, un membre en moins équivaut à amputer ce corps solide. Satya et ses camarades tentent de trouver une solution, un point d'ancrage pour Amos, et une chambre de bonne se libère dans l'immeuble de Zik. Ce serait formidable. L'élan de l'espoir les pousse, en contrepartie ils ont conclu avec le proprio de repeindre un appartement défraîchi. Du coeur à l'ouvrage, l'envie d'y croire encore, tous ont néanmoins un noeud à l'estomac.
Car au-delà de cette belle solidarité, il y a des secrets. Cultivés avec lucidité. Tus par omission. Par souci de préserver leur communion d'esprit. Or, cela finit par les oppresser et la belle façade demande un soin constant pour être entretenue.
On trouve l'amour trop compliqué, mais l'amitié est aussi histoire d'amour...
Satya a perdu sa belle sous sa bulle, il croise une autre demoiselle qui a le coeur brisé et Satya se demande. C'est comment faire l'amour pour la première fois ?
Ciné ciné cinéma ~ Cécile Roumiguière
Violette se voit offrir une opportunité de rêve : être figurante du premier rôle féminin sur un tournage de film historique, pendant une semaine. Mais son frère a été catégorique : interdiction d'en toucher un mot à sa bande des Cerises. Alors, Vio ment, esquive, fait des courbettes, des pas chassés et croisés, elle s'emmêle les pinceaux.
Sur le plateau, elle tombe amoureuse d'un garçon qui lui rappelle Amos. L'amour interdit. Aucune ambiguité là-dessous, mais ce garçon est son lien caché, un pont à traverser mais aussi le poids d'une enclume dans le ventre. Elle va comprendre... trop tard.
De leur côté, Satya et Zik repeignent l'appartement. Vio téléphone à Amos en secret. Le garçon est douloureusement absent, comme déjà parti, et la bande a besoin d'un solide remontant. Un remède pour souder à nouveau ce noyau dur qui est en train de fondre comme neige au soleil.
Yapasphoto ~ Maryvonne Rippert
Zik a un secret ! C'est chose courante pour nos Cerises, car c'est décidément la saison du mensonge et du camouflage. Notre demoiselle cache un amoureux secret, donc. Elle ne peut en parler à ses amis, ils ne comprendraient pas. C'est simple, ils le détestent tous. S'ils savaient...
Et la peur de perdre sa petite bande se noue et Zik commet des petites bêtises.
C'est la saison des embrouilles et du brouillard. Les noeuds des intrigues s'emmêlent, les corps se disloquent, les bleus à l'âme apparaissent.
Heureusement, il y a aussi le secret de la mamie de Zik qui permet de détendre l'atmosphère. C'est cocasse, parfaitement risible, et souriant.
La phrase de la saison 2 : Je cherche un Kleenex dans mon sac. Je sais bien que j'en ai pas. Y'a que les mamans qui ont des réserves de mouchoirs...
Rôde movie ~ Sigrid Baffert
Enfin au tour d'Amos de prendre la parole ! Jusqu'à présent, c'était le grand absent alors que toute l'attention de nos Cerises est tournée vers lui. Donc, Amos doit partir. Deux ans au Québec. Il n'a pas le goût de briser le quatuor et il cherche une solution. Et un par un, les Cerises organisent un tête-à-tête secret avec lui.
Une virée dans un grand magasin la nuit, un rôde movie vers la pointe Saint-Mathieu, une chevauchée dans les bois avec une rencontre hallucinatoire... Dans cette saison 2, ôde aux secrets, il y a aussi le spectre d'Olivia qui hante les pages et frappe d'effroi les mémoires de nos charmants personnages.
Non, nous ne trouverons pas la solution mais c'est fait exprès. L'enquête peut commencer, fouiller les pistes, rejoindre les tuyaux, confondre les éléments. Je les attends !
L'autre phrase de la saison 2 : Je les contemple l'un après l'autre, mes amis, mes piliers, ma bande. Les Cerises, comme on se surnomme.
- Putain de bordel de merde... lâche enfin Zik.
- Bon résumé de la situation, conclut Satya en recrachant son écorce.
Lire les blue Cerises, c'est du velouté instantané. Rapide et savoureux.
J'ai déjà évoqué mon amour cet été, alors que je lisais sous un soleil de plomb la saison 1. Je retrouve Amos, Zik, Satya et Violette avec le même grand plaisir. Je constate d'ailleurs qu'on passe à un échelon supérieur, nos Cerises entrent dans la cour des grands, se brûlent les ailes et s'enfoncent encore plus sous le sceau des secrets.
C'est rondement bien écrit et élaboré, une vraie communion d'esprit entre quatre auteurs dont les talents d'écriture ne sont plus à démontrer.
Vivement la saison 3 !
Satya : L'attentat ~ Jean-Michel Payet
Collection : Blue Cerises
Milan, coll. Macadam, 2009 - 62 pages - 4€
Première saison, deuxième livre. (finalement, l'ordre n'a aucune importance !)
Satya, orphelin depuis la mort accidentelle de ses parents, est élevé par ses deux mamies propriétaires de la libraire, La Malle de l'ange. Un vaste empire dédié à la jeunesse, s'enroulant sur trois niveaux autour d'un escalier bringuebalant.
Tuant le temps à dessiner au Jardin des Plantes, le garçon fait une étrange rencontre - une demoiselle au charme mutin, aux longs cheveux rouges, les yeux verts, le regard malicieux. Elle glisse un billet d'invitation, signé ED, qui ressemble davantage à un rébus poétique.
Le jeu de pistes commence. Celle qu'on surnomme la boîte de couleurs, ou la belle insaisissable, tend un piège amoureux et Sakya mord à l'hameçon avant de lâcher prise car la demoiselle n'est vraiment pas facile à harponner.
Mystérieuse, agile comme une anguille, le sourire canaille et la voix de canard, l'inconnue se dérobe et donne des rendez-vous mystérieux auxquels Sakya ne résiste pas. Même si le bonhomme est un peu usé en bout de course.
Un touche-touche poétique s'annonce, qui accusera en plus de la séduction, des baisses de régime, des interrogations et du vague à l'âme. A l'image des autres Cerises, les membres du groupe, Sakya a le coeur en vrille. Pas forcément le courage de se confier. Pas le temps de trouver un créneau pour de tels épanchements non plus. On a déjà suivi un Amos en pleine déroute sentimentale et familiale, on devine que Zik et Violette s'inscrivent, à leur tour, aux abonnés absents.
Une chose est sûre : tout est fait pour donner envie de savoir la suite. A l'instar de Sigrid Baffert, Jean-Michel Payet accomplit ici un enthousiasmant tour de force. Son style s'inscrit dans l'esprit des Blue Cerises, que le lecteur n'a plus de mal à cerner, et c'est franchement une bonne tranche de plaisir... littéraire.
Le prix mini - seulement 4€ - est à noter comme une première et irrésistible tentation !
A découvrir, comme pour les autres livres, le blog créé exprès pour / par Satya :
http://satya-tempsdescerises.blogspot.com/
Il n'y a pas de petits lecteurs !
Ça va valser - Guillaume Guéraud
Le grand-père Léonine est un phénomène : il a soixante-dix neuf ans, c'est un ancien révolutionnaire, il a connu le Mexique, l'Argentine, la Chine et il a braqué des banques pour aider la guerilla du Che. Aujourd'hui, rangé et veuf, il vit auprès de sa famille qu'il pousse à partager sa passion de la danse. En fait, grand-père Léonine est champion de valse. Chaque année, il se rend au concours national, avec son beau smoking et sa partenaire de danse, qu'il juge trop bourgeoise. Cette fois-ci, un problème se pose : le rendez-vous a lieu à Vesoul, ce n'est pas la porte à côté et sa famille chipote. Trop long voyage, un peu barbant, etc. Le grand-père râle, menace, insiste. Ses proches cèdent et le voyage se prépare. Mais le trajet tourne vite en cauchemar, car grand-père Léonine a une attaque. La fin du rêve ? On se retrouve dans un service de soins intensifs, les nerfs à vif et on partage les sentiments de la famille. C'est qu'on a fini par l'aimer, Léonine ! Il est bourru, il a du caractère et il est vif, mais à soixante-dix-neuf ans c'est trop jeune pour partir. Ce ne serait pas juste, du moins. En quelques 40 pages, Guillaume Guéraud est parvenu à nous dessiner un portrait attachant d'un bonhomme extraordinaire, ancien révolutionnaire, gangster, pilleur de banque, grand-père Léonine a vécu mille vies dont il régale son petit-fils (et le lecteur par la même occasion !). C'est un petit texte drôle et enlevé comme un pas de danse, nous avons également trouvé que les mots compliqués étaient bien expliqués (goulag, nazi, le Che...). D'ailleurs les figures révolutionnaires ne manquent pas !
Très accessible pour les 6-9 ans.
Thierry Magnier, coll. Petite poche, 2009 - 48 pages - 5€
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Le baiser à moustaches, de Jean-Michel Payet
illustrations de Nicolas Ryser
Le baiser à moustaches est un petit texte audacieux et original, car le narrateur - qui se dévoile à la fin du premier chapitre - n'est pas commun. Gregor fréquente le même collège que Coraline dont il est éperdument amoureux. Mais il n'ose pas se déclarer. Son meilleur ami Apo va lui donner des conseils pour obtenir un baiser, qui pourrait rompre le charme.
En fait, Gregor est un rat. Il pense que sa famille et lui étaient des humains auparavant et qu'ils ont été transformés par un sort, il ne s'en rappelle plus très bien. Autour de lui on pense qu'il est un peu fou car ses propos sonnent plus comme des divagations. Mais Apo le soutient, il a cru comprendre qu'un baiser pouvait transformer l'animal en être humain, pourquoi ne pas tenter sa chance ? Apo et Gregor se rendent donc chez Coraline, l'aventure est périlleuse, notre narrateur est pataud et timoré. Chez sa dulcinée, le plan d'Apo tombe à l'eau lorsque les deux amis découvrent le gros matou de la jeune fille !
L'amour donne vraiment des ailes, car Gregor va accomplir des miracles, comme prendre sur lui et se rendre dans le Grand Cloaque où se nichent les horribles rats noirs. Il espère retrouver la précieuse bague en améthyste qui appartenait à la grand-mère de Coraline et qui est tombée dans les égouts. Peut-être sera-t-il récompensé pour ses efforts et sa témérité !
La fin est mignonne, car elle est inattendue. L'histoire aussi ne manque pas de rebondissements, et les ratons ont un capital sympathie qui les rendent presque craquants ! (Le baiser, à la fin... brrr !)
Un texte assez dense, abordable pour les lecteurs confirmés dès 7-8 ans.
Une première version de cet ouvrage a paru en 2007 dans le magazine DLire.
Milan poche, cadet +, coll. tranche de vie, 2009 - 62 pages - 5,90€
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Pas de vacances pour Kiki ! - Bruno Heitz
Le lecteur retrouve la famille de Kiki le hamster. Cette fois-ci, sa jeune maîtresse et ses abominables parents cherchent à partir en vacances pour pas cher. Une idée germe dans les pauvres cerveaux de ces géniteurs bêtes et méchants : profiter de l'hospitalité du correspondant de leur fille.
De l'art de confondre Dol en Bretagne et Dole dans le Jura.
De l'impertinence avec un hamster qui ronge tout ce qu'il trouve, qui vit caché dans un tiroir et qui envoie des mails codés en pleine nuit.
Des illustrations simples, en noir et blanc, très épurées.
De l'humour, surtout, pour croquer des personnages râleurs et glandeurs, et une petite fille qui prend la poudre d'escampette pour se réconcilier avec son "corresse".
A glisser dans une poche, cette BD a un format microscopique, et c'est sympa comme petite histoire ! A lire sous plusieurs degrés, petits et grands vont apprécier.
Thierry Magnier, Petite Poche BD, 2009 - 5€