Au pays de l'Ailleurs, par Tahereh Mafi
Ce bouton de rose est un joli conte campé dans des décors insolites et truffés d'illusions. ♥
Alice n'a pas eu une enfance facile : elle a grandi dans l'indifférence générale, isolée dans une cabane et moquée par ses camarades. Car le problème d'Alice, c'est qu'elle est terne (ses cheveux et sa peau sont blancs comme le lait) - une hérésie dans un monde basé sur le feu d'artifice. En plus, Alice n'a aucun Talent et se vautre en public pour sa Présentation.
Notre héroïne refuse néanmoins de baisser les bras ou de se résigner à un quelconque destin selon les options de Ferenwood... En suivant Oliver dans le pays de l'Ailleurs, la lecture prend alors un détour farfelu. Oliver, c'est le garçon qui lui inspire de l'antipathie, de l'agacement, de l'incertitude, du flou absolu. Avec son don pour la Persuasion, il est doué pour embobiner. Et ça, Alice ne le supporte pas.
Par contre, seul Oliver peut la guider jusqu'à son père qui a disparu depuis des années. L'expérience en Ailleurs est donc inopinée, surprenante mais hasardeuse. Chaque petit détail a son importance. Toutefois Alice est trop spontanée, trop imprudente et impatiente pour s'y attarder. Dès lors, leur odyssée sera « flamboyante » : un fourre-tout de révélations et de rencontres tantôt exubérantes tantôt absurdes.
Ce n'est pas toujours gagné d'entretenir l'étincelle qui brille dans nos yeux... même si la plume de Tahereh Mafi est déjà un enchantement à elle toute seule !
Sinon Alice et Oliver sont très attachants (oui... j'ai trouvé en Alice un peu de Anne with an E). Tous deux nous font vivre une aventure incroyable en se rendant dans l'Ailleurs pour retrouver le papa de la jeune fille. Attendez-vous donc à beaucoup de charme et un potentiel fou dans ce roman. Du moins, c'est mon humble avis.
Michel Lafon, 2016 - traduit par Jean-Noël Chatain
« Non, dit Alice. Je crois que je ne pige rien du tout. J'ai pas la moindre idée de la raison pour laquelle on a besoin du Temps, pas plus que je ne vois le rapport avec le livre de poches, et encore moins avec le fait de retrouver Père. (Elle soupira.) Oliver... Je n'ai jamais été aussi déroutée de toute ma vie.
Il parut inquiet un bref instant, avant que ses soucis s'éloignent en dansant. Il s'esclaffa, ce qui lui donnait beaucoup de panache, puis pressa le pas en sifflotant un air qu'elle ne parvenait pas à situer. »
Insaisissable (T. 1) : Ne me touche pas, de Tahereh Mafi
Pour rappel, “Insaisissable ” est une série terriblement prenante, au charme envoûtant et qui réserve un ballet sombre et passionnant entre les personnages et les nœuds de l'intrigue.
Juliette vit internée dans une cellule depuis 264 jours, abandonnée par sa famille qui a peur d'elle. La jeune fille possède en effet le don de tuer rien que par le toucher et doit payer pour un crime malheureux. Un jour, un garçon (Adam) la rejoint entre ses quatre murs et tente de l'amadouer en discutant avec elle. Il lui pose des questions, cherche à la cerner et ne cesse de l'observer. Et puis les évènements se bousculent quand un dénommé Warner va également la prendre en otage et l'installe dans ses beaux quartiers, en lui offrant des robes splendides et des repas copieux. Il a pour secret désir de faire d'elle son arme contre le monde extérieur, contre la résistance qui se met en place pour renverser le régime totalitaire. Or, l'histoire renferme bien d'autres tiroirs cachés, qu'il est toujours grisant de trouver et d'ouvrir, pour s'extasier ou tomber de haut.
Un bon début pour une série complexe et admirablement écrite. À suivre sans frémir.
Michel Lafon poche - avril 2014 ♦ traduit par Jean-Noël Chatain