Sans attendre, de Jennifer Echols
Pour avoir déjà lu des romans de Jennifer Echols en VO, je me réjouissais de son arrivée sur le marché français avec l'un de ses titres récemment parus : Sans attendre (Such a rush). L'histoire s'annonçait excitante, bien que pesante, avec trois jeunes gens endeuillés devant se serrer les coudes pour sauver une entreprise familiale, en plus d'un invraisemblable imbroglio sentimental à démêler.
Au centre, nous avons Leah, une fille paumée qui vit dans un mobil-home, près de l'aérodrome, où elle bosse depuis trois ans, contre des leçons de vol et une licence de pilote commercial. Elle rêve de s'échapper de sa condition mais voit ses projets s'effondrer avec le décès brutal de son patron, M. Hall. Ce sont ses deux fils, Grayson et Alec, qui vont reprendre le flambeau des affaires. Or, Grayson ne cache pas son mépris et impose à Leah de séduire son frère Alec !
En plus d'être morose, l'ambiance à l'aérodrome promet d'être électrique. On perçoit clairement qu'un mélange d'attirance et de répulsion se noue entre eux et provoque des étincelles à chaque coin de page. C'est donc autour de cette énorme frustration sexuelle que les personnages vont tourner, passant leur temps à se déchirer, se débattre avec leurs démons et faire tout de travers. Cela dure 300 pages et c'est assez usant.
Par contre j'ai aimé le contexte de l'histoire, basé dans un aérodrome, dans un bled paumé de l'Amérique sudiste. J'ai aimé partager la passion de Leah, sa relation avec M. Hall, sa fragilité derrière son apparente ténacité. Dommage que l'histoire conserve une couleur triste et taciturne, sans humour, sans glamour, sans légèreté. Elle affiche aussi un certain penchant pour le psychodrame, comme dans les romans « new adult » pour lesquels je n'ai aucune appétence. Et forcément, cela m'a plutôt déçue.
Lisez Going Too Far pour parfaire votre découverte de Jennifer Echols !
Castelmore, octobre 2014 ♦ traduit par Marianne Durant (Such A Rush)
"I understand I can't have you. But I want to know you're in the world with me."
Oui, encore une comédie romantique mais qui puis-je si mon coeur en redemande ? Il s'agit aussi d'un autre roman de Jennifer Echols, auteur que je viens de découvrir avec Going Too Far et que je chéris d'amour fou. C'est dit ! Forget You raconte une nouvelle fois l'histoire compliquée d'une jeune fille de dix-sept ans, Zoey, qui découvre sa mère après sa tentative de suicide. Son père est fou de rage (il a quitté le foyer pour une autre femme) et menace quiconque de parler de l'incident en dehors des murs de l'hôpital, puis il part en voyage de noces et laisse sa fille pendant une semaine sous vidéosurveillance.
Non seulement Zoey se sent misérable et malheureuse, elle craint aussi de tomber en dépression et préfère agir plutôt que de ruminer toute seule chez elle. Le soir du suicide loupé de sa mère, Zoey débarque sur la plage où a lieu une party avec ses camarades du club de natation, plus quelques footballeurs, dont Brandon, son meilleur ami... avec lequel elle décide de coucher à l'arrière de sa voiture. Couic, ça s'est fait. Elle a désormais un petit copain, tant pis s'il l'évite le plus possible après ça, elle s'accroche comme une moule à son rocher. Puis arrive l'accident de voiture. Un soir d'orage. Zoey se trouve dans les bras de Doug, le type qu'elle déteste le plus, ils échangent des baisers passionnés et se murmurent des mots doux. MAIS QUE S'EST-IL PASSE !?!
Zoey a un énorme trou de mémoire de sa soirée, entre le moment où elle a croisé Doug sur la plage (grosse prise de tête) puis lorsqu'elle se retrouve dans ses bras comme si sa vie en dépendait, il s'est passé un truc démentiel qui a fait chavirer le navire, mais impossible d'en savoir plus. Zoey refuse également d'admettre sa défaillance (peur d'admettre qu'elle devient folle comme sa mère), veut croire à une liaison solide avec Brandon mais passe un temps fou avec Doug, pas toujours charmant, mais somptueusement sarcastique et impitoyable dans sa façon d'être (et de protéger Zoey).
Cela va durer tout le bouquin (soit, 300 pages), c'est agaçant et insupportable de suivre la demoiselle aussi bornée et débile par son absence de jugeotte, par contre c'est forcément irrésistible de scruter l'attitude de son garde-fou, à eux deux l'histoire est montée sur des ressorts, c'est épuisant mais ça rend leur idylle plus forte et vibrante. De même, on est tenu en haleine sur le mystère de la soirée et on fait défiler les pages pour grapiller le moindre indice et recomposer le puzzle. Le dénouement, d'ailleurs, ne finit pas de surprendre. Bref, j'ai adoré !
Forget You - Jennifer Echols
Published July 2010 by MTV
"I guess we both understood that our relationship was built entirely on witty repartee (...)"
Meg, dix-sept ans, brûle la chandelle par les deux bouts. Elle boit, fume un peu de drogue que lui procure son petit copain, Eric, avec lequel elle couche alors qu'elle n'a aucun sentiment pour lui. Elle vit dans une petite ville perdue en Alabama et rêve de s'échapper de cet enfer où elle s'ennuie comme un rat mort. Le soir, elle traîne avec ses potes près du pont, alors que c'est strictement interdit, et c'est là qu'intervient l'officier After.
John n'est pas un rigolo, pas un tendre. Il houspille les jeunes qui risquent leur peau à traîner sur ce pont de malheur et embarque aussitôt Meg et sa copine Tiffany (complètement saoule) à l'arrière de son véhicule de police. Suite à cette arrestation, Meg devra passer sa semaine de Spring Break en probation - soit, être l'assistante muette et observatrice impassible du travail de police. John After bosse de nuit, Meg n'est guère enchantée de la perspective, elle rêvait de découvrir la Floride et l'océan, ses projets tombent à l'eau.
La couverture annonce la couleur et se confirme à la lecture : la romance sera craquante, authentique et pas dégoulinante de guimauve. La promiscuité du service de nuit, les longues heures passées ensemble vont tisser des liens et faire apparaître une réelle connivence entre nos têtes de mule. Meg et John ont en commun d'être torturés par leur passé, tous deux méfiants et renfermés, ils ne savent plus communiquer, discuter, échanger.
J'ai beaucoup aimé le doux badinage entre eux, Meg est une fonceuse, elle titille John à la moindre occasion, son humour est tordant et un peu ironique, de son côté John campe sur ses positions, il est solide, n'a pas la même vision de la vie et croit en des rêves qui font doucement marrer la jeune fille. C'est ce qui rend le jeu charmant et irrésistible, dès le début ces deux-là se cherchent, et l'alchimie nous saute aux yeux. L'idylle est riche en émotions, avec des sentiments, des révélations et des clashs, mais aussi des beaux moments qui font rire et qui donnent des papillons dans le ventre !
J'ose espérer que Jennifer Echols trouvera un jour le chemin de l'édition en France, comme ce fut le cas pour Simone Elkeles.
Going Too Far - Jennifer Echols
Published March 2009 by Pocket Books/MTV Books
> l'avis contrasté de Cécile (avec spoilers) et celui tout aussi positif de Francesca