18/05/15

Broken Soup, de Jenny Valentine

Broken Soup

Rowan rencontre Harper sur un malentendu. Routard insouciant, au volant d'une vieille ambulance, il erre dans les rues de Londres avec un sourire aux lèvres et une bienveillance chevillée au corps. C'est tout naturellement qu'il a tendu à la jeune fille un bout de négatif qu'elle aurait laissé tomber par terre, même si elle prétend le contraire. Rowan file droit devant elle, perplexe et curieuse. Puis troublée, quand elle découvrira ce que la photographie lui révélera.

La vie de l'adolescente a basculé dans un monde terne et sans joie depuis la mort de son frère Jack. La famille a volé en éclats - son père a quitté le foyer, sa mère est plongée dans un état neurasthénique. Suite à cela, Rowan assume seule le quotidien en s'occupant de sa petite sœur Stroma sans se plaindre. De toute manière, le roman est étonnamment enjoué et d'un optimisme ravageur ! Même si le sujet est lourd, l'histoire évite tout pathos et insuffle une énergie positive qui fait un bien fou.

Et c'est tout naturellement qu'on s'attache aux personnages et suit avec délice leur parcours, entre légèreté, insouciance et tendresse. C'est simple, parfois idéaliste, mais ça vous donne l'envie de croquer la vie à pleines dents, de chasser tout état d'âme et d'apprécier l'instant présent, auprès des gens qui vous sont proches. Profitez, profitez, profitez. Cette lecture peut faire office de pansement et rallie la précieuse doctrine « ensemble, c'est tout » ! Jugez par vous-même.

L'École des Loisirs ♦ Octobre 2014 ♦ Traduit par Marie-Claude Mapaula

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19/12/13

La double vie de Cassiel Roadnight, de Jenny Valentine

« Je n'ai pas choisi d'être lui. Je n'ai pas désigné Cassiel Roadnight, je ne l'ai pas fait sortir d'une file de personnes qui me ressemblaient comme deux gouttes d'eau. J'ai simplement laissé faire. Je voulais simplement que ce soit vrai. C'est le seul tort que j'ai eu, au début. »

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Cassiel Roadnight a disparu de la circulation depuis deux ans, aussi sa famille n'en croit pas ses yeux lorsque les services sociaux leur signalent avoir retrouvé le garçon. C'est sa soeur Edie qui vient à sa rencontre. Très émue, la jeune fille lui tombe dans les bras et le ramène aussitôt à la maison. Le hic, c'est qu'il ne s'agit pas du vrai Cassiel Roadnight, mais d'un prénommé Chap, dont la ressemblance troublante avec le fugitif a confondu tout le monde.

Chap est aussi un adolescent en fugue, depuis quatre ans, il se débrouille par lui-même après avoir été séparé de son grand-père. Le garçon ne voulait pas duper les Roadnight en se faisant passer pour Cassiel, mais c'est suite à un malentendu et le voici maintenant prisonnier de cette mascarade. Il n'est pas fier de lui de tromper son entourage, il se sent même oppressé et songe à disparaître de nouveau du paysage.

Et pourtant, il continue de jouer la comédie. Un mystère plane sur la famille Roadnight et les causes du départ de Cassiel. Ce dernier semblait être un type arrogant et difficile à vivre, Chap tente de coller au moule, sans grande conviction. Il cherche alors à en savoir plus, il questionne, il rencontre les (mauvaises) personnes, il sonde les proches et il comprend assez rapidement qu'il est en danger.

Oui, parce que ce roman est tout de même ancré sur une solide base de mystère et de suspense. Non seulement on s'interroge sur le cas de Cassiel, mais on se demande aussi jusqu'où pourra tenir Chap dans son double rôle. C'est frustrant, très prenant, assez stressant aussi. Les doigts sont collés aux pages du livre, on n'en peut plus de savoir la vérité et on ne cesse de recevoir de nouvelles informations, toutes plus aberrantes les unes que les autres. (À ce propos, la fin est tout de même abusée. Trop facile.)

Ce titre a reçu la Pépite du Roman pour ados décerné lors du dernier Salon du livre et de la presse jeunesse à Montreuil. C'est totalement justifié. On plonge dans sa lecture avec une curiosité qui ne cesse d'être alimentée et grandement récompensée au fil des chapitres. L'histoire est pesante et mélancolique, sans frôler le désespoir absolu. C'est tout bonnement poignant de voir les liens qui se tissent entre les êtres, le portrait de la famille Roadnight qui est complètement brinquebalante et qui ne va pas forcément se reconsolider avec le retour du fils disparu.

C'est définitivement une ambiance qui envoûte et une histoire qui vous happe pour ne vous relâcher qu'à la toute dernière ligne. Très bon !

École des Loisirs, septembre 2013, traduit par Diane Ménard - illustration de couverture : Gabriel Gay.

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18/11/13

Les Pépites du Salon du livre et de la presse jeunesse en Seine-Saint-Denis (Lauréats 2013)

Lundi 18 novembre 2013 au Petit Bain (Paris 13e)

lors d'une soirée animée par Emmanuel Davidenkoff, journaliste à France Info

le jury,composé des Ambassadeurs des Pépites 2013 :

Catherine Meurisse, dessinatrice de presse
Jean-Claude Mourlevat, écrivain et traducteur

Avec
Stéphanie Davidson, déléguée générale, Association des Librairies Spécialisées jeunesse
Joseph Jacquet, responsable Recherche & Développement Animations, France Télévisions
Samiha Lafif, libraire, Envie de Lire, Ivry-sur-Seine
Céline Lavallée, libraire, Folies d'Encre Gagny
Florence Noiville, responsable littérature étrangère et de jeunesse, Le Monde
Malika Person, bibliothécaire, les Lilas
Sylvie Vassallo, directrice du Salon du livre et de la presse jeunesse

ont récompensé pour 

La Pépite de l'Album
L'Odyssée d'Outis, Jean Lecointre, Thierry Magnier

L'Odyssée d'Outis

La Pépite BD/Manga
Lastman, Balak, Michaël Sanlaville, Bastien Vivès, KSTR

Lastman Tome 1

La Pépite du Roman européen pour adolescents
La Double Vie de Cassiel Roadnight, Jenny Valentine, traduit de l'anglais 
(Royaume-Uni) par Diane Ménard, L'École des loisirs

La double vie de Cassiel Roadnight

La Pépite du Documentaire 
Israël Palestine, une terre pour deux, Gérard Dhôtel, ill. Arno, Actes Sud junior

Israël Palestine, une terre pour deux

La Pépite du Livre d'art
L'Art de l'ailleurs, Hélène Gaudy, Éditions Palette…

L'Art de l'ailleurs

La Pépite de la Création numérique
Anne Frank au pays du manga, Alain Lewkowicz, Vincent Bourgeau, 
Samuel Pott, Marc Sainsauve, Arte

Anne Frank au pays du manga

La Pépite de l'Adaptation cinématographique
Aya de Yopougon, réalisation Marguerite Abouet et Clément Oubrerie, 
scénario Marguerite Abouet, 
production Autochenille Production et Banjo Studio, distribution UGC Distribution

D'après la bande dessinée Aya de Yopougon vol. 1 et 2,
Marguerite Abouet, ill. Clément Oubrerie, Gallimard, 2005 et 2006

Aya de Yopougon Edition du film

La Pépite du Livre OVNI
Romance, BlexBolex, Albin Michel Jeunesse

Romance

27/02/13

"C'est trouver l'amour qui compte. C'est ça, le principal."

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"Ça faisait mal. Très mal. Et il y avait beaucoup de sang, aussi." C'est la première phrase de la première nouvelle parmi les huit qui constituent ce recueil. Une phrase racoleuse, qui vous place tout de suite dans l'ambiance. Parce qu'il faut le reconnaître, ils sont drôlement forts, ces Anglais. Ils vous balancent leurs histoires courtes avec un aplomb redoutable, beaucoup de finesse et une drôlerie qui fait mouche, sans compter le ton et la forme qui ne font pas dans la dentelle, mais qui bien évidemment parleront instinctivement aux adolescents.

Dans le lot, on trouve tout de même deux textes classiques, le premier de Mary Hooper, le deuxième de Bali Rai. Ce sont deux histoires qui se passent ailleurs, dans l'Angleterre victorienne ou en Inde, deux cultures différentes, mais avec des parcours de femmes marquées durement par la vie et le désespoir. Sans quoi, on plonge sans complexe dans le petit monde des adolescents, à l'heure où les désirs ne sont plus tabous, où l'on est curieux, impatient, craintif et rêveur. L'incursion est réaliste, jamais déplacée, je pense que les auteurs ont été, à plusieurs occasions, bien en phase avec leur public.

A mon sens, Patrick Ness tire véritablement son épingle du jeu avec un texte percutant sur l'homosexualité, et dont la particularité veut que les mots les plus violents et crus soient dissimulés par un trait noir, ce qui laisse encore plus de place à l'imagination. Quant aux autres nouvelles, de qualité très honorable, elles séduiront immédiatement les ados par leur volonté de faire simple, juste, crédible et actuelle. L'ensemble est parfois cru, mais jamais déplacé, même la grossièreté est justifiée.

Voilà un recueil à faire lire dans les écoles (niveau collège et plus), pour rappeler à nos jeunes impatients / curieux de goûter le fruit défendu qu'il existe des règles essentielles : l'impact émotionnel. Car après tout, "le moment où on cesse d'être puceau est un truc intime qui devrait se trouver derrière un trait noir, plutôt que les insultes et les conneries sur le sexe". Parce que, "faire l'amour pour la première fois, ce n'est vraiment pas très important. C'est trouver l'amour qui compte. C'est ça, le principal."

La première fois (recueil de nouvelles) par Anne Fine, Bali Rai, Jenny Valentine, Keith Gray, Mary Hooper, Melvin Burgess, Patrick Ness & Sophie McKenzie
Gallimard jeunesse, coll. Scripto, 2011 - traduit par Laetitia Devaux et Emmanuelle Casse-Castric

17/11/11

The Ant Colony

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J'étais tellement dans l'attente de cette lecture, croyant naïvement y croiser une famille improvisée à partir de petites vies brisées ou bancales, comme d'autres histoires à la Anna Gavalda ou Maud Lethielleux, bref j'avais imaginé un rendez-vous très différent, et résultat je me trouve un peu déçue. 
Pourtant, la maison du 33 Georgiana Street, à Camden Town, à Londres, me semblait le rendez-vous improvisé de pauvres âmes en peine : on y croise Sam, un gamin de dix-sept ans en fugue, et Bohemia, dix ans, une maman alcoolique. Hmm, le tableau s'annonçait tristounet. Le propriétaire, Steve, a la tronche de travers, mais ce n'est pas un mauvais bougre. Il y a aussi Isabel et son chien Paillasson, toujours aux aguets, concierge à ses heures perdues, essentiellement pour grapiller des informations sur les autres locataires. Trop curieuse, ou soucieuse des enfants perdus ? Peut-être, ou peut-être pas. 
De fil en aiguille, il apparaît que Sam cache un lourd secret et a besoin d'être oublié. Mais la petite Bohemia le colle sans cesse, babille pendant des heures, l'use de questions... A force, la patience du garçon atteint ses limites ! Il va donc craquer et s'en vouloir. Cela va réveiller ses vieux démons, mais en même temps permettre de l'aider et d'avancer. 
Moralité : Il n'est jamais trop tard pour rattraper ses erreurs. Pour demander pardon. 
J'ai donc terminé mon livre sur une note de tristesse et d'agacement (surtout envers le personnage de la mère de Bohemia, pff), avec le constat d'être passée à côté de quelque chose (cette notion d'entraide, d'amitié et d'espoir entre ceux qui n'en peuvent plus d'y croire) car je n'ai nullement été touchée par l'histoire ou les personnages. C'est passé comme ça, zou, et puis plus rien !? 
Etrange...

La Fourmilière, par Jenny Valentine
Ecole des Loisirs, coll. Médium, 2011. Illustration de couverture : Sereg. 

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