Lulu n'a peur de rien, par Judith Viorst et Lane Smith
Après Lulu et le brontosaure, place à une nouvelle aventure aussi drôle et enlevée, toujours servie par les illustrations désopilantes de Lane Smith ! La fillette a certes gagné en sagesse, mais est toujours aussi déterminée à aller au bout de ses envies. Comme ses parents refusent de céder à sa dernière lubie en date, elle décide de gagner son argent de poche en devenant la promeneuse en chef des chiens du quartier.
Trois adorables toutous vont ainsi bénéficier de ses services d'expert, ahem, vous vous doutez bien qu'on ne s'improvise pas calée en canins du jour au lendemain, et notre demoiselle va en voir de toutes les couleurs ! Séquences très, très drôles à prévoir ! Bon, heureusement son petit voisin Fleichmann vient à sa rescousse, avec ses croquettes, sa flûte en bois et son charabia allemand.
Mais le problème, c'est que Lulu DÉTESTE le petit voisin Fleichmann. Ce garçon insupportablement parfait. Ce garçon modèle. Ce garçon qui sourit niaisement. Ce garçon tellement poli que tous les adultes l'adorent. Ce garçon si serviable qu'il refuse le moindre centime, sous prétexte que cela lui fait plaisir de rendre service. Argh, Lulu n'en peut plus de ce Fleichmann. C'est le garçon à abattre !
Comble de malchance, elle doit le supporter tous les matins car lui seul a le véritable don avec les animaux. Jusqu'au jour où elle va exploser de colère et lui dire le fond de sa pensée. Han, han, pas bien, Lulu, pas bien du tout... Et comment il va réagir, notre Fleichmann ? En lui bottant les fesses, à son tour.
La morale de l'histoire fera sourire les enfants, qui adorent rouspéter après Lulu. Elle incarne le bon et le mauvais des jeunes bambins, car elle n'est pas parfaite mais elle a conscience de ses erreurs. Elle apprend à s'excuser et corriger ses défauts. Du moins, accepte-t-elle aussi qu'on lui donne un coup de pouce, sans vouloir arracher les yeux de son bon samaritain.
Judith Viorst joue aussi de cette tendance à râler et faire preuve de mauvaise foi, en donnant l'impression de raconter son histoire comme si elle s'adresse directement au lecteur. Elle a pour cela recours à de nombreux apartés, fait des temps morts, use de parenthèses, de questions-réponses et entretient le suspense au sujet de la fameuse lubie de Lulu, qu'on ne découvre qu'à la toute dernière page.
Lecture très divertissante, pour une série qui ne peut que ravir petits et grands lecteurs.
Milan, janvier 2014 - traduit par Nathalie Zimmermann
Lulu et le Brontosaure
Lulu est une petite fille capricieuse et têtue, qui prend tous ses désirs pour des réalités. Jusqu'à présent, ses parents se sont pliés en quatre pour satisfaire ses exigences, mais la dernière en date s'annonce tellement excentrique qu'ils doivent se résoudre à dire NON. Et là, ils s'exposent à une furie : Lulu hurle et tape du pied comme une folle. Lulu n'accepte pas la résistance, alors elle fait sa valise et part dans la forêt à la recherche de son nouvel animal de compagnie.
Oui, Lulu a pour lubie d'avoir un brontosaure pour son anniversaire. On passera outre l'impossibilité d'une telle opportunité, car Judith Viorst n'en fait qu'à sa tête elle aussi. L'auteur a décidé de raconter sa propre histoire, d'inventer ce qu'elle veut, de faire des entorses au règlement et de modeler ses propres arrangements à sa convenance. Elle est libre, elle le revendique, elle fait d'ailleurs de nombreux apartés dans son récit et c'est ce qui est excessivement drôle et excusable.
Alors on suit Lulu dans la forêt, croisant des animaux sauvages qui veulent la dévorer, mais aussi à la découverte de son nouvel ami, le brontosaure. Celui-ci aussi a bien envie de compagnie, et il va rouler la petite Lulu dans la farine, ça lui apprendra à ne jamais dire SVP !
Cette lecture est fraîche, enthousiasmante, généreuse et farfelue. Les intrusions de l'auteur sont une très bonne idée, comme celle de suggérer pas moins de trois fins au récit. Pourquoi pas ? Le sourire ne nous quitte pas un instant, on pardonne les excès d'humeur de la petite Lulu, le ton ne se veut pas moralisateur non plus, cela permet d'avaler plus doucement la pilule. Les illustrations sont de Lane Smith, c'est différent de ce qu'on connaît de lui jusqu'à présent (C'est un livre ! et L'histoire en vert de mon grand-père), mais c'est parfaitement coordonné avec le ton humoristique, un peu mordant et insolent de l'histoire !
Je connaissais déjà l'édition originale, aussi j'ai été ravie de découvrir que cette collection était maintenant accessible sur le marché français. Convient aussi à la lecture à haute voix.
Lulu et le brontosaure, par Judith Viorst - illustré par Lane Smith
Milan jeunesse, 2012 - traduit de l'anglais par Nathalie Zimmermann