Vert Emeraude
Dans ce dernier tome, Gwendolyn est en plein désarroi depuis qu'elle a réalisé les véritables sentiments de Gideon envers elle. Elle a beaucoup de mal à tourner la page, et c'est grâce à l'intervention de Xemerius, l'esprit fantôme qui ne la lâche plus, qu'elle va reprendre du poil de la bête. Il était temps, ça ressemblait à de vastes et sempiternelles pleurnicheries, il fallait que ça cesse : Gwendolyn est une héroïne pugnace, qui ne doit pas se laisser abattre par un chagrin d'amour !
Alors elle repart dans son enquête, elle voyage en 1953 pour obtenir l'assistance de son grand-père, ensemble ils élaborent un plan tordu pour déjouer les ambitions secrètes du comte de Saint-Germain, de Paul et Lucy, et même de la cousine Charlotte (quelle peste, celle-ci !).
De son côté, Gideon est quasiment absent de la partie. Il a beaucoup perdu en soufflant le chaud et le froid, du coup on ne regrette pas trop de le voir mis sur la touche. D'ailleurs, Gwendolyn se débrouille comme une grande, l'histoire avance cahin-caha, les révélations finissent par pleuvoir, c'est assez excitant, le rythme de la série est beaucoup plus trépidant dans la deuxième moitié du roman, avant cela c'est un peu hésitant, ou plus réfléchi.
Au final, l'intrigue est tourneboulée dans tous les sens, il y a même un zest de danger et de suspense, mais tout se termine bien et de façon pertinente. Avec en bonus de belles scènes qui font battre le coeur encore plus fort.
Cette trilogie a été une vraie partie de rigolade, franchement je n'ai pas regretté mes trois rendez-vous, l'ambiance est exquise et les personnages, dans l'ensemble, sont savoureux et font preuve d'un sacré sens de l'ironie. Je referme la dernière page sur une note de satisfaction, vraiment enthousiaste de cette jolie découverte.
Vert Emeraude, par Kerstin Gier
Milan, coll. Macadam, 2012 - traduit de l'allemand par Nelly Lemaire
Bleu Saphir
la lecture de Rouge Rubis est nécessaire,
http://blogclarabel.canalblog.com/archives/2011/05/26/21214945.html
Dans cette suite, Gwendolyn continue son apprentissage en accéléré chez les Veilleurs, en élapsant quelques heures pour éviter les bonds sauvages dans le temps. C'est ainsi qu'elle rencontre son grand-père, Lucas Montrose, avec qui elle ose parler de la trahison de Paul et Lucy, forte de grapiller des indices supplémentaires car elle se sent toujours aussi quelconque. Même Gideon ne semble guère lui accorder la moindre confiance, ce qui est déstabilisant, car depuis leurs bécotages récents, le coeur de la jeune fille fait boum !
Je n'avais pas souvenir d'une Gwendolyn aussi idiote dès qu'il était question de son béguin pour Gideon, mais là je dois reconnaître que notre demoiselle a grillé quelques neurones et a perdu de sa vivacité d'esprit, quel dommage ! Je l'avais trouvée plus pétillante et décapante avec son sens de l'ironie, cette fois ses émois sentimentaux la préoccupent de long en large et en travers, à force ça use un peu.
Mais heureusement elle peut compter sur son démon à l'apparence de gargouille, Xemerius, qu'elle seule voit et entend, pour lui secouer les puces. Il est temps qu'elle pense à elle, s'implique dans sa mission, réfléchisse à tête reposée pour tenter de comprendre tout ce qu'on cherche à lui camoufler.
L'histoire se termine sur une grosse pointe d'amertume pour Gwendolyn, c'était à prévoir, tandis que Gideon nous apparaît de plus en plus flou ! Le dernier tome (Vert Emeraude) a donc du pain sur la planche pour démêler les fils de cet imbroglio amoureux. J'attends aussi davantage de rigueur dans le dénouement de l'intrigue concernant les sociétés secrètes et la disparition de Paul et Lucy, car je n'ai pas eu l'impression qu'on avançait beaucoup avec ce volume. Toutefois, cette série me plaît infiniment pour son ambiance et sa description des lieux, les salons anglais et leurs parades ridicules, les repas en famille teintés d'une légère causticité, les personnages attachants et leur humour. Le plaisir de lecture est sincère et véritable !
Bleu Saphir, par Kerstin Gier
Milan, coll. Macadam, 2011 - traduit de l'allemand par Nelly Lemaire
Rouge Rubis #1
J'ai trouvé ce premier tome absolument captivant, et dès le départ j'ai été embarquée par son atmosphère délicieusement excentrique et mystérieuse. C'est l'histoire de la famille Montrose, de leur grande demeure de Berkeley Square et de tous leurs petits secrets qui se lèguent à travers les générations et que semble aujourd'hui partager Charlotte, la cousine de Gwendolyn (notre sémillante narratrice). Les deux filles sont en tout point différentes, l'une rousse, consciencieuse et douée pour les études, l'autre brune, étourdie, assez cruche et immature, ne jurant que par la pop culture (elle approfondit ses leçons en visionnant des tonnes de films et de séries tv !).
Toutes deux ont seize ans, Charlotte a depuis sa naissance été désignée comme étant "porteuse du gène" (celui de voyager dans le passé) et a reçu une éducation stricte et guindée pour "accomplir son destin". De son côté, Gwendolyn observe, commente, se moque avec gentillesse. Elle a bien assez avec ses propres visions (des esprits fantômes) et sa famille ne la prend pas au sérieux. Puis survient ce que personne n'attendait - ce n'est pas Charlotte qui s'évapore dans les airs, mais Gwendolyn ! C'est elle, l'ultime voyageuse, ce qui bouleverse toutes les données.
A partir de là, le lecteur plonge dans les longues explications et nous découvrons les arcanes du cercle privé formé par les Veilleurs. Comme Gwendolyn nous absorbons les révélations, les découvertes, accumulons le plus possible d'informations sur le chronographe, les voyages dans le passé, la motivation du comte de Saint-Germain et pourquoi deux autres voyageurs ont brutalement disparu en volatilisant la machine. Heureusement, ce premier tome ne se contente pas de poser les bases (même s'il est bien obligé de passer par là), il distille aussi les informations précieuses sur l'intrigue qui se tisse avec subtilité.
C'est un monde nouveau, peut-être fascinant et excitant, mais finalement dangereux et hypocrite. Nous le réalisons aux côtés de Gwendolyn, une héroïne charmante, sans retenue, qui prend la mouche dès que son nouveau partenaire de voyage la déconsidère avec hauteur. Gideon de Villiers est l'homologue de sa cousine Charlotte, il est prétentieux et autoritaire, se méfie de Gwendolyn (ce n'est pas de sa faute, sa mère a été complice des agissements du couple qui a disparu, et depuis les Veilleurs mettent en doute l'apparente naïveté de l'adolescente). Fort heureusement, leurs chicaneries apportent du piquant et font de ce couple improbable un duo irrésistible !
Que demander de plus ? Nous avons une ambiance londonienne, une richesse historique, des bonds dans le temps, des personnages attachants et drôles, des méchants et des gentils à n'en plus savoir, une réelle intrigue, généreuse et qui s'étoffe au fil des chapitres, beaucoup de mystères et de l'humour... Cette mise en bouche met véritablement en appétit ! Vivement la suite.
Rouge Rubis - Kerstin Gier
Milan, 2011 - 336 pages - 13,90€
traduit de l'allemand par Nelly Lemaire