La petite amie, de Michelle Frances
Lorsque Daniel présente sa petite amie Cherry à sa mère Laura, celle-ci est sincèrement heureuse pour lui et accueille la jeune femme avec un sourire bienveillant. En bonne mère surprotectrice, Laura veille au bonheur de son fils. De son côté, Cherry est attentive à ne pas commettre le moindre impair. En vérité, elle a un peu honte de ses origines modestes et n'a jamais ménagé ses efforts pour sortir de sa condition. Intelligente et ambitieuse, elle a décroché exprès un poste dans une agence immobilière à Kensington pour y faire des rencontres propices. Daniel Cavendish, étudiant en médecine, a ainsi croisé sa route et succombé à son charme. Très vite, la lune de miel entre Laura et Cherry va virer à l'orage. La mère se sent exclue de la vie de son fils, elle commence à mettre en doute la sincérité de Cherry et l'accuse d'être une croqueuse de diamants ! La riposte ne va pas se faire attendre. En bref, j'ai été carrément roulée dans la farine. J'avais imaginé un scénario classique, sans surprise. Au final, j'ai été scotchée. Les personnages sont impressionnants de duplicité (je n'ai fait que pester tout du long) et l'histoire est sacrément ingénieuse à balancer et contrebalancer le pouvoir des deux ennemies. Car Cherry et Laura vont se lancer dans une véritable guerre d'usure. Quand l'une prend l'ascendant sur l'autre, l'instant d'après, un détail vient renverser la tendance. Toutes deux sont tenaces et font preuve de sang-froid. Mais jamais elles ne vont baisser les armes. C'est glaçant. Par contre, ce bougre d'âne de Daniel est franchement nigaud et aveugle. Je n'ai fait que soupirer après lui (son père Howard est tout aussi inexistant). Les deux tigresses déchirent tout et tiennent le haut de l'affiche. Clairement, on vibre de la tête aux pieds, on éprouve de la compassion ou de la colère, on n'est plus qu'une boule de nerfs. C'est dire comme la tension psychologique est tendue de bout en bout. Je salue également la prestation de Pascale Chemin, totalement époustouflante. Elle s'est imprégnée des personnages, elle a fait corps avec leurs rôles, elle a alterné les intonations tour à tour onctueuses ou hystériques. Une vraie prouesse, qui rend l'écoute vivante et prenante ! Bravo.
©2017 L'Archipel. Traduit de l'anglais par Antoine Guillemain
(P)2017 Audible Studios. Lu par Pascale Chemin (durée : 13h env.)
#moisanglais_2018
Michelle Frances est productrice et scénariste de séries télévisées, dont Shameless. La Petite Amie, son premier roman, s'est déjà vendu à plus de 250 000 exemplaires au Royaume-Uni. Traduit en quatorze langues, il est en cours d'adaptation au cinéma.
Le chat qui a tout vu, de Sam Gasson
Dans le quartier paisible de St. Andrew's Road, nul n'aurait pu imaginer un crime aussi horrible - une femme assassinée dans sa cuisine, le mari cuvant son vin dans la pièce à côté. Bruno Glew, onze ans, décide alors de prendre la succession de son père, détective fraîchement à la retraite. Et lance aussi vite les opérations : retrouver coûte que coûte Mildred (son chat qui a tout vu), consoler son meilleur pote Dean, convaincre l'opinion publique que le coupable idéal est innocent, retrouver l'homme aux bonbons, s'épancher devant l'affiche de Philip Marlowe (l'idole de son père) et porter la casquette de Sherlock Holmes, en confiant ses billes au compte-gouttes à la police. Après tout, chacun tire avantage de la situation... Hélas, cette lecture a été une cruelle déception. J'espérais une histoire pleine de peps, avec de l'humour, de l'ironie, du flegme, des aventures insolites, des détails cocasses, du rythme, de la surprise, du thé, de la jelly, des crumpets. Mais le résultat est beaucoup moins goûteux. Il y a en fait un tel décalage entre le narrateur de onze ans, obsédé par la disparition de son chat, surprenant ci et là des indices troublants sans saisir leur importance, et la réalité d'une affaire sordide, voire assez glauque. C'est tellement déconcertant que je ne suis pas sûre d'avoir accroché au principe. De plus, l'intrigue policière trop moyenne ne m'a pas convaincue (il y a du suspense et des rebondissements, mais un scénario noir de chez noir, totalement inattendu au moment de se jeter dans l'arène). Mon cœur n'a pas fait boum et ma tête oubliera rapidement ce rendez-vous loupé. Au suivant !
éditions L'Archipel (2018) - traduit par Catherine Duras
Sam Gasson, 34 ans, diplômé en écriture créative, passe ses journées à enseigner l'anglais à Horsham (Sussex) et ses soirées à écrire.
#mois_anglais_2018
La loge noire, de Jean-Pierre Croquet
Suite au décès d'un éminent collectionneur de livres anciens, tous ses précieux trésors sont répartis entre plusieurs bouquinistes. L'un d'eux a pourtant le nez fin et repère un exemplaire rare de la Kabbala Denudata, un ouvrage essentiel dans la tradition occulte. Aleister Crowley, dit le Mage Noir, le convoite et charge un courtier du nom de Mark Bowen pour lui livrer. Hélas, en débarquant dans la librairie, Bowen tombe sur un cadavre et est surpris les mains ensanglantées. Désigné suspect idéal, il préfère fuir et se cacher. Mais l'engrenage infernal est en place, trop tard pour le rouquin désormais pourchassé, surveillé et enlevé de part et d'autre. Tous se bousculent pour lui mettre la main dessus. On croise ainsi des anarchistes, des espions allemands, des francs-maçons, des sociétés secrètes, des révolutionnaires irlandais... et un inspecteur déterminé à ne pas lâcher le morceau. Robert Adey est un homme brisé, depuis la mort de sa femme, il vit seul avec sa fille mais consacre toute son énergie à son travail d'enquêteur. Et il ne se résout pas aux conclusions hâtives sur Mark Bowen, auquel on attribue la paternité de l'Égorgeur, autrement dit le sanguinaire qui assassine sauvagement des prostituées à Londres. L'homme refuse de rentrer dans le rang et part en roue libre, au grand dam de son supérieur.
Que de rythme et de rebondissements au cours de cette lecture ! C'est ce qui m'a principalement interpellée, durant 300 pages, l'histoire charge la donne avec sa galerie de personnages, son intrigue rondement ficelée, ses coups de poing, sa mise en scène tapageuse et son sens de la dramaturgie. Ce roman se lit vraiment très vite. L'ambiance est intriguante - quartiers populaires, pubs mal famés, salons occultes, bibliothèques ou beaux hôtels élégants - le contexte politique particulièrement tendu - printemps 1914 - et les guest stars illustres - Churchill ou Conan Doyle. On sent le souci de bien faire, les détails abondent, l'écriture est ingénieuse, l'émotion est au rendez-vous, au même titre que l'action et le suspense. C'est pas mal du tout et cela me fait penser à la brillante collection Grands détectives chez 10-18 !
L'Archipel, coll. Suspense, 2017
Les orages de l'été, de Tamara McKinley
Peu après le décès de sa mère, Olivia débarque en Australie et se rend dans le Queensland pour y retrouver sa sœur Irène. Mais les années et l'éloignement n'ont pas adouci leur relation conflictuelle, pourtant Olivia n'est pas prête à repartir en Angleterre, voulant solder les comptes du passé, puisqu'elle a en sa possession des documents attestant un secret trop longtemps gardé. Auprès de Gilles, son ami d'enfance, Olivia se livre avec pudeur et lui confie son histoire familiale jonchée de drames et de non-dits. Sur place, les deux amis font connaissance avec Maggie, la gérante d'un hôtel dont Sam est le propriétaire. Cette rencontre n'est pas anodine et donnera en son temps du grain à moudre dans la trame romanesque.
En attendant, on plonge les deux mains liées dans cette grande fresque sentimentale et on avale de son plein gré une grande quantité de banalités comme on est en droit d'attendre. Donc, la famille déchirée et les révélations fracassantes sont du nombre. Les amours contrariées, les mensonges et autres trahisons, aussi. C'est cousu de fil blanc et néanmoins inspirant. En vrai, j'ai beaucoup aimé une bonne partie de ma lecture - évasion garantie, promesse d'exotisme, des paysages arides et un climat capricieux... L'Australie en 1947 se dévoile à nos yeux ébahis et ravis. C'est superbe. Et tout simplement distrayant. Par contre les personnages sont fades et ne renvoient aucune passion. Ils sont tristement convenus et répondent au cahier des charges. Il y a l'amoureux éconduit, la jeune femme rejetée depuis l'enfance, la sœur revêche et ambitieuse, la mère cachottière... Les histoires d'amour se dessinent sans surprise. Les aveux ne soulèvent aucun étonnement. On retombe vite dans les clichés, et le final s'éternise.
En gros, je n'éprouve aucune déception et ai assouvi au mieux ma curiosité sur Tamara McKinley (La dernière valse de Mathilda). J'ai également apprécié ma lecture faite par Ludmila Ruoso - l'écoute est plaisante, faite en toute modestie, même si parfois les voix frôlent la caricature selon les rôles attribués. Ceci dit, ma prochaine lecture portera sur la trilogie de Sarah Lark dans un registre qui me semble approchant. À voir ! ... ☺
> Ce livre audio est proposé en exclusivité par Audible et est uniquement disponible en téléchargement. Version intégrale d'une durée de 13h env.
©2016 L'Archipel. Traduction : Danièle Momont. (P)2017 Audible Studios FR
Le somnambule, de Sebastian Fitzek
Leo découvre un matin son épouse Nathalie en train de plier bagage et lui annoncer sans ménagement qu'elle le quitte. L'homme est ahuri, mais effrayé en réalisant qu'elle a été récemment agressée. Refusant tout dialogue, Nathalie sort de l'appartement, sans un regard en arrière. Leo est tétanisé sur place, quand il comprend que ses crises de somnambulisme ont hélas repris. Il en a souffert durant toute son enfance, a suivi une thérapie auprès du docteur Volwarth et comprend aujourd'hui qu'il doit le recontacter pour se soigner. Leo, ensuite, s'enferme chez lui. À partir de là, il se met en tête d'explorer les moindres recoins de son habitat, de chercher les traces de ses errances nocturnes pour s'expliquer la défection de son épouse, laquelle semblait vraisemblablement protéger quelques facettes secrètes. Avec l'aide d'une caméra embarquée, il va filmer ses crises et plonger dans des abîmes d'une noirceur et d'une violence sidérantes.
Il revient alors au lecteur de bien s'accrocher pour suivre le mouvement ! Car l'histoire est particulièrement tortueuse et nous conduit dans un insupportable dédale d'informations, de révélations et de retentissements. À force d'en subir les répercussions, j'ai ressenti un vif malaise. Et plus j'avançais dans l'histoire, plus je me sentais dans un état cotonneux, usée par la tension psychologique et par le flou artistique trop poussé. Le contexte du huis clos accentue également cette impression. On ne sait plus ce qui est réel, imaginaire, subconscient ou rêvé. C'est certes volontaire, mais disons qu'avec 300 pages de lecture - soit 7 heures approximativement en livre audio - j'ai bizarrement éprouvé les limites de la saturation. Le rythme est dense, les événements s'enchevêtrant sans cesse pour troubler les perceptions, seulement ce schéma a fini par me lasser. En gros, je n'ai pas aimé errer à l'aveugle, perdue dans le brouillard, avec toutes mes convictions constamment remises à plat. Je n'en pouvais plus. Exception faite pour Thérapie, j'ai souvent été de déconvenue en déconvenue avec les romans de S. Fitzek. Ce sont des lectures calibrées au millimètre près pour embarquer le public (suspense, rebondissements, tension, etc.), mais elles aiment également flirter avec des psychoses ou des personnages sur la corde raide dans un jeu tendu, stressant et souvent dérangeant. Un procédé harassant, pour ma part.
L'Archipel, 2017 - Trad. Céline Maurice [Der Nachtwandler]
>> On retrouve François Montagut pour Audible Studios dans le registre du personnage borderline. Son interprétation hystérique prête toujours à confusion, d'un côté elle renforce la sensation d'angoisse et rend le suspense palpable, d'un autre elle renvoie l'intrigue et les personnages dans des confins vertigineux et dérangeants. Une expérience inconfortable mais saisissante.
>> Disponible en téléchargement ICI.
©2017 L'Archipel. Traduit de l'allemand par Céline Maurice (P)2017 Audible Studios
Mémoire cachée, de Sebastian Fitzek
Le point de départ de ce thriller évoque celui de La Mémoire dans la peau, de Robert Ludlum, mais aussi L’Armée des 12 singes, de Terry Gilliam. Un type se réveille dans Berlin, blessé et amnésique. Il ne sait plus qui il est (le nom Noah est tatoué dans sa paume droite). Il n’a aucune idée d’où il vient. Il ignore pourquoi il se trouve à Berlin mais comprend rapidement qu'il est en danger. Recueilli par Oscar, un sans-abri, il part avec lui en quête de son destin.
Au même moment, à Manille, un foyer de grippe se déclare, qui bientôt se transforme en pandémie. La planète entière est touchée. Les aéroports de New York sont placés en quarantaine. On compte les victimes par dizaines de milliers. Et la psychose s'installe. Un groupe d’extrémistes semble s'en frotter les mains, quand la question soudain se pose : Noah est-il complice ou victime ?
Le début de l'intrigue est redoutable : suspense, rythme, mystères et rebondissements font du roman un rendez-vous appréciable, qui surprend, qui accroche et qui tient en haleine. J'ai pendant longtemps été interpellée par les ressorts de l'histoire, dont l'intensité dramatique est remarquable (un héros frappé d'amnésie, des tueurs à ses trousses, une pandémie de grippe galopante = jackpot gagnant).
Les événements s'enchaînent sur une cadence régulière et soutenue. Puis, l'ensemble s'essouffle et se noie en détails improbables, en explications lentes, longues et laborieuses. D'où une petite déception qui déteint sur l'enthousiasme d'entrée de jeu. Mauvais point aussi sur la place que prennent les rôles féminins dans l'intrigue : de simples potiches, sujettes à leurs troubles hormonaux. Pff.
La version audio est lue par Alexandre Donders, très bon dans sa lecture, son intonation des voix, son interprétation des rôles, veillant à ne pas se ridiculiser avec les voix féminines. Une lecture appréciable, qui aurait été plus percutante avec un dénouement moins abscons.
Traduit de l'allemand par Céline Maurice pour L'Archipel (2016).
>> Ce livre audio en exclusivité sur Audible - uniquement disponible en téléchargement.
Texte lu par
Thérapie, par Sebastian Fitzek
Viktor Larenz a tout pour lui : bel homme, sûr de son charme, il mène une brillante carrière de psychiatre, reconnu et respecté par ses pairs, il affiche aussi une vie familiale exemplaire, marié et père de famille. Mais ce fantastique portrait est éclaboussé par un drame : la disparition de sa fille Josy, douze ans. Celle-ci souffrait d'un mal étrange depuis plusieurs mois. Le jour de son rendez-vous chez un allergologue, la jeune fille est portée absente. Nulle trace d'elle. Après quoi, Viktor Larenz sombre dans une sévère dépression et sera interné dans un service psychiatrique. Son cas, pourtant, est plus étrange : en tête à tête avec un confrère, il raconte le déroulement des derniers événements tragiques. Son besoin de s'isoler dans sa maison de campagne, sur une île, sa rencontre avec une certaine Anna Spiegel, une romancière qui souffre de schizophrénie et qui prétend donner vie à ses personnages de papier. Sa dernière expérience en date, une jeune Charlotte, atteinte d'une maladie incurable, qui aurait choisi de fuguer pour guérir... Viktor Larenz est troublé, mais accepte d'ouvrir sa maison à l'inconnue pour une « thérapie ». Et là, vous, le lecteur, vous ne savez plus qui croire, que penser, et vous vous enfilez les chapitres d'une traite. Le principe aussi est efficace : très courts, ils se terminent à chaque fois sur des révélations flippantes, qui vous poussent à vouloir poursuivre, connaître la vérité, atteindre le bout de l'histoire et démasquer la supercherie. Franchement, j'ai adoré le climat confiné de l'île de Parkum, la tempête qui s'abat sur les côtes, l'isolement, la peur paranoïaque, le doute... Facile de succomber à la sensation d'angoisse rampante, qui vous saisit à la gorge et menace de vous étouffer. C'est le premier titre de Sebastian Fitzek que je lis, ce ne sera pas le dernier !
Le Livre de Poche - novembre 2009 ♦ traduit par Pascal Rozat pour L'Archipel
... en plein dans le nez !
Elle s’appelle Douceline. Elle est née en Provence au XIVe siècle, dans une ville décimée par la peste. Dans les ruelles de Grasse empuanties par les tanneries, elle se découvre une passion pour les senteurs et les parfums. Auprès de son père apothicaire, elle apprend à travailler les plantes et à confectionner des eaux de fleurs. Il envisage de la marier à un riche marchand, mais Douceline a d’autres ambitions.
C'est un très beau roman, écrit avec élégance et poésie, qui évoque l'histoire des parfums à Grasse à travers l'histoire de Douceline, fille d'apothicaire, dans la France du XIVème siècle. C'est aussi l'étourdissante destinée d'une vraie héroïne qui est racontée, en des termes charmants et délicats. On a aussi presque l'impression de 'sentir' ce roman tant la description des odeurs est omniprésente !
Un parfum d'histoire, tome 1 : L'Eau des anges par Béatrice Egémar
L'Archipel, coll. Galapagos, 2011 - illustration : Delphine Caussais
Le tome 2 - L'Eau du roi - est déjà disponible.
Gardez-vous de la jalousie, seigneur !
Cléo a grandi dans un monde dévasté suite au Cataclysme qui a ravagé la planète et sa population. Ses ennemis jurés sont les Ashes, qu'elle juge responsables de la mort de ses parents. Elle est aujourd'hui la fille adoptive du chef des Norms, elle est forte et veut gagner ses galons de battante au cours des raids, mais sa rencontre avec une Emplumée la déstabilise du fait de leur ressemblance troublante.
A partir de là, elle cherche à comprendre la signification de son tatouage au poignet. Elle fait des cauchemars aussi. Elle a besoin de comprendre l'histoire de ses origines, de ses parents, de cette jumelle qui appartient au clan rival, mais tout le monde lui tourne le dos. Une tension se crée, ses rapports avec Tybalt, son petit copain, deviennent brutaux, le garçon est jaloux et a proclamé devant tous son droit sur elle. Cléo est donc dans une impasse - un monde sans arbitraire, à moins d'encourir le risque d'être mise au ban de son clan.
Nuit Tatouée est un roman à l'univers violent, sombre, oppressant et sinistre. J'ai été séduite par les prémices de l'intrigue, avant de ressentir lassitude et malaise. Cléo est à un tournant de sa vie, elle a dix-sept ans, elle veut comprendre qui elle est et d'où elle vient, mais elle se heurte à un mur. L'histoire ne lui fait pas de cadeau, elle est brutalisée et réduite au silence, isolée pour qu'elle soit encore plus vulnérable. C'est une démonstration affligeante de l'abus de pouvoir, c'est réaliste mais ça fait froid dans le dos.
J'ai ensuite trouvé que l'ensemble piétinait, en tournant autour des atermoiements de la jeune fille, peut-être à juste titre, mais l'action est devenue plus faible, révélant pleinement une atmosphère écoeurante et pathétique. La séduction a donc fini d'opérer. De plus, je n'ai pas compris l'obsession de Cléo pour ce garçon entraperçu lors d'un raid, avant de tomber dans un trou noir. Ce type ne réapparait pas avant les dernières pages, c'est pour dire, il n'a pas une importance considérable dans ce premier tome, si ce n'est d'être un leitmotiv pour tourner le dos à sa vie passable et insatisfaisante.
En bref, j'ai trouvé à cette lecture de belles idées, mal exploitées, plongées dans un monde déconcertant et glauque, envers lequel je n'ai hélas ressenti aucun effet d'excitation.
Nuit Tatouée, 1. La peau des rêves par Charlotte Bousquet.
L'Archipel, coll. Galapagos, 2011. Couverture : Adrien Aymard, ill. Mélanie Delon.