18/07/13

“Chaque question doit-elle avoir une réponse ?” (Hiver, Audiolib)

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Quelle sensation déconcertante de lire un roman sur l'hiver, alors que la saison est belle et estivale, cela vous donne presque des petits frissons de soulagement ! De plus, l'histoire est particulièrement glauque et affligeante, puisqu'elle nous présente la violence et la folie au sein d'un foyer familial qui vit complètement en marge de la société... Avant cela, le roman s'ouvre sur la triste découverte d'un corps pendu à un arbre, la victime était un pauvre type solitaire, affublé d'un physique disgracieux, sujet à toutes les moqueries.

L'inspectrice Malin Fors et son collègue Zeke sont sur des charbons ardents, cette morte suspecte devient leur priorité absolue et ils vont ainsi fouiller dans l'existence de l'homme, mettant à nu des réalités sordides, comme une horrible affaire de viol jamais résolu, une enfance maltraitée, une mère despotique, un père aux abonnés absents et quelques autres réjouissances. Triste tableau, je dois admettre, j'avais le cœur au bord des lèvres.

Sans quoi, tout le reste m'a plu ! J'ai aimé les personnages, Malin est intuitive et têtue, elle est aussi maman d'une adolescente de 14 ans qui vit sa première relation amoureuse, gare aux griffes de louve protective, mais on s'identifie facilement à ses réactions. Je crois qu'on a encore beaucoup à découvrir sur elle, ce qui m'amène à vouloir poursuivre cette série, que je trouve attachante et superbement dépaysante (un voyage en Suède, comment le refuser ?!).

Hiver, par Mons Kallentoft
Audiolib (2011) / Le Serpent à Plumes (2009) - traduit par Max Stadler et Lucile Clauss
Texte intégral lu par Alexandra Dima (durée d'écoute : 11 h 35)


09/07/09

Darling Jim ~ Christian Mork

darling_jimQuel roman, mes aïeux. Noir et inquiétant, comme sa couverture, le roman l'est véritablement et peut gonfler la poitrine d'offrir un contenu à l'égal du contenant. C'est très rare. L'histoire nous transporte dès les premières pages, dans la verte et bucolique Irlande, même si la carte postale fiche aussi les jetons. Dans la maison de tante Moïra, les corps de trois femmes ont été retrouvés, portant des traces de sévices et autres souffrances importantes. Vision apocalyptique, d'autant plus incompréhensible qu'il s'agit de Moïra et de ses nièces, Fiona et Roisin. La bête et les beautés, dit-on en se signant. Les langues se délient à vitesse folle dans le village, or elles ne peuvent soupçonner l'origine du cauchemar. Ni qu'un tel massacre est devenu la conclusion d'un amour qui consume plus intensément qu'un brasier.
C'est alors qu'un jeune postier, qui trompe son ennui en dessinant des comics, va mettre la main sur le journal de Fiona, miraculeusement sauvé de l'enfer et échappé des fouilles de la police. En première page, Fiona supplie son interlocuteur, qu'importe son identité, de lire son histoire du début à la fin car elle se sait condamnée mais elle n'espère pas que sa mort tombera dans l'oubli. Il faut qu'on sache son histoire, il faut la lire et la colporter.
A la façon d'un seanchai, un conteur de légendes irlandaises.
Fiona a eu la malchance d'en croiser un sur son chemin, en la personne de Jim Quick, la beauté du diable, le regard implacable, et le charme de son mystère auréolant le trouble qu'il fait naître chez les femmes. De pubs en pubs, il raconte son histoire d'homme-loup, et dans son sillon la presse se fait écho d'étranges disparitions de jeunes femmes.
Qui est-il ? Que veut-il ?
C'est l'une des nombreuses raisons qui vous pousse à ne plus quitter ce livre du danois Christian Mork, oui danois, j'ai moi-même été surprise de le découvrir. C'est dire le talent exceptionnel qu'il possède, la capacité de se fondre dans un décor, de créer l'illusion. Son roman lui-même est constitué de tiroirs sans fonds, on les ouvre sous l'emprise d'une puissance maléfique, on emprunte des chemins de traverse, mais le narrateur vient toujours nous repêcher et nous pousse vers d'autres couloirs labyrinthiques. C'est prodigieusement bluffant. Un roman dans le roman. A la façon des poupées russes. Bref, j'ai adoré.
Et l'écriture est sensuelle, brillante, étourdissante. C'est un livre à plusieurs facettes, qui vous raconte une histoire d'amour, de danger et de tristesse. Une histoire qui donne la chair de poule. Une histoire un brin fantastique, avec des contes et légendes qu'on imagine se raconter au coin du feu ou avec une lampe de poche sous une tente ! Pour frémir de plaisir.
Une lecture que je recommande.

Le Serpent à Plumes, coll. roman noir, 2009 - 382 pages - 20€

Traduit de l'anglais par Agnès Jaubert

Lily a également été fascinée - Joëlle l'a dévoré - Ys pense que cela ferait un excellent scénario de film

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18/02/09

Finnigan et moi - Sonya Hartnett

finnigan_et_moiUn garçon de vingt ans est en train de mourir. Dans sa chambre, seul, il repense à son enfance, marquée par la rencontre avec Finnigan, un garçon sauvage, qui n'allait jamais à l'école, qui était libre comme l'air et qui faisait tout ce qu'il voulait. C'était un garçon mal élevé, mais fascinant. Anwell va aussitôt en faire son ami, accepter le pacte mi-ange, mi-démon proposé par Finnigan. Anwell se rebaptise Gabriel, comme l'archange. Il craint un peu Finnigan, il n'a pas tort car quelques mois plus tard, la ville de Mulyan est en feu. Des incendies se déclarent dans tous les coins, et Anwell sait pertinemment qu'il s'agit de l'oeuvre machiavélique de Finnigan. Mais impossible de révéler l'info à ses parents, ou à la police. Il se tait, il ne veut pas parler de Finnigan, à personne, c'est son secret même si Finnigan se révèle de plus en plus dangereux et incontrôlable.

C'est un roman sur l'enfance, sur les secrets et sur les drames qui s'enchaînent en un point de non-retour. L'histoire est admirablement bien écrite, racontée alternativement par Anwell et Finnigan. De son côté Sonya Hartnett joue avec dextérité sur la complexité des liens entre les garçons, et sur la personnalité de l'adolescent qui se meurt dans son lit. Quelque part, ce roman m'a rappelé ma récente lecture du Proscrit de Sadie Jones, surtout parce qu'il s'agit encore d'un enfant-martyr, pas tabassé ou violenté, mais incompris, humilié et mal-aimé. Les parents d'Anwell sont terriblement absents, vides, ternes et décevants. Ils sont maudits ou zinzins, comme dit la rumeur.

L'ambiance à Mulyan, petite ville australienne, y est dépeinte sans état d'âme, d'abord toute mielleuse et hypocrite, puis au fur et à mesure des faits du pyromane, les relations deviennent plus tendues, les voisins entre eux se lancent des regards suspicieux, ou alors les habitants cherchent à faire eux-mêmes la loi, créent des milices pour provoquer le coupable, ce qui l'excite davantage. C'est un roman sous pression, un brin mystérieux et fantastique, mais surtout hallucinant de page en page, lorsque les vérités se précisent et prennent une réalité déconcertante. La fin, d'ailleurs, est bouleversante. 

Peut être lu par des adolescents. Une lecture davantage poétique que pesante. 

Le Serpent à Plumes, 2009 - 312 pages - 21€
traduit de l'anglais (Australie) par Bertrand Ferrier

# On the other side - The Strokes

http://www.deezer.com/track/940448 

Finnigan et moi, roman de Sonya Hartnett

Posté par clarabel76 à 18:15:00 - - Commentaires [22] - Permalien [#]
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