23/04/12

"Allons-y, ma petite. La vie va reprendre son cours..."

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Que dire sur cette suite des aventures d'Eugénia et la bouche de la vérité, à part qu'elle était très attendue et que j'ai honteusement mis six mois pour m'y replonger ... Eh bien, le plaisir n'a pas été boudé et la patience récompensée !
Premier constat : c'est toujours aussi fou, aussi virevoltant, aussi délicieusement barré, même dans les situations les plus désespérées. Nous retrouvons Eugénia, flottant sur des eaux inconnues, au milieu de nulle part, tandis que Oliver, la fée qui ressemble à Brigitte Bardot dans sa jeunesse, n'est pas au mieux de sa forme non plus. Tout va de mal en pis pour nos joyeuses héroïnes, et nous suivons leurs parcours en parallèle, avec gourmandise, ravissement et inquiétude aussi.
L'imaginaire de l'auteur fait encore une fois des merveilles, c'est bariolé, coloré, vif, éclatant. C'est même tellement rebondissant qu'on manque de louper le coche et de ne pas tout comprendre, mais ce n'est pas trop grave non plus, il y a toujours des branches qui bandouillent et qu'on peut saisir à la volée pour ne pas se paumer.
Je retiens de cette lecture un charme indéniable, une imagination débordante, un langage truffé d'expressions rigolotes et peu communes, en plus d'une galerie de personnages attachants et des personnalités fortes, excentriques, qui ne manquent pas de bagout. Cette aventure déclinée en deux livres peut surprendre, à sa façon elle est délurée et indomptable, mais il y a une telle fraîcheur et un désir de raconter une histoire originale que ce serait dommage de ne pas s'y intéresser. Je recommande donc cette découverte à tous les amateurs d'univers enchanteurs et à l'humour décalé.

Eugénia et le Crépuscule des fées, par Emmanuelle Caron
Médium de l'Ecole des Loisirs, 2011 - illustration de couverture : Loren Capelli 

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30/03/11

Tabernoucle ! s'exclama Eugénia

IMG_3144Ce livre est complètement dingue ! Il vous embarque là où vous ne vous y attendiez pas : un imaginaire fantastique ! C'est d'abord l'histoire d'une gamine de 11 ans, de sa meilleure copine Melissandre et de son amoureux à la mèche rebelle, Didier. Cela commence par des jeux d'eau à la cascade, une opération de secours, puis un retour à la maison où maman n'est pas du tout contente, quand entre finalement en scène un étrange individu en costume vert et chaussures oranges qui va voler l'âme de sa maman ! Plouf, l'histoire plonge dans l'inconnu, fait vrombir son moteur, la suite est imprévisible, époustouflante, menée à un train d'enfer...

Eugenia fait connaissance avec son daemon caché dans la chatte Elianne, un certain Philémon qui rend compte de l'envers du décor - nous n'en sommes qu'au début de nos surprises ! Elle part aussitôt à la rencontre d'Oliver Fitzpatrick, la fée la plus puissante, se trouve face à un clône de Brigitte Bardot et se prend une biture dans un repaire de minotaures. Avant cela, elle a englouti une boulette magique qui lui donne l'apparence d'une jeune femme de 19 ans, avec des nénés et un popotin rebondi qu'elle est fière d'exhiber, mais le temps lui est compté, et dans sa tête elle est toujours la gamine gourde et nigaude. C'est frais, c'est drôle, on se marre autant des pitreries que des étourderies d'Eugenia !

Ceci ne nous écarte pas du droit chemin - il faut sauver la maman d'Eugenia, plongée dans le coma. Or, cet autre monde dans lequel la fillette pénètre est incroyable, avec deux clans ennemis, les Mangeurs et les Passeurs, des guerres, des enlèvements, des trésors volés, des ensorcellements et des tentatives d'assassinat. Au milieu, Eugenia se sent empruntée, comme débarquant de la planète Mars, et ne se doutant pas du rôle qu'elle doit jouer. Celui-ci sera effectivement plus qu'important, et c'est alors que le couperet tombe : il faut attendre une suite ! Argh, c'est terrible. Je n'avais rien vu venir. J'étais totalement installée dans cet univers loufoque et délirant, où l'imaginaire dans l'histoire et le langage est impressionnant. Cette lecture m'a prise à contre-pied, j'ai fait défiler les pages avec un sourire jusqu'aux oreilles, tant j'étais conquise, enthousiaste et passionnée ! En-co-reeee !!! Cloche à frites de cloche à frites de radis creux de fouine à bois ! dit-on là-bas.

Eugénia et la bouche de la vérité - Emmanuelle Caron
Medium de l'Ecole des Loisirs (2011) - 180 pages - 9,50€
illustration de couverture : Loren Capelli

Posté par clarabel76 à 20:00:00 - - Commentaires [8] - Permalien [#]
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24/03/10

Parce que ce gars-là a tété comme un désespéré qui a failli ne pas passer l'été

kidKid, c'est une histoire de finesse et de sensibilité. Une histoire entre une femme et un chaton. Ce dernier trouve refuge chez la femme qui passe un été difficile, à tenir compagnie à ses parents qui vivent leurs derniers jours. C'est un album sur la solitude, la perte et le besoin de vie. La femme et le chaton vont se raccrocher l'un à l'autre, elle va le nourrir au biberon, se sentir père et mère pour lui, il ne va plus la quitter, dormir tous les soirs dans son dedans  ou se nicher sur la pile des coussins. Petit à petit, la couleur entre de nouveau dans la vie de la narratrice, après des journées vides et lentes, aussi longues que des verres de terre. Je ne passe pas en revue le graphisme de l'album, parfaitement sobre, épuré et intelligent, il suit l'histoire en y apportant la petite touche nécessaire. On ressent le vide, le manque, on vit l'étouffement, le cocon et le refuge. Cela ne se raconte pas, chaque album raconte à son lecteur sa petite histoire, et cet album a su vraiment me toucher. Pas parce qu'on parle d'un chat, un animal qui me laisse de marbre, mais parce qu'il laisse entendre qu'un animal peut vous redonner goût à la vie. Toute lecture est à prendre entre les lignes, ici ce que j'ai ressenti est également très personnel. C'est une histoire d'amour et de confiance. Une lecture pudique et sensible, très touchante.   
Ce duo d'auteurs avait déjà été récompensé par le prix du livre jeunesse de l'ARALD en 2009 pour C'est Giorgio.

Kid ~ Corinne Lovera Vitali / Loren Capelli
Rouergue, 2010 - 15€

challenge Je lis des albums - 21

challenge2jelisaussidesalbums

04/10/08

Dès lors, je peux bien te laisser Dehors, puisqu'au fond j'ai trouvé de l'or tout à l'intérieur *

Nous poursuivons notre petit tour dans les rayons jeunesse, avec un nouvel éditeur : le Rouergue. C'est souvent l'occasion de découvrir des albums étonnants, au graphisme qui sort de l'ordinaire et contant une histoire peu banale. Cela fait appel à notre sensibilité, cela fait réfléchir aussi. Ce n'est pas une lecture qui s'offre à nous dès la première rencontre, cela demande généralement d'y revenir, d'y songer, de traquer des signes ou des indices.

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Je pense forcément à un titre, en avançant tout cela, et effectivement l'album C'est Giorgio de Corinne Lovera-Vitali n'est pas facile à cerner de prime abord. D'abord son look : pâle, épuré, une économie de moyens soulignée par l'utilisation d'un simple stylo bic noir (+ une couleur !). C'est singulier, assez particulier. Pas sûr que ça plaise à tous !

L'histoire est celle d'une petite fille qui décide qu'elle est grande maintenant. Elle peut faire plein de trucs toute seule, mais la solitude, aussi, ça pèse. Au cours d'une promenade, elle fait la découverte d'une peluche abandonnée (oubliée ou perdue), c'est Giorgio - pas bien vaillant, pas très beau. Elle l'emporte, en le camouflant sous sa veste. Chez elle, elle va le nettoyer, lui refaire une beauté. C'est devenu son petit "quelqu'un" avec qui elle va faire plein de trucs maintenant !

Cette histoire aborde l'envie de l'enfant d'être grand, mais confronté à la solitude. C'est finalement auprès d'un doudou, qu'on colle généralement dans les bras des petits, que la fillette va trouver son réconfort et cela lui permettra d'être une grande, à sa manière ! Peut-être un peu trop original pour toucher nos bambins... ?

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Petit comme un poing d'Irène Cohen-Jana est une histoire plus traditionnelle, avec une couverture amusante et très attirante. Le récit est assez moderne, contemporain car il évoque le souci des portables dans le quotidien des gens débordés (ça me fait rire !). Cela montre aussi tout le ridicule que représente une vie accrochée à son portable, mais il s'agit de mon interprétation personnelle ! ;o)

Bref, c'est l'aventure de Mme Piroulet qui promène dans le parc son petit Léon, bien scotché dans sa poussette. De son côté, elle passe coup de fil sur coup de fil pour organiser l'anniversaire de son petit, à tel point qu'elle se rend compte trop tard que Léon a disparu ! La maman paniquée court se renseigner auprès du gardien, de la dame du manège, du directeur du théâtre et du commissaire de police. Elle devient folle d'angoisse, elle répète pourquoi elle n'a rien vu, rien entendu (portable oblige !) et dring dring ! la fin finit bien.

Cela fait un peu théâtre de Guignol, toute cette cacophonie, cette course échevelée et ce discours de dingues. Cela s'appuie sur des effets comiques de répétition et d'accumulation, c'est excellent pour raconter oralement ! Le téléphone portable est donc au coeur de cette histoire, mais l'auteur n'a pas cherché à être critique. Elle se moque avec tendresse, elle met le doigt sur cette invasion - bonne et/ou mauvaise - avec parfois des conséquences qui vont dans les deux sens. Mais c'est un livre qui s'inscrit dans son époque, c'est ainsi. :))

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* paroles de Lola Majeure / Zazie

Editions du Rouergue, septembre 2008 :
* C'est Giorgio, de Corinne Lovera-Vitali / illustrations de Loren Capelli (Coll. Varia, 16€)
* Petit comme un poing, d'Irène Cohen-Janca / illustrations de Candice Hayat (Coll. Varia, 12€)