En poche ! Une histoire des abeilles, de Maja Lunde
Dangereuses, mais sources de vie, les abeilles garantissent l’espoir du monde. Mais les abeilles disparaissent, inéluctablement, et dans l'indifférence. Victimes de notre espèce, elles en seront, peut-être, le salut.
Totalement sous le charme de la couverture, j'ai découvert avec ravissement une lecture pleine de sensibilité et étonnamment captivante. L'histoire se déroule sur trois époques et trois continents, à travers trois personnages et leur vie familiale.
Ohio, 2007. Tom annonce à son père George qu'il ne reprendra pas la ferme car il souhaite devenir écrivain. Déprimé par cette nouvelle, l'homme perd goût à son travail, mais note avec inquiétude les premiers signes de disparition des abeilles.
Dans la Chine futuriste de 2098, suite au Colony Collapse Disorder (le Grand Effondrement ayant entraîné l'extinction des abeilles) le gouvernement a mis en place une politique pour “polliniser la nature à la main”. Tao est ouvrière et profite de son jour de congé pour partir en pique-nique dans la forêt... mais la sortie vire au drame. Son fils est transporté en urgence à l'hôpital et placé en soins intensifs. Son cas suscite une attention abusive des plus grands chercheurs du pays, au grand dam de sa mère qui est tenue à l'écart. Folle de douleur, elle fouille dans de vieux ouvrages évoquant les événements du passé et comprend le rôle de son garçon dans ce cataclysme.
Parce que l'écriture est belle, l'histoire romanesque et fascinante, on se surprend à tourner les pages du livre sans réaliser que le temps passe et que c'est déjà le point final. Il faut dire aussi que ce n'est pas uniquement une histoire des abeilles - même s'il y a urgence à les protéger et qu'il n'est jamais vain de le rappeler - c'est avant tout une histoire de transmission avec trois exemples de relations filiales qui ne sont pas simples. Chez William, par exemple, l'homme déploie une énergie incommensurable pour épater son garçon, et ne voit plus sa fille pourtant admirative du travail accompli. Inversement, les liens distendus entre Tom et son père vont peu à peu se ressouder à travers les épreuves. Quant à Tao, c'est un grand cri d'amour et de dévouement qui s'étale sous nos yeux, dans l'adversité et à travers son combat. En bref, c'est un roman remarquable, qui tente de symboliser l'espoir et réveiller les consciences écologiques, tout en évoquant l'amour filial avec tendresse et sincérité. En fermant ce livre, je me sentais imprégnée de poésie et de lumière !
Un peu à l'image de cette couverture chez Pocket : de toute beauté.
Traduit du norvégien par Loup-Maëlle Besançon - repris chez Pocket (2018)
Une histoire des abeilles, de Maja Lunde
En Amérique, courant 2007, George se sent trahi lorsque son fils Tom, parti à l'université, lui annonce finalement qu'il ne reprendra pas le flambeau de la ferme car il se sent une vocation d'écrivain. Brisé moralement, l'homme perd goût à son travail, mais relève avec inquiétude les premiers signes de disparition des abeilles, chez ses voisins et sur ses propres colonies.
Et enfin, direction la Chine de 2098, une perspective futuriste glaçante, car la planète n'est plus que l'ombre d'elle-même. La classe ouvrière est désormais employée à “polliniser la nature à la main” suite au Colony Collapse Disorder - le Grand Effondrement ayant entraîné l'extinction des abeilles. Profitant de son seul jour de congé, Tao part en famille pique-niquer dans la forêt... mais la sortie vire au drame, quand elle trouve son fils agonisant sur le sol et transporté d'urgence à l'hôpital. Placé en soins intensifs, le cas de l'enfant suscite une attention abusive des plus grands chercheurs du pays, tandis que sa mère est tenue à l'écart, folle de douleur. C'est en lisant de vieux ouvrages que Tao prendra conscience du bouleversement passé et du changement à venir, avant de comprendre le rôle de son garçon dans ce cataclysme.
Parce que l'écriture est belle, l'histoire romanesque et fascinante, on se surprend à tourner les pages du livre sans réaliser que le temps passe et que c'est déjà le point final. C'est ce qui m'est un peu arrivé. Car il faut dire aussi que ce n'est pas uniquement une histoire des abeilles - même s'il y a urgence à les protéger et qu'il n'est jamais vain de le rappeler - c'est surtout une histoire de transmission qui ressort de la lecture. Les trois histoires ont en effet en commun de présenter des relations filiales qui ne sont pas simples. Chez William, par exemple, l'homme déploie une énergie incommensurable pour épater son garçon, mais ne voit plus sa fille sous son propre nez, pourtant douce et attentive à son travail. Inversement, les liens distendus entre Tom et son père vont peu à peu se ressouder à travers les épreuves. Quant à Tao, c'est un grand cri d'amour et de dévouement qui s'étale sous nos yeux, dans l'adversité et à travers son combat. En bref, c'est un roman remarquable, qui tente de symboliser l'espoir et réveiller les consciences écologiques, tout en évoquant l'amour filial avec tendresse et sincérité. En fermant ce livre, je me sentais imprégnée de poésie et de lumière ! C'était bon. ☺
Octosong, de Levi Henriksen
Jim Gystard est réalisateur artistique dans une maison de disques, producteur usé et désabusé par son métier, par le manque de création, l'absence de renouvellement, la daube formatée et sirupeuse du milieu. Notre homme n'en peut plus et ne souhaite plus contribuer au délabrement du paysage musical. Un lendemain de gueule de bois, lors du baptême de son neveu, notre brave ami a le choc de sa vie en entendant les voix divines du trio Thorsen, un frère et deux sœurs accusant les quatre-vingt ans, qui ont aussi à leur actif une carrière inimaginable, avec des disques et une tournée en Amérique, et qui vivent désormais reclus dans leur maison d'enfance en bordure d'une gravière.
En entendant Maria, Tamar et Timoteus élever leurs voix avec cette pureté jamais égalée, Jim reçoit un coup au cœur et vient de trouver sa nouvelle raison de vivre. Convaincre la fratrie Thorsen d'enregistrer le disque ultime. Mais en abordant les artistes, Jim découvre aussi trois excentriques déterminés à ne pas reprendre le collier. Lui : « Je crois que je n'avais encore jamais eu une telle chair de poule en entendant quelqu'un chanter. » Timoteus : « Espérons que vous n'êtes pas une poule mouillée. » Et de regagner la Old Kapitän de 1956 de sa frangine Maria en se traînant sur son déambulateur.
Cette lecture est ainsi touchante de fraîcheur et réserve un étonnement perpétuel à découvrir le parcours de chanteurs bohèmes, portés par leur foi et leur candeur, sur des chemins improbables du blues et du rock-n-roll. C'est follement grisant. Et drôle aussi. Car cette aventure insolite est aussi celle d'un affamé, qui n'imaginait plus ressentir une telle fringale et qui se lance dans une quête obsessionnelle pour décrocher son enregistrement. Jim plaque tout pour s'installer à la campagne et s'inscruster dans la routine des Thorsen. Commence un apprivoisement long, lent, difficile et en douceur. Les sœurs, en premier, sont moins farouches et livrent avec naturel une partie de leur incroyable trajectoire. Reste ensuite à amadouer Timoteus... coriace et caustique, hermétique aux appels des sirènes, sourd aux supplications et insensible aux louanges prodigués avec ferveur. Il va falloir louvoyer pour percer la carapace du joueur de mandoline !
Traduit du norvégien par Loup-Maëlle Besançon, pour les éditions Presses de la Cité - Octobre 2016
Titre Original : Harpesang