Leona #2 La fin justifie les moyens, de Jenny Rogneby
Six mois ont passé depuis l'affaire des braquages à la fillette (cf. Leona #1), l'inspectrice Leona Lindberg suit une thérapie qu'elle fausse sur toute la ligne car elle a encore beaucoup de secrets à préserver. Financièrement, elle est toujours dans la panade et doit de l'argent à un sombre individu, un dénommé Armand, qui ne rigole pas avec les délais. Leona doit donc organiser un nouveau braquage et s'entoure d'une fraîche équipe de jeunes délinquants, qu'elle forme au cours d'un séminaire dans un ancien abattoir. Ce qu'elle ne sait pas, c'est qu'un indic de la police s'est faufilé entre les rangs... Professionnellement, Leona Lindberg a été expressément demandée pour rencontrer un kamikaze sur son lit d'hôpital, après son attentat loupé. Le type est renfermé, il faut du temps et du discernement pour comprendre ses intentions et avertir une prochaine attaque. Personnellement, sa vie a également éclaté. Son mari a demandé le divorce et tient leur fille Beatrice à distance, car Leona serait vraisemblablement sujette à des crises de délire paranoïaque. En fait, elle est seule au courant que sa fille court un grave danger, à cause de sa double vie, et qu'elle ne peut compter que sur elle-même pour la protéger. Cela commence à peser lourd dans la balance de notre inspectrice, au calme imperturbable, et qui affiche toujours un sang-froid déroutant. Leona n'a vraiment pas gagné en charisme, mais son histoire continue de m'accrocher. Par contre, ce roman fait moins la part belle à l'action mais s'attache à décortiquer les procédures policières pour justifier la lenteur des enquêtes avant d'opérer les arrestations. Une démonstration parfois trop longue, ou qui vise à rappeler le pédigrée de l'auteur (ancienne criminologue ayant travaillé sept ans dans la police) et qui devient un semblant de caution face à d'éventuels détracteurs. Techniquement, j'ai trouvé que la dynamique n'était peut-être pas aussi efficace que dans le premier roman, mais lorsque tous les éléments se mettent en place, les derniers chapitres réservent une lecture ô combien ébouriffante ! Suspense, émotion, frisson et rebond. On termine en beauté. J'ai encore mordu à l'hameçon. La personnalité troublante de Leona Lindberg est aussi effrayante que fascinante. Le roman s'amuse de son jeu de dupe et prend son pied à tourner le lecteur en bourrique. C'est noir, poignant et explosif. J'attends forcément le troisième tome avec impatience.
>> Livre audio en exclusivité sur Audible & uniquement disponible en téléchargement.
©2017 Presses de la Cité. Traduit du suédois par Lucas Messmer
(P)2017 Audible Studios. Texte lu par 11 h 39)
- Série : Leona, Livre 2
Leona #1 Les dés sont jetés, de Jenny Rogneby
Stupeur chez les forces de l'ordre. Une fillette couverte de sang, avec son petit ours en peluche, vient de braquer une banque du centre-ville de Stockholm à l'aide d'un simple magnétophone. L'enfant a surgi sans crier gare et a disparu aussi mystérieusement. C'est Leona Lindberg, inspectrice de la brigade criminelle, qui va se saisir du dossier et revoir chaque point scrupuleusement. Cette acharnée du boulot, souvent prise en exemple par ses collègues, ne ménage pas ses efforts pour tirer au clair cet embrouillamini, quitte à négliger davantage son mari et leurs deux jeunes enfants. Se défendant d'être sentimentale, en raison d'un passé familial conflictuel, Leona cache en vérité une double existence - joueuse de poker invétérée la nuit, elle claque son argent en ligne, perd des sommes astronomiques et est endettée jusqu'au cou. Pour renflouer ses caisses, la jeune femme n'a pas trouvé mieux que d'organiser un hold-up ! C'est donc elle la tête pensante du casse du siècle, elle qui prétend tenir l'enquête pour mieux déjouer les soupçons, elle qui pensait avoir tout verrouillé jusqu'à ce qu'un journaliste trop zélé découvre ses incohérences et se lance dans le chantage... La spirale infernale ne fait hélas que commencer.
J'avais des craintes en commençant ce roman, en raison de la personnalité froide, calculatrice et malhonnête de Leona qui la rend affreuse et antipathique. Mais au final, l'ensemble se révèle une très bonne surprise ! L'enchaînement des événements, l'incongruité des révélations, le numéro de voltige de l'inspectrice-cambrioleuse, les fausses pistes et les rebondissements de l'enquête font de cette histoire une machination incroyable et stupéfiante. On gobe tout du début à la fin, pris par le rythme de cette lecture pleine d'effervescence. J'ai été la première étonnée par mon addiction, au point d'avoir téléchargé le deuxième livre dans la foulée (cf. Leona #2 La fin justifie les moyens). C'est étourdissant et gonflé. Pas mal du tout pour un premier roman !
>> Format audio en exclusivité sur Audible ; uniquement disponible en téléchargement.
©2016 Presses de la Cité. Traduit du suédois par Lucas Messmer
(P)2017 Audible Studios - Lu par : 10 h 51)
Série : Leona, Livre 1 également disponible en format poche chez POCKET.
Comment je vais tuer papa, de Carina Bergfeldt
Très bonne découverte que ce premier roman de la suédoise Carina Bergfeldt, qui propose de suivre une intrigue à suspense avec un meurtre à résoudre, un parricide à démasquer et les réminiscences d'une enfance bafouée.
Tout commence par la découverte du corps d'une mère de famille, dont la disparition avait été signalée deux mois plus tôt. La femme souffrait de dépression nerveuse et avait laissé une lettre d'adieu avant de quitter le foyer. Un suicide, donc. Sur place, la journaliste Julia Almliden cherche à obtenir le scoop et se positionne immédiatement pour interroger le mari, le voisinage, fouiller le passé de la victime et éclaircir les zones obscures.
Un travail de routine, redoutable d'efficacité, qui va même dépasser l'investigation de la police, toujours au point mort ! Julia et sa collègue Ing-Marie Andersson, dans leur obstination, bousculent les enquêteurs, dont Anna Eiler, peu habituée à renâcler à la besogne. Que lui arrive-t-il ? Jamais elle n'a été aussi détachée et négligente sur une affaire. Comme si elle avait les idées ailleurs. Son entourage s'interroge.
Et nous aussi. Car la construction du roman est rusée et brouille les pistes exprès pour semer le doute, les trois jeunes femmes ont chacune des secrets à préserver et c'est seulement dans les derniers chapitres qu'on découvre leur teneur. En attendant, on se demande laquelle des trois cherche à éliminer son père en mijotant le crime parfait. C'est dense, rondement mené et percutant.
On a là une lecture haletante, qui maintient son mystère jusque la fin ! Rien que pour ça, chapeau. Le ton moderne et les références à la pop culture (Dexter ou Stieg Larsson) cassent aussi avec les clichés du thriller noir et pesant. Ici, on respecte les classiques mais on impose un style désinvolte, sans jamais minimiser cette extraordinaire maîtrise du suspense.
Hachette, coll. Black Moon Thriller, février 2014 ♦ traduit par Lucas Messmer (Fadersmord)