... billet doux d'un fantôme à une ombre. (Ava préfère se battre) ☺♥
Ava est de retour sur l'île de Jersey pour y passer ses vacances dans le manoir de son oncle. A peine vient-elle de débarquer qu'elle est déjà convoquée à une réunion de fantômes qui s'empressent de faire sa connaissance, mais qui veulent surtout se rassurer et tester sa capacité à assumer seule son nouveau rôle (celui de consolateur). La jeune fille est vite débordée face aux accusations (trop jeune, pas assez présente, inexpérimentée...) et reproche à sa vieille tutrice, Cecilia Watson, de la mener en bateau.
L'intrigue se voudra donc plus politique et cherchera à fouiller dans le passé pour comprendre l'univers des fantômes, leur hiérarchie et les nombreux enjeux. Ava est dépassée par la situation, mais va agir avec tact et douceur dans ce petit monde où les susceptibilités sont également très vives. Bref, elle se rend compte aussi que ce n'est pas facile de concilier sa nouvelle fonction avec sa vie d'ado normale (elle vient de rencontrer un garçon sur l'île, elle apprend à mieux le connaître mais c'est compliqué de jouer sur les deux fronts !).
En fait, l'histoire de ce deuxième tome est plus centrée sur le sujet des fantômes et de la particularité d'Ava, contrairement au précédent tome qui partait d'une enquête criminelle avant de s'évader vers une touche fantastique. On gambade également dans la campagne de Jersey, d'où on explore les coins cachés, le folklore, les petits secrets, les allusions et références historiques (la présence de Victor Hugo et son intérêt pour le spiritisme). En somme, l'essai est réussi, après une entrée en matière très prometteuse, ce deuxième tome est tout aussi passionnant, bien écrit, entraînant et instructif.
Ava préfère se battre, par Maïté Bernard (Syros, janvier 2013)
illustration de couverture : Jérôme Meyer-Bisch
Faire partie de ceux grâce à qui tout est à sa place dans le monde. ♥☺
Ava, 14 ans, est envoyée chez son oncle Vincent pour les vacances d'été, le temps que ses parents règlent leur divorce. Ce dernier vit dans un manoir sur l'île de Jersey, un cadre magnifique, toutefois Ava ne connaît pas son oncle, qui l'accueille fraîchement, car lui aussi semble préoccupé par l'organisation d'une expo sur un trésor viking. Peu de temps après son arrivée, une jeune femme est assassinée. Billie Gombrowicz était jeune, belle et venait de trouver fortune avec son grand-père. Pourquoi, mais pourquoi a-t-on voulu lui nuire ? Billie erre comme une âme en peine, devenue fantôme, elle se sent dépossédée, victime d'une injustice.
C'est alors qu'elle réalise que la petite Ava, dans son coin, est capable de la voir et de lui parler. Elle fait style de rien, mais elle possède un don hors du commun, depuis l'âge de trois ans, elle est capable d'entrer en contact avec les fantômes. Un peu ringard, pense-t-elle, après avoir tenté de camoufler cet aspect des années durant. La voici donc confrontée à son pire cauchemar, sauf qu'elle ne va pas trop déchanter ... ou du moins, jusqu'à ce qu'elle réalise qu'on tente de l'empoisonner avec son thé !
Est-il besoin de préciser que j'ai beaucoup apprécié ce roman ? C'est dit. J'ai adoré cette magnifique promenade sur l'île de Jersey, où l'auteur n'a pas lésiné sur les moyens pour nous donner l'impression d'y être pour de vrai, avec force détails et descriptions pointilleuses, c'est un régal. On s'attache aussi à son héroïne, Ava est une jeune fille simple, réfléchie, avec les deux pieds sur terre, mais ne frisant pas la crise cardiaque lorsqu'elle est confrontée à du sang ou des fantômes. Non, c'est une ado courageuse et intelligente, qui vit avec son temps mais qui ne se prend pas la tête non plus en futilités.
L'intrigue aussi est passionnante, l'ambiance en général m'a d'ailleurs un peu rappelé les romans d'Alan Bradley avec son héroïne Flavia de Luce. Si vous recherchez un récit ponctué de suspense, de thé Earl Grey, de poison, de complots, de trésor et de vieilles histoires sur la guerre, vous aurez tout loisir de trouver votre compte avec cette lecture ! C'est un excellent début de série, baignant dans un cadre enchanteur, la promesse d'une évasion dont on souhaiterait ne pas revenir trop vite...
Ava préfère les fantômes, par Maïté Bernard
Syros, février 2012 - ill. de couverture : Jérôme Meyer-Bisch
Sur le chemin des vacances #5
Cinq ans après, Clémentine, reporter photographe, revient dans le quartier de Monsieur Madone. C'était l'homme de sa vie, son grand amour. Il s'est tué et la jeune femme n'a jamais pu surmonter son chagrin. Elle retrouve aujourd'hui la famille de son amant, fait une promenade dans le parc de Versailles en compagnie du jeune frère et tous les deux, sous leur parapluie, parlent du deuil, de la douleur, du spleen et du vide.
Ce n'est pas un roman triste ni mélancolique, c'est au contraire une histoire attendrissante autour d'une femme inconsolable, dont le corps trahit les émotions et les blessures mal cicatrisées. C"est aussi l'histoire d'une famille incroyablement belle, au sein de laquelle on se sent à l'aise, à tel point qu'on aimerait y être définitivement adopté. Et puis ça parle d'amour, qu'on perd, qu'on trouve, qu'on gagne et qu'on reconquiert. Je ne voudrais pas en dévoiler davantage, ne cherchez pas non plus à trop apprendre sur ce livre, allez plutôt vers lui et laissez-vous porter. La plume de Maïté Bernard, qui m'avait été révélée avec Et toujours en été, possède une sensiblité et une justesse qui me touchent à juste titre.
Monsieur Madone - Maïté Bernard (Pocket, 2011)
Rien ne prédestinait ces quatre femmes à se rencontrer et à unir leurs ambitions, si ce n'est cette commune soif de vengeance envers le même individu. Olympe d'Avremont est une baronne kidnappée qui ruse de mille roueries pour échapper aux convoitises du Commodore. Sylvine La Violette, la cuisinière, a choisi d'entrer au service du pirate pour lui faire payer les vies volées de son époux et de ses enfants. Agathe La Boissière, fière et redoutable fine lame, a juré de venger l'honneur de son père, quitte à perdre un peu plus de sa réputation en se comportant comme un garçon manqué. Nagîna, princesse du désert, porte un voile pour cacher son visage défiguré et compte bien remettre la main sur le diamant que lui a volé son ennemi. Le Commodore, donc, est l'homme à abattre. C'est un pirate rustre et violent, qui vit actuellement caché dans des grottes au pied des falaises de la Gironde, avec sa bande de malfrats stupides.
C'est un revigorant roman d'aventures que nous propose Florence Thinard, un roman où se mêle le souffle de la piraterie dans un décor soigné, finement travaillé à force de recherches scrupuleuses pour mieux dépeindre l'époque et les lieux qui dépayseront le lecteur. Ambition hautement réussie ! C'est un roman historique luxuriant de détails, l'auteur nous renvoie à une adresse internet pour découvrir l'Hermione par exemple. A noter également que les personnages endossent ici des personnalités atypiques, qui se distinguent bien les unes des autres. En tête, le quatuor des femmes. Et même l'horrible Commodore montre un visage de pirate bien plus réaliste qu'un Jack Sparrow séduisant et sympathique.
Ce roman captivera les lecteurs dès 14 ans qui apprécient les récits historiques truffés d'action, avec une pincée de mer et d'amitié pour pimenter le tout.
Les illustrations sont l'oeuvre de François Place.
Mesdemoiselles de la Vengeance - Florence Thinard (Folio junior, 2011)
Miles Halter, 16 ans, est un lycéen studieux qui décide de quitter sa Floride natale pour rejoindre Culver Creek en Alabama. Il s'agit d'une pension dirigée par l'Aigle, directeur pointilleux qui proteste contre le tabac, l'alcool et la transgression du couvre-feu. L'école est un établissement pour petits génies qui comprend deux groupes : les pensionnaires normaux et les weekendeurs, des gosses de riches qui rentrent chez eux en fin de semaine.
Miles se lie d'amitié avec son camarade de chambre, le Colonel, puis rencontre Takumi et la délicieuse et sexy Alaska Young. Ensemble, ils vont vivre une amitié très forte, bien qu'elle sera aussi éphémère. Alaska, brillante jeune fille auréolée de mystères, fascine notre jeune narrateur. Pourtant celle-ci est lunatique, "cafteuse" et insaisissable.
Un drame va frapper le petit groupe, qui sera également une remise en question personnelle et délicate, les uns se sentant coupables, les autres rancuniers. Miles et son copain le Colonel vont alors mener leur enquête, mais très vite ils seront persuadés de courir après un fantôme qui fuit, tout le temps.
Difficile de faire bref avec ce roman, tant il m'a semblé très dense et intelligent sur les rapports de l'adolescence concernant l'amitié, l'amour, le désir sexuel et l'enfance. Dès le début, on a déjà le goût de l'originalité et de la subtilité, ce n'est pas qu'un banal roman pour la jeunesse parmi d'autres, celui-ci me semble sortir du lot. Pourquoi ? D'abord l'histoire est bien écrite, l'auteur est un jeune homme qui signe là son premier roman, prometteur et encourageant. Il a su créer dans l'univers de Culver Creek un milieu érudit et confiné où l'on partage les farces, les leçons et les petites bravades contre l'interdit. (Cela m'a fait penser au roman "Le Maître des illusions" de Donna Tartt.) Ce lieu clos exacerbe les désirs et les passions : les amitiés sont fusionnelles, la perte devient ainsi une épreuve intolérable et douloureuse. Ce qu'il se trame à Culver Creek est secret. Les adolescents entre eux adoptent des noms de code, ils dégagent aussi une image plutôt positive avec leurs réussites scolaires et leur érudition exemplaire. Miles, par exemple, cultive la passion des dernières paroles de morts célèbres, et a débarqué en Alabama guidé par le précepte de Rabelais « Je pars en quête d'un Grand Peut-Être ». Enfin bref, c'est un roman singulier et passionnant, assez flamboyant par ses excès, on passe facilement du rire aux larmes, sans rien y comprendre !
Qui es-tu Alaska ? - John Green (Gallimard jeunesse, coll. Pôle Fiction, 2011)
Monsieur Madone - Maïté Bernard
Cinq ans après, Clémentine, reporter photographe, revient dans le quartier de Monsieur Madone. C'était l'homme de sa vie, son grand amour. Il s'est tué et la jeune femme n'a jamais pu surmonter son chagrin. Elle retrouve aujourd'hui la famille de son amant, fait une promenade dans le parc de Versailles en compagnie du jeune frère et tous les deux, sous leur parapluie, parlent du deuil, de la douleur, du spleen et du vide. Attention ! Ce n'est pas un roman triste ni mélancolique, c'est au contraire une histoire attendrissante autour d'une femme inconsolable, dont le corps trahit les émotions et les blessures mal cicatrisées, et également autour d'une famille incroyable, belle, à tel point qu'on aimerait qu'elle nous adopte. Et puis ça parle d'amour, qu'on perd, qu'on trouve, qu'on gagne et qu'on reconquiert. Je ne voudrais pas en dévoiler davantage, ne cherchez pas non plus à trop apprendre sur ce livre, allez plutôt vers lui et laissez-vous porter. La plume de Maïté Bernard, qui m'avait été révélée avec Et toujours en été, possède une sensiblité et une justesse qui me touchent. Je classe ce roman parmi mes préférés de cette rentrée de janvier et Maïté Bernard peut prétendre à une suite royale dans mon petit panthéon d'auteur fétiche.
Le Passage, 2009 - 148 pages - 14€
Qu'est-ce qu'un Monsieur Madone ?
« Monsieur Madone serait mignon ou carrément beau, mais ce n'est pas là que résiderait son pouvoir. Monsieur Madone serait conscient de plaire et tranquillement sûr de lui. Monsieur Madone saurait regarder une femme dans les yeux sans forcément se demander comment la convaincre. Monsieur Madone aurait vécu, il aurait été blessé, aurait parfois perdu, mais il ne haïrait personne. Monsieur Madone serait discret. Ce serait un homme qui ne parlerait pas que de lui, qui écouterait et ne retiendrait pas forcément tout, surtout les détails si importants pour une femme. En effet, Monsieur Madone ne serait pas parfait et n'attendrait pas que les femmes le soient, il ne les idéaliserait pas. Monsieur Madone serait viril. Viril mais pas prédateur. Viril mais il n'exsuderait pas le sexe. Voilà pourquoi, quand on serait enfin dans ses bras et qu'on découvrirait qu'il aime "ça", ce serait un émerveillement. »