La prophétie de Glendower, de Maggie Stiefvater
J'ai d'abord été séduite par l'ambiance du roman : une petite ville américaine, une maison où cohabitent des femmes qui lisent les cartes et voient les esprits, une école privée pour garçons aisés, une chasse au trésor et une malédiction.
Pour Blue, il s'agit de tuer d'un baiser l'amour de sa vie.
Ajoutez la plume de Maggie Stiefvater pour accentuer cette sensation poétique et vaporeuse.
J'étais vouée à succomber au charme du livre.
Malheureusement ça n'a pas suffi. L'atmosphère devient plus lugubre et moins hypnotisante. L'intrigue est complexe. Les Corbeaux (en référence au tatouage qu'ils portent pour leur école) sont souvent d'humeur morose. La jeune fille est attirée par eux mais consciente qu'elle doit se tenir à l'écart. Et le prof de latin est dévoré par la vengeance. L'arrivée inopinée de la tante Neeve vient également déstabiliser le centre spirituel de la maison.
Pour qu'une lecture m'inspire autant de perplexité, c'est souvent signe que le rendez-vous n'est pas à la hauteur des espérances. Je suis vraiment déçue. C'est aussi un crève-cœur d'en tirer cette conclusion !
Dommage.
Cette série a initialement été traduite et éditée par Hachette en 2013. Le deuxième tome s'intitule : Les Voleurs de rêves. Cependant, l'éditeur n'a pas donné suite.
Les éditions Bookmark ont ainsi repris le flambeau en soumettant une MAGNIFIQUE COUVERTURE et ont pour but de proposer la série au complet (quatre tomes).
Traduction de Camille Croqueloup. Couverture : MxM Créations (2021)
« — Il n’y a que deux raisons pour lesquelles un esprit peut être vu par un non-clairvoyant à la veille de la Saint-Marc, Blue. Soit tu es l’amour de sa vie, soit tu as causé sa mort. »
Chaque année, Blue Sargent accompagne sa mère clairvoyante observer les esprits des futurs morts. Des esprits que Blue ne peut voir... Du moins, elle ne le pouvait pas, jusqu’à ce qu’un jeune homme lui apparaisse et s’adresse directement à elle.
Il s’appelle Gansey et Blue découvre vite qu’il est étudiant à Aglionby, l’école privée locale. Or, elle a pour principe de ne pas s’approcher des jeunes hommes de l’académie ; plus connus sous le nom de « Corbeaux », ils ne causent que des ennuis.
Pourtant, Blue est irrésistiblement attirée par Gansey, sans qu’elle puisse s’expliquer pourquoi.
Il a tout pour lui : une fortune familiale, un visage d’ange, des amis dévoués... Mais il est à la recherche de quelque chose d’autre. Il s’est voué à une quête, secondé par trois autres Corbeaux : Adam, un élève boursier à la rancune tenace envers tous les fils de riches qui l’entourent ; Ronan, une âme féroce qui passe de la colère au désespoir en un tour de main ; et Noah, l’observateur taciturne du groupe, qui remarque beaucoup de choses mais n’en dit que bien peu.
Du plus loin que remontent ses souvenirs, Blue a toujours su qu’elle causerait la mort de l’amour de sa vie. Elle n’avait pourtant jamais cru que ce serait un problème. Maintenant que sa vie se retrouve intrinsèquement liée au monde sinistre des Corbeaux, elle n’en est plus aussi certaine.
⭐⭐⭐
Pip Bartlett et la parade des licornes, de Jackson Pearce & Maggie Stiefvater
Dans Pip Bartlett et les créatures magiques, nous faisions connaissance avec une chouette héroïne, passionnée de licornes, qui était également capable de les comprendre et de leur parler. Pour vivre pleinement cette passion, Pip avait été envoyée chez sa tante Emma, vétérinaire dans la ville de Cloverton, véritable repaire en espèces hors du commun. Au cours de son séjour, la fillette s'est liée d'amitié avec le jeune Tomas, un bonhomme timoré et allergique à tout, mais qui a suivi Pip dans ses folles aventures !
Le duo devenu inséparable se rend cette fois à un concours de licornes, le Triple Trident, où les enfants vont déployer des trésors d'ingéniosité pour tirer Régent Maximus de son paddock. Ce modèle de peur et d'angoisse est en train de partir en vrille, nos jeunes assistants ont donc du pain sur la planche pour le rassurer et l'encourager à remporter chaque étape du concours - conformité, agilité, couronnement. Toutefois, la compétition va être compromise par les sabotages répétés d'un individu qui cisaille les crins des licornes. La concurrence est éliminée au compte-gouttes, au tour de Régent Maximus de se sentir menacé !
L'histoire est toujours aussi charmante et enfantine, elle multiplie les situations cocasses, introduit toujours plus de nouvelles créatures magiques, consolide aussi la belle amitié entre Pip et Tomas, propose une enquête palpitante, avec du suspense, des rebondissements et des spécimens étranges, tirés du fameux guide de Jeffrey Higgleston. C'est dans ce contexte débordant d'imagination et de fantaisie qu'on savoure cette série - idéale dès 9/12 ans. La lecture n'en paraît que plus magique et excitante.
Seuil jeunesse, 2017 - Trad. Sophie Passant {Pip Bartlett's Guide to Unicorn Training}
Illustrations de Roland Garrigue pour la version VF
Pip Bartlett et les créatures magiques, de Jackson Pearce & Maggie Stiefvater
Fascinée par les créatures magiques, Pip Bartlett a pour particularité de les comprendre mieux que personne mais est surtout capable de leur parler. Nul n'est au courant de son don, ce qui donne lieu à des situations cocasses, dont le fiasco de la Journée des Métiers organisée par son école. À cette occasion, Pip rencontre des licornes, toutes plus vaniteuses et insupportables les unes que les autres. La jeune fille tente de les calmer mais provoque malgré elle un ramdam du diable. Ses parents l'envoient alors chez sa tante Emma, qui est vétérinaire dans la petite ville de Cloverton, spécialisée dans les soins pour les espèces fantastiques. Pip mesure sa chance de croiser en vrai un cornebec ailé ou un griffon nain soyeux, qui n'ont aucun secret pour elle. Mais la poisse de nouveau la rattrape lorsqu'elle découvre un Poilafeu dans l'écurie d'une licorne. La menace gronde sur cette petite communauté paisible. Car le Poilafeu est réputé pour être un nuisible susceptible d'entrer en combustion sans prévenir. C'est de plus une créature minuscule, qui aime se planquer dans les placards à sous-vêtements, et qui se reproduit à la vitesse de l'éclair. Panique à bord. Pip va prêter main-forte à sa tante Emma, en compagnie de sa cousine Callie et du petit voisin hypocondriaque Tomas, pour secourir la ville en péril ! Et l'histoire de déborder d'imagination et de magie, avec des créatures extraordinaires, qui échappent souvent à tout contrôle et provoquent des situations affolantes, d'où le sentiment de folie et d'effervescence qui colle à l'ambiance générale. La lecture est ainsi légère, distrayante et très amusante. Son esprit enfantin la destine idéalement aux plus jeunes (8-9 ans), plus sensibles au déferlement d'action et d'événements improbables. Le tout a été bichonné dans un écrin prodigieux - les illustrations sont de Maggie Stiefvater pour la VO, Roland Garrigue pour la VF. C'est complètement délirant et très créatif, même si c'est un imaginaire ciblé et stéréotypé. Ce livre a la dose d'humour, de rythme et d'aventure nécessaire pour emporter le jeune lecteur. Qu'on lui laisse le champ libre, après tout. PS : J'adore la couverture !
Seuil Jeunesse - Traduit par Sophie Passant (Novembre 2016)
illustrations de Roland Garrigue
Titre VO : Pip Bartlett's Guide to Magical Creatures
Le Loup de L.A., de Maggie Stiefvater
Tout le monde croit connaître l’histoire de Cole St. Clair. Le succès. La drogue. La déchéance. Puis sa disparition. Mais rares sont ceux qui connaissent son secret le plus sombre – sa capacité à se métamorphoser en loup. Isabel fait partie du cercle restreint de ceux qui savent. Il fut un temps où ils auraient même pu s’aimer. Un temps révolu. Jusqu’au jour où Cole est de retour. De retour sur la scène. De retour où le danger rôde. De retour dans la vie d’Isabel.
Comme beaucoup de lecteurs, j'avais quitté la série de Maggie Stiefvater en 2012, après avoir lu Fusion qui bouclait la saga de Sam & Grace à Mercy Falls. C'était sans me douter que, trois ans plus tard, une pointe de nostalgie surgirait sous les traits de Cole St. Clair avec ce roman racontant son histoire après les événements survenus dans le Minnesota. Notre chanteur sexy tente de renouer avec le succès et l'amour en débarquant en Californie. Là se trouve l'inoubliable Isabel Culpeper qu'il souhaite reconquérir. Celle-ci a pourtant tourné la page, mais pas verrouillé son cœur. Revoir Cole ravive autant de souvenirs que d'émotions !
Je ne cache pas avoir pédalé dans la semoule en me plongeant dans cette suite qui a tout lieu d'être tardive et impromptue. C'est toujours aussi joliment poignant, raconté avec lyrisme, mêlé à un soupçon de coquinerie, car notre couple vedette est réputé pour ses interactions volcaniques et passionnelles. Mais avouons aussi que tout ça arrive un tant soit peu après la bataille. J'aimais l'idée du flou autour de leur relation inaboutie, lui donner des mots et une forme ne me semblait pas indispensable.
Alors si on aime follement la saga, qu'on découvre à peine ou qu'on ne peut vivre sans avoir lu le moindre écrit de l'auteur, oui ce livre mérite d'être lu, dans la foulée. Et savourer pleinement cette histoire de seconde chance dans laquelle patouillent des personnages qui le valent bien (et méritent leur happy end). Maggie Stiefvater tenait aussi à se faire plaisir en évoquant l'artiste maudit et torturé, à travers Cole, et laisser exploser sa passion pour la musique qu'on retrouve dans chacun de ses livres, particulièrement dans son écriture.
Hachette jeunesse, coll. Black Moon / novembre 2014 ♦ Traduit par Camille Croqueloup (Sinner)
♪♫ I remembered that once upon a time, I wrote books with kissing scenes. I remembered that once upon a time, Cole St. Clair had been a rock star. ♫ ♪ M.S.
“Sometimes you don't have to see something to know it is there.”
Quelle jolie conclusion ! Rarement il sera permis au lecteur de s'attacher à un amour aussi fort, aussi beau que celui qui unit Sam et Grace. C'est plus que romantique, c'est une science invisible mais sûre. Je ne reviendrai pas sur mes sentiments concernant cette série, l'action est ultra lente, de quoi frustrer les amateurs de sensations folles, mais ce que j'apprécie par-dessus tout, c'est cette évidence de retrouver un lieu et des personnages qui nous touchent, qu'on croit connaître depuis toujours, un petit monde où on se sent coupé de l'extérieur, comme un cocon réconfortant, d'où on ne voudrait jamais se déloger.
L'histoire de Sam et Grace n'est pas seulement une histoire d'amour claire comme de l'eau de source, le couple est torturé par la transformation de la jeune fille, alors que Sam est enfin guéri. Il doit désormais répondre aux accusations de la police et des parents, il doit aussi aider Grace perdue dans les bois, isolée et angoissée. De plus, la communauté de Mercy Falls a décidé d'organiser une grande battue contre les loups, avec des hélicoptères et des tireurs d'élite. Isabel choisit de rallier le camp de Sam et Grace, même si cela implique de revoir Cole, son séduisant rocker, qui tente de trouver un remède pour soigner les loups en faisant ses expériences sur son propre organisme.
C'est donc avec nonchalance, et sur une pointe de tension, assez légère, qu'on suit notre quatuor dans cette course-contre-la-montre. Croyez-le ou non, l'effet est apaisant. On se plonge dans le récit sans être à la recherche de solutions miraculeuses, on souhaite juste être en compagnie des personnages, et c'est tellement bien. Je vais conserver une grande tendresse pour cette série, mis à part le deuxième tome plus déconcertant, la lecture des trois livres aura été un pur moment de communion avec la poésie, la mélancolie, l'amour fou et l'humour. Un beau mélange.
Fusion, de Maggie Stiefvater
Hachette jeunesse, coll. Black Moon, 2011 - traduit par Camille Croqueloup
“It is the first day of November and so, today, someone will die.”
“I say, 'I will not be your weakness, Sean Kendrick.'
Now he looks at me. He says, very softly, 'It's late for that, Puck.”
Quel fabuleux roman ! Je ne m'attendais pas à ce qu'il me plaise autant, j'ai adoré chaque minute passer à le lire, c'était un moment sublime, déstabilisant mais mémorable. Rien n'indiquait que l'histoire allait m'embarquer à ce point, on y parle de chevaux surgissant de la mer, avides de sang et de viande, des chevaux sauvages et intrépides, mais des chevaux dont toute la communauté de Thisby est bougrement fière !
L'île de Thisby est également un cadre magnifique, c'est une île de pêcheurs, peuplée de gens simples et qui sentent le poisson, c'est un microcosme d'hommes et de femmes éprouvés par les pertes, mais qui gardent toujours la tête haute par fierté. C'est une question de principe. Cette terre, on l'aime et l'on l'accepte, sinon on part sur le continent à la quête d'une autre vie, plus riche, moins étouffante. Puck Connolly est une jeune fille qui a toutes ses racines sur cette île, jamais elle n'envisagerait de la quitter. Ses parents sont décédés, elle a grandi avec ses deux frères, Gabe et Finn, et tout commence lorsque l'aîné annonce son intention de partir.
Le monde de Puck s'effondre, par bravade elle annonce qu'elle va participer aux Courses du Scorpion, réputées dangereuses et réservées aux cavaliers émérites. Qu'importe, Puck est une jeune fille farouche et orgueilleuse, elle n'a cure des quolibets et s'inscrit avec sa jument Dove. Non seulement c'est la première femme à participer à une telle course, mais de surcroît elle se présente avec son cheval de la plaine, alors que ses concurrents chevauchent les terribles capaill uisce. Soit elle est folle, soit elle compte mourir.
Sur la plage, lors des premiers entraînements, Puck rencontre Sean Kendrick, le champion des dernières éditions. Il concourt sur le cheval le plus rapide de l'île, pour le compte de l'homme le plus riche de Thisby, mais le garçon est à un croisement des chemins lui aussi. Nul autre que lui n'a cette même connivence avec sa monture, c'est un type exceptionnel, passionné par les chevaux et la mer, neuf ans plus tôt son père a été tué sous ses yeux, depuis il est devenu un garçon solitaire, enfermé dans sa bulle, très sensible aussi et soudainement bouleversé par l'intrusion de cette Puck Connolly.
Le rythme du roman est assez lent, mais pas dénué d'intérêt, car tout se construit pièce par pièce. Le décor se plante, on découvre les moindres recoins de Thisby, fait connaissance avec sa population, on aime, on s'attache, on peste, et puis on s'amourache de cette tendre complicité qui s'installe entre Puck et Sean. C'est tellement touchant. Pudique et miraculeux. Avec leurs sentiments à fleur de peau, ils vivent une relation sans fausse note. Sans oublier leur combat vers cette course qu'on attend fébrilement, et qu'on vit tout aussi intensément. Ouhlala, cela faisait un bon petit moment que je n'avais pas eu l'occasion de lire un roman aussi magique et prenant ! J'ai même versé ma petite larme à la fin, pour dire combien j'étais à fond dans mon truc. Une telle communion avec son livre, moi j'en demande encore !!!
Sous le signe du Scorpion, par Maggie Stiefvater
Hachette, coll. Black Moon (2012) - traduit par Camille Croqueloup
“That's a poor match, Sean Kendrick," says a voice at my elbow. It's the other sister from Fathom & Sons, and she follows my gaze to Puck. "Neither of you are a housewife."
I don't look away from Puck. "I think you assume too much, Dory Maud."
"You leave nothing to assumption," Dory Maud says. "You swallow her with your eyes. I'm surprised there's any of her left for the rest of us to see.”
“Shhhhhh, shhhhhh, says the sea, but I don't believe her.”
Les Loups de Mercy Falls, tome 3 : Fusion
“If I only have ten minutes, Sam, this is what I want to say. You're not the best of us. You're more than that. You're better than all of us. If I only have ten minutes, I would tell you to go out there and live. I'd say...please take your guitar and sing your songs to as many people as you can. Please fold a thousand more of those damn birds of yours. Please kiss that girl a million times.”
DISPONIBLE DEPUIS LE 24 AOÛT EN EDITION FRANçAISE !
Fièvre - Les loups de Mercy Falls #2
Dès les premières pages, ce qui nous frappe, c'est l'impression de retourner sur un territoire déjà conquis. Mercy Falls, petite bourgade paisible, environnée par les bois, peuplés par des loups. C'est toute une ambiance qui nous retombe dessus, le froid, l'inertie, le romantisme, l'attente. Ce n'est plus une nouveauté, puisqu'il s'agit du deuxième livre, nous savons où nous mettons les pieds et nous nous y sentons parfaitement à l'aise, sans plus d'attente que de connaître la suite. Où en sont Sam et Grace ? Nous réservent-ils la même sérénade - une histoire d'amour terriblement romantique, sans accroc, acquise de longue date, comme une certitude que 1 + 1 = 2 ?
Oui, Sam et Grace s'aiment toujours d'amour tendre et romantique. C'est beau, c'est touchant, c'est poétique et lyrique. Mais le sort en a décidé autrement. Cela commence par des migraines, Grace se plaint de ne pas être en forme, puis elle est frappée de fortes fièvres, de douleurs, de rêves hallucinatoires (la jeune fille est toujours obsédée par les loups et par sa non-transformation). Ses parents découvrent Sam dans son lit, ils se fâchent et décident de se comporter comme des adultes, en punissant leur fille et en interdisant Sam de revenir chez eux. C'est la partie la plus rasoire de l'histoire, mais il faut passer par là. Cela rend la fin encore plus poignante...
Au milieu du roman, l'histoire piétine un peu et ce n'est pas la présence de Cole, un chanteur de rock très sexy, mais qui veut garder l'anonymat, et qui a choisi de changer de vie en acceptant de devenir un loup, ni la présence d'Isabel, la soeur de Jack (cf. Frisson), très belle, intelligente et arrogante, qui réhaussent l'intérêt du roman. Leurs personnages reboostent la romance trop mélancolique de Sam et Grace, donnent du piment à la lecture, mais ne sauvent pas le tâtonnement perçu à mi-parcours. Et encore une fois, c'est à la fin que tout bascule, que les idées volent dans tous les sens, que ça s'éparpille en laissant le lecteur à bout de souffle. Ou à peu près.
Je crois que cette série me laissera le souvenir d'une écriture romantique, propre à l'histoire, une écriture parfaitement reconnaissable, avec un rythme, un son, une musique, même si celle-ci n'est pas perceptible en VF (la traduction n'est pas mauvaise, mais maladroite, distribuant trop souvent des "mon amie" pour "my girlfriend", ou pour éviter de répéter le prénom de Grace dans un même paragraphe, des "mon grand loup" pour "bucko", etc. C'est dommage. Cela altère la magie, le ton n'y est plus, ou cela sonne différent.)
Maggie Stiefvater, par sa sensibilité et son sens de l'évocation, de ressentir les choses, sait admirablement nous troubler. Je ne suis pas une grande fan de cette série, et pourtant je m'y retrouve à chaque fois engluée, non seulement curieuse de connaître les soubresauts de la trame romanesque, mais surtout fascinée par ce style littéraire, si propre, si cher et si rare dans les romans catalogués pour *jeunes adultes*. L'action n'est pas privilégiée, place davantage à l'émotion et aux sentiments, c'est du domaine du cérébral (et beaucoup moins hormonal) ! Et c'est bien aussi !!!
Fièvre, de Maggie Stiefvater
Traduit de l'anglais (USA) par Camille Croqueloup - titre VO : Linger
Hachette, coll. Black Moon (2010) - 400 pages - 18€
...and me holding this moment that was as fragile as a bird in my hands.
Frisson de Maggie Stiefvater (Hachette - 1 avril 2010)
Grace est obsédée par les loups qui vivent dans la forêt près de sa maison. Plus jeune, elle a été mordue et sauvée par un loup aux yeux jaunes. Il est souvent là, à l'observer. Ce n'est pas un loup comme un autre... puisqu'il s'agit de Sam. A l'approche des beaux jours, il devient le garçon qu'il était. Le garçon amoureux de Grace. Un jour où une bande de chasseurs tente de se débarrasser des loups, Sam est blessé. C'est au tour de Grace de le sauver.
Suivront quelques mois d'une passion amoureuse très romantique, un peu monotone à mon goût, j'attendais plus de passion mais l'histoire privilégie l'émotion. Avis aux fleurs bleues, ce roman va vous bouleverser. D'ailleurs, ça n'a pas loupé avec moi. Les 100 dernières pages m'ont totalement captivée, avec un final qui vous laissera particulièrement à cran.
Une suite paraîtra en juillet 2010 aux USA, avec pour titre Linger.
PIQÛRE DE RAPPEL : le roman est enfin disponible en français - j'en parlais ICI.
“You two are too cute,” the counter girl said, setting two cups piled with whipped cream on the counter. She had a sort of lopsided, open smile that made me think she laughed a lot. “Seriously. How long have you been going out?”
Sam let go of my hands to get his wallet and took out some bills. “Six years.”
I wrinkled my nose to cover a laugh. Of course he would count the time that we’d been two entirely different species.
“Whoa.” Counter girl nodded appreciatively. “That’s pretty amazing for a couple your age.
Sam handed me my hot chocolate and didn’t answer. But his yellow eyes gazed at me possessively—I wondered if he realized that the way he looked at me was far more intimate than copping a feel could ever be.
I crouched to look at the almond bark on the bottom shelf in the counter. I wasn’t quite bold enough to look at either of them when I admitted, “Well, it was love at first sight.”
The girl sighed. “That is just so romantic. Do me a favor, and don’t you two ever change. The world needs more love at first sight.”
No Shame in it.
Je viens de lire un billet sur le blog de Cynthia Jaynes Omololu, auteur d'un premier roman, Dirty Little Secrets, dans lequel elle se demande pourquoi certains adultes ont honte d'avouer avoir aimé son livre. Elle revient alors sur sa propre adolescence, dans les années 80, où elle avait le choix de lire Judy Blume ou Virginia C. Andrews, avant de piocher directement dans la case "romans adultes".
Aujourd'hui le choix est plus vaste ! Les ados ont incroyablement de chance. Mais pas seulement.
Today's YA books are honest, brutal, funny, fast-paced and romantic. We don't spend three pages talking about the wind whispering through the trees. We don't have time. Our readers want to jump into a story, have it envelop them and live through the characters until they close the last page. Books like TWILIGHT and THE LOVELY BONES have given many adults their first taste of YA writing, and I'm hearing that many of them want more.
(...)
While I adore my teen audience, I hope that many adults read DLS too. I think there is just as much in the story for them as there is for teens. That's what my readers are telling me, albeit in hushed tones. The next time you're in a bookstore, wander over to the Teen or Young Adult section. Take a look at the beautiful covers and read some of the flaps. Steady yourself, because you'll probably be surprised at how many of them you want to read.
C'est un sujet qui a été beaucoup abordé ces derniers jours dans les blogs des auteurs américains. Pourquoi, comment... la littérature "jeunesse".
Maggie Stiefvater a ajouté son couplet.
Sa réflexion vient de remarques lues au cours d'un débat sur un autre blog, où un intervenant faisait la remarque que la production actuelle était pauvre, de qualité médiocre, comparée à The Secret Garden ou Ann of Green Gables.
I have two things to say to that.
1) Stop being nostalgic, it's ruining your camera lens.
2) Yes, those books are great. They are also classics, which means that they are the select few which have survived the test of time. Shockingly, there are countless other novels published at the same time as these classics that you have never heard of. Why? Because they were not timeless beauties. Are we really comparing every YA novel published today against the Audrey Hepburns of the children's book world?
3) Not every book has to be a classic. I read thousands of books as a teen. Some of them were classics. Some of them weren't. This may be shocking, but I enjoyed them all about the same.
It irritates me when readers talk smack about commercial books that were never meant to be high literature. Some books can be just entertainment, very much rooted in the mores of the era, and the integrity of literature as we know it will not go down like the Titanic.
My other argument I hear as a YA author is that YA is inferior to adult literature.
YA is vapid, trendy, excellent, profound, worse than adult fiction, better than adult fiction, short, long, magical, contemporary, etc. Because YA has no rules. We have the great and the mundane right next to each other. And like I said, not everything has to be great.
YA literature shouldn't be dumbed down. Teens are perfectly capable of grasping nuance and subtlety and context -- they are baby yous, after all, aren't they, and what were you reading when you were 12?
And finally, I get a lot of reader mail from apologetic older readers who confess that they enjoyed SHIVER despite being "long out of their teens." They clearly feel guilty about this. To this, I say:
I never felt guilty, as a teen, reading about adults. I also never felt guilty reading Watership Down, despite not being a rabbit.
--) L'occasion de vous suggérer le billet sur le blog Citrouille : Ecrire pour l'enfance, pour la jeunesse, pour la vieillesse pourquoi comment etc.... (Itw de Olivier Adam et Luc Blanvillain sur France inter - vidéo) Lien permanent
Si j'évoque tout ceci, c'est parce que, quelque part, cela rejoint mes propres arguments, à force d'entendre, pourquoi tu fais ci, et pourquoi tu lis ça, et pourquoi tu ne fais plus ci, et pourquoi ça devient comme ça ...
Je pourrais exposer les 1001 raisons qui font que ... mais là, pas de temps, pas envie, nous verrons plus tard.