Entre chiens et loups, de Malorie Blackman, John Aggs & Ian Edginton
Adaptation en format BD du roman à succès de Malorie Blackman : Entre chiens et loups.
Dans une société ségrégationniste, où les Primas (noirs) contrôlent le pays en opprimant les Nihils (blancs), Séphy et Callum tentent au mieux de préserver leur amitié. Fille du ministre Kamal Hadley, Séphy doit également tenir son rang, sous l'œil scrutateur des caméras, et ne pas faire de vagues. Aussi, le jour de la rentrée, la jeune fille fait scandale en voulant apaiser les tensions du fait de l'arrivée de cinq jeunes Nihils, dont Callum, à Heathcroft, une école privée réservée à l'élite.
Dès lors, la relation entre les amis d'enfance n'aura de cesse de traverser des hauts et des bas pour se maintenir à un semblant de complicité. L'adolescence les pousse aussi à ne plus fermer les yeux face aux injustices. Lorsque la famille de Callum soutient la milice de la libération et leurs opérations terroristes, elle tombe aussitôt dans le collimateur de la police. Son père est arrêté, puis condamné. Après quoi, Callum refuse de baisser l'échine.
Chez Séphy, la situation aussi est explosive. Ses parents se déchirent, sa mère sombre dans l'alcool. La jeune fille est malheureuse et veut s'éloigner du foyer pour vivre en pension. Le jour de son départ, elle envoie un courrier désespéré à Callum... qui loupera ce rendez-vous de la dernière chance.
Mais l'histoire ne s'arrête pas là, elle continue toujours plus loin et valse sur les tourments, les malentendus, les actes manqués et les trahisons. Séphy et Callum ne sont plus des enfants naïfs et impuissants, ils se chargent de prendre leur avenir à bras-le-corps, dans un monde qui n'accepte pourtant aucune compromission.
Quelle lecture poignante ! Avec son histoire universelle, et intemporelle, sur l'amour et la perte, elle remue beaucoup de sentiments et fait réfléchir sur le racisme, les inégalités et les persécutions. Son format en bande dessinée, tout en noir et blanc, lui redonne ainsi un coup de jeunesse dans sa conquête d'une nouvelle génération de lecteurs, lesquels ne manqueront pas d'être émus par le couple mythique de Séphy et Callum !
Traduit par Marion Roman - Editions Milan / BD Kids (Novembre 2016)
Les Insurgés, de Malorie Blackman
Kaspar Wilding vient d'intégrer la prestigieuse académie des Gardiens et rêve d'une brillante carrière, à l'instar de ses parents tous deux décédés. Depuis son enfance, il a grandi dans le culte de l'Alliance et son Haut-Conseil qui lutte contre les Insurgés en prônant un combat pacifique : les armes létales sont strictement interdites, toute répression est réglementée, l'ennemi est arrêté et envoyé en détention pour interrogatoire. Kaspar est convaincu d'œuvrer pour la bonne cause. C'est seulement lors d'une opération de contrôle avec son pote Dillon que le garçon va croiser le chemin d'une jeune rebelle et entrevoir une autre perspective sur ce monde où ils vivent dans des camps différents.
On a là un scénario classique pour un roman dystopique promu par la réputation de l'auteur. Malorie Blackman a coutume d'écrire des livres qui incitent à réfléchir et ne pas tout gober à la première cuillerée. Cette fois, la réflexion porte sur la politique et la manipulation des têtes gouvernantes. Ne pas croire aveuglément tout ce qu'on peut raconter. Le héros de l'histoire est un garçon intrépide mais meurtri par son héritage familial. C'est un bon bougre, qui agit à l'instinct, voit tout, capte tout, sent tout. Un vrai petit génie.
C'en est même trop, car il n'est pas assez avisé. Après chaque coup d'éclat, il tente de se poser et commence à s'interroger. Il collabore avec une jeune Archiviste aux cheveux mauves, Mac, pour bidouiller les ordinateurs et va s'attirer les foudres des chefs, bref on connaît la suite. Je sais bien que c'est un cheminement basique, mais à ce stade j'ai lu trop de romans du même goût pour lui passer la pommade sans avoir à y redire ! ... Le bouquin se lit vite et bien. C'est truffé d'action et de conspiration. Après ça reste léger et trop survolé.
Milan, coll. Macadam / avril 2015 ♦ Traduit par Amélie Sarn (Noble Conflict)
Boys don't cry, but men do.
Un garçon de 17 ans se retrouve avec un bébé sur les bras, lui qui envisageait de partir à l'université, paf ! son univers s'écroule. Dante est donc en colère, contre lui, contre son ex et contre la petite chose, Emma, qui vient lui pourrir l'existence. Pendant longtemps il va se tenir au garde-à-vous, en souhaitant secrètement que cette parenthèse se referme, mais le temps passe et il doit assumer ses responsabilités.
Le ton froid et détaché de Dante donne la pleine mesure de son insensibilité et de sa rancoeur, c'est déstabilisant. Il n'est pas, mais alors pas du tout attendri par Emma, contrairement à son frère Adam et à son père Tyler, bougon en apparence, juste et droit en son âme et conscience. Tout de suite, on se faufile dans ce portrait de famille avec crainte et curiosité, la mère brille par son absence, son décès a été un coup dur pour tous, le sujet a été clos, car on évite d'évoquer les sujets trop sensibles. Chez eux, les garçons ne pleurent pas.
En fait, ils évitent carrément d'aborder les questions qui fâchent. Adam est homosexuel et ne s'en cache pas, ses proches font l'autruche, jusqu'au drame. Tous ces événements font que, finalement, la famille devra se serrer les coudes, abattre les remparts et ne plus se contenter de partager le même toit. Pour la première fois, ils devront former une vraie famille.
Le roman nous fait partager ces instants avec beaucoup de pertinence et sensibilité, sans tralala, pour rendre un portrait de famille aux contours flous, ce qui apporte authenticité, force et justesse à l'ensemble. Toutefois, il m'a manqué le petit truc en plus pour être pleinement conquise.
Boys don't cry, par Malorie Blackman
Milan jeunesse, coll. Macadam, 2011 / traduction d'Amélie Sarn.
"Je ne sais pas ce que Papa attendait. Pensait-il que le simple fait de considérer cette chose allait me faire changer d'avis. Croyait-il que je me dirais d'un coup que cuire des steaks toute ma vie était finalement un petit prix à payer pour avoir la chance de chérir cette petite chose ? Espérait-il que j'allais soudain me mettre à l'aimer ? Eh bien, ça ne marchait pas. Je ne ressentais rien."
Entre chiens et loups ~ Malorie Blackman
Milan, coll. Macadam, 2005 - 400 pages - 10,50€
traduit de l'anglais par Amélie Sarn
Sephy et Callum sont amis depuis leur enfance, mais comme leurs familles se détestent, ils doivent se voir en cachette. A quatorze ans, Sephy se prépare à rentrer dans son école bon chic bon genre, et grande nouveauté pour cette année, son ami Callum a été accepté pour rallier les rangs de cette illustre institution. Enfin, lui et quelques-uns de sa caste - les Nihils.
Sephy appartient au milieu dominant - les Primas. Elle est la fille du ministre Kamal Hadley, elle vit dans un monde fait de coton, elle s'excite comme une puce d'aller à l'école avec son meilleur ami mais cette rentrée signera le début de leur dissension. Car dès le premier jour, une manifestation éclate devant les portes de Heathcroft. Les Nihils ne sont pas les bienvenus, Callum et ses camarades sont chahutés, Sephy intervient pour aider son ami et commet son premier impair.
De maladresses en actes manqués, de divergences d'opinion en secrets de famille tous plus oppressants et coupables, la relation d'amitié entre Sephy et Callum n'a plus de beaux jours devant elle. Et pourtant, tous deux s'accrochent désespérément à cette branche qui est prête à rompre. Au départ, ce ne sont que des adolescents dépassés par la politique qui les entoure, écoeurés de vivre au coeur d'une société qui sépare les gens selon la couleur de leur peau, il y a les Primas - les noirs - et les Nihils - les blancs. Et puis, Sephy et Callum sont aussi responsables de leur jeune âge, ils ont des idées, des envies et se nourrissent de belles illusions. C'est difficile à raconter combien leur histoire ne cessera jamais d'être malmenée par la faute des circonstances fâcheuses et désastreuses. Impossible de recoller les pots cassés, et plus on progresse dans le roman et plus l'inéluctabilité de leur situation sans issue nous prend à la gorge.
Vous l'avez compris, c'est un roman très fort, qui remue beaucoup de sentiments et qui fait réfléchir sur la ségrégation, le racisme, la violence, les humiliations, l'injustice. Callum et Sephy sont les nouveaux Roméo et Juliette, et leur histoire est tout simplement belle, émouvante et inoubliable.
Les titres de cette série :
- Entre chiens et loups
- La couleur de la haine
- Le choix d'aimer
- Le retour de l'aube (publié en 2009)
Après le succès de la série Entre chiens et loups, Malorie Blackman nous offre un quatrième volet. De nouveau une magnifique histoire d’amour, construite comme une tragédie grecque. Des personnages qui se débattent dans une société pleine d’inégalités et qui doivent faire des choix décisifs, entre espoir et violence.En toile de fond, subsiste le combat entre Primas (Noirs) et Nihils (Blancs). S’y ajoute l’influence des gangs qui vivent de la corruption et du trafic de drogues.
Entre chien et loups a été récompensé du prix 2007 des incorruptibles (3ème/2nde).
La Couleur de la peur - Malorie Blackman
Si, comme moi, vous souhaitez la surprise, n'attendez pas qu'on vous raconte ce livre, et foncez en toute innocence, vous tomberez des nues !
Mais si vous êtes d'une nature plus prudente, et aspirez à dépasser cette sombre couverture, bien énigmatique, vous pouvez choisir l'option 2 : je vous résume ce qu'il s'y cache. Accrochez-vous.
Le roman commence dans un train, lors d'une banale sortie scolaire, avec un groupe d'adolescents. Mais très vite, tout bascule, le train déraille et se retrouve suspendu au-dessus d'un précipice. Le jeune Kyle semble être le seul passager indemme. Et alors qu'il parcourt le wagon dévasté, tentant de porter secours à ses camarades inconscients, le récit bascule dans le surnaturel : Kyle se trouve projeté dans l'esprit de ses camarades, au coeur de leurs plus grandes peurs, de leurs pires cauchemars.
Quel impressionnant roman ! C'est un livre qui cherche à procurer des frissons, et c'est réussi, tout en distillant une angoisse permanente, qui jongle sans cesse entre la réalité et les cauchemars. Ces derniers nous mangent à différentes sauces, il y en a 13 au total, on y plonge corps et âme, on les vit et on les quitte brutalement. Argh, c'est frustrant. Puis on retrouve Kyle, adolescent de seize ans, au coeur de son propre cauchemar... après tout, vous vous imaginez dans un train suspendu dans le vide, frisant la folie à force de cogner contre les corps de vos camarades, lesquels sont peut-être morts, au mieux inconscients. Et il y a ce sang, cette odeur de métal, ce grincement de ferraille et cette voix qui lui chuchote dans l'oreille. Mais qu'est-ce que tout cela signifie ?
C'est véritablement une lecture singulière, captivante et menée à train d'enfer (désolée du jeu de mots!), très bien écrite aussi. Cela fouille dans vos sensations, vos peurs, vos pires cauchemars. On y adhère totalement. On tremble, on retient un cri, on tourne les pages avec fébrilité... pensant, très fort, mais que nous réserve-t-on encore. Personnellement j'ai été scotchée, même si au début je n'y comprenais rien, je ne voulais pas en démordre. J'étais déjà happée. Je connaissais Malorie Blackman de nom, et surtout par rapport à sa série qui s'ouvre avec Entre chiens et loups, mais ce roman qu'est La couleur de la peur me la fait découvrir. Je n'hésite plus, je suis accro !
Milan, coll. Macadam - 314 pages - 10,50€
traduit de l'anglais par Amélie Sarn
--) d'autres avis : Tvless, Mes Imaginaires,